LA POLKA FISCALE
29 octobre 2013
La reculade n’est pas un principe de gouvernement.
Nouvelle reculade du gouvernement : après la tentative d’imposer les excédents d’exploitation des entreprises transformée en augmentation de l’impôt sur les sociétés, l’annonce de nouveaux impôts sur les produits d’épargne était d’autant plus insupportable qu’elle intervenait après des annonces contradictoires de « pause fiscale » pour 2014. Le rejet est d’autant plus fort qu’il intervient au moment de la facture assaisonnée payée cet automne et surtout parce que la mesure touchait des millions de foyers modestes qui, par les temps qui courent, ont plus que jamais besoin de se constituer un pécule pour des jours qui s’annoncent pour le moins tumultueux. La rétroactivité jusqu’aux contrats signés en 1999, prise en compte dès le 26 septembre 2013, ajoutée au taux porté à 15,5%, est apparue comme une volonté de piéger le contribuable en le privant de possibilité de réagir, avec en sus un sentiment que l’Etat pouvait bafouer à sa guise le cadre qu’il avait lui-même fixé. Un organisme privé qui se serait comporté de la sorte serait poursuivi pour abus de confiance ou escroquerie. De quoi alimenter le ras-le-bol fiscal !
Un amateurisme dramatique.
Le retrait décidé est encore plus grave : il souligne l’amateurisme d’un exécutif qui fait voter des impôts sans avoir mesuré les conséquences et pire encore les retire devant la montée de la contestation. Une vraie déroute du gouvernement dans laquelle il perd son crédit, et circonstance aggravante, elle est accompagnée de commentaires ridicules du principal responsable du PS, Harlem Désir qui « préfère un pouvoir qui change d’avis à un pouvoir qui s’obstine » et du Ministre de l’Economie, Pierre Moscovici qui ose se prévaloir de « l’écoute des Français ». Pitoyable ! Personne ne peut être dupe !
Ce qui est dramatique, c’est que dans la majorité on ne se pose pas la question de la faisabilité d’une hausse de la pression fiscale alors que la cote d’alerte a été dépassée : ce sont près de 70 milliards de prélèvements qui ont été effectués sur les quatre dernières années ! Personne n’a mesuré le trouble créé par un constant changement des règles du jeu qui rend impossible toute prévision raisonnable de l’avenir, tant pour les entreprises que pour les particuliers. Personne n’a expliqué à Bernard Cazeneuve, le Monsieur impôts et des comptes d’apothicaires, que le gouvernement devrait dorénavant lutter contre les déficits publics en diminuant les dépenses et non en augmentant encore les impôts.
De la grogne à la révolte.
La révolte n’aurait pas pris cette ampleur si des millions de foyers modestes n’étaient pas concernés. Tout le monde a aussi compris que des impôts encore plus lourds sur les profits des entreprises et les revenus des ménages aisés avaient atteint le point maximum, celui où les dégâts créés annulent la recette espérée.
C’est le pays tout entier qui est touché par les atermoiements d’un pouvoir qui ne sait plus quoi faire pour boucher les trous qu’il creuse lui-même. Qu’on en juge : les impôts retirés devaient rapporter 600 millions d’euros. Il suffisait de revenir sur le rétablissement de l’Aide Médicale aux Etrangers en situation irrégulière et sur la suppression du jour de carence dans la fonction publique pour les trouver largement ! Voilà ce que les Français ne supportent plus !
Un gouvernement aux abois réduit aux expédients.
En réalité, nous sommes devant un gouvernement aux abois qui en est arrivé aux expédients pour trouver de l’argent à tout prix. La vérité c’est qu’il faut trouver 20 milliards d’euros qui manquent pour boucler 2013. Il avance les échéances, il taxe à tout va. Mais ça ne suffit pas.
En réalité, le chef de l’État s’efforce de contenter tout le monde, les entrepreneurs qui créent des emplois, les salariés, les retraités, la gauche de la gauche, les écologistes qui ont un pied dans l’opposition, ce qui le conduit, en toute circonstance, à rechercher le consensus minimal. Son manque de courage politique est tellement évident, sa méthode tellement peu adaptée à la fonction qu’il occupe, qu’il réussit, en définitive, à s’aliéner tout le monde. Quand on veut contenter tout le monde, on ne satisfait personne. Et on assiste à une polka permanente : un pas en avant, deux en arrière ! Au moment où la France aurait besoin de certitudes !
La priorité devrait être le redressement économique.
Cependant, on se moque bien du destin des gens qui nous gouvernent : ce n’est pas du tout la priorité. L’important, c’est le redressement économique et social du pays et les Français constatent qu’on n’en prend pas le chemin. Le désarroi national provient de la collision entre le rêve idéologique des dirigeants et la réalité. Ce dont profite surtout le Front national qui continue de nous bercer de ses solutions radicales : un ordre économique et social nouveau qui serait instauré sans la moindre prise en compte du contexte européen et mondial. Faire table rase ! On peut être tenté d’y croire, comme on croit qu’en coupant un membre on arrête la gangrène. Un remède pire que le mal.
En attendant, le bilan est consternant : il souligne l’ambiguïté du programme sur lequel François Hollande a gagné l’élection présidentielle ; il dévoile son isolement actuel ; il montre la fragilité de ses décisions ; il contient les éléments structurels de la défaite, car les hausses d’impôts résultent d’une insuffisance des recettes fiscales, laquelle suggère d’autres hausses. Avec lui, la France perd un temps précieux.
Une réforme ? Non, un moratoire fiscal assorti d’un effort sans précédent de réduction des dépenses est absolument nécessaire.
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