HISTOIRE
LA FÊTE CONTINUE !
LE TEMPS DES REGRESSISTES.

LE GRAND CAPHARNAÜM.

Coronavirus Covid vaccination

La vaccination en panne.

« Je vous demande de ne pas injecter un vaccin que vous n’avez pas ! » C’est une caricature  de la situation dans laquelle se trouvent nos pharmaciens et nos médecins libéraux autorisés à vacciner depuis le milieu de la semaine dernière. Sans Astra, pas de vaccination.  En effet, les autorités françaises ne peuvent pas se procurer des doses de Pfizer et de Moderna en quantités massives et le Johnson et Johnson ne sera disponible que dans au moins un mois. Le vaccin Astrazeneca, avec lequel Boris Johnson vaccine toute l’Angleterre, finalement, ne présente pas plus de risque qu’un autre. Mais le psychodrame que nous venons de vivre, alors qu’en France aucun cas  ne justifiait sa suspension, alourdi par la décision de l’Allemagne et de 15 autres pays de l’Union, lui  a fait une bien mauvaise réputation,  suffisante  pour ralentir un peu plus la campagne vaccinale en Europe et surtout chez nous. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV réalisé lundi et mardi, 81 % des Français estiment que l’exécutif a mal géré le nombre de doses de vaccin disponibles, une opinion en forte hausse.

Les errements du gouvernement.

Cette suspension pour 48 heures de la vaccination conduit le gouvernement à se déjuger sur sa stratégie anti-Covid. L’idée que l’immunisation devancerait la contagion est maintenant inapplicable et les pouvoirs publics n’ont pas d’autre choix que de miser, une fois de plus, sur les gestes-barrières.  La crise sanitaire a atteint un nouveau pic qu’il serait malséant, en temps normal, de traiter par l’imprécation. Mais enfin, nous sommes revenus aux transferts de malades graves par TGV ou hélicoptère, à la saturation des hôpitaux, notamment en Ile-de-France, et à l’augmentation sensible du nombre de cas. Plein de questions se posent. En voici trois : la suspension de la vaccination décidée par le Président, seul dans sa tour d’ivoire, a été prise dans la précipitation : a-t-il cédé à l’affolement ? Que n’a-t-on depuis  l’an dernier renforcé notre capacité hospitalière en matière de  lits de réanimation, comme le réclamaient le corps médical et l’opposition ? Que penser d’une telle gouvernance qui, au passage, piétine la démocratie en tenant à  l’écart le parlement au profit d’une officine sans légitimité, le Conseil scientifique, dont on ne sait rien des délibérations ?

Un Président prisonnier de son technocratisme.

Macron n’a pas de « feeling » politique. C’est une brillante intelligence qui construit ses décisions en cherchant la rationalité. C’est sa formation, il ne sait  pas faire autrement. Il est entouré de technocrates  eux-mêmes brillants, mais ce ne sont que des technocrates comme lui. Il a besoin de consulter d’où les multiples structures qu’il a mises autour de lui, à commencer par le « Conseil scientifique » et le « Conseil de défense », comme Louis XIV avait son « Conseil d’En-Haut ». Mais voilà, dans le contexte actuel, ces organes ne lui apportent aucune réponse  claire. J’étais hier devant LCI qui interrogeait quatre pontes de la santé : quatre points de vue différents, voire opposés. Comment décider alors ? D’autre part, notre Président n’a aucune expérience de ce qu’est vraiment la politique.  Il n’a jamais été élu de terrain, ni maire, ni conseiller départemental, ni député. Ses prédécesseurs avaient à leur disposition un réseau puissant d’élus de terrain, des partis structurés, des groupes parlementaires qui faisaient remonter le mardi matin les échos de la France profonde. Le parti de Macron est complètement déconnecté et ne peut lui rendre ce service-là. Macron ne sent pas la France. Or c’est indispensable quand des décisions graves doivent être prises.

Principe de précaution et émotion.

