LE MONDE QUI NOUS ATTEND (Fin)
11 septembre 2008
Le monde qui nous attend sera un monde de rareté, d’économie et de proximité.
Nous avions cru que l’abondance n’aurait pas de fin. Que les matières premières et le pétrole étaient inépuisables. Nous avons évolué vers des modes de vie qui, s’ils étaient pratiqués par tous les hommes de la planète, excéderaient dix fois et plus ses capacités.
Pire la pollution que nous lui imposons est en train de modifier les climats à grande vitesse.
Nous avons donc à nous préparer à un monde où les ressources de toutes natures seront comptées. Il y a des raretés auxquelles nous sommes déjà préparés : celles qui résultent de la loi de l’offre et de la demande comme le pétrole, le fer, le blé. Les acteurs économiques perçoivent le signal de la hausse des prix qui enclenche aussitôt les procédures d’adaptation : produits de remplacement ou gestion plus économe… Mais il y a les raretés que nous ne ressentons pas vraiment parce qu’elles échappent à la loi du marché : rareté de l’air pur, de l’eau douce, de l’environnement naturel, de la biodiversité… Comment gérer des biens qui n’ont pas de prix (dans tous les sens de l’expression) autrement que par la prise de conscience citoyenne et le changement des comportements. Mais il viendra un moment où il faudra payer le prix : c’est déjà le cas pour l’eau propre ou le gaz carbonique que nous produisons…. Et puis il y aura la rareté générée par la saturation : les fréquences radio-électriques, les connexions internet, les infrastructures telles que aéroports et ports maritimes sans parler de l’espace pour le trafic aérien.
Ce monde exige de nous que nous soyons plus économes. La société de consommation débouche sur le gaspillage qu’on retrouve non seulement dans notre manière de produire et de consommer, mais aussi de nous administrer. Particulièrement en France. Il faut aller vers une gouvernance plus sobre, plus efficace et moins coûteuse : moins d’échelons, moins de fonctionnaires, mais des procédures et des équipements plus modernes. Force est de reconnaître que les réformes engagées par le gouvernement vont dans ce sens. Les grandes entreprises doivent trouver de nouveaux équilibres entre le travail, les matières premières et le capital : sécurité d’approvisionnement par des contrats longs termes ou intégration verticale, moindre consommation d’énergie quitte à utiliser plus de main d’œuvre, recyclage et innovation qui demandent des investissements…Pour s’adapter, les mutations en cours prennent plusieurs directions : l’économie conduit à se tourner vers le « low cost » comme dans l’alimentation, l’automobile (Logan) ou l’électronique (ordinateurs à 300€). Elle impose des procédures plus strictes et des consommations plus respectueuses de la nature : ainsi SODEXO ajuste ses menus au gramme près, utilise davantage de produits de saison, tend à réduire le nombre de ses livraisons. Le changement climatique induit les produits verts, recyclables, moins polluants…
Les stratégies changent aussi. Ainsi, on a déjà des groupes qui s’organisent pour avoir des productions régionales qui minimisent les transports. Terminées pour les produits finis dont le transport est coûteux, les usines centres. Ainsi PSA rapproche ses usines automobiles de ses clients : on vend plus en produisant sur place. Les nouvelles unités de production, plus compacte et moins énergivores doivent livrer dans un rayon maximal de 1000 à 1500 km.
Les Français sont loin d’être à la traîne dans ce grand chambardement. Quelques pépites qui montrent les voies à suivre : Le Chablis qui fait du « marketing » et se vend à l’export avec un bouchon à vis, Boisset rénove son catalogue des vins pour le rendre plus accessible et lutter contre la concurrence des vins étrangers monocépages, Ipsen (Beaufour) le géant pharmaceutique se repositionne en abandonnant les produits vieillissants et pour faire face aux déremboursements, Métabolic Explorer, une « start up » de Clermont-Ferrand développe des composés chimiques obtenus à partir de matières premières végétales, Nexans, le producteur de cables, adjoint des unités de récupération et recyclage du cuivre à ses usines…
Cerise sur le gâteau, pour conclure : d’après le premier baromètre européen de l’évaluation des « gouvernances publiques » par Ernst et Young, la France est « locomotive en Europe » avec la réforme des procédures budgétaires (Lolf) en 2001, les audits de modernisation du gouvernement Villepin et la forte accélération que constituent la « révision générale des politiques publiques » (RGPP), la création d’un secrétariat d’état à l’évaluation et le renforcement du rôle du Parlement, initiés par Nicolas Sarkozy.
L’avenir n’est peut-être pas « rose ». Il n’est pas tout gris non plus.
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