HISTOIRE

CAPTEUR DE COLERES, MAIS APRES ?

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Le  discours de Marseille.

Le lancement de la campagne du RN  a  eu lieu à Marseille, l’occasion pour Jordan Bardella de faire un discours fleuve de trois quart d’heures.  Au moins, penserait-on, aura-t-il décliné  un projet dense et construit. Nenni : trois quarts d’heure de slogans creux de dénonciation de Macron, de l’Europe, de Bruxelles, mais aucune réelle proposition. Celui qu’on désigne déjà comme la droite  ultrabrite (autrefois on aurait dit « dents blanches ») et roi du selfie remplit parfaitement son rôle de « dédiabolisateur », mais sa réthorique reste creuse.

L’Europe de tous nos maux.

Une vieille rengaine consiste à dénoncer les travers technocratiques d’une institution dont les Français connaissent mal le fonctionnement.  C’est vrai qu’à 27, le fonctionnement est forcément complexe, et que la répartition des pouvoirs entre le  législatif, le Parlement, et les exécutifs qui comprennent le Conseil européen des chefs d’Etats et son bras armé la « commission européenne », ne sont pas complètement aboutis. De  fait, les  projets y avancent lentement, il faut du temps pour parvenir à l’unanimité indispensable à toute décision, mais l’Union a joué un rôle utile pour tous les  pays plus souvent qu’on ne veut bien le reconnaître, pendant la crise du Covid  et face à la guerre en Ukraine, par exemple. Mais le public est tellement peu informé sur ces réalités qu’il n’en perçoit pas souvent l’intérêt.  Il faut dire que nos médias ne font guère d’efforts  pour donner l’importance qu’elle  mérite à la politique de l’Union européenne.  Dans ces conditions, il  est très facile de mettre sur le dos de l’Europe bien des maux qui sont pourtant bien hexagonaux, la France étant la reine de la « surtransposition » des directives. L’Europe bouc-émissaire est un sport facile à pratiquer et le RN y excelle.

Le RN, quelle  Europe ?

Il  y a encore peu, le RN envisageait logiquement de quitter l’Union : le Frexit. Mais vu le désastre que cela a été pour l’Angleterre et cette perspective n’étant absolument pas  populaire, le parti a  modifié son discours. Il prône  une « alliance européenne des nations libres et souveraines » sans qu’on sache le contenu réel de ce concept qui est à l’opposé du principe de l’Union depuis 70 ans, qui repose sur des souverainetés partagées  dont l’euro est le  parfait exemple. L’Europe dont parle le RN est impossible à envisager puisqu’il faudrait l’accord  des partenaires de la France pour défaire les traités en vigueur. Elle se limiterait à des « coopérations » à la carte et renoncerait à ce qui est le cœur de l’Union, à savoir le grand marché et l’absence de frontières intérieures. Quant à imaginer que la victoire de Marine Le Pen suffirait à fléchir  les autres dirigeants, c’est pure fiction. La réalité c’est que la France se retrouverait isolée, condamnée à se plier, comme Méloni, ou à sortir.

L’immigration, cheval de bataille.

Voilà un sujet sur lequel le RN se vante de « victoires idéologiques ». On ne peut pas lui donner tort. La majorité actuelle et  la droite a repris en partie son programme : expulsion des clandestins, mise sous conditions des aides sociales, … Mais on voit bien aussi les limites concrètes de l’application de ces mesures. Nos juridictions de recours, tribunaux et Conseil d’Etat,  participent d’ailleurs à compliquer  la tâches.   Il y a en Europe une aspiration des  peuples  à  un contrôle plus strict des immigrations  et c’est au niveau de l’Union que le principal doit se jouer, sinon, nous nous perdrons dans des  procédures constamment remises en cause ou inapplicables.  Déjà les 27 ont avancé sur le sujet en durcissant les conditions d’entrée dans « Schengen » et en renforçant « Frontex ». Décisions que les élus RN n’ont pas votées. Encore faudrait-il que le vieillissement des populations ne constitue pas  un « appel d’air » pour de la main d’oeuvre immigrée indispensable pour faire tourner nos économies. Là encore, les slogans sont plus faciles que  la mise en place de politiques efficaces. Les électeurs qui croiraient aux mirages du RN seraient condamnés à une déconvenue, comme ceux de Méloni en Italie.

Economie, rien ne va plus.

En ce qui concerne l’économie, le RN reste sur une ligne démagogique  irréaliste : revenir sur la réforme des retraites, baisse de la TVA, hausse des salaires de 10%, tout en appelant (récemment) à des économies. Verbalement ça tient, mais en cohérence, c’est impossible à mettre en œuvre. On ne fait pas d’économies en dépensant plus. Aussi,  les propositions restent-elles  souvent au niveau de l’affichage comme « assurer notre indépendance énergétique », ou « garantir aux agriculteurs des prix respectueux », sans expliquer comment on s’y prendra. Il manque au parti un appareil technique qui lui fait défaut depuis toujours. Marine Le Pen est seule et Jordan Bardella appartient au sérail. Le RN n’a aucun outil  intellectuel qui lui permette d’atteindre la crédibilité. Il se contente de sa politique de communication pour sortir des vieilles lunes fachos du père, ce qui a permis de séduire les médias et une partie des Français, donc de monter dans les sondages et de gagner des élus, sans parvenir à s’implanter complètement. De fait, il attrape toutes les colères,  mais l’assemblage des colères ne donne pas  une direction. On le voit bien avec la guerre en Ukraine. D’avoir parié sur la Russie de Poutine s’avère aujourd’hui être un boulet que Marine Le Pen n’arrive pas à porter. La  position qu’elle a développée dans son discours à l’Assemblée nationale est une pantalonnade.

Il faut  à Bruxelles des élus qui comptent.

Le danger de l’avantage électoral cache un inconvénient  majeur qui risque d’enfoncer la  France dans une crise profonde : c’est l’incohérence idéologique alimentée par un jeu trouble jusqu’aux franges du socialisme avec un programme économique qui est un copié-collé de celui de Mélenchon, et qui enferme le RN dans une spirale du vide. Alors, à quoi bon envoyer des députés RN au Parlement européen où leur présence n’a aucun impact, et d’autant plus que les projections montrent que malgré la poussée des extrêmes-droites, les groupes PPE et Socialistes resteront largement dominants. Tout au plus ils auraient une minorité de  blocage : la belle affaire !  Avec seulement 8 élus, Les Républicains ont compté beaucoup plus grâce à leur influence au sein du groupe PPE.

Est-ce bien le  moment de paralyser l’Europe  dans un monde où les empires voudraient imposer la  loi du plus fort comme droit international.

 


BARDELLA LES APPARENCES …

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Un personnage lisse et bien élevé.

La colère orchestrée par la « coordination rurale » et les erreurs de Macron lui ont ouvert un boulevard. Un dimanche de selfies : en contraste du président de la République, Jordan Bardella réplique aux attaques de Macron à coups de selfies, de sourires et de répliques  polies et dilatoires.  Il a martelé au long de sa visite au Salon de l’agriculture la vision du Rassemblement national au sujet des règles européennes et des accords de libre-échange, qu’il accuse de tuer les agriculteurs. Il est   venu pour les caresser dans le sens du poil, et pas que le bétail ! Le  physique est là, mêlant prestance  et séduction.  Mais, comme à son  habitude, on reste  sur sa faim quant aux propositions. Le patron du RN se contente de surfer sur les questions en répondant par des lieux  communs qui peuvent passer pour du bon sens. Plaire d’abord. Un peu court, jeune homme…

Des propositions simplistes

Dans sa récente lettre ouverte aux agriculteurs de France, Jordan Bardella pousse la logique en demandant une loi « mangeons français ! ». Si le RN séduit cet électorat, c'est avec un discours qui vante les mérites des « circuits courts » et du « localisme ». Le concept se veut habile. Il prétend concilier écologie et préférence nationale et procurer à celle-ci légitimité politique et force morale puisqu'il s'agit de sauver la planète…Le marché mondial est oublié, le RN ne jure plus que par le « local ». Mais le fait est qu'il séduit en dépit de ses faiblesses évidentes. Pourtant, on n'a jamais vu nulle part que favoriser un nombre limité de producteurs nationaux les rendait plus productifs, plus efficaces et moins chers. C'est même tout le contraire et l'histoire de la deuxième moitié du XXe siècle montre que les pays qui se sont essayés à cette forme d'autarcie se sont effondrés économiquement. Bardella, c'est « Martine à la ferme » ! Pour un pays qui compte 145.000 entreprises exportatrices, a vendu plus de 84 milliards d'euros de produits agroalimentaires à l'étranger l'an dernier et affiche dans ce domaine un rare excédent, le localisme est une impasse. De plus, alors que l'inflation alimentaire a atteint 20 % sur les deux dernières années, le RN n'explique pas comment acheter local améliorerait le pouvoir d'achat dont il se veut le défenseur. Voilà un parti qui a plutôt choisi de repousser le moment de tester la validité de ses propositions. Il est plus facile de flatter que de convaincre.

Un projet mortifère pour l’agriculture française.

Jordan Bardella a martelé au long de sa visite au Salon de l’agriculture la vision du Rassemblement national au sujet des règles européennes et des accords de libre-échange, qu’il accuse de tuer les agriculteurs. « Moi je milite pour le patriotisme économique et pour sortir des accords de libre-échange », a déclaré le président du Rassemblement national. Car si en théorie « des accords commerciaux peuvent être bénéfiques à l'agriculture française »« à chaque fois (...) c'est à notre désavantage », a ajouté le député européen. Il a tout faux !

Localisme et protectionnisme sont les  pires remèdes pour notre agriculture. La crise agricole est d'abord le résultat de la fin d'un modèle, celui de l'exploitation familiale de petite taille. Si notre souveraineté alimentaire est en danger, c'est en grande partie parce que le modèle hexagonal de l'exploitation familiale a fait son temps. Un changement de paradigmes s'impose, certes. Pour que nos agriculteurs puissent vivre décemment du travail de la terre, d'abord. Mais aussi, maintenant que le mirage du tout-bio s'est dissipé, pour rendre possible le virage de la transition écologique. Et ce n'est pas la fermeture des frontières dont il rêve qui sera la solution. Elle provoquerait une inflation des prix alimentaires que personne ne souhaite sans apporter de solution  à l’exploitant  dont l’outil trop  petit ne permet pas un revenu suffisant.

Pour impulser un changement salvateur, il va falloir en réalité faire sauter plusieurs verrous. Celui de la surréglementation, que plus personne n'ignore, évidemment. Celui de la répartition de la marge dans la chaîne agroalimentaire, ensuite( pas nouveau). L'inscription de clauses miroirs, imposant une réciprocité des obligations environnementales notamment, dans les accords de libre-échange négociés par l'Europe, enfin (et obtenues par les élus LR). Dommage que sur tous ces sujets, les  élus du  RN aient été  totalement absents au Parlement européen.

Mais il faudra aussi, et peut-être surtout, s'attaquer à la question de la taille moyenne de nos exploitations, devenue insuffisante pour survivre dans un marché agricole largement mondialisé. Et ce n’est pas avec la vision passéiste qu’ils  proposent pour plaire que l’on pourra avancer. Nous devons nous débarrasser des représentations romantiques qui figent le monde paysan dans un passé largement fantasmé. Une nostalgie qui freine la constitution de grandes exploitations. L'Etat a évidemment un rôle clé à jouer dans cette recomposition de la carte agricole. Il dispose déjà des outils pour le faire, à travers notamment les Safer qui maillent le territoire. Ne manque plus qu'une volonté politique pour créer les conditions de l'émergence d'une nouvelle génération d'agriculteurs à la tête d'exploitations à la taille critique, d'autant que la démographie agricole nous y aidera. Dans les dix ans, plus de 40 % des exploitants vont partir à la retraite. Des repreneurs qu'il faudra accompagner pour leur permettre de produire aux meilleurs standards environnementaux, des investissements pour l'avenir et non plus des subventions à fonds perdu dans des entreprises condamnées.

Allié objectif de Poutine.

La  position des élus du RN sur le  soutien à l’Ukraine est inquiétante. La réticence affichée, s’appuyant sur les problèmes de concurrence  agricole, cache en réalité et malgré le discours officiel, un penchant pour le narratif poutinien sur l’évolution du conflit. Il est bien évident que l’Ukraine entrera un jour dans l’Union européenne,  mais cela se fera  une  fois toutes les étapes franchies de  mise à  jour aux normes de l’Union.  Les problèmes actuels  comme sur  les « poulets », sont conjoncturels et circonstanciels.  Il est inutile de s’alarmer à l’avance. D’ici là, tout le monde aura eu le temps de s’adapter, comme  il  en a été  pour l’arrivée de l’Espagne ou de la Grèce… N’oublions pas toutefois le tropisme de Marine  Le Pen  en faveur du maître du Kremlin. D'ailleurs Jordan Bardella n'a pas voter les sanctions contre la Russie  au Parlement européen. Et ce  n’est  pas un hasard si les réseaux d’influence pro-russes s’appuient sur  les partis d’extrême-droite en Europe pour tenter de déstabiliser l’Union.  Leur victoire  à l’élection européenne, serait une victoire pour Poutine.

 


POUR UNE EUROPE « REMPART »

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L’Union Européenne va jouer sa survie à la  prochaine échéance électorale. Il faut s’attendre à une nouvelle poussée populiste qui risque de paralyser l’Union au moment critique où elle doit faire face à  l’offensive économique américaine, à l’agressivité de la Russie, au dumping des produits chinois en mal de reconquête et à la nécessité de resserrer les rangs face à la vague  migratoire.

La  survie passe par une Union plus étroite.

