Sarkozy « le sérieux » face à Hollande « l’embrouille »
10 avril 2012
A un peu plus de deux semaines du premier tour, Nicolas Sarkozy a présenté son projet et publié une lettre aux Français. Il a surtout visé son rival socialiste, brandissant, en cas d’alternance, un risque de « faillite » de la France.
Crédité d’une forte « présidentialité » il est jugé le mieux à même « de prendre des décisions difficiles » par 46% des personnes interrogées contre 26% à François Hollande, de « lutter contre l'immigration clandestine » (45% contre 14%), de « défendre les intérêts de la France à l'étrange »" (43% contre 28%), et de « lutter contre l'insécurité » (42% contre 20%).
En revanche, le candidat socialiste obtient les meilleurs scores grâce à son discours dépensier lorsqu'il s'agit « d'améliorer le système éducatif » (46% pour François Hollande, contre 18% pour Nicolas Sarkozy) ou « d'augmenter le niveau de vie et le pouvoir d'achat » (36% contre 16%, mais 46% des personnes interrogées estiment qu'aucun des deux n'en est capable).
Vingt-cinq jours après sa déclaration de candidature, Nicolas Sarkozy avait fait, sur la forme, une démonstration de force à Villepinte. Vingt-cinq jours après Villepinte, il fait une démonstration de force sur le fond.
Pour la présentation de son projet devant la presse, il a triplé la mise. Un livret de quinze pages regroupant les promesses déjà égrenées au fil de la campagne ainsi que leur financement. Une promesse nouvelle à l’attention des retraités : payer les pensions le premier du mois au lieu du huit pour « réparer une injustice ». Et une lettre « au peuple français », imprimée à 6 millions d’exemplaires, pour célébrer son « amour » du pays et livrer sa « vision » de la France de demain.
Dès le début de son intervention, Nicolas Sarkozy a délaissé la mise en « cohérence » de son programme pour prendre François Hollande pour cible, sans ménagement, rappelant sa position d’otage de Jean-Luc Mélenchon. Il l’a dépeint sans étoffe, sans expérience et l’a accusé d’être « le seul à penser que le problème du coût du travail n’existe pas ». Il en a profité pour étriller le programme socialiste, qu’il présente comme « un festival de dépenses nouvelles dont personne ne sait comment elles seront financées ». Citant les promesses de François Hollande de créer 60.000 postes dans l’enseignement dont les modalités changent tout le temps, et de « remettre en cause » la réforme des retraites, il a affirmé que « cette seule proposition, c’est la négation de l’existence d’une crise » et il a ironisé en se demandant : « Avons-nous les moyens de dire aux Français : c’est la fête ! ».
Une heure trente durant, le chef de l’Etat s’est en fait appliqué à faire un comparatif de performance, entre lui et son rival. Comme s’il voulait imposer encore davantage le duel à deux semaines du premier tour. « Nous ne pouvons pas différer le choix de la compétitivité… Les Français ont un choix historique à faire », faisant du triptyque « travail-autorité-responsabilité » l’axe de son programme.
Nicolas Sarkozy s’est posé comme un candidat sérieux et responsable, qui a la capacité à décider et une grande expérience de la gestion des crises, ce que les Français lui reconnaissent. Il s’est efforcé de démontrer que la France va mieux et peut s’en sortir à la condition qu’elle fasse les bons choix. Celui de la rigueur budgétaire : il fera voter la « règle d’or » dès l’été, soucieux de montrer qu’il n’est pas dépensier.
A l’inverse, Nicolas Sarkozy a promis à la France le même sort que la Grèce et que l’Espagne si François Hollande appliquait son programme : « Dans le passé, un pays qui faisait faillite n’existait pas. Aujourd’hui, on sait que c’est possible… Le moindre relâchement, et c’est la crise de confiance et la situation dans laquelle se trouve l’Espagne ». Rappelant le tournant de la rigueur en 1983, il n’a cette fois donné que deux jours à la gauche pour « mettre par terre cinq années d’efforts ». Ce qui est malheureusement réaliste.
Clarté et rigueur contre embrouille et démagogie…
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