RENCONTRE (VIRTUELLE) AVEC ERIC WOERTH
06 novembre 2009
Le
déficit budgétaire de notre pays bat des records et la dette s’alourdit de plus
en plus. La France risque-t-elle la faillite ?.
La faillite, c'est ne pas être en
mesure de respecter ses engagements. Alors même que les finances publiques ont
été massivement sollicitées pour combattre la crise, la qualité de la signature
de la France est, elle, plus forte que jamais !
Aujourd’hui, la dette française est
financée à des taux d’intérêt historiquement bas, et les agences de notation
lui attribuent la meilleure note. Cette confiance des investisseurs s’explique
d’abord par plusieurs atouts : une économie diversifiée ; un
endettement global – public et privé – inférieur à celui de la plupart de nos
principaux partenaires ; d’importants actifs publics, plus de 30 % du PIB
selon l’OCDE.
Mais cette confiance se mérite
surtout par la crédibilité de l’assainissement à moyen terme de nos finances
publiques. C’est un combat de tous les jours, que le Gouvernement conduit
suivant une double stratégie : réduire la dépense courante ; stimuler
la croissance future par l’investissement. L’extension de la RGPP, le
non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la réforme des collectivités
locales, la maîtrise des dépenses maladie, le rendez-vous retraites 2010,
autant de réformes profondes permettant d’infléchir la dépense de manière
décisive.
Conjointement le PIB, et donc les
recettes, doit être stimulé : c’est le but du grand emprunt national en
privilégiant les dépenses les plus efficaces pour l’avenir. C’est aussi le but
de la modernisation de notre système fiscal au service de la compétitivité.
Nous poursuivons cette stratégie avec volonté, cohérence et persévérance, car
elle est nécessaire pour assurer aujourd’hui comme demain la disponibilité du
financement de l’action publique.
Comment accélérer la sortie de crise et remédier à notre situation financière ?
La France traverse la plus grande crise économique depuis la
Seconde Guerre mondiale. Jamais une récession n’a été aussi violente, jamais
l’Etat n’a autant été l’acteur essentiel du retour de la confiance. Un plan de
relance massif a été mis en place avec une stratégie claire : la
préparation de l’avenir à travers le soutien aux dépenses d’investissement,
l’aide aux ménages les plus pénalisés par la crise ; le soutien des
entreprises en difficulté, à travers notamment la mise en place d’un dispositif
de médiation du crédit et d’aides à la trésorerie des entreprises. Quelles sont
les propositions du parti socialiste, à part répéter encore et encore
l‘antienne de la relance par la consommation ? Vieille recette qui ne
marche pas, alors que notre stratégie à été payante : la consommation
tient en France et la croissance a été positive le dernier trimestre.
La conséquence de la crise pour les finances publiques,
c’est une baisse des recettes fiscales et sociales de 60 Milliards d’euros. En
un an, la crise a divisé par deux les recettes de l’impôt sur les sociétés.
Aucun Gouvernement n’a été confronté à pareille situation. A-t-elle conduit le
parti socialiste à proposer d’autre solution que la hausse des prélèvements
obligatoires, dans un pays qui connait pourtant un niveau record en la matière
? Non. « Les impôts rentrent mal, donc
augmentez les impôts », voilà, en substance la pensée
socialiste en matière de finances publiques. C’est un peu court quand, ailleurs
en Europe, les Gouvernements, socialistes ou non, face à cette baisse de
recettes, se mobilisent non pas pour rajouter de la crise à la crise, mais pour
renforcer leur potentiel de croissance, et donc de recettes futures.
Comment ? En investissant dans les dépenses d’avenir, en soutenant
massivement les demandeurs d’emplois, en faisant preuve d’un engagement accru
en matière de maîtrise des dépenses des administrations et en particulier
d’emplois publics. C’est, entre autres, le choix des Etats-Unis ou de
l’Allemagne. Il est heureux que ce soit aussi le nôtre.
Quelles leçons tirez-vous de la
crise financière ?
La France a pris la tête d’un mouvement, européen puis
mondial, de moralisation du capitalisme et d’adaptation de pratiques qui ont
favorisé les dérives que nous avons connues. Que ce soit sur la supervision des
marchés financiers, les normes comptables des entreprises, les systèmes de
rémunération ou encore les paradis fiscaux, nous voulons une France qui
propose. Personne ne peut contester que, par exemple, c’est à l’initiative du
Président de la République qu’une étape décisive a été franchie en matière de
lutte contre le secret bancaire et la non coopération fiscale.
Comment assurer la pérennité de
nos systèmes de protection sociale ?
En moins de deux ans, le Gouvernement a lancé l’adaptation
du service public de l’emploi, ouvert le chantier de la formation
professionnelle, créé le RSA, modifié les règles d’indemnisation du chômage
pour améliorer la couverture des plus précaires ou encore engagé une réforme
profonde de l’hôpital. 2010 sera celle de la réforme des retraites. Tous ces
chantiers sont guidés par la volonté d’assurer la pérennité de nos systèmes de
protection sociale à travers la valorisation du travail, le développement de
l’emploi, la recherche permanente de l’équité et de la bonne gestion. A quelques
mois du rendez-vous sur les retraites, il est en particulier inimaginable que
le Parti socialiste aborde cette échéance sans propositions précises.
A ces questions de crise s’ajoutent tous les autres chantiers
dans lesquels notre pays est aujourd’hui engagé et qui dessineront la France de
l’après-crise. Avenir du système éducatif et universitaire, promotion de la
diversité, respect de nos objectifs écologiques, réforme de l’Etat ou encore
évolution de notre dispositif pénitentiaire, sur tous ces sujets, les défis
sont considérables et les débats indispensables. Ils ne pourront véritablement
avoir lieu que lorsque la bataille des hommes laissera enfin la place, au sein
du Parti socialiste, à celle des idées.
"la qualité de la signature de la France est, elle, plus forte que jamais !"
"Aujourd’hui, la dette française est financée à des taux d’intérêt historiquement bas, et les agences de notation lui attribuent la meilleure note. Cette confiance des investisseurs"
Faux, faux et re-faux, la France emprunte actuellement sur les marchés 0.40 % plus cher que l'Allemagne et cet écart s'accroîtra l'année prochaine.
"La France a pris la tête d’un mouvement, européen puis mondial, de moralisation du capitalisme et d’adaptation de pratiques qui ont favorisé les dérives que nous avons connues."
Là, je rigole doucement. On peut qualifier Sarkozy de beaucoup d'épithètes mais sûrement pas celui de moral.
"Tous ces chantiers sont guidés par la volonté d’assurer la pérennité de nos systèmes de protection sociale"
Faux, le but est de les démanteler pour implanter des systèmes privés d'assurance maladie et on y va tout droit, à moins que la France ne se réveille !
Rédigé par : lucien martin | 06 novembre 2009 à 22:36