A PLAT VENTRE...
08 août 2007
C'est un jour bleu. Il y en a toujours quelques uns au cours de l'été. Le vent est tombé et juste une brise légère vient effleurer ma peau. L'océan a pris ce ton outremer si caractéristique du beau temps et qui n'appartient qu'à lui. Quelques frisotis d'écume en parsèment la surface de leurs éclats brillants. Il est 17 heures : la chaleur décline avec le soleil qui commence à s'incliner vers l'horizon. C'est l'heure où la plage devient la plus agréable. Jusque là, le sable était brûlant sauf à l'ombre bienfaitrice du parasol. Maintenant il est fréquentable et, après avoir épuisé les lectures ou les mots fléchés du jour, le moment est venu de profiter au maximum de la serviette jetée à même la plage. C'est l'un de mes petits bonheurs d'été.
D'abord une demi-sieste : juste ce qu'il faut de somnolence ouatée pour profiter à la fois de la tiédeur du lit moelleux qui m'accueille et des rayons du soleil qui chauffent sans trop pour que cela reste un plaisir. Les cris des enfants qui jouent me parviennent à peine. On se met sur le dos en premier, mais c'est à plat ventre qu'on est le mieux. Curieux, non ? parce qu'au lit, c'est rarement confortable comme position pour sommeiller : il n'y a que sur la plage ! Un peu plus tard, la torpeur fait place à un examen attentif de l'environnement offert par la vue rasante, coincée entre le bourrelet de la serviette et le bord de la casquette qui me protège de l'insolation. Cette mince lucarne toute en largeur et qui tourne le dos à la mer devient un observatoire. C'est toujours un plaisir de pouvoir observer en catimini. Alors la plage s'offre en spectacle : de la jeune fille qui arbore fièrement sa poitrine (inévitable) à la saynette qui se joue autour du parasol entre une mère et son bambin qui vient de mettre ses pieds tout mouillés et pleins de sable sur sa serviette ; il y a ceux qui se sont mis en cercle et qui discutent ; plus loin une baigneuse a enfilé sa "serviette-cabine" et fait une danse du scalp à l'intérieur pour se changer ; il y a ceux qui viennent à la plage avec le strict minimum mais il y a les boulimiques du matériel qui ammoncèlent glacière, matelat pneumatique pour la baignade, ballon, sièges pliants, pare-vent, natte-et-serviette pour s'allonger, sans oublier le vaste parasol digne d'un étal de marché : leur secteur est un camp retranché que seule la marée montante parviendra à démanteler ; et puis il y a les papy-mamy qui ont en garde les petits et qui s'affairent pour les occuper au point qu'on se demande qui construit le château pour qui... Il y aurait beaucoup à dire sur les "corpulences" des uns et des autres, les démarches, les "accoutrements". Mais étant indulgent avec moi-même, je me dois de m'abstenir de les décrire. Cela n'empêche pas le plaisir de l'observation et les commentaires pas toujours complaisants que je garde pour moi-même, me contentant d'en sourire intérieurement !
Et tout ce monde vit. Mais est-ce la présence de la mer ? est-ce la brise qui a tourné et qui vient maintenant du continent ? est-ce mon esprit qui est engourdi ? toujours est-il que les bruits et les cris sont emportés. L'atmosphère est un peu irréelle. C'est la plage. Il fait bon et on y est bien. L'heure du bain approche...
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