HISTOIRE
UN IRREDUCTIBLE DE PLUS ?

RENCONTRE (VIRTUELLE) AVEC ERIC WOERTH

Woerth 1

Le déficit budgétaire de notre pays bat des records et la dette s’alourdit de plus en plus. La France risque-t-elle la faillite ?.

La faillite, c'est ne pas être en mesure de respecter ses engagements. Alors même que les finances publiques ont été massivement sollicitées pour combattre la crise, la qualité de la signature de la France est, elle, plus forte que jamais !

 

Aujourd’hui, la dette française est financée à des taux d’intérêt historiquement bas, et les agences de notation lui attribuent la meilleure note. Cette confiance des investisseurs s’explique d’abord par plusieurs atouts : une économie diversifiée ; un endettement global – public et privé – inférieur à celui de la plupart de nos principaux partenaires ; d’importants actifs publics, plus de 30 % du PIB selon l’OCDE.

 

Mais cette confiance se mérite surtout par la crédibilité de l’assainissement à moyen terme de nos finances publiques. C’est un combat de tous les jours, que le Gouvernement conduit suivant une double stratégie : réduire la dépense courante ; stimuler la croissance future par l’investissement. L’extension de la RGPP, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la réforme des collectivités locales, la maîtrise des dépenses maladie, le rendez-vous retraites 2010, autant de réformes profondes permettant d’infléchir la dépense de manière décisive.

 

Conjointement le PIB, et donc les recettes, doit être stimulé : c’est le but du grand emprunt national en privilégiant les dépenses les plus efficaces pour l’avenir. C’est aussi le but de la modernisation de notre système fiscal au service de la compétitivité. Nous poursuivons cette stratégie avec volonté, cohérence et persévérance, car elle est nécessaire pour assurer aujourd’hui comme demain la disponibilité du financement de l’action publique.

 

Comment accélérer la sortie de crise et remédier à notre situation financière ?  

La France traverse la plus grande crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Jamais une récession n’a été aussi violente, jamais l’Etat n’a autant été l’acteur essentiel du retour de la confiance. Un plan de relance massif a été mis en place avec une stratégie claire : la préparation de l’avenir à travers le soutien aux dépenses d’investissement, l’aide aux ménages les plus pénalisés par la crise ; le soutien des entreprises en difficulté, à travers notamment la mise en place d’un dispositif de médiation du crédit et d’aides à la trésorerie des entreprises. Quelles sont les propositions du parti socialiste, à part répéter encore et encore l‘antienne de la relance par la consommation ? Vieille recette qui ne marche pas, alors que notre stratégie à été payante : la consommation tient en France et la croissance a été positive le dernier trimestre.

La conséquence de la crise pour les finances publiques, c’est une baisse des recettes fiscales et sociales de 60 Milliards d’euros. En un an, la crise a divisé par deux les recettes de l’impôt sur les sociétés. Aucun Gouvernement n’a été confronté à pareille situation. A-t-elle conduit le parti socialiste à proposer d’autre solution que la hausse des prélèvements obligatoires, dans un pays qui connait pourtant un niveau record en la matière ? Non. « Les impôts rentrent mal, donc augmentez les impôts », voilà, en substance la pensée socialiste en matière de finances publiques. C’est un peu court quand, ailleurs en Europe, les Gouvernements, socialistes ou non, face à cette baisse de recettes, se mobilisent non pas pour rajouter de la crise à la crise, mais pour renforcer leur potentiel de croissance, et donc de recettes futures. Comment ? En investissant dans les dépenses d’avenir, en soutenant massivement les demandeurs d’emplois, en faisant preuve d’un engagement accru en matière de maîtrise des dépenses des administrations et en particulier d’emplois publics. C’est, entre autres, le choix des Etats-Unis ou de l’Allemagne. Il est heureux que ce soit aussi le nôtre.


Quelles leçons tirez-vous de la crise financière ?

La France a pris la tête d’un mouvement, européen puis mondial, de moralisation du capitalisme et d’adaptation de pratiques qui ont favorisé les dérives que nous avons connues. Que ce soit sur la supervision des marchés financiers, les normes comptables des entreprises, les systèmes de rémunération ou encore les paradis fiscaux, nous voulons une France qui propose. Personne ne peut contester que, par exemple, c’est à l’initiative du Président de la République qu’une étape décisive a été franchie en matière de lutte contre le secret bancaire et la non coopération fiscale.


Comment assurer la pérennité de nos systèmes de protection sociale ?

En moins de deux ans, le Gouvernement a lancé l’adaptation du service public de l’emploi, ouvert le chantier de la formation professionnelle, créé le RSA, modifié les règles d’indemnisation du chômage pour améliorer la couverture des plus précaires ou encore engagé une réforme profonde de l’hôpital. 2010 sera celle de la réforme des retraites. Tous ces chantiers sont guidés par la volonté d’assurer la pérennité de nos systèmes de protection sociale à travers la valorisation du travail, le développement de l’emploi, la recherche permanente de l’équité et de la bonne gestion. A quelques mois du rendez-vous sur les retraites, il est en particulier inimaginable que le Parti socialiste aborde cette échéance sans propositions précises.

 

A ces questions de crise s’ajoutent tous les autres chantiers dans lesquels notre pays est aujourd’hui engagé et qui dessineront la France de l’après-crise. Avenir du système éducatif et universitaire, promotion de la diversité, respect de nos objectifs écologiques, réforme de l’Etat ou encore évolution de notre dispositif pénitentiaire, sur tous ces sujets, les défis sont considérables et les débats indispensables. Ils ne pourront véritablement avoir lieu que lorsque la bataille des hommes laissera enfin la place, au sein du Parti socialiste, à celle des idées. 

 

Commentaires

lucien martin

"la qualité de la signature de la France est, elle, plus forte que jamais !"

"Aujourd’hui, la dette française est financée à des taux d’intérêt historiquement bas, et les agences de notation lui attribuent la meilleure note. Cette confiance des investisseurs"

Faux, faux et re-faux, la France emprunte actuellement sur les marchés 0.40 % plus cher que l'Allemagne et cet écart s'accroîtra l'année prochaine.

"La France a pris la tête d’un mouvement, européen puis mondial, de moralisation du capitalisme et d’adaptation de pratiques qui ont favorisé les dérives que nous avons connues."
Là, je rigole doucement. On peut qualifier Sarkozy de beaucoup d'épithètes mais sûrement pas celui de moral.
"Tous ces chantiers sont guidés par la volonté d’assurer la pérennité de nos systèmes de protection sociale"
Faux, le but est de les démanteler pour implanter des systèmes privés d'assurance maladie et on y va tout droit, à moins que la France ne se réveille !

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