CASSE-TETE
27 mai 2007
S'il y a bien un casse-tête, c'est celui de la carte scolaire. Tout le monde est d'accord pour reconnaître qu'il faut faire quelque chose. Nicolas SARKOZY a annoncé dans sa campagne que son objectif était de la supprimer, Mme ROYAL a parlé d'assouplissement. Mis à part les syndicats et la FCPE qui s'y accrochent par principe, tout le monde sait bien qu'elle aboutit à des situations insupportables d'injustice, qu'elle a contribué à la création d'établissements "ghettos", qu'elle en a déstabilisés d'autres par la fuite des élèves vers le privé. Sans parler de l'hypocrisie de ceux qui se proclament "pour" mais qui sont les premiers à la contourner quand il s'agit de leurs enfants.
Comment assurer la mixité sociale à laquelle tout le monde est disposé ? Si la carte scolaire est un mauvais dispositif (56% des opinions), une majorité (54%) pense qu'il faut la conserver. Pourquoi cette contradiction ? C'est que la peur de la liberté de circulation des élèves ne contribue à favoriser un peu plus les mêmes établissements, avec à la clé une sélection à l'inscription sur des critères qui pourraient se révéler arbitraires. Ne parlons pas des réseaux d'influence et des passe-droit, c'est la situation actuelle.
L'école de la mixité, c'est bien, à condition qu'elle soit la meilleure ! Alors comment faire pour que les enfants issus des catégories de la population les moins bien armées aient eux aussi des écoles de qualité ? En faisant en sorte que l'enseignement qu'on y donne soit de la même qualité que dans les établissements cotés, que du personnel chevronné accepte d'y rester, que la discipline y soit respectée et que les parents en soient partie prenante. Et le classement en ZEP ne résoud rien, ou trop rarement. Car c'est sur tous les leviers qu'il faut jouer en même temps : la sécurité des élèves et leur volonté de travailler, le respect des enseignants, le rôle des parents en les aidant à s'impliquer, la réhabilitation sociale du quartier ...
A mon sens, la suppression ne peut être que progressive et, comme l'a souhaité Nicolas SARKOZY à Angers, s'accompagner de dispositifs d'autonomie pédagogique pour les établissements débouchant sur un projet éducatif adapté, de concentration des moyens sur ceux les plus en difficulté, d'équipes pédagogiques composées de volontaires triés sur le volet... sans oublier la volonté de s'intégrer de ceux qui les fréquentent. Le jour où un collège de "quartier" proposera des options spécifiques et affichera des résultats d'excellence, c'est que le défi aura été surmonté. Alors la carte soclaire aura perdu tout son sens. En attendant, la route risque d'être longue et il y faudra plus d'un an.
J'ai enseigné trente ans dans un collège de ZUP, devenue ZEP... Je sais de quoi je parle.
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