LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN
18 avril 2012
Pilonnage du sortant à 9 contre 1 et sondages en délire : comment les Français vont-ils se comporter dans 4 jours ? Bien malin qui peut le dire.
Je crois qu’on peut interpréter les résultats parfois très contradictoires des sondages comme le signe d’une grande volatilité d’une fraction importante des intentions de vote. C’est bien compréhensible. Avec l’égalité du temps d’antenne, l’irresponsable côtoie le sérieux, le démagogique prend ses aises, les promesses les plus folles sont proposées, les accusations les plus gratuites circulent… Chaque candidat jette ses derniers feux dans le grand brasier du chaudron démocratique où brûlent tant de serments vertueux, grillent tant de projets fumeux, s’évaporent tant de billevesées alléchantes.
Les candidats restent finalement fidèles à eux-mêmes. La plupart auront disparu des écrans… et de la scène dès lundi et ils le savent. Il y a celle dont on retiendra la lèvre hargneuse et le discours haineux et définitif comme Arthaud, contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre, il y a celui qui a décidé depuis le début de ne pas se prendre au sérieux et de mettre les rieurs de son côté, comme Poutou, qui procède plus subtilement pour faire passer le message antique du communisme révolutionnaire tout ridé comme une pomme jorry mais présenté, après un coup de lifting comme d’actualité, il y a la venimeuse comme Eva Joly qui n’arrive pas à cacher ses aigreurs de candidate recalée dans les fonds du classement et voudrait se transformer en « madame Propre » grâce à des insinuations malveillantes, il y a le nostalgique comme Dupont Aignan dont la pendule des idées est restée bloquée sur le programme du Général de Gaulle de 1945, croyant y trouver la recette miraculeuse pour la France du 21ème siècle, il y a évidemment Cheminade et ses lunettes à vision spatiale, candide plus que candidat, curieuse fantaisie dans cet univers impitoyable.
Et puis il y a ceux qui croient encore avoir leur chance pour le 2nd tour. Comme il faudrait un miracle pour faire mentir les sondages, eux mentent à leurs auditoires en faisant croire qu’il est encore possible. Comme s’il suffisait d’y croire pour que ce soit la réalité, comme si leurs seuls discours tenaient lieu de passeport pour le 6 mai. Ils sont trois et ils ont tous les trois gros à perdre, bien qu’ils sachent que le tour en question ne pourra se faire sans eux, d’une manière ou d’une autre. Il y a celle qui campe la France racornie, sorte de Jeanne d’Arc sans grâce à la moue haineuse, plus Jean-Marie que Marine, et qui passe son temps à dénoncer plus qu’à proposer, réfugiée qu’elle est sur son socle d’électeurs sensibles à ses thèses xénophobes ; elle a un objectif simple : faire battre Sarkozy, victoire à la Pyrrhus faute de pouvoir l’emporter et tant pis si cela permet à la gauche de mettre en place tout ce qu’elle combat. Elle en est l’alliée objective. Il y a, à l’opposé, celui qui a fini par se prendre pour le nouveau prophète de la gauche, grisé par un score qu’il n’espérait pas et facilité, il est vrai, par deux mauvais candidats d’extrême gauche ; Mélenchon s’est monté le bourrichon et se voit déjà comme le pourfendeur du capitalisme, à la tête d’une grande révolution européenne voire mondiale. La cellule de dégrisement l’attend le 23 au matin. Et enfin, il y a celui qui continue à prêcher dans un désert de moins en moins peuplé, pour une unité nationale plus hypothétique que jamais et qui de toute évidence ne se fera pas autour de lui. Même De Gaulle n’avait pas été compris en 1946, il aurait fallu un sacré talent à Bayrou pour réussir ce pari. Mais l’homme est têtu et sait que ses voix compteront au soir du 22 avril.
Restent les deux favoris. Le PS cultive de plus en plus le mimétisme avec 1981, aussi bien le candidat que la stratégie. Pourtant le spectacle n’est pas glorieux, et Hollande me parait à la limite du grotesque avec ses attitudes de pantin et son verbe porté par une voix éraillée. Peut-on construire une victoire sur la nostalgie ? Ce serait croire aussi que les Français ont la mémoire courte et ils savent qu’après l’ivresse d’une telle victoire, la gueule de bois viendrait très vite. Bien plus vite qu’après 81.
Dans cette dernière ligne droite, il y a celui qui continue de se donner à fond, ne ménageant aucun effort pour tenter de convaincre les Français jusqu’au dernier moment, qu’il incarne la route à suivre, la persévérance dans les efforts qui seule pourra donner des récompenses. Mais que c’est difficile quand on est démoli chaque jour par tous les autres adversaires et aussi beaucoup de médias, qui n’ont qu’un seul but, celui de rendre son bilan illisible et son discours inaudible et sans cohérence. Il suffit pourtant d’un peu d’attention… On admirera son sang-froid et sa sérénité. Il était donné archi battu dès le 1er tour : il est là et bien là, jusqu’à preuve du contraire. Attendons la suite !
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