NOUVEAU MONDE, NOUVELLE IDEES, … NOUVEAU PRESIDENT.
25 janvier 2011
Quand je dis « nouveau président », c’est pour la commodité du titre. Car le Nicolas Sarkozy de la conférence de presse ressemble étrangement à celui de sa dernière interview télévisée.
Il sait que la crédibilité acquise c’est aussi le chemin pour retrouver la popularité. En route pour la présidentielle de 2012, il sait bien aussi qu'un G20, même réussi, pas plus qu'un remaniement, même efficace, ne suffiront à lui rendre comme par enchantement le capital de popularité perdu à l’automne 2008.
Lors de sa conférence de presse à l'Elysée sur les questions internationales, le chef de l'Etat s'est donc appliqué à se tenir « à distance des polémiques » et à prendre de la hauteur par rapport aux affrontements politiques hexagonaux. Mais l'opération reconquête n'en est pas moins enclenchée, dont la conférence de presse d'hier constituait une étape primordiale et incontestablement réussie. Et chacun y trouvera son compte : l'évolution du style présidentiel, plus apaisé, maîtrisé, grave et le volontarisme qui reste plus que jamais la griffe du sarkozysme.
Voilà pour la posture. Les gens de mauvaise fois ne verront que cela. Et pourtant, derrière il y a bien une stratégie correspondant à une vision du monde qu’il faut changer. Dans le volontarisme affiché, l’action remplace l’incantation, exemples à l’appui. Nicolas Sarkozy, on a déjà eu l’occasion de s’en apercevoir lors de la Présidence européenne avec la crise géorgienne, sait être un négociateur têtu et convaincant. Il s’est mis au bon niveau, avec l’humilité suffisante, celle qui ouvre la voie à l'efficacité. « On ne réglera pas tous les problèmes en une présidence », a-t-il admis hier. Il a cependant obtenu un accord qui n'avait rien d'acquis, sur l'ordre du jour du G20 présidé par la France. Au moins, il aura été celui qui a tout tenté pour infléchir le cours des choses.
Et ce qui fait la force de DSK aujourd’hui, de celui qu’il se plait à rappeler : « J'avais proposé sa candidature au nom de la France », c’est sa crédibilité économique. En s'impliquant pour le G20, le chef de l'Etat montre qu'il peut être à son niveau. Et, surtout, si le favori des sondages quittait le FMI pour faire campagne, alors que Sarkozy se bat pour en élargir les pouvoirs, il serait alors tentant de déplorer un abandon de poste. Quoi de mieux que d'opposer un candidat sensible aux sirènes des sondages à un président qui, des retraites à la dépendance, continue les réformes difficiles donc impopulaires.
Durant sa conférence de presse de presque deux heures, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé sa peine pour donner de lui l'image d'un chef d'Etat « en charge des responsabilités », pleinement conscient des problèmes du monde, très loin du tumulte politique. Souvent grave, toujours maître de ses mots, il entame sa présidence du G20, avec beaucoup « d'ambition ». Le président ne cache pas que les résultats concrets seront difficiles à obtenir et qu'il ne peut, de toute manière, les obtenir seul. Simplement on peut compter sur lui pour se battre pour que les résultats soient les plus importants possible. Il a habilement préparé sa présidence : cette fois, il jouera collectif, il se rendra en Chine fin mars pour le premier séminaire de sa présidence, il a justifié l'attachement des Américains au dollar, il a demandé à l'Allemagne et au Mexique de mener la réflexion sur le système monétaire international.
C’est aussi un président en prise avec les problèmes concrets des Français en évoquant les cours des matières premières, notamment agricoles ou en évoquant l’idée controversée d’une taxe bien nécessaire sur les transactions financières.
Des résultats concrets seront forcément mis à son actif, et notamment quand il apparaîtra que, par exemple, la régulation tempérée qu’il propose, sera à mettre au passif des états qui auront préféré le blocage.
Voilà un pas important de franchi, et si les résultats sont là …
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