Dès lors que les états européens ne sont plus de taille à répondre isolément aux menaces des empires autoritaires et même aux enjeux globaux du XXIème siècle tels que pandémies, guerre de haute intensité, dérèglement climatique, migrations, le  défi consiste à réinventer l’Union autour de la sécurité et de la souveraineté partagée. La  guerre d’Ukraine constitue un moment de vérité : jusqu’à maintenant L’UE a choisi tant bien que mal la liberté plutôt que  la servitude, en faisant bloc pour aider à repousser l’agresseur russe. Sur le  plan militaire elle aurait tout à perdre en permettant à Putin de l’emporter, et  en même temps elle doit livrer une guerre hybride à Moscou qui tente de déstabiliser nos démocraties. La  conséquence, c’est le  constat que le commerce n’achète pas la paix et que le grand marché doit dès maintenant intégrer l’impératif de sécurité ainsi que les formes d’économie de guerre aux nombreuses implications telles que le contrôle des investissements étrangers ou la prévention des opérations de désinformation.

La concurrence américaine.

La  politique menée par Biden est redoutable d’efficacité avec l’IRA qui permet à son économie une croissance record alors que celle de l’Europe est anémique. L’écart se creuse  inexorablement. Les  vingt-sept ont compris qu’ils avaient du mal à faire face et identifié l’une de leurs faiblesses  pour attirer les investissements du monde entier : la fragmentation de leur marché. L’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta, a été chargé d’une mission pour tenter de rendre plus simple  un système qui comprend  vingt-sept dispositifs normatifs nationaux. Mais comment réaliser un aplatissement des frontières au moment où les opinons publiques demandent l’inverse ?  

Le réarmement face à  la Russie.

L’attaque de l’Ukraine par la Russie a mis fin à trente années  de « dividendes de la paix ». Le réveil est plutôt brutal, et la menace du retour de Trump à la Maison blanche n’arrange rien, lui qui menaçait déjà : « Si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons pas vous aider et vous soutenir ». L’Union doit d’urgence rattraper trois décennies de sous-investissement dans la défense par un effort commun pour assurer l’interopérabilité des forces armées des vingt-sept.  Déjà elle cofinance les projets  communs portés par les industriels d’au moins quatre pays. Elle a déjà accéléré  pour assurer la production de 1 million de munitions par an, engagement qui sera atteint cette année. Mais ce n’est pas suffisant. Thierry Breton, le  Commissaire européen en charge du développement industriel préconise que tous les états atteignent le seuil de 2% du PIB (exigé par l’OTAN) de leurs enveloppes consacrées à la  défense ce qui  permettrait d’ajouter 143 milliards d’euros aux 200 milliards actuels. Pour accélérer le mouvement, il avance l’idée d’un nouveau fonds de 100 milliards d’euros pour la défense commune. En attendant le sommet des chefs d’Etat a validé début février un plan d’aide à l’Ukraine de 50 milliards d’euros. Dans le même temps, l’Allemagne prévoit le même montant de 100 milliards d’euros pour moderniser sa propre armée. Le problème, c’est que les  poches de l’UE sont vides et  que les états membres sont réticents à trouver de l’argent frais. L’effort de réarmement européen doit être coordonné et la mutualisation des capacités militaires accélérée, y compris avec le Royaume-Uni qui reste un partenaire  majeur pour la sécurité du continent.

Les populistes n’ont pas les solutions.

Le scrutin de juin prochain sera influencé  par la double protestation contre l’absence de régulation de l’immigration et contre l’excès de dirigisme en matière d’écologie. Les  correctifs récents apportés  par la commission sur les deux sujets ne seront pas  suffisants  pour calmer le mécontentement. Pourtant l’expérience Méloni en Italie montre clairement qu’au-delà des discours, les populistes  aux affaires ne sont pas  capables  de faire mieux et de  satisfaire leurs promesses. Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. Pourtant, en France, le Rassemblement national fait la course en tête, en Italie Fratelli d’Italia  devance largement le Parti démocrate, en Autriche, le FPO dépasse largement les  autres partis, aux Pays-bas, le PVV de Geert Wilders  devrait faire bien mieux que lors des élections générales de 2023, et en Belgique, le Vlaams belang est donné en tête en Flandre, la région la plus peuplée du pays. Ailleurs, les droites conservatrices et nationalistes arrivent à la deuxième ou à la troisième place. Sur fond d’inquiétudes multiples - immigration en hausse, coût de la vie exorbitant, règles environnementales écrasantes, instabilité géopolitique croissante -, la poussée pourrait être cette fois suffisamment forte pour que l’équilibre des pouvoirs s’en trouve modifié à Strasbourg, où les chrétiens-démocrates du PPE, les sociaux-démocrates et les centristes et libéraux de Renew formaient depuis 2019 une coalition suffisamment solide pour être en mesure de faire passer la quasi-totalité des textes. La donne pourrait donc changer. C’est pourquoi les manœuvres ont déjà commencé à l’extrême-droite et dans les rangs des Conservateurs et réformistes européens, où l’on assume vouloir devenir la troisième force du Parlement de Strasbourg. Ce qui est loin d’être fait compte-tenu du panier de crabes que constituent les multiples groupes répartis à travers les 27. Néanmoins, si on a près de 200 élus à l’extrême droite, on arrivera rapidement à des situations de blocage parce qu’on a toujours des groupes qui votent contre et des voix qui se perdent, jeu dans  lequel ils excellent. Or, l’Union ne peut pas se permettre la paralysie au moment où va  se  jouer la guerre en Ukraine.

En France, les macronistes et la droite en première ligne.

Sauf surprise, le PPE - parti de centre droit - et les sociaux-démocrates - S&D - resteront les deux premières forces du Parlement européen, perdant quelques sièges. La campagne à venir pourrait permettre de contenir la lame de fond. Les macronistes ne croient pas que les partis conservateurs soient en mesure de les submerger. Et François-Xavier Bellamy, à la tête de la liste LR, malgré un travail  exceptionnel  réalisé  pendant son  mandat, peine à se faire entendre bien qu’il  propose un solide programme à la fois responsable et cohérent. Seront-ils capables d’endiguer la convergence des colères ? Loin de refluer, sécurité, immigration, excès de réglementation, écologisme autoritaire, sont devenus des questions non négociables pour les citoyens. On risque d’assister  à une surmobilisation des campagnes. La faiblesse de  la gauche  modérée est un facteur supplémentaire de faiblesse pour le camp des démocrates : le refus de prendre en charge des thématiques dites de droite la conduit systématiquement à la défaite. Or son apport est indispensable au Parlement européen pour maintenir l’équilibre au centre.

Une chose est sûre, les performances économiques du populisme au pouvoir ne sont pas bonnes. Ce n’est pas étonnant, ces partis ne sont pas principalement reconnus pour leurs solutions économiques. Le désir de sanctionner les sortants, les partis traditionnels, les instances nationales et européennes, les élites intellectuelles, peut se satisfaire d’une victoire tout en acceptant de faire le deuil de grands espoirs pour la suite. Néanmoins, il est très risqué de penser que le déclin des populistes pourrait se faire au bénéfice des partis modérés. La dislocation du système partisan, voire de l’organisation politique sur le plan national comme sur le plan européen rend difficile toute reconstruction. Il ne faut pourtant pas désespérer : la coalition des « raisonnables »  comme l’appelle de ses vœux Claude Malhuret, si elle se réalisait  pour les Européennes, ce qui est bien improbable, en réunissant les  modérés du centre gauche de Manuel Valls à la droite républicaine d’Eric Ciotti,  en passant par Renaissance et Horizons, obtiendrait probablement une majorité bienvenue.  Mais je rêve. L’Europe en aurait pourtant bien besoin.

 


LE CANDIDAT DE LA CLARTE ET DU SERIEUX POUR L'EUROPE !

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Je vous propose l'interview de François Xavier BELLAMY . Très intéressante !

Après un mandat studieux et efficace, il vient défendre son bilan et montrer les enjeux du scrutin.

 

Grand entretien dans Le Figaro

Le président des Républicains, Eric Ciotti, vous a désigné comme tête de liste aux européennes. Ce n’est guère une surprise mais quelle est votre première réaction ?

Je mesure l’importance de cette responsabilité. Je suis très reconnaissant à Eric Ciotti de sa confiance, ainsi qu’à tous ceux, si nombreux, qui me témoignent leur soutien. Cette campagne engage beaucoup de l’avenir de notre famille politique, mais aussi de la vie démocratique en France. Nous avons le devoir de réussir, et je donnerai tout pour cela. Je suis le candidat de la clarté et de la constance.

Avec quelle équipe souhaitez-vous partir au combat ? 

Cette question sera discutée dans les semaines qui viennent. Une chose est sûre : je me lancerai dans cette élection avec l’équipe qui sera la plus susceptible de convaincre les Français, et de leur être utile en gagnant les batailles décisives qui nous attendront demain au Parlement européen. Pour cela, nous pouvons compter sur un vivier extraordinaire de talents, d’engagement, d’expérience. C’est un vrai atout, parce qu’on n’improvise pas la réussite d’un mandat. Je construirai cette liste avec Eric Ciotti et la commission d’investiture avec ce seul objectif. Il faudra une part de continuité, mais aussi, bien sûr, de renouvellement. 

Quelle figure féminine est prévue pour la deuxième place sur la liste ?

La liste sera annoncée en son temps. Mais Les Républicains ne sont pas dans une politique de casting superficielle ; c’est aussi ce qui nous distingue d’Emmanuel Macron. La priorité, pour nous, c’est le fond. 

Quelles sont vos principales motivations ?

Je suis engagé sans relâche depuis cinq ans pour faire entendre la voix des Français au Parlement européen, et je vois à quel point notre continent est à la croisée des chemins. Les crises multiples que nous avons traversées ces dernières années ont confirmé les intuitions que nous défendions en 2019 : il faut reconstruire une Europe qui donne à nos démocraties les moyens de maîtriser leur destin. Cela suppose de ne plus passer par des normes asphyxiantes, mais par des stratégies réalistes. Au cours de ce mandat, nous avons rectifié ce qui devait l’être dans l’urgence ; maintenant, il reste à reconstruire en profondeur l’action européenne. Mais cette élection a aussi pour enjeu la reconstruction de notre vie démocratique en France…

Parce que vous la jugez abîmée ? 

Même s’il ne doit pas devenir un référendum national comme Emmanuel Macron et Marine Le Pen en rêvent, ce scrutin fera évoluer le centre de gravité de la vie politique française. Pour tous les électeurs de droite, c’est le moment de se retrouver pour affirmer leurs convictions. Nous traversons une crise très profonde, et la réponse politique n’est pas à la hauteur des enjeux existentiels auxquels nous sommes confrontés ; preuve en est avec ce nouveau gouvernement, dont on voit bien qu’il n’incarne pas la promesse d’un cap enfin clair. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se font la courte échelle, et veulent réduire la vie démocratique à un choix qui n’en est pas un. Je le dis aux électeurs de droite : c’est le moment de prouver qu’il y a encore une place pour les priorités auxquelles vous tenez, pour la clarté des idées et le sérieux dans l’action. Cette élection européenne, c’est notre chance d’échapper au désespoir d’un second tour perpétuel, dont nous savons déjà qu’il n’apporte aucune solution aux grands problèmes du pays.

Quelles différences voyez-vous avec les élections de 2019 qui s’étaient soldées par un score décevant malgré une campagne saluée ?

En 2019, les candidats étaient presque tous nouveaux. La République en Marche n’avait tout simplement pas d’élus au Parlement européen. Quant à moi, c’était ma première candidature. La grande différence, c’est qu’après cinq ans, nous assumons désormais un bilan. Nous allons devoir non seulement dire ce que nous voulons pour l’avenir, mais répondre de ce que nous avons fait. Derrière l’ambiguïté du « en même temps », le macronisme aura été le fidèle supplétif de la gauche dans son projet de décroissance européenne : dirigés par des élus venus des verts ou du parti socialiste, les députés macronistes ont voté contre le nucléaire, soutenu l’inflation normative qui fragilise notre agriculture et notre industrie, poussé pour le renforcement de la pression fiscale. Quant au RN, son bilan est assez simple : il n’a littéralement rien fait. En cinq ans, les élus du RN n’auront pas fait évoluer une seule virgule d’un seul texte européen. C’est une question de travail, de courage et de détermination : avec notre délégation, même moins nombreuse, nous avons mené et gagné de nombreuses batailles. 

Durant cette campagne, vos adversaires pourraient vous attaquer sur le terrain des convictions, notamment conservatrices. Comment comptez-vous déjouer ces pièges tendus ?

Certains ont intérêt à multiplier les caricatures pour éloigner l’attention des vrais sujets. Pendant ce mandat, c’est nous qui, au nom des principes que nous ne devrions jamais abandonner, avons combattu les régressions qui menacent l’Europe. Après une longue bataille, j’ai fait voter un amendement pour interdire à la commission européenne de financer des publicités proclamant que « la liberté est dans le hijab ». Comment les élus de gauche qui ont tout fait pour s’y opposer osent-ils encore faire des procès en féminisme ?

Avec le recul, quelles erreurs ne souhaitez-vous plus commettre ? 

Nous devons repenser la manière dont nous parlons aux Français. Par habitude, nous avons peut-être mené trop souvent campagne en parlant d’abord à nos soutiens, plutôt qu’à tous les Français, et en particulier à tous ceux qui ne se sentent plus concernés par la politique. Beaucoup ont le sentiment d’être orphelins, privés d’une parole qui les représente. C’est à eux que je veux parler dans cette campagne. Pour cela, nous voulons nous déployer partout en renouvelant nos méthodes, pour aller là où la parole publique ne porte plus, retrouver ceux qui ne croient plus en la politique, ou en la droite. Nous avons besoin que les Français se réapproprient cette élection européenne.

Sur quoi ferez-vous campagne ? 

