LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN
12 avril 2012
J -10
La TV reste le premier vecteur d’information pour la campagne présidentielle. Devant internet et les radios. Ce n’est pas une surprise, mais vu l’indigence de l’information qui y est délivrée, ce n’est pas non plus très réjouissant. J’ai regardé ce que donnait la campagne officielle, celle des spots façonnés par les candidats : il n’y a pas de quoi se pâmer, entre le conformisme plan-plan du candidat qui parle à la caméra droit dans les yeux (via un prompteur) et les mises en scènes d’extraits de meetings ou le grandiloquent le dispute au creux des déclamations, le chaland aura eu du mal à regarder les dix séquences jusqu’au bout pour faire son marché. Il paraît que la « toile » s’enflamme pour la séquence de Poutou qui parodie « questions pour un champion ». Original à peu de frais, c’est plutôt convenu et virtuel, parce que côté championnat, le programme donnerait plutôt dans l’irréalisable puissance10. Le monde dont ses promesses parlent n’existe pas. Ou plutôt, si, c’est la Corée du Nord.
La 2 s’est enfin décidée à tenter de faire une confrontation des dix candidats avec son émission politique « phare » « Des paroles et des actes ». Réunir en deux plateaux les dix en personne est déjà un exploit, mais la contrainte du temps de parole oblige à leur consacrer seulement 20 minutes à chacun. Et comme le débat est impossible avec autant de gens autour de la table, on devra se contenter d’une succession d’interviewes. Au moins aurait-on pu retenir la formule de confrontation indirecte utilisée pendant la primaire socialiste. C’eût été plus vivant et plus intéressant. D’ailleurs l’émission n’a eu qu’un taux d’audience très moyen : 14% et moins de 3 millions et demi de téléspectateurs. Ce soir ce sera la 2ème version avec un plateau plus relevé.
Au fil de la semaine Séraphin a retenu quelques faits ou événements qui méritent d’être mis en exergue.
Au chapitre des déclarations inopportunes, on retiendra celle de Bernard Thibault « la tension pourrait être grande dans le pays si Sarkozy est réélu ». Une menace voilée inadmissible contre le suffrage universel. Il est vrai que ça n’a jamais vraiment obnubilé les syndicalistes communistes. C’est le retour à la case « nuisance ».
Il y a celle d’Eva Joly à propos de l’affaire Bettencourt qui parle « de présomptions concordantes contre Sarkozy ». Elle ferait mieux de s’intéresser au financement du PS dans le Pas-de-Calais où il n’y a pas que des présomptions, mais dont les médias évitent de parler (ou si peu), on se demande bien pourquoi. C’est sur des présomptions qu’elle avait mis DSK en examen, et qu’elle le relâchera faute de preuves. Les présomptions ne sont pas des preuves mais peuvent être des calomnies.
Autre déclaration surréaliste : celle de François Hollande quand « il avertit qu’il ne laissera aucune place aux marchés ». Les marchés rigolent ! Sapin n’a pas dû lui dire qu’il y a une dette qu’ils financent.
Le thème dominant aura été celui de l’attaque des marchés évoquée sur le bloc-notes (cf. 3 avril) avec l’article de Marc Fiorentino de la Tribune de Genève et qui semble se préciser si Hollande est élu. La menace est abondamment reprise par Nicolas Sarkozy et par les principaux leaders de l’UMP, d’Alain Juppé à Valérie Pécresse en passant par Jean-François Copé. Bien qu’elle soit réelle, je ne suis pas sûr que ce soit un bon argument électoral pour faire voter en faveur de notre candidat. C’est une façon de prendre le suffrage universel en otage qui pourrait bien déplaire aux Français. A utiliser avec modération.
Marine Le Pen a utilisé la métaphore du casse-tête chinois, dessin à l’appui pour expliquer et justifier la nécessité de sortir de l’Euro. Habile, mais comparaison n’est pas raison. Surtout quand le remède proposé est pire.
D’après un sondage, « Mélenchon-la-révolution » incarnerait le mieux le changement dans cette campagne. Le mot est faible. Personnellement je trouve qu’il incarne un « bouleversement » qu’on ne peut pas souhaiter à notre pays. Le bolchévisme, c’est bien quand il reste folklorique. Le problème c’est les gogos qui commencent à y croire.
Enfin, ce qui a émergé dans les prises de positions du côté de l’UMP, c’est la danse du charme autour de Bayrou : sera-t-il premier ministre en cas d’élection de Sarkozy ? On peut comprendre la préoccupation. L’hypothèse est plaisante. La vivre dans la réalité… Je doute que le couple tienne aussi longtemps qu’avec François Fillon. Il n’y a que Copé pour montrer sa réticence. Lucidité ou intérêt ? Peu importe. Ce qui compte, c’est le ralliement pour le 2ème tour, et il est important de ne pas fermer la porte. Si c’est une manière de le dire, alors …
Le QUIZZ 2012 d'hier : la réponse est ... Nicolas Sarkozy ? François Bayrou ? Alain Juppé ? - Non, c'est Clémenceau !
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