DE L’USAGE DE L’EPITHETE HOMERIQUE…
24 octobre 2013
Dans l’œuvre d’Homère, les noms des héros sont toujours accompagnés d’un qualificatif « générique » qui décrit le principal trait qui les caractérise. Ainsi évoque-t-on le « bouillant Achille », le « sage Agamemnon », le « divin Ulysse », … Cela peut aussi se présenter sous la forme d’un complément du nom, exemple « l’aurore aux doigts de rose », « Achille aux pieds légers », Athéna « la déesse aux yeux pers »… La fonction littéraire de l’épithète jouait un rôle important dans l’expressivité du récit oral et permettait à l’aède de maintenir l’attention de son auditoire.
Dans le tohu-bohu politique actuel, on aurait bien besoin de l’épithète homérique pour décrire le caractère dominant chez chacun de nos politiques et rendre ainsi le décryptage de leur action plus facile.
Petit florilège de notre panthéon politique :
« Hollande l’indécis » ou encore « aux solutions débiles » pour saluer sa prestation dans « l’affaire Léonarda ». Difficile de faire plus bancale comme proposition en franchissant le mur du « çon » trois fois : abaissement de la fonction présidentielle, désaveu des procédures pourtant correctement suivies, méconnaissance des droits de l’enfant…
« l’irresponsable Placé » qui fait feu de tout bois et qui s’illustre par son appel « déplacé » à la reprise des manifestations de lycéens. Après que le Président ait parlé, on se demande s’il fait toujours partie de la majorité .
« Cazeneuve, l’aboyeur fiscal » dit encore « monsieur mille taxes » qui ne sait pas argumenter autrement qu’en faisant référence aux prélèvements de l’ancienne majorité qu’il sert comme une ritournelle à chaque occasion, en oubliant systématique deux dimensions : les effets positifs qu’ils ont eu sur la diminution du déficit de la France, et le contexte de crises aiguës dans lequel ils se sont produits. Cela s’appelle mauvaise foi et mensonge ! On voudrait bien savoir où passe tout l’argent prélevé car on cherche vainement les effets de son assommoir fiscal sur le déficit et sur la dette !
« Ayrault-le-pathétique », qui est aussi le « sombre Ayrault » tant il respire la joie de vivre, excelle dans les grandes envolées qu’il voudrait lyriques, pour répondre aux interpellations de l’opposition dans l’hémicycle. Il n’a que la « France » à la bouche, la « situation dramatique » qu’il a trouvée, « l’effort de redressement sans précédent que conduit son gouvernement »… Dommage « qu’on cherche ce qu’il a dit après qu’il a parlé » (Molière), car on ne trouve pas grand-chose au chapitre des réalisations concrètes. Des mots, des mots, rien que des mots, avec l’éloquence du « Sapeur Camembert »…
« L’évaporé Mosco » : pourquoi a-t-on l’impression à chacune de ses apparitions qu’il vient de fumer la moquette ? Est-ce sa (très) jeune concubine qui l’épuise à ce point qu’il ait l’air hagard ? Heureusement, il n’y a que lui pour croire à ses propres analyses glorieuses et optimistes sur l’évolution de notre économie. Il a effectivement réussi sa révolution copernicienne qui consiste à tourner en rond les deux pieds dans le même sabot, celui de l’économie administrée qui a échoué partout. Plus on charge les entreprises, plus on les aide ; plus il y a de dépôts de bilans, plus elles se portent mieux. Incroyable, non ? Rien ne marche : ni le Cice, ni les contrats de génération, ni les investissements, pas même la consommation… mais tout va bien, il faut y croire !
Le « cynique Sapin » pour qui les chômeurs ne sont qu’une courbe à inverser et qui annonce sans vergogne que les chiffres de septembre ne seront pas bons à cause … du « bug » du mois d’août à l’Insee. Il ne lui viendrait pas à l’esprit que c’est la faute à la politique de m… du gouvernement.
Le « fougueux Valls » plus populaire à droite qu’à gauche en raison de son discours sécuritaire, malheureusement plus velléitaire qu’efficace. Sa coiffure d’empereur romain et son menton volontaire ne font pas de lui « l’idole des gauches ».
Il y a aussi « Désir l’ectoplasme » aujourd’hui sur un siège éjectable pour avoir osé braver le verbe présidentiel ; il faut dire qu’il a, sur le PS, l’autorité d’un loukoum. Il faut voir l’état de division qui règne rue de Solférino et dans le groupe parlementaire. Il confond toujours sa fonction avec celle de président de SOS Racisme. Qui osera le lui dire ?
Nous avons, dans l’opposition, « l’empesé Bayrou », « l’homme aux cent vertus » qui vous pond une sentence définitive et un jugement sans concession à chaque prise de parole. C’est l’homme des c-cé-certitudes, possesseur des sssolutions qu’il faudrait mettre en pratique. Son retour à droite est une bonne nouvelle : il est le héraut visible de tous ces anonymes déçus du « hollandisme ».
Nous avons « Fillon le téméraire », pressé d’en découdre, pas encore « Isnogoud » mais qui voudrait bien la place du khalife. Il ne suffit pas d’avoir un discours aux accents de Charles (le grand, pas le Téméraire) pour devenir l’homme providentiel.
Nous avons « le décomplexé Copé », ardent bretteur de la « droite sans complexes ». Discours bien utile en ces temps où les déçus de la gauche vont grossir les rangs urnés de l’extrême. Avec lui, c’est la promotion de l’UMP comme opposition responsable.
Et puis aussi « Raffarin le débonnaire » qui n’a pas son pareil pour vous déminer une situation explosive. Comment s’y prend-il ? Est-ce sa fréquentation des mandarins qui lui procure cette dialectique qui fait s’embrasser les montagnes ? Voilà un personnage bien utile pour rappeler quand il le faut, que « le chemin doit être droit, même si la pente est raide » (raffarinade).
Et puis encore, « Juppé le vieux sage ». « Vieux », ici, n’est pas injure mais renforcement de la qualité de sagesse dont on sait qu’elle ne vient qu’avec l’âge. En attendant, il mène sur Bordeaux une campagne municipale qui « décoiffe », bluffante de proximité et de modernité. Un rôdage pour d’autres échéances ?
Et pour terminer (provisoirement) voici notre "prince de l’amalgame" le « magicien Borloo » qui réussit le tour de force de faire vivre ensemble les milles grenouilles centristes sans qu’elles sautent de la brouette. Il vient d’y rajouter le crapaud Bayrou sans effrayer la gens centriste aux mille nuances. Fin argumenteur, il n’a pas son pareil pour plaider une cause en revenant à l’essentiel. Redoutable dans les débats et presque toujours sincère.
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