Les défis ne manquent pas. Sur la question migratoire, l’essentiel reste à faire pour permettre aux pays européens de maîtriser leurs frontières. C’est l’un des plus grands défis du siècle pour notre avenir et pour l’équilibre du monde de demain. Avec le sujet de notre sécurité, alors que la guerre est de retour aux portes de l’Europe, il est impératif de reconstruire notre sécurité économique : le continent européen doit retrouver la capacité de produire ce dont il a besoin. Au nom de l’écologie, la gauche et le macronisme n’ont cessé de défendre un projet de décroissance qui nous appauvrit, nous fragilise et nous rend dépendants d’une production importée désastreuse pour l’environnement… C’est la triple peine. Il est temps de libérer ceux qui travaillent de cet amas de contraintes qui décourage toute responsabilité. Les agriculteurs sont en première ligne, ils alertent à juste titre, mais leur détresse nous concerne tous. Derrière ce combat contre ce qui empêche l’Europe de se projeter dans l’avenir, se joue aussi le déni de ses racines et de son identité.

Craignez-vous d’être pris en étau entre Jordan Bardella (RN) et Marion Maréchal (Reconquête!) ?

Non, pour une raison simple : personne d’autre que nous ne mène le travail que nous faisons. Prenez le sujet migratoire : à Paris, c’est le travail déterminé des élus LR qui a permis de faire voter une loi immigration qui renforce nos frontières ; c’est la même chose à Strasbourg. Le RN a voté contre l’augmentation du budget de Frontex par réflexe anti-européen. Les macronistes ont combattu notre proposition de financer les infrastructures physiques, les murs nécessaires dans certaines zones frontalières de l’UE. A chaque fois, nous avons gagné ces batailles. Quant à Marion Maréchal, je ne comprends pas le projet de sa campagne. Reconquête! nous parle de l’union des droites, en ayant simplement créé une division supplémentaire. Dans un moment aussi décisif, se disperser serait irresponsable. Notre devoir est de rassembler les électeurs de droite dans cette élection, pour donner le plus de force possible à leurs idées en Europe.

Dans ses vœux à la presse, Jordan Bardella appelle lui aussi l’ensemble des adhérents et militants des Républicains à rejoindre le RN.

Le RN se projette dans ses rêves de victoire nationale : Jordan Bardella se croit nommé premier ministre... Ce serait déjà bien d’exercer réellement son mandat de député européen. Le RN a gagné l’élection européenne il y a cinq ans ; mais il n’a rien fait de la confiance des Français, rien. Il aura seulement varié du tout au tout sur les sujets européens : il a vanté le Frexit et fait de la sortie de l’euro sa première priorité, avant de changer de discours. Pour ma part, je n’ai jamais varié, ni dans ma parole, ni dans mon action. A tous les Français qui espèrent la reconstruction d’une droite sérieuse, sincère et constante, je veux dire simplement : j’ai besoin de vous !

Le ralliement de Rachida Dati à la macronie ne risque-t-il pas de troubler le message de la droite ? 

C’est le seul but d’Emmanuel Macron : créer de la confusion, au risque de désespérer les électeurs. Nous résisterons à cette entreprise de démolition. Dès que Rachida Dati est entrée au gouvernement, Eric Ciotti a clairement indiqué qu’elle ne faisait plus partie de notre famille politique.

Fin novembre, vous avez rencontré Nicolas Sarkozy avec lequel les relations n’ont pas toujours été simples. Vous a-t-il manifesté une forme de soutien en vue des européennes ? 

Non, et je ne le rencontrais pas pour cela d’ailleurs. Nicolas Sarkozy est bien sûr libre de sa parole. Son choix lui appartient. 

Quel sera le rôle de Laurent Wauquiez dans cette campagne ? 

Laurent Wauquiez est une figure majeure de notre famille politique, et je n’oublie pas que c’est lui qui m’a fait confiance en 2019 pour porter nos couleurs. Je suis heureux de compter sur son appui pour cette nouvelle campagne.

Quelle sera la conséquence sur votre campagne des travaux réguliers que vous menez avec David Lisnard (Nouvelle Énergie) et Hervé Morin (Les Centristes) ? 

Nous avons partagé ensemble un travail de fond important sur les sujets essentiels pour la vie du pays. Désormais, je vais m’engager totalement dans cette nouvelle bataille des européennes ; c’est un autre moment qui s’ouvre pour moi. J’ai beaucoup d’amitié et d’estime pour David et pour Hervé ; avec eux, je veux fonder cette campagne sur l’expérience de ceux qui font que le pays tient debout dans les crise qu’il traverse, les maires et les élus locaux.

On dit que la survie des Républicains repose sur le résultat de ce scrutin. C’est une lourde responsabilité qui repose sur vos épaules… 

J’en mesure l’ampleur : l’enjeu n’est pas la survie d’un parti, mais l’avenir du pays, et de l’Europe. Ma conviction profonde et sincère est que cette élection est d’abord et surtout, pour la droite, le moment de se relever. Si nous partons en campagne avec pour objectif d’éviter la catastrophe, nous ferons une grande erreur : les Français n’ont jamais été aussi nombreux à attendre ce que nous avons à leur proposer. Je suis prêt.


QUAND LE REMEDE EST PIRE QUE LE MAL

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2024 est l’année de l’élection du parlement européen. Il faut s’attendre à une poussée populiste et dans le contexte actuel, notamment avec la guerre en Ukraine, un blocage par les eurosceptiques et anti-européens serait catastrophique. Pourtant, nous avons sous les yeux, l’exemple du Royaume-Uni de  Grande-Bretagne. L’Europe, c’est quand on la quitte qu’on s ‘aperçoit de son utilité.

La faillite du Brexit.

Huit ans après le référendum et trois ans après son entrée en application, le Brexit a plongé le Royaume-Uni dans une crise sans équivalent depuis les années 1970. Au Royaume-Uni, les élections législatives se dérouleront à l’automne  2024, et les Britanniques s’apprêtent à sanctionner les tories moins pour quatorze années de pouvoir erratique qui ont usé cinq premiers ministres que pour le résultat du Brexit.  Huit ans après le référendum et trois ans après son entrée en application, le Brexit se traduit par un naufrage qui ne peut plus être masqué par la  pandémie du Covid ou la guerre d’Ukraine. Les  derniers sondages sont éloquents : 65% des Britanniques se prononcent pour un nouveau référendum, ils ne sont plus que 22 % à soutenir le Brexit alors que 54% jugent comme une mauvaise idée. Aussi, les élections se présentent comme la chronique d’une défaite annoncée pour les conservateurs, devancés de quelque 20 points dans les sondages par les travaillistes. 

Les conséquences du Brexit.

La campagne des élections législatives ne portera pas directement sur le Brexit mais sur ses conséquences : l’annihilation de la croissance ; la déliquescence des services publics ; l’explosion des prix et la paupérisation de la population. Dans les faits, il n’a pas entraîné une reprise mais une perte totale de contrôle de leur destin par les Britanniques.

La croissance : elle est désormais inférieure à celle de la zone euro, alors qu’elle était systématiquement supérieure depuis les années 1990. L’activité ne progressera que de 0,5 % en 2023 et 2024 ; elle a été réduite de 5,5 points et le commerce de 7 points depuis 2016. La stagflation est désormais bien installée. Les ménages sont étranglés par l’inflation qui atteint 7 % contre 2,8 % dans la zone euro, avec une spirale de hausse entre les prix et les salaires. La banque d’Angleterre a augmenté quatorze fois ses taux pour les porter à 5,25 % (contre 4 % dans la zone euro), ce qui a laminé le pouvoir d’achat des consommateurs, provoqué un effondrement du marché immobilier et euthanasié l’investissement.

La finance : elle est désormais un point faible. Les capitaux et les investisseurs fuient. La City perdra à terme 35.000 à 40.000 emplois au profit de l’Union. Simultanément, la pression des marchés ne se relâche pas, depuis le krach provoqué par l’expérience aussi courte que calamiteuse de Liz Truss de planifier une baisse massive et non financée des impôts pour les plus riches. La dette publique a dépassé 100 % du PIB en 2023 et son service a explosé pour atteindre 4,2 % du PIB en raison de son indexation sur les prix à hauteur d’un quart. Cerise sur le gâteau (amer) : Birmingham, deuxième ville du pays, a fait faillite.

L’économie désorganisée : la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de la santé, des transports et des services, provoquée par le départ de plus de 1 million de travailleurs européens, va de pair avec la montée du chômage de 3,5 % à 4,2 % de la population active. Le pays compte désormais 14,5 millions de pauvres tandis que le pouvoir d’achat recule fortement. D’où une sévère crise sociale qui entraîne la multiplication des grèves dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des transports routiers et ferroviaires, de la poste ou de la recherche.

L’immigration : avec le Brexit , le pays devait en reprendre le contrôle. L’échec est aussi cinglant. Le départ forcé des Européens a été plus que compensé par l’arrivée d’immigrés non européens. Le solde des entrées et des sorties a battu un record en 2022, avec une hausse de la population immigrée de 606.000 personnes. Il faut y ajouter l’immigration illégale, qui a elle aussi explosé, avec 45 774 traversées de la Manche en 2022. Et le phénomène s’est aggravé en 2023.

Le Royaume-Uni et l’Europe.

La démonstration est faite, il ne peut pas tourner le dos à l’Europe. Sur le plan politique, il reste menacé d’implosion par la revendication d’indépendance de l’Écosse, qui est indissociable de sa volonté de rejoindre rapidement l’Union. En Irlande du Nord, la crise ouverte autour du protocole conclu avec l’Union européenne, a abouti, pour la première fois, à la victoire du Sinn Féin en mai 2022, qui ouvre à terme la voie à une réunification de l’île. Voté au terme d’une campagne dominée par les mensonges, le Brexit a placé le Royaume-Uni dans une complète impasse. Le projet d’une Global Britain coupée du continent européen constitue un contresens économique, géopolitique et historique, au moment où la mondialisation se reconfigure autour de blocs régionaux. Mais s’il revenait, il ne retrouverait pas les privilèges qui lui avaient été consentis, notamment le rabais de moitié de sa contribution au budget. C’est pourquoi aucun dirigeant ne pourra assumer le risque d’un nouveau référendum sur le retour dans l’Union avant vingt ou trente ans.  Pourtant, il a désespérément besoin de l’Union pour retrouver le chemin de la croissance, condition de la stabilisation de la classe moyenne et de la paix civile. De son côté, l’Europe a aussi besoin du Royaume-Uni pour faire face à la montée des tensions géopolitiques. De part et d’autre de la Manche, il est donc temps de renoncer aux mirages de la radicalité pour emprunter la seule voie raisonnable qui s’offre, celle du réalisme et du pragmatisme.

Tout  ça pour ça !  Avant de  voter, les Français devraient y regarder à deux fois avant d’envoyer les nouveaux députés au Parlement de Strasbourg. L’Europe n’est pas  parfaite, loin de là, mais attention aux faux remèdes qui sont pires que le mal ! On aura le temps d’en reparler.

 


FAUT-IL VIRER MARLEIX ?

Marleix 2

 

Les Républicains en ordre dispersé.

La loi immigration devait consacrer le retour de l’unanimité au sein du groupe parlementaire Les  Républicains à l’Assemblée nationale. Il n’en est rien.  Le  même psychodrame que  pour la réforme des retraites recommence. Dix-sept députés viennent d’afficher publiquement leur attitude constructive envers le projet de loi immigration du gouvernement.  Ils ont signé dimanche dernier dans « La Tribune » un texte qui rend hommage au remarquable travail de la majorité sénatoriale et  plaide pour parvenir à un point d’équilibre qui serve l’intérêt des Français … Et ils se déclarent prêts à voter le texte si la version qui sortira de l’Assemblée ne s’éloigne pas trop de celle votée en première lecture au Sénat. Le gouvernement ne risque plus d’encourir une motion de censure que lui promettait le président du groupe LR, car avec le renfort des 17 députés, il y a une possible majorité pour voter  le texte que Darmanin s’évertue à construire. L’exécutif cache son enthousiasme, tant l’équilibre trouvé avec la droite est fragile. Mais les chiffres sont rassurants. Des écologistes et des socialistes voteront pour également. D’autant que le Sénat a adopté un texte qui ne s’écarte pas trop de son contenu initial.

Marleix est désavoué.

Il faut 58 voix pour déposer une motion de censure et LR ne dispose que de 62 suffrages, moins les 17 qui souhaitent voter le texte adopté par le Sénat. C’est un échec pour le chef des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, qui s’était engagé à faire en sorte que le projet de loi ne passe pas et qui, d’un seul coup, est privé du moyen d’atteindre son but. Il espérait en faire le fer de lance  contre la politique de Macron, il n’en est rien. Olivier Marleix est convaincu que ses postures véhémentes sont applaudies par l’électorat bien qu’elles soient contredites par le fait que les électeurs de LR sont de plus en plus nombreux à voter pour le Rassemblement national. En tout cas, la stratégie du «  toujours non pour humilier l’exécutif » n’a pas fonctionné. Il n’est pas suivi par les élus LR qui veulent rester dans une mouvance susceptible d’empêcher Marine Le Pen  de faire des scores très élevés aux prochains rendez-vous électoraux. La déchirure au sein de LR s’élargit d’autant plus que le parti va divisé vers les européennes en repoussant sans cesse l’investiture de FX Bellamy, malgré des sondages prometteurs et un travail remarquable  de  l’intéressé au parlement européen, ce qui est incompréhensible pour les  adhérents et sympathisants. Le bilan de LR s’annonce bien triste et présage de résultats plus qu’insuffisants aux européennes et, plus tard, à la présidentielle. Il dépend des Républicains de l’Assemblée  qu’ils s’engagent dans la voie constructive adoptée par les sénateurs. Pourquoi le groupe fait-il  preuve de cohésion au Sénat, alors qu’il  pratique la division à l’Assemblée ?  Voilà un constat qui met en cause directement celui qui le dirige au Palais bourbon.

Une coalition est nécessaire.