Ni décision scientifique, ni choix politique, la suspension de l’usage du vaccin AstraZeneca signe plutôt le triomphe de l’émotion. Voilà à quoi on en est réduit. Le gouvernement donne de ses errements une image très négative qui ne rassure pas nos concitoyens, éberlués par une pénurie de doses qui n’est pas passagère et s’inscrit dans la durée. Jouer le va-tout français sur la vaccination n’était compréhensible que si nous nous étions assurés de disposer d’approvisionnements massifs. Emmanuel Macron a prétexté une réunion de l’Agence Européenne des Médicaments pour décider dans l’urgence, lundi, ce que son Premier ministre refusait encore dimanche… « par précaution », a-t-il justifié, sans mesurer que cette course folle au risque zéro mène droit dans le mur. Car pour 30 cas de thrombose après injection sur 5 millions de patients en Europe piqués au sérum d’AstraZeneca, l’exécutif fragilise sa stratégie vaccinale, déjà poussive. Il hypothèque le retour aux jours meilleurs, alors que la troisième vague menace. Il décrédibilise pour longtemps toute logique scientifique : chercher à évaluer l’équilibre entre coût (les morts) et bénéfices (les sauvés). Mais pareille réflexion est désormais interdite dans un pays submergé par ses pulsions émotives. Résultat, des dizaines de morts du Covid faute d'être vaccinés seront sacrifiés sur l’autel d’un danger aussi hypothétique que limité. Et ce, par crainte de la défiance collective ! C’est ainsi, dans la démocratie émotionnelle, les pulsions mènent le bal sur le tempo des réseaux sociaux, vecteurs de peur et de ressentiment, d’amalgames et de démagogies. Le chef de l’Etat pouvait faire autrement même s’il doit composer avec une opinion versatile et volatile, suspicieuse et dépressive. A vouloir tout ménager, il perd en crédibilité et dévalue un peu plus son pouvoir. Le  soi-disant maître des horloges découvre que l’émotion collective est maîtresse de son action. Avec 300 morts par jour ...

L’Europe a bon dos.

On se précipite un peu trop pour juger l’Europe. Il faudrait commencer par rappeler,  ce qui est  rarement fait, que la France a pesé au maximum pour limiter les achats de vaccins Pfizer, afin de   protéger l’arrivée, alors attendue, du vaccin français de Sanofi… qui a ensuite déclaré forfait.  On s’étonnera que les  contrats signés s’avèrent aujourd’hui insuffisants ! Les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui a payé ses vaccins à des prix exorbitants, sont présentés comme des modèles, mais ils ont enregistré à ce jour beaucoup plus de morts que tous les autres. Israël est aussi montré en exemple mais il a accepté de donner toutes les données personnelles de ses habitants à Pfizer. Ce serait impossible chez nous. Alors bien sûr, tout n’a  pas été parfait. La réalisation a été un peu gâchée administrativement à Bruxelles, comme elle l’est en France, par un mélange de juridisme et de bureaucratie. Rappelons que la santé n’est pas une compétence de L’Union. Imaginez aussi qu’on n’ait pas négocié ensemble : tous les petits pays européens n’auraient pas de vaccins parce qu’ils n’auraient pas été en mesure de négocier avec les grands labos. Ils se seraient fait racketter. Ils ont beau jeu de jouer, pour certains les francs-tireurs. Mais l’Europe reste l’Europe. L’union a ses limites, et la liberté de chacun des états-membres peut conduire à des attitudes peu solidaires, souvent pour des raisons de politique internes. Il y a parfois des comportements de voyous qui curieusement s’effacent quand il s’agit d’empocher les subventions. Je parie que d’ici deux à trois mois, on verra que c’est l’Europe qui fabrique le plus de vaccins dans le monde. Car le  grand mérite de la Commission actuelle c’est d’avoir des commissaires comme Thierry Breton qui ont pris la mesure des carences de production actuelles et qui s’emploient pour y remédier.

Donc on va reconfiner, partiellement, différemment, mais on va reconfiner une partie des Français. La  bonne nouvelle, c’est que derrière, inéluctablement, et quelle que soit la politique, il y a la délivrance grâce à la vaccination. Comme les masques, elle peine au départ, mais  elle va s’amplifier inexorablement. Et tant mieux !

 

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