EFFROYABLE CONJONCTION
07 octobre 2008
La crise tombe au mauvais moment pour Nicolas SARKOZY et met en porte-à-faux nombre de ses promesses qui s’inscrivaient dans un autre contexte, totalement différent. Pour prendre un exemple, la défiscalisation des heures supplémentaires aura permis de faire travailler plus pour gagner plus nombre de salariés. Elles ne sont pas entrées en concurrence avec les créations d’emploi en 2007. Mais du fait de la chute de la croissance, le risque devient grand qu’elles se développent au détriment de l’embauche. Le ralentissement économique met à mal le pouvoir d’achat et réduit les marges de manœuvre des entreprises.
Mais l’opposition ne peut pas affirmer que, si elle était à la place de la majorité, elle ferait mieux. Elle continue avec une ardeur incantatoire quasi obsessionnelle à dénoncer la loi TEPA, dite « paquet fiscal », alors qu’il est évident que sans elle, la chute aurait été plus dure et plus précoce. De même qu’elle a du mal à admettre que le Président n’est finalement pas aussi libéral qu’elle le souhaiterait. Son ouverture aux personnalités de gauche en était un signe, les décisions qu’il prend en sont une preuve. Le pragmatisme l’a toujours emporté sur le dogme dans son esprit. Et elle est malvenue de critiquer sa décision de protéger l’épargne et les comptes courants par une éventuelle intervention de l’Etat.
Il peut le dire et il devait le dire. Même s’il n’y a pas encore eu de faillite d’une grande banque. Il est vrai qu’une telle probabilité reste encore éloignée, car nos institutions financières sont peu exposées à la crise mondiale du crédit. Le risque devient plus important quand les craquements affectent notre voisin allemand, premier client et premier fournisseur de notre pays.
Dans ce contexte, difficile de présenter un autre budget que celui qui est envisagé, privés de perspective de croissance que nous sommes pour l’année qui vient. Il faut saisir l’occasion pour réduire les dépenses, réformer l’Etat encore plus vigoureusement en dégageant les économies partout où elles sont possibles. Sans pour autant renoncer à la solidarité. Les plus modestes sont aussi les plus exposés. C’est pourquoi il est important de les accompagner en cette période où le chômage va malheureusement augmenter. Chaque denier devra être utilisé avec la plus grande efficience. Là encore, la gauche qui ne siège pratiquement pas dans le débat sur le RSA, fait preuve d’irresponsabilité en annonçant qu’elle ne votera pas pour un dispositif qui ne lui paraît pas suffisant. Et pourtant, même s’il n’est pas parfait, le dispositif est un réel progrès.
Enfin, cette crise est une chance inespérée pour l’Europe de faire entendre sa voix sur le plan international. A condition d’être unie. Le vieux continent est en effet le mieux placé pour exercer un magister moral et proposer des réformes sensées du système financier international, parce qu’il n’a été que partiellement saisi par le démon de la spéculation outrancière comme aux Etats-Unis, et parce qu’il n’a pas, comme la Chine, une économie perméable à toutes les fraudes et à tous les trafics. Enfin, c’est le moment de faire la démonstration aux pays réticents au traité de Lisbonne que l’Union fait la force !
D’un mal, il peut toujours sortir un bien.
Commentaires