Le vote de la loi sur l’immigration pourrait servir de révélateur. Le tableau du rapport de forces entre les partis politiques est présenté comme une fatalité. Ce n’est pas vrai : il est encore possible de renverser la tendance et de créer une coalition de la droite et des centres qui meublera les dernières années du macronisme dont on sait qu’il disparaîtra à la première minute de la fin du quinquennat. Le gouvernement ne peut que se réjouir à l’idée de faire passer sa loi sans avoir recours au 49-3. On n’en est pas encore là. La discussion va occuper tout le mois de décembre  et il faut compter avec l’aile gauche des macronistes, les Houllié et Legendre en tête pour faire capoter l’opération. Ceux-là n’ont toujours rien compris et tiennent à faire voir leur capacité de nuisance par des ukases. Le risque existe que, sous la pression de l’aile gauche de Renaissance, la majorité décide de détricoter les changements apportés par le Sénat afin de revenir au texte tel qu’il a été proposé par le gouvernement. L’intérêt de l’exécutif et celui de l’Élysée ne sont pas identiques. Ce qui fait craindre un retour à la case zéro, avec une nouvelle crise parlementaire et l’indispensable mais honni 49-3. Pour M. Houllié, Les Républicains n’ont pas d’autre ambition que d’imprimer leurs idées dans un texte très important qui constitue la première préoccupation des Français.  Il n’y aura de loi sur l’immigration que si elle correspond à un compromis, qu’on se le dise clairement.

Pourquoi ce qui est possible au Sénat, ne l’est pas à l’Assemblée nationale ?  Mystère ! Une chose est certaine : dans la configuration actuelle du paysage politique, si la droite et le centre vont dispersés aux élections, ils seront balayés. Le temps presse  pour en prendre conscience et  agir en conséquence.

 


POUSSEE DE L’EXTREME-DROITE AUX PAYS-BAS

Geert wilders

 

La poussée d’extrême-droite se confirme dans l’Union européenne, élections après élections. La  Pologne fait exception et l’Espagne a gardé son gouvernement de gauche après un accord très controversé avec les indépendantistes catalans. Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV), formation d’extrême droite, est arrivé en tête aux élections législatives en obtenant 35 sièges sur 150. Pour autant le chef du parti, le célèbre Geert Wilders, n’est pas assuré de devenir Premier ministre.

Une poussée européenne.

La Hollande est un pays éminemment démocratique qui, pendant 13 ans, a été dirigé par un  centriste, Mark Rutte. On assiste à la montée des extrêmes droites en France (au moins dans les sondages), en Italie, en Allemagne, dans un contexte dominé par le problème de l’immigration et l'islamisme politique. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne pour cette raison et l’Italie a mis l’extrême droite au pouvoir. Mais les pourfendeurs de l’UE n’ont rien changé à la crise migratoire. Il est navrant de constater qu’un quart des Hollandais ait préféré l’aventure proposée par Gert Wilders au sérieux de Rutte. Si celui-ci arrivait à constituer un  gouvernement, ils s’en repentiraient aussi sûrement que les Britanniques.

D’autres coalitions sont possibles.

Le triomphe de Wilders est relatif. Les autres partis, dans cette représentation nationale très morcelée par la proportionnelle, ne sont pas pressés de faire alliance avec lui. Les écologistes obtiennent 25 sièges, le centre droit 24. Comme on le voit, d’autres coalitions sont possibles. La victoire de Wilders, qui s’est agité comme un beau diable pour être enfin reconnu, risque de retomber comme un soufflé. Les grandes démocraties se gouvernent au centre. Mieux : quand l’extrême droite arrive au pouvoir, comme en Italie, elle fait des choix centristes.

De l’eau dans le vin extrémiste.

La réalité, c’est l’invasion lente mais sûre de l’Europe occidentale par les extrêmes qui inquiète  une part croissante des électeurs européens. L’immigration mal contrôlée, exaspère  et fait craindre une perte d’identité. Mais que faire, alors que Georgia Meloni, présidente du conseil des ministres italien démontre tous les jours qu’elle n’est pas plus efficace dans la crise migratoire que ses prédécesseurs.  L’autre réalité, c’est que,  quand ils accèdent au pouvoir, les gouvernements dominés par l’extrême-droite, se plient à la discipline européenne et restent liés à l’OTAN. 

À quoi sert-elle alors ?

C’est vrai pour la France, même si le raisonnement semble traduire l’illusion d’une continuité. Marine Le Pen a déjà renoncé à la récupération des instruments de la souveraineté française. Elle  espère  ainsi augmenter ses chances de conquérir le pouvoir en 2027. Evidemment,  elle nie complètement être rentrée dans le rang. Ce qui ne l’empêchera pas d’appliquer les directives européennes. Dans ce cas, on sera en droit de se demander en quoi elle est différente de la droite classique. On risque d’assister au scénario classique : elle peut conquérir le pouvoir pour, ensuite, trahir son propre discours. Elle ne serait pas la première à annoncer une politique pour en faire une autre, une fois qu’elle aura été élue.

Un signal à prendre en compte.

Le résultat hollandais arrive à quelques mois du renouvellement du parlement européen. Il est grand temps pour les droites modérées de prendre en compte le message envoyé par les électeurs dans les pays de l’Union : elles ont le devoir de s’organiser et de se rassembler  pour  aller à l’élection, d’autant plus que le scrutin est proportionnel, et d’ici là, promouvoir une réponse crédible pour endiguer la crise migratoire.  Ce travail est déjà commencé, mais une réponse commune forte est attendue. Il n’y a plus de temps à perdre !

 


LA POLOGNE MONTRE LA VOIE…

Proportionnelle 3

 

Le  pire n’est jamais inéluctable. 

La  victoire de  la droite libérale  en Pologne face  aux extrémistes du PiS nous montre qu’il est toujours  possible de conjurer le mauvais sort.  A condition de s’organiser convenablement.

La dernière enquête IPSOS nous  apporte  des éléments de réflexion qui devraient inviter  les partis de la droite et du centre à gamberger. Elle nous montre  une évolution du regard des Français  sur les forces politiques. Jusqu’à il y a peu, En dépit de sa progression électorale constante, le Rassemblement national gardait une mauvaise image. Il restait perçu comme un parti inquiétant, distant et peu compétent. Cette nouvelle enquête témoigne d’une évolution nette le concernant, tandis qu’une évolution inverse s’effectue concernant la France Insoumise. Ainsi, pour la première fois, LFI est considérée comme plus «dangereuse pour la démocratie» que le RN (57 % contre 52 % alors qu’il y a trois ans, c’était nettement l’inverse (61 % pour le parti lepéniste, 51 % pour le parti mélenchoniste). De même LFI «attise la violence» pour 60 % des sondés contre «seulement» 52 % pour le RN. Le Rassemblement national est jugé de moins en moins d’extrême-droite (12 points de moins qu’il y a sept ans) ou xénophobe (11 points de moins). En positif il est regardé comme étant plus proche des préoccupations des Français (29 % en 2020, 40 % aujourd’hui), et surtout « capable de gouverner le pays » (25 % en 2017, 34 % en 2021, 44 % en 2023). Ce dernier « item » est capital pour Marine Le Pen. Car si, en dix ans, elle a gagné la bataille de la « dédiabolisation » , elle gardait un très fort déficit de crédibilité. Elle est en train de le combler. Plus encore, de toutes les forces politiques d’opposition représentées à l’Assemblée nationale, le RN est celui dont le « comportement à l’Assemblée nationale » est le plus approuvé : 37 %,  loin devant LR (28 %), les Verts ou le PS (27 %) et le PC et LFI (23 %).

Le RN comme alternative.

Cette enquête a été effectuée avant les événements qui ont embrasé le Proche Orient et l’assassinat de Dominique Bernard à Arras. Inutile de dire que c’est de nature à renforcer encore un  peu  plus l’avenir électoral du RN. Il convient donc de prendre au sérieux la  possibilité de Marine Le Pen de gagner à la Présidentielle. Il s’agit  d’abord de bien comprendre la  stratégie qui l’amène à ce statut de présidentiable qui lui échappait jusqu’alors.

Elle le doit :

. à sont travail propre, sur son discours, son image, ses élus. Dix ans dans de «dédiabolisation» produisent des fruits.

. à la comparaison avec LFI, car, notamment depuis les débuts de cette législature, les mélenchonistes se sont fait remarquer par leurs outrances, leurs dérapages, leurs injures. Le mistigri de la radicalité et d’une forme d’incompatibilité avec les règles de la vie démocratique a changé de camp et le RN en profite.

. enfin à l’usure du macronisme au pouvoir. En 2017, et même encore en 2022, Emmanuel Macron a terrassé Marine Le Pen sur le sérieux et sa capacité présumée à gérer le pays. Les échecs ou les limites du bilan présidentiel rendent moins dirimantes celles du projet lepéniste. La déception suscitée par ceux qui gouvernent offre au RN le bénéfice du doute.

La séquence, dans laquelle nous sommes encore, a achevé de faire tomber les masques mélenchonistes. Même une partie de leurs alliés décrètent l’impossibilité de travailler avec eux. La Nupes est  en train de voler  en éclat. De l’avis quasi unanime Les « Insoumis » sont sortis de ce fameux « champ républicain », expression bien commode qui n’avait jusqu’alors d’autre visée que d’en exclure le Rassemblement national.  Lequel RN s’est montré à l’inverse irréprochable et inattaquable. Ce qui s’est passé cette semaine est comme l’amplification de ce que l’on constate depuis dix-huit mois.

Mais en politique,  rien n’est jamais irréversible.

Et les résultats des élections polonaises nous le montrent. Il convient donc de regarder de près comment les partis modérés  s’y sont pris pour battre l’extrême-droite.

La Coalition civique, dirigée par Donald Tusk, l’ancien président du Conseil européen, a obtenu un score honorable de 31%. Le parti centriste dispose de solides alliés pour former un gouvernement pro-UE dans les prochaines semaines. En effet, avec 14% de soutien, la « Troisième Voie », une alliance entre démocrates chrétiens et agrariens, obtient un score remarquable. Elle a séduit les électeurs modérés, épuisés du duopole entre centristes et nationalistes conservateurs. Enfin, la gauche, a été suivie par 8,6 % des Polonais.  Elle espérait sans doute un meilleur score, mais elle entend porter sa voix progressiste, laïque et sociale dans un pays où le droit des femmes a été mis à mal. Selon les projections, ces trois formations devraient obtenir ensemble 239 députés sur 460 possibles, synonyme de majorité à la Diète. D’après la Constitution, le président de la République, Andrzej Duda, est dans un premier temps chargé de désigner le parti qui va tenter de former un gouvernement. Issu du PiS, le président Duda devrait logiquement assigner son camp à la tâche. Avec 196 députés sur 460  dans la nouvelle Diète, le parti Droit et Justice doit persuader 35 autres parlementaires de collaborer pour former une majorité. Un scénario impensable car aucun parti ne souhaite mener un dialogue avec les nationalistes conservateurs. Certes, on peut estimer que le PiS paie son usure depuis 8 ans qu’il est au pouvoir, ce qui ne serait pas du RN en France. Il est difficile de comparer les contextes des deux pays, évidemment, mais la chose certaine qui ressort, c’est que si un barrage  peut être construit pour empêcher le parti de Marine Le Pen d’arriver au pouvoir, c’est autour de la droite modérée (LR)  et des partis centristes qu’il peut s’organiser. Reste à trouver le Donald Tusk, susceptible de redonner le moral aux Français et de les mobiliser.

A bon entendeur, salut !

 


L’IMPUISSANCE DE L’EXTRÊME DROITE !

Migrants Lampedusa

 

Avec  l’affaire de Lampedusa, l’idée  m’était venue d’écrire un article sur le thème.  Mais je  lis dans le Figaro l’excellent texte de Vincent  Jeanbrun, Maire de l’Hay-les-Roses. Comme je ne ferai pas mieux, je vous  le livre.

 

« Nul besoin d’aller jusqu’en Italie pour constater l’impuissance de l’extrême droite »

« Six mille vies échouées sur le sable d’une petite île au sud de l’Italie. En quelques jours, Lampedusa est (re)devenue le cœur symbolique d’une Europe divisée, cristallisant les tensions mais aussi et surtout les postures, des effets de manches autoritaires aux proclamations des éternels tartufes transis d’humanité, pour peu que la cause soit loin de chez eux. Car, après l'afflux de migrants, s’est bousculé derrière eux le traditionnel cortège de journalistes en quête de l’image choc, de politiques aux formules qui claquent et de leurs traditionnels commentateurs relayant abondamment les informations, vraies ou pas (pour peu qu’elles soient marquantes…) Le tout devant les yeux résignés des 6000 habitants de cette île jadis calme et dont le nom résonne désormais comme le symbole de l’immigration incontrôlée, des vies dévastées et d’une Europe à la dérive, plus divisée que jamais.

Dans mon village familial, perché dans les montagnes du Frioul, les discussions vont bon train. On y craint la « submersion », on y prononce désormais l’expression de « grande sostituzione », directement importée des vocables de l’extrême droite française ; preuve malheureuse que notre influence culturelle n’a pas tout à fait disparu, même en matière de théories déclinistes. Au téléphone, mon cousin me raconte que ce midi, un voisin attablé au café du village s’exclamait : « Si même Meloni n’arrive pas à les repousser, qui va le faire ? » Et, au fond, ils sont nombreux à penser comme lui, en Italie comme en France.

Le  constat de l’impuissance.

Car plus que la compassion, l’inquiétude, la peur de disparaître ou de se compromettre, le sentiment qui domine, c’est l’impuissance. L’impuissance d’une politique : celle De Giorgia Meloni, élue présidente du Conseil italien il y a un an, instantanément devenue l’égérie de l’extrême droite européenne, prônant une fermeté sans faille sur l’immigration et qui apparaît aujourd’hui dépassée, prise au piège de sa propre rhétorique incendiaire. Comme tous les candidats d’extrême droite, elle s’appuyait sur des diagnostics lucides, proposait des solutions simples et désignait un ennemi consensuel : l’Europe. Celle qui déclarait il y a quelques mois encore avec une éclatante confiance « si je gagne, pour l’Europe, la belle vie, c’est terminé » se voit aujourd’hui contrainte d'appeler au secours  l'Union européenne, affirmant être soumise à une pression migratoire « insoutenable », et appelant à « affronter le problème de manière pragmatique ». Pire, la  voilà qui accueille sur place la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, scellant ainsi la « normalisation » de ses relations avec les institutions européennes.

