Hervé de
Charette quitte l’UMP. Ce sera annoncé demain matin par l’intéressé à 7H50 sur
RTL. Officiellement, la motivation est politique : l’UMP serait trop à
droite pour lui. Mais ce n’est pas un scoop. La rumeur courait déjà au Conseil
National de l’UMP, l’autre samedi.
Rejoindra-t-il le Nouveau Centre ou l’Alliance centriste de Jean
Arthuis ? Evidemment, l’artifice du
discours saute aux yeux comme la puce affamée sur le dos d’un chien, et on peut se
demander ce qui a bien pu pousser notre ancien ministre des Affaires étrangères,
encore au premier rang de la convention régionale de l’UMP, à changer de
crèmerie.
Je ne vois
qu’une hypothèse plausible : la constitution de la liste régionale et le
renouvellement que souhaite Christophe Béchu qui le met « en réserve de la
République ». Ce n’est pas facile à avaler pour quelqu’un comme lui qui ne
manque pas de talent et qui n’a certes pas démérité. Mais que voulez-vous à
bientôt soixante douze ans … ? Effectivement, la seule question qui
vaille est : « Sa présence garantit-elle autant de voix que son
absence pourrait en retirer ? » et je n’ai pas la réponse. C’est à
Christophe Béchu de l’apprécier. Le taux d’usure d’un homme politique ne se
mesure malheureusement que lorsqu’il est battu. On dit
alors : «C’était l’élection de trop ». Mais ce n’est vrai que du
scrutin uninominal…
Je suis
bien placé pour connaître l’amertume de voir une liste se constituer sans qu’on
y soit. En 1998, le même Hervé de Charette m’avait alors sacrifié sur le même
autel du « renouvellement ». Je n’avais pas un âge canonique et même
pas atteint celui de la retraite, mais voilà, il considérait qu’on m’avait
assez vu. En bon soldat discipliné, j’avais accepté sa décision et même
surmonté ma déception en participant activement à sa campagne. J’aurais pu
alors faire d’autres choix et répondre à des sollicitations qui considéraient
que je pouvais être encore utile à la Région. J’ai préféré la fidélité à mon
parti plutôt que de verser dans la cuisine politicienne.
Aussi, je
ne peux pas croire qu’après un parcours admirable, il soit mû par un souci
aussi terre-à-terre que celui d’être élu coûte que coûte à la Région, et négocier
son ralliement à un parti, même cousin, où les mauvaises langues disent qu’il
arriverait avec un joli cadeau sous le bras : un morceau du sigle
« UDF » tant convoité par les centristes hors Modem. Lequel parti, au
demeurant sympathique, lui apporterait en échange l’assurance d’une place de
choix sur une liste, et même peut-être bien, une tête de liste départementale.
Hélas, je
sais aussi qu’on trouve toujours de bons arguments stratégiques pour justifier
ce type d’accommodement. Mais comment sera interprété dans sa circonscription
un tel geste que celui de jeter aux orties l’UMP après s’en être servie ?
J’aurais préféré l’idée, conforme à l’image que j’ai de lui, que, en fin politicien
qu’il est, il confortât la campagne de Christophe Béchu du soutien de son
expérience et du renfort de sa présence active, qu’il soit ou pas dans la liste…
comme je l’avais fait moi-même pour lui. Le meilleur moyen de battre la
gauche !
Malheureusement,
il semble que ce ne soit pas le chemin qu’il ait choisi…
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