VICTOIRE PLANETAIRE
05 novembre 2008
Nous vivons à l’heure OBAMA depuis trois jours. Tous les médias, mettaient les formes pour la façade et pariaient sur la victoire du candidat Démocrate. Son large succès a un retentissement à la hauteur de l’attente que sa campagne a suscitée : planétaire ! Le vieux principe qu’il fallait absolument être « WASP » pour habiter la Maison Blanche est tombé la nuit dernière.
La victoire de Barak OBAMA soulève un immense espoir pour les Américains et pour le monde entier. C’est aussi une victoire morale après le terrible fiasco économique qu’ils viennent de vivre, dû en grande partie aux errements de la gestion du président sortant.
Le « Yes, we can » résonne avec d’autant plus d’importance maintenant qu’il a gagné et qu’il est sûr d’avoir tous les moyens de travailler autant avec la chambre des Représentants qu’avec le Sénat.
C’est quand un pays traverse des temps difficiles que se révèlent les grands hommes et le volontarisme politique. Je suis frappé par les similitudes que l’on retrouve dans les thèmes de la campagne démocrate avec celle de Nicolas SARKOZY : le « yes, we can » est à rapprocher du « ensemble tout est possible » et il serait intéressant de comparer les fréquences de mots comparables ou identiques dans les discours de campagne de ces deux candidats. De même l’importance accordée à internet et au portable. Mais restons sur terre….
La victoire de Barak OBAMA est logique. C’est le contraire qui aurait été surprenant. On a bien essayé de nous faire croire que les gens ne disaient pas la vérité quand ils répondaient aux sondeurs parce qu’ils avaient honte de dire qu’ils ne voteraient pas pour un noir. C’était évidemment un faux suspense, dont John MAC CAIN essayait de profiter. La victoire est logique parce qu’elle correspond à la conjonction d’éléments qui s’additionnent : l’espoir que sa candidature a soulevé chez les noirs américains, les progrès de la mixité raciale banalisée dans les jeunes générations, la révolte des classes moyennes contre les effets de la crise financière qui ruine leur patrimoine et leurs fonds de pensions, et naturellement son âge et son talent d’orateur. Cela fait beaucoup pour un adversaire vieillissant, ignorant des nouvelles technologies, et que la campagne a poussé vers les idées conservatrices dont il s’affranchissait naguère. Le vieux lion républicain s’est battu jusqu’au bout avec âpreté et son courage mérite l’admiration. De même que l’élégance avec laquelle il a accepté sa défaite et félicité son adversaire. Du grand art militaire.
Barak OBAMA a rendu sa fierté à l’Amérique. Ce pays que le « Patriot Act » a peu à peu conduit à admettre la torture comme instrument naturel de la recherche de renseignements, que le laxisme fiscal a conduit à la ruine d’une monnaie dévaluée, que la complaisance du président a fait sombrer dans un obscurantisme inquiétant avec l’aggravation de l’influence religieuse la plus sectaire (au point de permettre l’enseignement du « créationisme »), ce pays avait besoin de tirer un trait sur tout cela et l’élection en a été l’exutoire. Les américains attendent de leur nouveau Président une dignité et une respectabilité retrouvées pour les Etats-Unis. Dès aujourd’hui, ce pays n’est plus regardé de la même façon.
Et le plus dur reste à faire. Le nouveau président hérite d’une montagne de dettes privées et publiques qu’il faudra bien réduire, d’un taux d’épargne négatif, avec des citoyens qui baignent dans la culture de la consommation poussée jusqu’au grotesque. La potion sera nécessairement amère. De même sur le plan international, il lui faudra restaurer la crédibilité diplomatique de son pays et le sortir de l’impasse écologique dans laquelle il se fourvoie depuis huit ans. Deux guerres sur les bras, le Pakistan au bord de l’implosion, l’Iran sur le chemin de l’arme nucléaire, une situation inextricable au Moyen Orient, écrivent le scénario du drame joué tous les jours sur la scène internationale. Les douze travaux d’Hercule l’attendent. Mais si l’Amérique est en déclin, ses ressorts restent immenses. Quels que soient les malheurs qui l’accablent, elle est incontournable et aucune nation n’est capable de la remplacer. Barak OBAMA incarne un changement qui peut galvaniser un peuple qui retrouve en lui son unité. Le peuple américain est prêt à se retrousser les manches dans une sorte d’union sacrée. « My country first », le slogan du candidat républicain reste d’actualité.
Il lui faudra agir vite et en profondeur en profitant de son formidable « état de grâce » national et international.
Commentaires