Des solutions qui n’en sont pas.

La promesse, pourtant projet phare de sa campagne, d’instaurer un « blocus maritime » contre les migrants et de « briser le trafic d’êtres humains en Méditerranée » semble bien lointaine. Pas plus que Donald Trump n’aura construit son « mur » à la frontière mexicaine, pas plus que Viktor Orban n’aura fait adopter son « référendum anti-immigration » en Hongrie, les déclarations martiales de la candidate Meloni n’auront pas suffi à protéger les Italiens d’une immigration devenue incontrôlable. Pire, si les Italiens ont appris à ne pas croire aux promesses trop « belles » pour être vraies, l’extrême droite comptait au moins sur l’effet symbolique de l’élection d’une candidate si radicalement hostile aux migrants pour créer un effet dissuasif. Résultat : depuis le 1er janvier 2023, plus de 100.000 migrants ont franchi illégalement les frontières italiennes. C’est deux fois plus que sur la même période en 2022.

Marion l’opportuniste.

En débarquant par le premier avion sur l’île de Lampedusa, Marion Maréchal – qui est à un bateau de migrants ce qu’un papillon de nuit est à une lanterne un soir d’été – avait sans doute à cœur de fanfaronner devant une si belle occasion de démontrer combien l’immigration illégale qu’elle dénonce – à raison – était le péril de notre civilisation. Elle en aurait presque oublié ses propres déclarations, jugeant que « la victoire de Meloni protéger(ait) les Français de l’immigration ». Clairvoyant. Accordons-lui de ne pas avoir été seule au club des admirateurs de Giorgia Meloni. Jordan Bardella, des étoiles dans les yeux, déclarait après son élection : « Les peuples d’Europe relèvent la tête et reprennent leur destin en main. »

Les Dalton de la  droite dure.

Bardella, Zemmour, Le Pen, Maréchal : les « Dalton » de la droite dure voyaient en elle l’espoir de prouver au monde et surtout aux Français qu’au-delà des discours, l’extrême droite était une solution fiable pour les protéger face aux crises migratoires. Pourtant, il n’est point besoin d’aller jusqu’en Italie pour constater quotidiennement l’impuissance de l’extrême droite au pouvoir. Pour ne prendre qu’un exemple, dans la commune du Luc, dans le Var, le maire RN a fait voter une charte par son conseil municipal en octobre 2017 : « Ma commune sans migrant. » À l’élégance s’est ajoutée l’impuissance lorsque, quelques moins plus tard, il accueillit une trentaine de migrants, dans un centre pour réfugiés. Nous sommes donc prévenus. Monsieur Bardella et Madame Maréchal, c’est Madame Meloni en pire. Jordan Bardella, c’est un colosse aux pieds d’argile. Marion Maréchal, c’est un tigre de papier. Ils ont un point commun : la parole sans les actes. Car comme souvent, l’extrême droite se nourrit des problèmes, pourvu qu’elle n’ait pas à les résoudre. »

Vincent Jeanbrun est maire de L’Hay-les-Roses, président du groupe Île-de-France Rassemblée à la région Île-de-France et porte-parole des Républicains.

En dehors du sujet de l’immigration, j’ajouterai que notre extrême-droite n’est pas crédible sur bien d’autres points de son programme, comme la proposition de remettre la retraite  à 60 ans. Alors braves citoyennes et citoyens, avant d’aller voter, comme par  exemple aux européennes, lisez bien ce qui est proposé, car rien ne pourra être tenu. Car bien évidemment , la  crise migratoire  ne  pourra être  contenue que pas  une politique européenne cohérente de l’ensemble des Etats de l’Union, et qui est en train d’être mise en  place.


L’INFO EN BREF

Iran voileIl y a un an !

 

Voici quelques brèves qui auraient pu vous échapper.

BCE.  La  Banque centrale européenne vient de nouveau de relever ses taux directeurs de 0,25% ce qui les  hausse à 4,75%. C’est la  10ème consécutive.  Elle pourrait constituer un frein supplémentaire à la  croissance européenne déjà en berne. Christine perdrait-elle la main ?

OPEP+. Le  cartel  pétrolier maintient la pression sur les cours du pétrole en limitant sa production  pour atteindre les 10$ le baril.  Un serpent qui se  mord la queue puisque le prix va produire une baisse de la consommation et si on y rajoute le ralentissement chinois, le  mauvais calcul  apparaîtra très vite.

UE. Ursula a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions chinoises sur les voitures électriques. Fin de la naïveté. La Chine  accuse l’Europe de  protectionnisme et menace de représailles : gonflée !

CHINE. C’est la 4ème mois consécutif de baisse des exportations. Et  avec le ralentissement de la consommation intérieure, les importations baissent aussi.  Rien ne va pour Xi le bouffi.

PACTE. Peu d’enseignants veulent travailler plus pour gagner plus. No comment !

BHARAT. L’Inde devrait bientôt changer de nom. Le  pays qui vient de dépasser  la Chine  en peuplement  connait aussi une forte croissance économique. Modi veut-il nous signifier qu’il  entend faire son beurre ?

ABSENT. En France, en 2022, 47% des salariés ont été absents au moins une fois au travail.

SENAT. 1800 candidats pour 170 sièges sur 348. Rappelons, seuls les  « grands électeurs votent ». Si je votais, ce serait pour la liste Piednoir… Au Sénat, il faut des élus  qui bossent !

35 Teq/hab. C’est l’empreinte carbone du Katar : 35 T de CO2 par habitant. Plus du double des Etats-Unis. En France on est  à 9 tonnes !

TRANS. Un gynécologue est poursuivi par une femme « trans » parce qu’il a refusé de l’examiner. Bah, évidemment, changer de genre, ça n’est pas changer de sexe.

INOX. Michel Drucker a 81 ans. 

ET DE 11 ! Elon Musk  est père d’un onzième enfant.  Le garçon se prénomme « Techno Méchanicus » (si, si !). Le papa ne dit pas si c’est une indication sur le mode de procréation.

 

 


CE QUE LA MORT DE PRIGOGINE NOUS DIT DE POUTINE

Prigogine

 

Avec la Russie, on ne s’ennuie jamais.

Le chef de la milice russe Wagner, Evguéni Prigojine, est mort dans le crash de son avion privé. Prigojine a fait de son parcours sanglant une saga pleine d’effets extraordinaires et de rebondissements. Ce qu’il reste de sa tentative de putsch, du « pardon » de Poutine, de l’indifférence au danger du maître de Wagner, c’est l’image d’un avion qui a soudainement piqué du nez pour  s’écraser au nord-est  de  Moscou. C’est comme si, au cœur de la mafia russe, se déroulait un scénario implacable. Il aurait pu fuir, s’installer en Afrique, où il avait une armée et de l’or. Il a préféré s’exposer, par gloriole, pour ne pas quitter la scène, si bien qu’il n’a pas échappé à son destin. La Russie est un monde si particulier que non seulement la mort violente de Prigojine était attendue mais qu’en plus il n’existe pas d’autre moyen, pour les dirigeants de ce pays, de survivre après en avoir exécuté tant d’autres.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

Sa mort brutale a des conséquences sur plusieurs continents. Ses mercenaires se sont battus sur le front ukrainien, avaient livré bataille en Syrie et en Libye et font le coup de feu en Afrique sahélienne. Ses fermes à trolls, des désinformateurs sur les réseaux sociaux, inondaient non seulement le continent noir mais aussi l’Europe et les États-Unis de leurs fausses informations. Il n’y a guère de doutes sur le fait que sa mort ait été une exécution froidement décidée, par Vladimir Poutine, évidemment. Prigojine invectivait et insultait publiquement l’état-major russe pour obtenir plus de munitions, avait lancé une compétition entre ses troupes et l’armée régulière. Mais il pensait que la victoire qu’il avait obtenue à Bakhmout, et à quel prix !, sa popularité dans les rangs due à sa gouaille et ses activités en Afrique, le rendaient intouchable. Il signa son arrêt de mort en lançant une colonne de blindés en direction de Moscou pour renverser, disait-il, l’état-major russe. L’humiliation fut mondiale pour Vladimir Poutine. Ses  condoléances hypocrites sonnent faux et ne trompent personne.

Wagner décapité.

Dans le crash sont également morts notamment Dmitri ­Outkine, le chef des mercenaires Wagner, ainsi que Valeri ­Chekalov, cerveau des opérations « civiles » du groupe. C'est toute la direction de la multinationale mafieuse qui a été décapitée d'un coup. Voilà  ce  qui justifiait la patience du tsar : il fallait un peu de temps pour monter le traquenard. Mais le délai a surtout permis d'anticiper les conséquences : recycler les mercenaires, rassurer la clientèle africaine, reprendre le contrôle des activités lucratives sous d'autres faux nez… Sauf que la façon dont Wagner et Prigojine se sont jetés sur une partie du continent africain ne peut pas être reproduite. Il faudrait remplacer la présence illégale d’une armée par un protocole d’accord diplomatique. En procédant à l’exécution de Prigojine, Poutine s’est tiré une balle dans le pied.

Le feuilleton russe n’est pas terminé.

La disparition de Prigogine et de ses principaux adjoints invite ceux qui se croient forts dans l'orbite du pouvoir à raser les murs. Mais que dit-elle d'un pays où un chef de milice est plus connu que le premier ministre et d'un régime qui en est réduit à dévorer ses propres membres ? La disparition anormale de ceux de l’élite russe qui  contestent les méthodes du Kremlin font une publicité négative à la Russie. Et c’est  un calvaire qui attend le maître du Kremlin : la réorganisation des Wagner, la guerre déplacée sur le territoire russe qui alarme la population, la chute du rouble, l’affaiblissement de l’économie... Et on peut avoir la certitude qu’il  va continuer de s’enfoncer dans l’erreur stratégique qui fait de la Russie un pays exsangue. Pire, les miliciens de Wagner, équipés militairement, peuvent se révolter et alors il faudra les décimer pour venir à bout du désordre pendant que la Russie continue à perdre son âme dans son atroce mésaventure ukrainienne. On peut même imaginer que si le FSB de Poutine est à l’origine du crash, le GRU dont Prigogine est issu voudra peut-être régler ses comptes. Tout semble sous contrôle, mais ce n’est qu’une apparence, car plus Poutine perd, plus il est menacé, plus il est féroce. De  sorte qu’il est condamné à mort, non par une Cour de justice, mais par son propre caractère. En toute logique, on peut donc prévoir que Poutine, un jour, sera assassiné à son tour.

En attendant, les Ukrainiens, eux, se réjouissent de la disparition d’un de leurs principaux bourreaux russes.


APRES LA GRECE, L’ESPAGNE…

Liberté

 

Dimanche dernier, les Espagnols ont rejeté l’extrême-droite.

Vox est en recul et le Parti Populaire, arrivé en tête, ne parviendra pas à la  majorité absolue avec son apport.  De son côté, le  parti socialiste a  perdu des sièges  mais reste en position pour garder le pouvoir. Est-ce la perspective d’avoir une coalition PP-Vox qui a poussé les  ibères  à limiter la poussée du parti de Feijo ? On peut le penser.  En Grèce, Mitsotakis a gagné son pari en provoquant une nouvelle consultation : la droite est  sortie renforcée avec, cette fois-ci une majorité. Les extrêmes sont renvoyées sur  les  marges.  Et  en France, que peut-on espérer après la tempête ?

En France, la  situation est plus compliquée.

Le paysage qu’elle  offre après la tempête fait l’objet d’une remarquable analyse de Jacques Julliard dans Le Figaro du 10 juillet. Des deux côtés du spectre politique, c’est une course aux extrêmes qu’on observe, la poussée à droite répondant à la violence de l’extrême-gauche.

Selon lui, la gauche est devenue un « parti de déclassés » en abandonnant ce qui faisait son identité : la République et la  classe  ouvrière pour sombrer dans le populisme faisant une place particulière aux catégories sociales, jeunesse, femmes, immigrés… L’axe doctrinal perdu, il n’y a que Mélechon pour sembler préférer les « jeunes » à la « République » en donnant le ton à toute la Nupes, Fabien Roussel réussissant toutefois à sauver l’honneur. Même  face au chaos, la  gauche n’a pas su renouer son lien consubstantiel avec la République. Elle  continue de déserter ses propres électeurs ; ce  qui la condamne au naufrage.

Poursuivant son  tour d’horizon, il observe que le centre est devenu impuissant. Disposant d’une majorité relative, elle a pour chef un homme qui, bien que disposant de larges  pouvoirs, n’est  plus rééligible, un handicap rédhibitoire pour son parti  dans le contexte de la Vème. Pour les  Français, il n’incarne plus un avenir  et  son statut handicape son autorité.  C’est ce qui manque le plus à Emmanuel Macron. Ce qui fait dire  à Jacques Julliard, que, finalement, dans cet épisode  violent qui a permis de mesurer combien la frontière entre la civilisation et la barbarie était fragile, c’est l’absence d’autorité et non les lacunes de la police qui explique l’inexplicable. En conclusion, le centre, même élargi aux Républicains, ne dispose plus d’un leader incontestable, malgré les  Philippe, Le Maire, Wauquiez… .  Une vacance dans le leadership qui le condamne à l’impuissance.

