HISTOIRE
COUPS DE PROJO
CHOQUANT

LE BOUCLIER "EURO"

Giscard, malicieusement l'avait fait appeler "ECU" (European currency unit). L'écu, vieille monnaie franque s'il en était, mais aussi le bouclier de nos chevaliers sur lequel ils peignaient leurs "armes". Jamais l'Euro n'aurait aussi bien mérité son nom "Ecu", malheureusement abandonné.

Aujourd'hui l'euro nous protège comme il protège toutes les économies européennes de l'Union. Il est solide parce qu'il est assis sur plusieurs économies dont plusieurs sont prospères et sur des réserves de change très conséquentes. Il est stable et fluctue très peu par rapport aux autres monnaies. Enfin le taux de parité avec le dollar nous permet aujourd'hui d'acheter bon marché à l'extérieur, et surtout de payer le pétrole autour de 85 euros le baril. Imaginons ce qu'il en serait si nous en étions restés à la parité de 2002 à 0,80 dollar contre 1,55 aujourd'hui.

L'euro fort nous vaut plus d'avantages que d'inconvénients. Il n'a pas du tout freiné la croissance en France, encore moins en Allemagne. Il n'est pas responsable de la hausse des prix comme on le croit communément. L'effet inflationniste de son introduction est depuis longtemps digéré. Par contre, on peut vraiment imaginer ce qui se serait passé sans l'euro : compte tenu de l'état de notre commerce extérieur nous aurions été obligé de dévaluer le Franc, avec les conséquences sur les prix de toutes nos importations et l'inflation qui va avec.

Enfin, et grâce à la ténacité de son gouverneur, la BCE a fait de l'euro une monnaie en capacité de juguler l'inflation naissante. La politique des taux menée par Jean-Claude TRICHET, si décriée, porte aujourd'hui ses fruits. L'explosion des prix des matières premières lui donne en effet raison. En maintenant un taux de base relativement élevé, il freine la hausse des prix sans que pour l'instant cela n'ait empêché la croissance en Europe dans les six derniers mois. Ce qui fait dire à Patrick ARTUS : "Cessons de rendre la BCE responsable de nos problèmes structurels et ouvrons les yeux sur nos vrais déficits de compétitivité". D'ailleurs la plupart des autres pays européens ne se plaignent pas.

Et Jean-Claude TRICHET ne s'en cache pas :"la stabilité des prix est une condition nécessaire pour avoir une croissance durable et une création importante d'emplois. Nous croyons que le niveau actuel des taux d'intérêt est le bon. A ce niveau, nous faisons tout ce qui est nécessaire pour que le marché monétaire fonctionne correctement et pour consolider la confiance". Par ce moyen il espère contenir l'inflation à ses facteurs extérieurs importés et éviter que les agents économiques ne se mettent à anticiper la hausse des prix. "Une part importante des services, qui représentent plus de 70% du PIB de la zone euro n'est pas soumise à la concurrence mondiale et les risques de dérapage y sont donc réels si nous ne sommes pas suffisamment attentifs", ajoute-t-il.

La bataille n'est pas terminée, ce serait trop beau. La BCE redoute qu'à une inflation qui résiste s'ajoute un ralentissement de la croissance. Les derniers ajustements à la hausse du FMI pour la zone euro devrait rassurer notre grand argentier européen.

                                                                                        

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