SOURIEZ... C'EST L'ETE !
01 juillet 2008
Le car a déversé son contenu : aujourd'hui, les "seniors" de ***..... sont de sortie. Les dames ont mis leurs belles robes à pois ou à fleurs, leurs chemisiers au col de dentelle impeccable rehaussé par quelque bijoux ; "permanentées" de peu leurs coiffures d'argent arborent des reflets rosés ou bleu pastel. Ces messieurs, un peu noyés dans la masse, sont endimanchés, avec la casquette plate vissée sur le crâne pour le protéger des intempéries ou des ardeurs du soleil et suppléer ainsi à un cheveu devenu trop rare avec le temps.
Ils suivent en grappe plus ou moins serrée un guide féminin qui s'est fait une expérience depuis longtemps : aussi est-elle munie d'une antenne téléscopique au bout de laquelle flotte un fanion pour rallier les distraits et, pour se faire entendre, d'un petit micro amplificateur. Bien utile, parce que le groupe sort d'un "bon repas", et il est "plutôt" dissipé (le mot est faible). D'ailleurs c'était la partie la plus importante de la journée, pas vrai ? Du moins c'est ce que l'on peut penser à entendre les conversations commentant les plats et les vins servis. Le second intérêt de la sortie, concerne la gent masculine : la drague des veufs, ça existe ! et dans ce genre de groupe, ils n'ont que l'embarras du choix. Il faut les voir faire les paons auprès de ces dames... Ce qui n'arrange rien de leur comportement. Quant à notre malheureuse commentatrice, elle s'est rabattue sur les quatre ou cinq assidues -peut-être des enseignantes en retraite- qui lui collent aux basques et suivent de près ses anecdotes.
Le cortège balaie la visite comme une tornade. Il vous passe devant sans vergogne. Les uns s'interpellent bruyamment, les autres y vont de leur commentaire trivial du genre : "Hé, Auguste, viens un peu voir ce que j'vois ! ...." Je vous passe la suite. Rien à voir avec le sujet. Une jolie fille aux formes épanouies et court vêtue comme Perrette, passait par là. Bref ! On est un peu égoïstement bien content que tout ce petit monde s'éloigne pour continuer à profiter dans le calme des charmes de ce joli village alsacien.
La dynamique de groupe n'épargne pas les anciens. Tous ces gens pourtant bien élevés habituellement forment, le temps d'une sortie, un agrégat insupportable . Vous en avez tous sûrement fait le constat, le temps d'une halte dans un restaurant d'autoroute, par exemple. Malheur à vous si vous êtes pressés et que vous arrivez derrière un car de "seniors". Les cars, c'est jamais simple. Ceux des "seniors", au self service et à l'encaissement, c'est terrible ! Il ne vous reste plus qu'à filer jusqu'à l'air de restauration suivante en espérant un sort meilleur.
Vous me trouverez peut-être sans indulgence. La Bruyère était bien plus sévère que moi sur ses contemporains. En fait, quand il nous arrive avec Paulette de croiser ce genre de groupe, on en rit à l'avance. Que voulez-vous, l'être humain est ainsi fait, il faut en prendre son parti. Nous mêmes en pareille circonstance n'y échappons pas.
Et puis, il y a tant d'autres moments où nos anciens ont la faveur de notre tendresse.
Cette douce satire empreinte de poésie et pleine de vérité apporte un peu de fraicheur dans la morosité ambiante;si seulement les discours politiques pouvaient un jour emprunter cet agréable style.....les messages qu'ils portent passeraient peut être un peu mieux....la communication "soft" ça doit exister !!!!
Rédigé par : JPP | 03 juillet 2008 à 17:59