LE SCRUTIN MAJORITAIRE A LE DOS LARGE
12 juin 2007
Depuis les résultats d'hier, beaucoup de commentateurs sur les médias cèdent à la facilité en dénonçant les "excès" du scrutin majoritaire qui ne permettra pas une représentation suffisamment diverse des courants politiques à l'Assemblée Nationale. Le fait est que nous allons nous trouver devant un cas rarissime de représentation nationale peut-être limitée à deux ou trois groupes parlementaires : l'UMP et le Nouveau centre d'une part et le PS d'autre part. Les autres partis n'obtiendront vraisemblablement pas suffisamment de députés pour constituer un groupe parlementaire. Mais le mode de scrutin n'y est pas pour grand chose. Il ne faut pas confondre tour et alentour !
D'abord on ne peut pas demander à un mode de scrutin majoritaire de produire ce pourquoi il n'est pas fait ! Ensuite le résultat n'est pas dû à je ne sais quel complot que la "drôâte" aurait fomenté pour priver les courants politiques qui ne lui convenaient pas du nombre d'élus dont ils auraient besoin. La droite ne revendique rien. elle demande seulement une large majorité pour gouverner. Elle ne dispose d'aucun moyen alchimique pour augmenter magiquement le nombre de ses députés : elle n'a à sa disposition, comme tous les autres partis, que les voix que les électeurs veulent bien lui accorder. "Cette droite qui veut tout" a titré "Libé" : cela voudrait laisser croire que les élections législatives ne seraient pas légitimes et qu'elles contribueraient à priver la gauche de voix sur lesquelles elle aurait un droit souverain et qu'on lui volerait. Excès de langage d'un journal militant, probablement. Et on en profite pour nous en remettre une couche sur la "proportionnelle" qui n'aurait que des vertus et dont on a connu pourtant les méfaits.
Si raz-de-marée "bleu" il y a eu dimanche dernier, et s'il se renouvelle dimanche prochain -ce qui n'est pas assuré-, le principal auteur en est et en sera le "peuple souverain". C'est lui qui, par son comportement collectif, a décidé de l'ampleur du décalage entre la droite et la gauche, amplifié par l'effet majoritaire. C'est lui qui a décidé de se passer des petits partis en ne votant pas pour leurs candidats. C'est lui qui est responsable de la déroute du PS en boudant les urnes ou ses candidats.... On notera en effet que par rapport au 1er tour de la présidentielle, l'UMP (avec le Nouveau Centre) améliore son score de 10 points. Cela veut dire qu'en un mois, Nicolas SARKOZY et François FILLON ont travaillé de telle sorte qu'ils ont convaincu un bon pourcentage de citoyens qui n'avaient pas voté pour eux. On comprend que l'opposition en soit marrie. Ce sont les citoyens qui ont décidé de mettre fin à droite au phénomène Front National, et à gauche de marginaliser le PC. C'est encore le corps électoral qui a ramené le "BAYROUISME" à 7,5%, c'est-à-dire à la case départ.
Depuis le 6 mai, la droite n'est plus la même. Elle ne ressemble plus à celle de CHIRAC. Et ça bouscule les mentalités autant que les radars font tomber la vitesse. Le pire qui puisse lui arriver, c'est qu'elle devienne "tendance" dans les "salons bien-pensants" de la rive gauche.... et d'ailleurs !
Pour être juste, il faudrait quand même rappeler que le découpage (charcutage ?) des circonscriptions effectué par PASQUA en 1986 favorise la droite...
Rédigé par : Lucien Martin | 12 juin 2007 à 08:30
"Le pire qui puisse lui arriver, c'est qu'elle devienne "tendance" dans les "salons bien-pensants" de la rive gauche.... et d'ailleurs !" C'est un peu déjà fait: Kouchner, Védrine, Besson, Glucksmann...
Et je plussoie vigoureusement l'argument sur le "découpage" (restons courtois) électoral de Pasqua dont personne ne nie les conséquences. Le scrutin majoritaire, outre ses effets pervers (ils en ont tous, certes, plus ou moins), n'est donc pas, ici, strictement démographique.
Rédigé par : vincenzu | 13 juin 2007 à 08:45
C'est sûr que si la circonscription se limitait à Trélazé, Goua aurait plus de chances !
Rédigé par : Tintin | 13 juin 2007 à 12:47
M'est avis que les chances restent -généralement- ouvertes jusqu'à proclamation du résultat. Sur lequel je n'aurais pas parié gros, d'ailleurs, mais je me serais abstenu d'en faire gorge chaude.
Rédigé par : Vincenzu | 18 juin 2007 à 10:12