La droite française profite du glissement de terrain. La  droite traditionnelle écartelée entre le centre et l’extrême, restent  les droites  extrêmes que se partagent en parties inégales le  RN et Reconquête ! qui, loin d’avoir nui au premier, lui a permis de se  recentrer  sans rien perdre de son attractivité  sur la partie la plus radicale de l’électorat de droite. Et  grâce au comportement de Mélenchon  qui refusait de condamner les émeutes dirigées contre les  bâtiments et les symboles  de l’ordre républicain, Marine Le  Pen classée comme antirépublicaine sinon fasciste, n’a eu aucun mal à s’en tenir à un discours strictement républicain, respectueux de l’ordre et  des institutions. Une démarche sur  laquelle elle  mise  pour lui ouvrir les portes du pouvoir. Comme dans tous les pays européens, à chaque occasion, il y a désormais, « une course  à la droite ».

On peut, certes, gloser sur les  difficultés des autres partis et trouver toutes sortes de raisons à leur déclin, mais il y a une constante qui ne doit pas  échapper à l’observation : le glissement vers  la droite  dans toute l’Europe, au-delà des circonstances particulières, a un facteur commun qui l’explique : l’immigration et l’immense  difficulté à la contrôler.

Une victoire RN n’est pourtant pas une fatalité.  

C’est ce que les scrutins grecs et  espagnols nous montrent. Même l’exemple de l’Italie peut nous être utile : Georgia Méloni n’a-t-elle pas eu comme première préoccupation de se recentrer pour rassurer  ses  partenaires européens et mener une politique habilement conseillée par Mario Draghi, notamment pour ne pas  perdre l’accès aux fonds européens. Marine Le Pen a eu tout faux sur le Brexit, nous a  annoncé cent fois la fin de l’Euro, tient sur l’Ukraine le même discours que le « narratif » russe (et pour cause) et en dehors du sujet de l’immigration, n’a que de vieilles recettes à proposer aux Français en matière d’économie et d’emplois qui ont toujours produit faillite et impuissance. Alors, puisque Macron ne croit pas aux coalitions, il est grand temps que Les Républicains reprennent toute leur liberté et passent à l’offensive. Puisque l’avenir est à droite, entre les deux  extrêmes droites, plus ou moins pétainistes, et  la droite moderne qu’ils  incarnent, le choix des  Français peut être vite fait. Il suffit qu’ils incarnent à nouveau et pleinement les trois mots qui font  la France et qui sont garants de son unité : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !

 

 


UN AN APRES …

Guerre ukraine

 

Les délires d’une invasion.

Difficile de laisser  passer la date du 24 février sans évoquer le drame effroyable qui accable l’Ukraine depuis l’invasion russe déclenchée il y a un an. Comme beaucoup de nos concitoyens, elle nous a fait prendre conscience des délires et des inversions de valeurs qui ont accaparé le cerveau de Vladimir Poutine et des Russes abreuvés par une intense propagande qui ne laisse aucune place à la controverse. Nous découvrons avec stupéfaction la réécriture et la réinterprétation de l’Histoire instrumentalisée pour la circonstance. Ainsi la Russie serait encerclée par  l’occident maléfique qui rêve de la détruire depuis toujours. Encerclée : un bien grand mot pour un territoire qui s’étend jusqu’aux confins du Pacifique à l’Est. Ainsi elle ferait la guerre à des « nazis » qui auraient pris le pouvoir en Ukraine à la suite d’un coup d’état : les nazis en l’occurrence sont des gens normaux, et le coup d’état, une élection démocratique.  Quand à la nazification, il serait plus juste d’accabler de  cet attribut le régime poutinien. Certes, les Etats baltes, la Pologne et les démocraties d’Europe de l’Est ont voulu appartenir à l’Otan et à l’Union européenne,  mais c’est  pour se protéger et tenter de se mettre à l’abri du parapluie atomique pour dissuader l’ogre russe de venir s’en emparer. Nullement pour l’agresser.  C’est pour la même raison que la Finlande et  la Suède, effrayées par l’agression russe, font la même démarche aujourd’hui, comme l’Ukraine.

Une année de carnage et de destructions.

C’est aussi une année de carnage et de destructions, d’exil pour des millions d’Ukrainiens, de séparation des familles. Pendant ces douze mois, la pensée occidentale a évolué. Tout projet de paix est rangé dans un  tiroir, un consensus s’est créé autour de la nécessité, pour l’Ukraine, de gagner cette guerre infâme. Contre toute attente, Volodomyr Zelensky est très vite apparu comme un président contrôlant ses actes, déterminé, insensible aux sacrifices. Son plus grand succès est la résistance de son armée, pourtant inférieure en nombre et en armes, à celle de la Russie. Vladimir Poutine s’est durci sous l’effet des échecs stratégiques. Or, plus les Russes reculent, plus Poutine se fait menaçant. Mais c’est un bluff qui ne fait plus frémir personne en Europe ou aux États-Unis. Poutine ne peut pas utiliser une quelconque arme nucléaire qui détruirait non seulement des Ukrainiens mais aussi des Russes et surtout conduirait à l’anéantissement presque immédiat de son armée.

Un pays martyrisé qui résiste.

On ne peut que saluer la résistance de l’Ukraine. Voilà un peuple qui, confronté à son destin, a choisi l’honneur et l’a payé, le paie encore, à un prix effroyable. Un peuple uni dans sa détresse, son désarroi, son malheur. Un peuple soudé par son président. Un peuple que le monde admire. Dès lors que les Ukrainiens ont décidé de rester libres, ils se battent dans l’enfer d’une guerre qui n’est soumise à aucune règle. Le responsable de ce massacre, c’est Poutine. C’est lui et lui seul qui a décidé de créer en Europe cet abcès de fixation purulent,  parce qu’il rêve de reconstituer l’empire russe jusque dans ses anciennes marges. Il ne se rend pas  compte que nous avons  changé d’époque. Notre soutien ne doit pas faiblir.

L’Ukraine déterminée.

Nous devons respecter et encourager la détermination ukrainienne. Alors que nous manifestons contre la réforme des retraites, d’autres, pas loin de chez nous, jouent leur vie et leur destin face à une armée composée de sauvages Tchétchènes et d’anciens criminels sortis de prison, utilisant tous les ressorts de la barbarie. Ce qui implique des efforts de notre part. Pour commencer, notre soutien ne doit pas faiblir. L’idée que la guerre est trop longue est fantaisiste. Elle n’est longue que pour l’Ukraine martyre. L’idée qu’il faut ménager Poutine est produite par la pire des analyses. Il est absolument nécessaire d’arrêter Poutine, car sinon, il poursuivra son projet : après l’Ukraine, la Pologne ? Les pays lettons ? la Moldavie … ? Nous ne devons pas avoir de faiblesse parce que c’est le droit international qui garantit les frontières qui est mis à bas par la Russie, et parce qu’aucun état ne peut s’arroger le droit de s’emparer par la force de territoires qui ne lui appartiennent plus, sous couvert de consultations fantaisistes, au prix de déportations, de captations d’enfants et au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Incroyable inversion des rôles et des valeurs.

Libertés, égalité sont les valeurs que Kiev défend contre vents et marées. La défaite de Zelensky serait la nôtre, une bonne raison pour ne pas l’abandonner à son sort. Il y a mille raisons de soutenir l’Ukraine, mais la meilleure, c’est que les démocrates sont décents. Deux camps divisent le monde : d’un côté, les régimes autoritaires qui permettent les actes les plus insensés et de l’autre, les régimes parlementaires qui, inlassablement, recherchent la paix. L’agression de  Poutine aura eu le mérite de nous faire prendre conscience que les Ukrainiens sont des européens qui méritent pleinement leur place parmi nous, de nous ouvrir les yeux sur la réalité du pouvoir « kgbiste » qui règne en Russie, respectable en rien. Il voudrait nous faire croire que c’est lui l’agressé, que c’est  lui qui est porteur du nouvel ordre mondial juste ! Là où nous ne voyons que totalitarisme, corruption et terreur. Pour l’instant, le tsar russe a perdu tous ses paris : il n’a pas pris Kiev, l’Otan est renforcée,  les Etats-Unis sont revenus dans le jeu, l’Union européenne est unie comme jamais.  Il ne manque que la défaite militaire : elle ne saurait tarder. Et il vaudrait mieux que ce soit le plus tôt possible pour la paix du monde.

 


ZELINSKI L’INFLEXIBLE

Zelensky europe

 

L’histrion devenu homme d’Etat.

Les Américains lui avaient proposé de fuir. Il avait répondu : « Ce n’est  pas d’un taxi dont j’ai besoin, mais d’armes ! ». Depuis il a fait la preuve de son courage, bravant la mort, le mot n’est pas  trop fort, et soudant son peuple autour de lui. Et son action a fini par payer. Volodomyr Zelensky est  aujourd’hui l’objet de tous les soins et gestes d’affection de l’Europe. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Seul, Orban le proto-oligarque hongrois continue de faire  la gueule, coincé entre son soutien à Poutine et les subventions européennes dont son pays a besoin. Après une visite triomphale menée de main de maître à Londres, un dîner à l’Elysée avec Macron et Scholz, il a été reçu à Bruxelles par le Parlement européen qui lui a fait une « standing ovation » après un discours centré sur les valeurs occidentales. Et voila l’Union, au-delà des différences de tempérament et d’objectifs, qui s’empare du sort de l’Ukraine et reconnaît comme valables, et non excessives, ses demandes toujours croissantes en armements. Il n’a pas plus tôt obtenu les chars Léopard, qu’il réclamait des avions que le Premier ministre britannique lui a aussitôt accordés. Et nul doute que d’autres pays suivront.

Zelensky connaît ses dossiers.

Chaque fois que Volodymyr Zelensky s’adresse à un public national, on s’aperçoit qu’il a pioché le dossier : il a un langage adapté pour chaque peuple. Et il sait que si la gravité des faits, c’est-à-dire les difficultés militaires rencontrées par l’Ukraine, ne suffit pas à rallier l’Europe autour des intérêts ukrainiens, l’émotion qu’il sait susciter participe efficacement aux efforts de persuasion. Il sait aussi que, si la résistance et les succès militaires de son pays ont sidéré les Européens éblouis, en même temps qu’ils confondaient les Russes, le danger de mort qu’il affronte toujours et encore a accru la solidarité des 27 et le désir de partager la résistance de l’Ukraine. Le leadership volodomyrien sert maintenant de panache à l’Union et a d’ailleurs fait sauter quelques verrous de frilosité : le chancelier allemand ne compte plus les chars sur ses doigts, l’Europe, dans son ensemble, s’est enfermée dans l’amitié pour Zelensky et l’hostilité à Poutine pendant que, dans un entretien paru dans « le Figaro », le président ukrainien déclarait qu’Emmanuel Macron avait changé.

Une course de vitesse.

Notre président voulait laisser ses chances à la diplomatie mais s’est heurté à la folie meurtrière qui tient lieu de politique à Vladimir Poutine. Il n’a donc pas tardé à rejoindre l’Ukraine corps et âme, car Poutine ne comprend que la force. Et quand le maître du Kremlin redouble de menaces, cela signifie que, de nouveau, il craint de perdre. Nous assistons à une course de vitesse. La Russie nous a promis une offensive fondée sur la masse humaine des conscrits et voués à périr sous les balles ukrainiennes. Des armes nouvelles empêcheront peut-être l’armée ukrainienne de se briser sous le choc. Mais Zelensky ne peut attendre indéfiniment. Face à la  masse des munitions et des hommes que l’Ukraine doit affronter, il lui faut les moyens de faire face et la qualité technologique supérieure du matériel occidental qui lui est livré n’est pas déterminante, les soldats ukrainiens ont besoin aussi d’une quantité suffisante de munitions.

L’Ukraine a bien gagné de faire partie de l’Union.

Si l’on veut que le chemin de croix de l’Ukraine ne soit que temporaire et que, à terme, les Ukrainiens défassent l’armée russe, les Européens ne sont pas pour autant parvenus au terme de leurs sacrifices. Il reste du chemin à parcourir et le plus dur reste à faire. Car il n’y aura pas de paix sans faire triompher le droit : le retour de l’Ukraine dans ses frontières, la condamnation des crimes de guerre et la réparation des dommages commis. Mais, en attendant, il est bon qu’ils fassent preuve d’unité ; de même que le consensus pro-ukrainien est aussi une bonne chose et il vaut mieux recevoir un ami blessé avec tout le protocole dont l’Europe est capable que de réserver notre pompe à un dictateur. Si Poutine veut déconstruire l’Histoire en la réécrivant à sa manière il doit désormais compter avec un Zélensky qui y est entré de  plein pied pour la faire dans le droit fil du passé, sans inverser les rôles, car à l’épreuve des  faits on voit bien où sont aujourd’hui les « nazis » ! L’Ukraine mérite désormais de faire partie de l’Union.

Le monde à l’endroit.

L’exemple de Zelensky et du peuple ukrainien nous oblige, nous occidentaux à sortir de notre confort où trop souvent nous sombrons dans la relativité généralisée nous amenant à croire qu’il n’y a pas de vérité, mais une culture de la post vérité. Les Ukrainiens nous montrent que le bien et le mal ça existe. Il y a la vérité et il y a les mensonges. Et pour cette vérité, le « je suis prêt à donner ma vie », est  un défi lancé à la dictature du relativisme  qui sévit dans certains milieux intellectuels. C’est aussi un non à la  déconstruction.  C’est affirmer qu’au-delà de mon petit « moi » il y a quelque chose de plus grand qui mérite d’être défendu au nom de l'Histoire et des valeurs universelles. Voilà qui permet  à nombre d’entre nous d’ouvrir enfin les  yeux : notre  société mérite-t-elle d’être défendue ? Question qu’on ne se posait même  plus !  

Oui, la démocratie c’est mieux que la dictature, n’est-ce pas Monsieur Mélenchon !

 


BREXIT : LE MAUVAIS CHOIX DU ROYAUME-UNI

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Voilà deux ans que le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne.

