HISTOIRE
C'EST QUEL JOUR DEJA ?
TREVE PASCALE

UN REDECOUPAGE INIQUE DES CANTONS

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On s’est étonné de la forme bizarre des cantons. Certains ont essayé de trouver des explications logiques qui justifient des assemblages surprenants en faisant référence à la réforme des collectivités territoriales qui pousse au regroupement des communes… mais tout cela n’est pas très satisfaisant. Depuis les résultats de dimanche dernier, on a une réponse bien plus convaincante, chiffres à l’appui.

Le redécoupage a eu pour fonction de disperser les voix de la droite et de regrouper les voix de la gauche, ce qui explique les coups de ciseaux qui ajoutent une commune ici, en rejette une autre là. Ainsi on s’aperçoit que malgré la moins bonne mobilisation de son électorat, la gauche a pu maintenir sa position, par exemple, dans la couronne angevine, ou éviter le basculement du département comme par exemple en Loire-Atlantique. Ce qui a permis au Manolito d’affirmer après le 1er tour que la gauche avait « résisté ». Un trompe l’œil évidemment.

Ainsi en Loire-Atlantique, avec 1245 voix de plus que le PS, les électeurs ont placé l’union de la droite et du centre en tête du scrutin ce qui n'a pas suffi à lui faire gagner le département. Elle échoue d’un canton ! Le tripatouillage socialiste des cantons comme celui de Nantes 4, traditionnellement à droite ou celui d'Orvault privé de Sautron, a permis à la Gauche ce hold-up démocratique ! Dans le canton de Guémené-Penfao, le maire, candidat sortant, est élu d’un cheveu avec 50,05% des voix (11 voix), mais on a ajouté à son ancien périmètre la commune de Nozay, entre autre, qui vote à gauche, ce qui n’a rien d’innocent…

En Maine-et-Loire, on a pu s’étonner qu’après une belle élection il y a un an, quatre des adjoints de Christophe Béchu soient battus, contrairement à la logique et au « vent national ». De peu, évidemment, quelques dizaines de voix.

S’agit-il de « limites » à ce que certains appellent le « système Béchu » ? Il n’est pas anormal de demander à des adjoints d’aller conquérir des mandats départementaux quand ceux-ci concernent le territoire de la ville et de l’agglo. C’est même banal et c’est le contraire qui serait surprenant, voire inquiétant.

Ont-ils démérité ? Chacun reconnait qu’ils ont fait des campagnes actives avec une présence assidue sur le terrain. Les binômes constitués remplissaient toutes les conditions requises pour mobiliser l’ensemble des électeurs de la droite et du centre comme un an plus tôt.

Leur défaite est-elle due au nombre des abstentionnistes ou aux scores du Front National ? Pour les premiers, il a plutôt joué en défaveur des candidats de gauche, pour les seconds, l’examen des résultats du second tour ne montre pas d’anomalies flagrantes dans les reports de voix.

Alors il faut bien convenir que la seule explication valable, c’est le découpage du canton. 

A Angers, les ciseaux du législateur ont renforcé le canton Angers centre en voix de droite, alors qu’il n’en avait pas besoin, sinon comment expliquer que l’avenue Jeanne d’Arc et le quartier Louis Gain qui appartenaient  à Angers-Est /St-Barthélemy aient été transféré sur Angers-centre, arrêtant les contours du nouveau canton Angers 6 aux quartiers populaires du boulevard des Deux Croix. De ce fait, sans le secours d’un score impérial dans sa commune et ses 700 voix d’avance, le Maire de Saint-Sylvain, François Gernigon, aurait connu un destin plus périlleux que sa victoire à 51,73%, dans un canton où Hollande avait fait en 2012… près de 57% des voix.

Pour les autres cantons, quelques chiffres éclaireront d’un jour particulier les résultats. Pour le canton Angers 3, le total des voix de gauche à la présidentielle flirtait aussi avec les 57%, soit un handicap quasi insurmontable de 7 points pour les candidats de la droite et du centre. Pour le canton Angers 4, il est de près de 4 points, pour le canton Angers 5, de 6 points et le canton Angers 7 de 4,5 points. Même avec une participation électorale de 50% et une moindre mobilisation des électeurs de gauche, cela a constitué sur la ligne de départ un « gap » difficile à rattraper. Ce qui explique les faibles écarts à l’arrivée, évidemment en défaveur le plus souvent, des candidats de la droite et du centre. Autrement dit, les cantons où ils ont perdu dimanche dernier n’étaient pas gagnables même dans un contexte favorable.

Dans le canton des Ponts-de-Cé, là encore, le tandem Colin-Arriberouge pouvait-il remonter le handicap du découpage du nouveau canton où la gauche a rassemblé 53,41% des suffrages à la présidentielle de 2012 ?  La réponse est contenue dans leur score : 49,50% des voix !

Comment Christophe Béchu a-t-il pu tomber dans ce piège sans le voir venir ? Car évidemment la défaite de ses adjoints, parmi lesquels la première d’entre eux, fait désordre et l’affaiblit. D’un autre côté, la gauche peut se glorifier d’une victoire passablement pipée, ce qui n’est pas si reluisant. Alors relativisons la défaite et voyons le côté positif : l’union avec le centre était stratégiquement indispensable et les binômes se sont bien entendus. C’est une leçon utile pour la préparation de l’élection au Conseil Régional à la fin de l’année. Ces résultats doivent nous encourager à rassembler le plus largement pour la reconquête de la Région.

Une autre conclusion s’impose : les mêmes ciseaux socialistes ont sévi dans tous les départements, renvoyant Charles Pasqua au statut d’enfant de choeur. Il faudra revenir sur ce découpage ou mieux annuler ce mode d’élection ubuesque et illisible et remettre en place la loi sur le « conseiller territorial » bien plus logique et plus économe, quitte à reprendre l’ancien maillage cantonal.



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