LA TOUCHE FINALE
14 janvier 2009
La tempête médiatique étant un peu et
provisoirement retombée, il est peut-être utile de revenir sur la décision du
chef de l’état de transformer le rôle du juge d’instruction en juge « de » l’instruction. Au
moins on lui sera gré de traiter le problème à froid en parachevant la réforme
de notre système judiciaire par ce qui constitue la disposition la plus
importante et la plus attendue. Ce qui rend d’autant plus surprenante la
réaction négative de la plupart des magistrats. D’ailleurs, Nicolas SARKOZY n’avait
pas encore annoncé qu’il souhaitait modifier le rôle du juge d’instruction et
confier les enquêtes au parquet, que dans un concert touchant d’ensemble, la
profession judiciaire s’élevait contre la perte d’indépendance de la justice. Curieuse
manière de procéder : le Président n’a pas dit de quelle manière la
justice serait conduite dans les affaires pénales et d’ailleurs le projet de
loi n’est pas encore rédigé. A vouloir à toutes fins faire croire qu’il décide
de tout, c’est oublier comment il fonctionne. Il indique la direction, au
Ministre de faire le travail ensuite. En cela, il sait qu’il peut compter sur
le zèle de Rachida DATI pour faire le nécessaire.
On ne peut pas prendre ce problème à
la légère. Il s’agit de résoudre un problème très sérieux. Trop d’instructions
ont bafoué la justice, alors que le secret devrait être un principe
sacro-saint. Et dans bien des affaires retentissantes, il a été allègrement violé
sans que personne ne se préoccupe de savoir qui était le coupable. Et on ne
peut s’empêcher de penser que certaines informations divulguées à la presse
étaient faites pour aider le juge à confondre la personne mise en examen. Ainsi,
dans une affaire retentissante, un ancien ministre a été traîné dans la boue
par une instruction à charge pour être ensuite acquitté… On ne peut en rester
au statu quo, alors que la plupart des 70 recommandations faites au lendemain d’Outreau
sont restées sans effet.
Faisons la part de la réticence due à
l’inertie naturelle des grands corps, cependant il est nécessaire d’apporter
une solution à tous ces juges intègres qui ne peuvent plus se satisfaire d’une
justice mauvaise aux procédures dépassées. A n’en pas douter, il faudra une
instruction conduite par des magistrats indépendants. Il sera toujours temps de
se préoccuper des velléités du pouvoir exécutif s’il tente d’affirmer ses
prérogatives en la matière. Pour l’instant, le refus du changement relève de la
contestation systématique et du procès d’intention.
Pour nous en convaincre, gardons simplement en mémoire que la justice nous a
montré à trop de reprises qu’elle était capable du pire.
"De toutes façons, chez le juge, si t'es pas cru, t'es cuit !"
Jibé
Rédigé par : JB | 20 janvier 2009 à 20:57