La pandémie du Covid et sa gestion erratique par Bojo a brouillé les cartes pendant ces deux années, ne permettant pas de faire la part des choses de l’impact économique dû à l’une ou à l’autre. Aujourd’hui c’est clair : notre voisin d’outre Manche est loin de récolter les bénéfices escomptés de la liberté britannique retrouvée et  les mécomptes s’accumulent. Le  Brexit a un réel impact économique qui vient s’ajouter aux difficultés engendrées par les séquelles de la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine. Le rapport récent des chambres de commerce britanniques vient le  confirmer.

Les  inconvénients s’accumulent.

Ainsi, les PME britanniques sont confrontées à des  problèmes structurels et  non plus temporaires, causés par la rupture  avec l’UE. Plus de trois quarts des entreprises commerçant avec le continent (77%) estiment que l’accord actuel ne les aide pas du tout à augmenter leurs ventes ou à développer leurs activités. Au contraire, plus de la moitié d’entre elles peinent à s’y retrouver dans les nouvelles règles. Le marché unique avait bien des avantages aujourd’hui perdus. Aujourd’hui, la frontière est un frein réel aux échanges. Le refus de Bojo d’un accord à la Suisse et son comportement de « flibustier » à l’époque, se paie aujourd’hui. Les chefs d’entreprises aimeraient en effet éliminer les contrôles sur les produits végétaux et animaux. Ils voudraient aussi un nouveau deal à la norvégienne pour réduire les complexités liées à la TVA sur les importations de faible valeur, et une reconnaissance unilatérale des normes européennes en matière de produits industriels et électroniques.

Les  échanges souffrent.

D’autre part, de l’autre côté de la Manche, on constate que la sortie de l’UE a fait grimper le prix des produits importés, a freiné les investissements des entreprises et nui au commerce. Selon le Centre for European Reform, le  Brexit aurait réduit le PIB de la Grande-Bretagne de 5,5%. Les investissements ont baissé de 11% et le commerce des marchandises de 7%. Sur un an, ce seraient 40 milliards de livres de recettes fiscales perdues pour le gouvernement. Evidemment,  ce trou a dû être comblé par une hausse des impôts : un budget de rigueur concocté en urgence par le chancelier de l’Échiquier Jeremy Hunt avec 30 milliards de  livres de baisse de dépenses et 25 milliards de hausses d’impôts. Le Brexit a bien créé un choc économique qui devrait se traduire sur le long terme par une baisse de 4% du PIB.

Une liberté vide.

Des inconvénients qui sont loin d’être compensés par la liberté retrouvée. Pour l’instant c’est l’impact négatif sur les échanges commerciaux du pays qui l’emporte, en les ralentissant bien plus rapidement que dans le reste du monde. Si Rishi Sunak, le Premier Ministre s’entête à répéter que le Brexit «peut apporter et apporte déjà d’importants bénéfices et opportunités pour le pays», ses déclarations cachent mal les fortes déceptions sur le plan international. La réalité c’est que la moisson d’accords de libre-échange que les Britanniques étaient censés faire à travers le monde est pour le moment plutôt maigre. Même le grand accord rêvé avec les États-Unis ne semble pas devoir aboutir dans un avenir proche. Alors, il reste une maigre victoire dont les députés conservateurs font grand cas : l’augmentation des quotas des pêcheurs - 30.000 tonnes - grâce à la souveraineté retrouvée sur les eaux britanniques.

Le doute et le bon sens.

Et logiquement, le doute s’est installé dans l’opinion et ne cesse de grandir. 56% des Britanniques estiment désormais que le Brexit était une erreur, contre 32% seulement pensant que c’était le bon choix. Une évolution qui complique l’action du Premier Ministre, partisan convaincu du divorce,  face aux tentations séparatrices de l’Ecosse et au moment où son gouver­nement travaille « d’arrache-pied » pour trouver une issue aux négociations avec l’UE à propos des dispositions commerciales post-Brexit en Irlande du Nord, évidemment intenables en l’état. Rishi Sunak semble avoir la volonté d’améliorer la relation avec les Européens, en se montrant plus pragmatique. Mais malgré le temps qui a passé, les esprits continuent à vite s’enflammer sur le sujet. Suspecté de vouloir adoucir la rupture avec l’UE, un article du Sunday Times a mis le feu aux poudres, en affirmant que des membres du gouvernement projetaient de « mettre la Grande-Bretagne sur la voie d’une relation similaire à celle de la Suisse avec l’Union européenne ». Les Brexiters durs ont immédiatement crié à la trahison, et le Premier Ministre a dû démentir et répéter sa foi dans le Brexit. Pour simplifier la situation, l’Administration Biden accentue sa pression qu’un accord soit trouvé avec l’UE à propos des dispositions commerciales post-Brexit en Irlande du Nord. A cet effet, un descendant de la dynastie Kennedy a été nommé comme émissaire spécial pour l’Irlande du Nord. Washington aimerait qu’un accord sur le « protocole nord-irlandais » intervienne avant le printemps et le 25e anniversaire de l’accord du Vendredi saint, qui, en 1998, a mis fin à trois décennies de conflit.

Nos voisins grands bretons devront bien s’y résoudre : il faudra bien qu’ils trouvent le moyen de rétablir des relations assouplies avec l’Union. C’est une question de bon sens. On ne tourne pas le dos impunément à un marché de 400 millions de consommateurs situé, qui plus est, à quelques encablures de ses côtes. A  moins qu’ils préfèrent continuer à végéter… Finalement être dans l’Union n’est pas si inconfortable que ça et offre bien des avantages !

 

 


LE POISON DU BREXIT

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Depuis le  Brexit, rien ne va plus pour le Royaume-Uni.

La  Grande Bretagne s’enfonce  dans la récession et la pauvreté à  l’ombre « glorieuse » de son drapeau. Depuis le Brexit, rien ne va  plus. Les rivalités internes des Conservateurs ont d’abord sapé la tâche de Theresa May jusqu’à la faire démissionner pour laisser la place à Boris Johnson afin de négocier fermement avec l’Union européenne le  Brexit. Il ne savait pas qu’il quitterait le  10 Downing Street piteusement, remplacé par une Lizz Truss plus éphémère que jamais  et finalement mettre en place Rishi Sunak pour sauver ce qui pouvait l’être. De quoi donner le tournis. Sans pour autant que le Royaume-Uni soit sorti d’affaire. En cause, la crise sanitaire et la  conjoncture internationale que tous les pays ont dû ou doivent affronter, et en plus le Brexit dont la classe dirigeante au pouvoir ne veut toujours pas admettre les effets venimeux.

Tout ce qu’il ne faut pas faire.

Et, en la matière, nos voisins d’outre Manche sont devenus un laboratoire expérimental de tout ce qu’il ne faut pas faire. Leur principale qualité étant le pragmatisme, ils reculent avec méthode, en se vantant d’avancer. La  recette est  simple :  un discours interne complètement décalé  digne de  la méthode Coué,  affirmant que le Royaume n’aurait plus jamais à accepter une relation avec l’Europe et des paiements inutiles à lui faire au profit des avantages que procurent les accords commerciaux dans le monde entier… Un pays financiarisé dont l’économie a  été dépouillée consciencieusement de son appareil productif sur lequel on applique une politique sociale d’un système très libéral. De quoi provoquer un sourd  mécontentement dont Lizz Truss fera d’ailleurs les frais avec sa provocante baisse des impôts. Bref, tout va aller mieux : il suffit de plaquer sur ce  paysage un discours populiste : « si des pauvres gens atteints de cancers  devaient attendre six mois pour avoir un rendez-vous, c’était à cause de l’Europe qui pompait terriblement la pauvre Albion au point qu’elle  n’avait plus les moyens de se payer des hôpitaux. » 

Une autre histoire que celle des  Brexiters.

Les  milieux d’affaires, eux, sont  plus que dubitatifs, s’appuyant sur la réalité des chiffres qui racontent  une autre histoire. D’abord l’investissement des entreprises qui a incontestablement encaissé le choc de la sortie de l’Union européenne, à 9,2% en dessous de ce qu’il était fin 2019.  Une faiblesse  attribuable au Brexit. A cet égard, la courbe de l’investissement des dix dernières années est éloquente : elle grimpe jusqu’au referendum de juin 2016, stagne sur plusieurs années avant de connaître un trou d’air avant la pandémie, avec un manque à gagner de 58 milliards de livres. L’accord commercial signé fin décembre avec l’UE aurait dû clarifier l’horizon  pour les industriels mais la crise du Covid,  particulièrement mal gérée par Bojo, est venu s’ajouter aux difficultés. Les perturbations logistiques liées à la fois au Brexit et au Covid ont conduit nombre d’entreprises à reporter  leurs investissements, malgré l’amortissement exceptionnel sur deux ans mis en place  par le gouvernement.

Les dégâts du populisme.

Le  décor était planté pour la montée en première ligne d’un populiste. Le  cas  Johnson est exemplaire ! Malgré son bagou et ses coups d’éclat, l’interminable litanie des scandales et des  mensonges qui lui sont propres, la  cause profonde de son échec tient dans le fait qu’il laisse son pays durablement affaibli et divisé. Et s’il a été l’homme du Brexit, il est aussi celui qui n’a jamais cessé de chercher à en occulter les conséquences désastreuses. Avec une gestion à son image : erratique et imprévisible, alternant lourdes erreurs et improvisations brillantes, prisant les coups médiatiques sans souci de cohérence ou de responsabilité. Michel Barnier avait parlé de méthodes de « flibustier ». Le même militant sans complexe pour l’adhésion rapide  de l’Ukraine à l’Union européenne alors qu’il n’a eu de cesse de voir le Royaume-Uni la quitter.  Loin des mirages du projet Global Britain qui devait concurrencer victorieusement l’Union, Johnson laisse en héritage une économie dans la tourmente. Et le comble : la place financière de Paris arrive désormais devant celle de Londres !

Une récession de  deux  ans menace le Royaume-Uni. 

La montée des risques qui pèsent sur les britanniques est indissociable de son incapacité à surmonter  le choc du Brexit. Faute de volonté et de préparation, ils  ne tiennent aucun de leurs engagements vis-à-vis de l’Union, ce qui empoissonne les relations avec son  premier partenaire. Les contentieux se multiplient sans fin, des vaccins au statut douanier de l’Irlande du Nord, les  droits de pêches, les flux de migrants, la régulation financière avec à la clé le risque d’une guerre commerciale destructrice. L’augmentation des prix et la spirale inflationniste des salaires ont débuté avec la chute des importations et la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de la santé et des services, résultat du départ de plus d’un million de travailleurs européens. Donc, il ne faut pas  s’étonner  si le  royaume est entré en récession et n’en sortira pas avant la mi-2024, ce qui pourrait amputer le  PIB de près de 3%  selon la Banque d’Angleterre. Avec  un inflation à 10% et un moindre soutien du pouvoir d’achat que ses voisins, le  Royaume-Uni se trouve dans une situation économique difficile, et doit faire face à des taux d’intérêts qui grimpent, augmentant les craintes de récession. D’ailleurs la  Cour des comptes a  estimé que la  dette publique britannique suivait « une trajectoire  insoutenable ». Qu’il s’agisse de la hausse des prix et de la pénurie  de main d’œuvre, nombre d’économistes conviennent désormais que le Brexit est en cause.

Le déni n’arrange rien.

Si Rishi Sunak reste dans le déni en affirmant : « le Brexit peut apporter et apporte déjà d’importants bénéfices et opportunités  pour le pays »,  l’organisme officiel  des prévisions économiques (OBR)  a estimé que « le Brexit  a eu un impact négatif important » sur les échanges commerciaux du pays.  L’OCDE a enfoncé le clou, avançant que l’économie britannique devrait être la moins performante des pays du G20  au cours des deux  prochaines années, estimant que l’ajustement économique en cours (le Brexit) avait aggravé les  problèmes vus ailleurs en Europe., et les  préoccupations de longue date concernant la faible croissance de la productivité du pays. D’ailleurs  dans les sphères politiques et économiques, on ne masque plus le désappointement et l’inquiétude. Selon un sondage Yougov 56% des britanniques estiment maintenant que le Brexit était une erreur contre 32% pensant que c’était le  bon choix. Pas étonnant alors que le ministre des Finances, Jeremy Hunt présente un budget avec un tour de vis de 54 milliards de Livres, dont 24 milliards de hausses d’impôts, un coup de massue justifié par la dégradation des perspectives budgétaires.

La situation n’est donc pas près de s’arranger dans une Grande-Bretagne qui  pourrait devenir petite en perdant à terme l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, sans pouvoir se raccrocher à un  Commonwealth de moins en moins « Common » et de moins en moins « wealth » ! Et on ne nous fera pas croire qu'il est facile de prospérer en tournant le dos à un marché de 400 millions d'individus, qui plus est, situé à sa porte   !

Global but "Small" Britain !

En corollaire, doit-on s’attendre à une vague migratoire d’Anglais encore un  peu fortunés vers les campagnes françaises qui restent toujours deux fois moins chères que la Cornouaille… C’est aussi une sacrée leçon pour nos populistes locaux. Il va falloir qu’ils remisent au placard leurs vieux thèmes antieuropéens. A moins qu’ils ne fassent comme Méloni, qu’ils oublient leur programme une fois élus  …

 


GOOD LUCK ! LIZ TRUSS

Liz truss

 

Demain le Royaume-Uni enterre sa reine.

Depuis dix jours, il vit l’événement avec une grande émotion et nous assistons à un faste que certains jugeraient suranné, mais étonnant de beauté, de précision rituelle et de majesté. Décidément nos voisins rands bretons sont toujours aussi spécifiques.

Pourtant, derrière le  faste, se cache la  réalité d’un pays en crise profonde qui n'a pas eu le temps de se remettre du Brexit avant de subir de plein fouet la guerre en Ukraine. On attendait le chaos après le referendum sur le Brexit, et comme il n'arrivait pas, certains se sont découragés et en ont conclu, un peu hâtivement, qu’il n'aurait pas de conséquences.

En fait, tout va mal.

