La Démocratie
française vient de se mettre sous la coupe du chronomètre. Le CSA vient de se
résoudre à édicter de nouvelles règles qui, en gros, mettent à égalité de temps
de parole la majorité et l’opposition. La gauche crie « Victoire ! »
et la majorité parle de progrès. A voir.
La
nouveauté, c’est que la parole du chef de l’Etat va être comptabilisée dans le
camp dont il revendique le commandement. Les médias vont être confrontés à un
minutage parfois bien aléatoire quand il faudra débrouiller ce qui relève du
pouvoir régalien, « je parle au nom de la nation », et ce qui tient
du débat politicien, « je parle pour la majorité ». Je leur souhaite bien
du plaisir. D’ailleurs, si on voulait
pinailler, c’est 53% du temps de parole que Nicolas Sarkozy devrait avoir, et l’opposition
47% : la référence ultime et la plus démocratique ne devrait-elle pas être
l’élection présidentielle ? Car, ne nous cachons pas la vérité, l’opposition
enrage de devoir supporter un président hyper actif qui sait saisir toutes les
occasions de « faire de la politique », alors qu’elle passe son temps
à se déchirer et surtout n’a pas grand-chose à dire sur tous les sujets qui
intéressent les Français. Et la mauvaise foi ne la dérange pas, elle qui tient
à la portion congrue l’espace d’expression de l’opposition dans tous les
journaux édités par les collectivités qu’elle détient.
Si j’avais
mauvais esprit, j’ajouterai qu’il est bien inutile de donner plus de temps de
parole à des gens qui n’ont que le dénigrement et le mensonge à proposer en
réponses aux actions et décisions du gouvernement. A quoi bon permettre d’occuper
davantage les « plateaux » à ceux qui ridiculisent le Parlement au
moyen de l’obstruction, brandissent des arguments apocalyptiques du genre « la
démocratie se meurt », poussent jusqu’à l’hystérie leur désir de s’opposer
à tout prix et en toutes occasions, comme sur la loi « Hadopi »,
posture que je ne parviens toujours pas à comprendre.
Ce qui est
plus grave, c’est qu’une fois de plus, on brime la liberté au nom de l’égalité.
En soumettant la parole politique à la dictature de l’égalitarisme, on bride la
créativité et la liberté d’expression. Nous sommes le seul pays au monde à
codifier ainsi les passages de la majorité et de l’opposition à la radio et à
la télévision, comme s’ils étaient des monstres incontrôlables. Encore fait-on
bon marché de la liberté de la presse. Car le comptage est totalement
inapplicable à la presse écrite. Donc, si j’ai bien compris, puisque c’est lui
qui est visé, le Président n’a plus qu’à donner interviewes et entretiens aux
journaux à volonté, pour rendre publics tous ses projets. Car la vérité, c’est
que la gauche instruit un véritable procès en déontologie professionnelle et en
éthique aux médias, faute de pouvoir leur apporter de l’audience quand elle s’exprime.
Un comble, quand on connaît la couleur politique de la plupart des
journalistes, voire des journaux.
Je souhaite
bonne chance au CSA, parce qu’au-delà des 50%, il va falloir partager le temps
de parole entre toutes les composantes politiques : que fera-t-on de
Bayrou ? Et Besancenot sera-t-il compris ? Dans le temps de l’opposition,
il faudra bien sûr intégrer le Front National, n’est-ce pas Mme Aubry ?… Ubu
n’est pas loin. Et pas sûr que l’opposition soit gagnante.
En effet,
ce n’est pas comme cela que les médias fonctionnent. Le passage plus fréquent d’une
personnalité peut tenir à son charisme ou à la progression dans l’opinion de ce
qu’elle représente. Le fait que les invitations s’espacent peut tenir de la
baisse d’une influence réelle… La vraie raison pour laquelle un mouvement est
plus exposé que d’autres à certains moments, on l’a vu avec le Modem, c’est qu’il
peut être plus intéressant objectivement. Il peut l’être aussi pour des raisons
négatives. Ainsi, on ne sait pas si l’intérêt pour les divisions internes du PS
lui rend service, mais le fait est que chaque prise de parole de l’un ou l’autre
est un événement. C’est la vie politique. Codifier cela est d’une tristesse !
Et puis,
rappelons-nous que le CSA ne prend pas la décision que pour la seule majorité
actuelle, mais aussi pour les majorités à venir. En limitant le temps de parole
de Nicolas Sarkozy, ce qui n’a pas beaucoup de sens, la gauche se comporte implicitement
comme si le président ne devait pas quitter le pouvoir un jour. De quoi me
réjouir !
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