DATI DANS LE COLLIMATEUR
12 juin 2008
J'ai dit récemment que j'avais apprécié que la Ministre de la justice remette en place vertement la gauche à l'Assemblée Nationale. Maintenant c'est la presse, les milieux de gauche et certains milieux de droite qui s'y mettent. Vraiment, oui, elle dérange. J'espère qu'elle va déranger encore longtemps. Elle ne mérite certainement pas les tombereaux de critiques qui lui tombent dessus aujourd'hui par ceux-là même qui l'encensaient il y a encore peu. L'opinion est ainsi.
Qu'est-ce qui a déclenché l'avalanche ? son avis sur le mariage annulé de deux jeunes musulmans. Elle a déclaré que le jugement "protégeait la femme". Elle avait répondu spontanément à une question, sans expliciter son commentaire et sûrement avec son tempérament et son expérience. On lui a alors reproché de ne pas dénoncer un jugement qui constituait une régression inacceptable de nos moeurs républicaines au sujet des "qualités essentielles" qui participent au mariage. On lui a reproché ensuite de s'être désavouée en demandant au parquet de faire appel. J'ai tout de suite pensé que sa première réaction était la bonne. La jeune mariée souhaitait, comme son époux, l'annulation du mariage. Ne pas le faire, c'était la transformer en victime. Mais dans notre pays, ou l'émotion est devenue le principal ressort de l'animation politique, à défaut de la raison, les commentateurs professionnels et les ameuteurs patentés ont eu vite fait de susciter l'indignation populaire. Les juristes ne sont pas tous d'accord entre eux sur la qualité du jugement prononcé, mais peu importe. En faisant appel, on demande au tribunal d'expliciter le jugement de telle façon que le mensonge sur la virginité en tant que "qualité essentielle" ne fasse pas jurisprudence.
Ainsi, "tout le monde il est content". Mais ce qui n'est pas supportable, c'est le procès en incompétence qui lui est fait. Ses détracteurs, un an après, font un bilan mesquin de son Ministère : ses toilettes coûteuses, ses chaussures, son goût un peu glamour, le budget de ses réceptions ( en oubliant les vrais motifs, de préférence). Il y avait pourtant mieux à dire : la réforme de la carte judiciaire, la loi sur la récidive, la loi de prévention et de sûreté, ... Quel courage !
Va-t-on lui reprocher aussi son parcours volontaire, sa beauté, sa jeunesse, son élégance, le fait qu'elle soit beurette ? Elle est à sa place, et l'on devrait plutôt être fier que notre pays ait enfin des Ministres qui correspondent à ce qu'il est dans la réalité.
Admettons aussi que rien ne sera accompli en France si les partisans de la réforme ne bousculent pas sans ménagements ceux qui s'y opposent au nom de mille raisons qui, ajoutées les unes aux autres, n'en font pas une bonne.
Alors oui, on a encore besoin de Rachida.
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