LE FACE-A-FACE NE FAIT QUE COMMENCER
08 décembre 2008
Au PS, on nous joue un remake de la farce de Molière « Le Médecin malgré lui » dans laquelle « Sganarelle et Martine se querellent ». Nous avons désormais Ségolène et Martine dans la même distribution des rôles. Le décor pour 2012 est en train de se planter.
Ce soir, je me contenterai de présenter les protagonistes.
Commençons par le cas ROYAL. Elle a perdu la direction du PS d’une poignée de voix, mais ses chances pour 2012 restent intactes. Elle est autonome, a des locaux financés par Pierre Berger (dit-on), une équipe déjà bien rodée. Elle a déjà commencé à fourbir ses armes : elle jouera sur le look, la mise en scène et la théatralisation de son message.
La « madone » est devenue une star bobo soigneusement étudiée. Finis les tailleurs classiques de la bourgeoise de province de chez Paule Ka. Elle joue la carte des jeans légèrement usés portés sous une tunique ethnique en privilégiant les tons électriques à la mode : ça fait « djeune » dirait dJack. Même la coiffure a été revue dans le genre « froissé –chic ». Pour le côté mise en scène, on en a vu un aperçu avec sa fête au Zénith et au congrès de Reims : la voix n’est plus monocorde, même si la finale est toujours un peu agaçante. Elle sait jouer des tons plus graves et ne « dicte » plus ses discours, bien qu’ils restent encore « apprêtés ». Mais tout cela progressera sous les conseils avisés d’Hélène Cinque, assistante d’Ariane Mnouchkine. Grâce à la chirurgie esthétique, son visage affiche un sourire désarmant plus naturel que jamais. Même sa silhouette s’est affinée : le mimétisme avec Sarkozy est de plus en plus saisissant : jogging, tennis, natation…. Enfin elle a pris des cours pour occuper l’espace (testé au Zénith) sous la direction de Dominique Besnehard, et même pour la gestuelle qui peut s’appuyer sur les lumières et les fumigènes. Pour le texte, les prompteurs sont là….Du grand art qui lui vaut d’avoir des partisans inconditionnels. Dans ce contexte, le contenu, n’est pas important.
En face d’elle, Martine AUBRY. Une autre bête politique. Qui aurait parié sur le « come back » de la dame des 35 heures ? C’est l’anti-Ségolène, comme il existe des « anti-héros ». C’est l’ennemie de toujours. On peut donc penser qu’il n’y aura pas de cadeau. La prise de la direction du PS était essentielle pour elle. Elle en fera sa machine de guerre. Elle sait que le poste qu’elle occupe lui permet, le moment venu, de prétendre à la candidature suprême. Et la machine roulera pour elle à 70% au moins. Elle n’a pas changé. C’est toujours la « mèremptoire » selon le bon mot de Philippe Alexandre. Une bosseuse qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts.
Le PS a une patronne, on ne va pas tarder à s’en rendre compte. Contrairement à sa rivale, elle ne mise pas sur sa féminité, et on dira vulgairement d’elle « qu’elle en a… !». Ne comptons pas qu’elle change de coupe de cheveux ni de style. Certains observateurs ont été jusqu’à faire remarquer qu’elle avait ressorti un chemiser et une écharpe verte qu’elle portait au congrès de…1998. Mais son sérieux et sa ligne politique invariable sont de nature à rassurer les militants qui pensent qu’elle a la carrure pour s’opposer au gouvernement. Sa stratégie sera avant tout idéologique et se fondera sur une machine militante renforcée et remise au goût du jour.
Il n’y aura pas de cadeaux de part et d’autre.
Mais le débat ne se réduit pas qu’aux personnes. Il y a aussi les idées. Là encore, tout les oppose. On aura l’occasion d’y revenir.
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