La Grande-Bretagne cumule les difficultés. La plus spectaculaire est l'inflation qui est au-dessus de 10%, et Goldman Sachs a annoncé qu'elle pourrait dépasser les... 20% l'année prochaine. Si bien que les fonds spéculatifs ont décidé de s'attaquer au marché de la dette britannique en anticipant un dérapage non contrôlé des taux d'intérêt et ceux-ci progressent : 3% sur les taux d'emprunt d'État à 2 ans. C’est un taux élevé puisqu'on n'avait pas atteint un tel niveau depuis 2014 mais qui reste ridiculement bas par rapport à l'explosion de l'inflation déjà à un niveau record depuis 40 ans.

L’inflation et la récession en cocktail de bienvenue.

C’est  en effet le cocktail de bienvenue que  trouve Liz Truss en arrivant au 10 Downing Street. La Banque d'Angleterre a réagi tard face à l'inflation, comme toutes les banques centrales, mais elle s'est enfin décidée à réagir. Ses taux ont été relevés à plusieurs reprises mais ils restent à des niveaux étonnamment bas, 1,75%. Les marchés anticipent des taux à 4,2% à la fin du premier semestre 2023. C’est que la Banque a publié ses prévisions qui sont loin d’être joyeuses : 13% d'inflation à la fin de l'année, et une récession qui durera au moins 15 mois.

Les ménages sont en colère.

Voilà une situation qui crée du mécontentement. Contrairement à la France qui veut, quoi qu'il en coûte, absorber autant que possible le coût de la hausse de l'énergie pour les ménages, le gouvernement britannique a réagi à l'anglaise en laissant les hausses de l'énergie frapper de plein fouet les ménages tout en tentant de limiter la casse pour les ménages les plus défavorisés. En Grande-Bretagne, pas de bouclier magique ! Et donc c’est un cataclysme à court terme pour les Britanniques, avec une hausse de 54% depuis avril des prix de l'énergie et une hausse à venir de 80% en octobre...  C’est une gestion brutale mais plus réaliste que la gestion par le déni. 9 millions de ménages pourraient basculer dans la pauvreté énergétique comme le souligne Le Figaro, il s'agit des ménages qui doivent consacrer plus de 10% de leurs revenus pour se chauffer.

Avec l’inflation, la récession inévitable, l’agitation sociale et les grèves massives, le déficit public, l’endettement et les effets du Brexit qui n'ont toujours pas été absorbés, il faut du courage à la nouvelle Première Ministre. Pour couronner le tout, en une seule semaine, le dollar a progressé de 4,5% contre la livre sterling, du jamais-vu depuis le referendum pour le Brexit.

Pourtant, ça n'est pas tout à fait le désastre annoncé.

La croissance pour 2022 sera d'environ 3,6%  selon The Economist, ce n’est pas tout à fait une récession...A comparer à nos 2,4% attendus en France. L’année 2023 devrait être mauvaise.
Mais là encore, Goldman Sachs attend une croissance nulle mais pas une récession du fait du package d'aide massif aux ménages proposé par le gouvernement de Liz Truss, dès son arrivée. De fait, la crise la plus profonde, qui n'a pas fini de secouer la  Grande Bretagne, ce n'est ni le Covid, ni l'Ukraine, mais le Brexit. Tant que le Royaume-Uni n'aura pas choisi son « business model » post-Brexit, il risque de tanguer fortement. C’est  « Singapore on Thames » ou « en dehors de l'Union Européenne mais tout de même en Europe... », pas les  deux en même temps. Tant que  le cas ne sera pas tranché franchement, les investissements, nationaux et internationaux, continueront à marquer le pas... Donc,  ça va mal, mais l'Angleterre ne sombre pas.

Alors  « good luck », Madame Truss, la tâche va être very, very, very difficile !

 


PAS DE PANIQUE !

Fin du monde tintin

 

Le portefeuille des ménages reste durement frappé par la hausse massive des prix : les prix ont augmenté de 6,1% sur un an. Et celle-ci n'est pas terminée. L'inflation tricolore reste bien moins élevée que chez nos voisins : en juin, selon Eurostat, celle-ci atteignait ainsi 10,5% sur un an en Belgique, 8,2% en Allemagne, 10% en Espagne et 8,5% en Italie, ou encore 8,7% en Autriche. Le remède ? La  hausse des taux qui débouchera sur un ralentissement de la croissance, voire une récession. Quoi qu’en disent les experts ou qu’annonce le gouvernement. La croissance française continue de faire illusion avec la prolongation du "quoi qu'il en coûte" qui fait que la menace de la dette s'ajoute à celle de l'inflation.

Un ralentissement salutaire.

L'économie mondiale a besoin de passer par la case « récession » pour retrouver son fonctionnement normal. La récession arrive et ce n'est pas une mauvaise nouvelle.

Le FMI a publié ses nouvelles prévisions de croissance, nettement en baisse. Et nous risquons de connaître un ralentissement massif. C’est tout simplement le signe que l'économie retrouve son fonctionnement normal, sans l'intervention des banques centrales (enfin presque) qui en jouant aux apprentis sorciers ont fait sauter la banque. Nous observons une inflation massive, donc une baisse de la consommation des ménages et un ralentissement des investissements des entreprises, donc aussi un ralentissement de la croissance qui annonce une récession : un cycle économique classique !

Dans ce contexte, il est important  que l’Europe reste synchronisée avec les Etats-Unis. Comme l’euro a décroché par rapport au dollar, la Banque centrale européenne a été obligée de réagir en relevant ses taux d'intérêt plus vite que prévu. Elle les a relevés de 0,5% alors qu'elle n'envisageait de les relever que de 0,25% il y a encore quelques mois. C'est un changement après des années de laxisme et de taux d'intérêt négatifs, mais on ne doit pas s'arrêter à ça. La BCE réagit avec du retard, trop de retard. Toutes les autres principales banques centrales ont déjà remonté leurs taux et dans le cas des États-Unis et de la Grande-Bretagne de façon beaucoup plus marquée. La BCE a maintenu des taux d'intérêt négatifs alors que la situation économique de la zone euro ne le justifiait plus. Avec la forte croissance de sortie du Covid et le dérapage de l'inflation qui avait démarré bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, plus rien ne justifiait cette aberration. La hausse de la BCE n'est que de 0,5% alors que le taux d'inflation est supérieur à 8 ou 9%. Ce que les analystes de pacotille ont jugé spectaculaire a  engendré, en Europe des taux d’intérêt qui restent à …  0% ce qui, avec l’inflation actuelle reste une aberration. D’ailleurs, les  commentateurs, comme d’habitude  n’ont pas vu le plus important : la BCE s'est dotée des moyens d'intervenir sans limite sur les emprunts d'un pays si la situation le justifie.... En cas de dérapage des taux italiens, par exemple, elle pourra donc acheter, sans limite aucune, la dette italienne pour éviter la « fragmentation de la zone euro ».

Christine Lagarde a donc fait le service minimum. Elle a fait semblant de monter les taux d'un côté pour montrer que la BCE agissait contre l'inflation mais cette hausse de taux est tellement limitée et le niveau des taux reste tellement bas que cette hausse n'en est pas une. Surtout qu'elle s'accompagne d'un programme massif d'injections potentielles de liquidités en cas de danger sur la dette d'un pays. De nouvelles hausses des taux sont inéluctables, même si l’Union européenne, par sa diversité, est infiniment plus compliquée à piloter  que les  Etats-Unis.

Selon le  FMI la croissance mondiale sera de 3,2% en 2022, et de 2,9% en 2023, 0,7% de moins que les prévisions faites il y a trois mois seulement. En même temps, le  même FMI relève ses prévisions d'inflation à 8,3% pour 2022 et à 5,7% en 2023. Toutefois on peut envisager une inflation plus faible que 5,7% en 2023 car elle va ralentir. Elle va ralentir « grâce » au ralentissement de la croissance et à la récession qui va toucher certains pays.

Les Etats-Unis donnent le cap, comme toujours.

Comme il fallait s’y attendre, la Banque centrale américaine a relevé ses taux d'intérêt de 0,75%. C'est la quatrième hausse de taux consécutive. Et la deuxième hausse de taux consécutive de 0,75%.  Et ce n'est pas terminé. 2,25/2,50 %, c'est donc la nouvelle fourchette du taux directeur de la FED. On était à zéro avant la première hausse de taux en mars. Mais pour le patron de la FED, la situation est claire : « L'inflation est beaucoup trop haute, et le marché du travail reste encore trop tendu. » Il y aura d'autres hausses de taux, en fonction de l'évolution de l'inflation et de la croissance. Il ne donne pas d'objectifs chiffrés mais on peut imaginer qu'il ne marquera pas de pause avant que le taux directeur soit à 3,50%. Rappelons que l'inflation, aux Etats-Unis est au-dessus de 9%, son plus haut niveau depuis 40 ans. Car Jay Powell n'a pas peur de la récession, il croit même que les États-Unis parviendront à l'éviter. Mais il a raison de considérer que le vrai problème est l'inflation. D’ailleurs, les indices boursiers ont salué la hausse et les hausses à venir par une progression forte : 2,62% pour le S&P 500, 4,06% pour le Nasdaq, et vous remarquerez que le CAC40 reste  au-dessus des  6 000 pts.

Ce qui est important, ce sont les anticipations des investisseurs sur les taux. Ils anticipent bien une hausse des taux à court terme mais ils commencent déjà à se positionner sur l'étape d'après... et l'étape d'après c'est la baisse de l'inflation du fait du ralentissement de l'économie. Les marchés anticipent donc déjà une baisse des taux dans 12 à 18 mois, et même que la FED baissera ses taux d'intérêt dans 18 mois quand la menace de l'inflation aura disparu. Un scénario très plausible !

Pour  l’immédiat, il nous faut bien retenir que l'inflation et la hausse des taux par les banques centrales vont provoquer un ralentissement salutaire de l'économie des grandes puissances mondiales, que ce ralentissement va terrasser l'inflation et que c’est nécessaire car l’inflation est un danger beaucoup plus grand qu'une récession temporaire. Bien sûr, vous allez avoir droit à la panique sur les anticipations de récession, accompagnée de cris, de prévisions catastrophiques, bref, on va vous annoncer la fin du monde ! Mais rappelez-vous, quand ça arrivera, que ceux qui paniquent sont ceux qui n'ont pas vu l'inflation venir, qui ont affirmé ensuite haut et fort qu'elle était temporaire et qui ont oublié la relation entre inflation et consommation. Les mêmes aujourd'hui pensent aussi que la hausse du gaz sera permanente et non temporaire… On n’est pas obligé de tout croire !


TOUT VA MAL ! FINALEMENT, TANT MIEUX ! (Peut-être)

Economie  bourse

L'économie ralentit.

L’économie ralentit fortement en Europe. En Chine aussi, avec  le confinement  qui perdure. Mais le coup de frein est aussi significatif aux États-Unis, même si c’est dans une moindre mesure. On a cru qu'on pouvait prolonger les cycles de croissance à l'infini avec des plans financés par de l'argent magique, qu'on pouvait même empêcher la croissance de chuter. On l'a vu avec la crise des subprimes, puis la crise de l'euro, surtout avec la crise du Covid. Avec ce jeu malsain, les banques centrales et les États, avaient fini par oublier le jeu des cycles économiques. Mais voilà, on a atteint les limites du système comme l'a reconnu la semaine dernière la patronne du FMI. La mauvaise nouvelle  c'est que les banques centrales n'ont plus de marge de manoeuvre car elles ont fait exploser l'inflation avec leur torrent d'argent magique. La guerre en Ukraine et ses conséquences a amplifié le phénomène au mauvais moment. Pour un Etat surendetté comme la France, c’est une complication supplémentaire.

La situation actuelle s’explique facilement et était largement prévisible : l'explosion de l'inflation,  couplée aux conséquences du Covid avec ses pénuries et ses ruptures d'approvisionnement, avait  commencé à provoquer partout un ralentissement de la croissance, avec une amplitude variable selon les zones. En conséquence les banques centrales sont obligées de réagir en remontant les  taux d’intérêt. De ce fait, elles vont accentuer la décélération de l'économie, surtout aux États-Unis, en arrêtant de faire tourner la planche à billets. Pour l’instant la  BCE reste prudente mais elles sera obligée d’y venir, à moins de laisser  l’euro continuer de se déprécier  par rapport au dollar.

En fait c’est (peut-être) une bonne nouvelle !

Pour que l’économie retrouve une situation normale, avec des circuits qui soient rétablis et une inflation qui rechute, il faut absolument que l'économie ralentisse. C'est le seul moyen de réduire la pression qui crée des tensions et des fissures partout. Il va falloir réapprendre à laisser les cycles économiques reprendre leur cours normal. La baisse de l'inflation provoquée par la hausse des taux et la baisse du pouvoir d'achat va permettre, à terme, de redonner du pouvoir d'achat aux ménages et de revenir à des niveaux de croissance moins volatils et plus sains. L'économie ne peut pas fonctionner uniquement avec des substances artificielles et hallucinogènes. Il va donc y avoir une période de « transition »,  compliquée tant au plan de l'économie qu'au plan des marchés, mais c'est une étape nécessaire. D’ailleurs le grand nettoyage sur les marchés a largement commencé. La combinaison de l'inflation, de la hausse des taux d'intérêt, de la guerre en Ukraine et du confinement en Chine pèse sur les indices boursiers : les actifs les plus touchés sont ceux dont les valorisations étaient les plus aberrantes, mais l'onde de choc se propage au-delà.

Les taux d’intérêt s’envolent  et atteignent des niveaux qui sont encore loin de la normale, mais qui s'éloignent de l'anormal : finis les taux d'intérêt négatifs, finie la dette française financée à 0%. On assiste à une véritable tension sur les taux d'emprunt des États à 10 ans. Aux États-Unis, on est à 3,15%, et la hausse devrait continuer. Avec le plein-emploi affiché vendredi dernier et des taux d'inflation supérieurs à 8%, des taux autour de 3% restent encore étonnamment faibles. L’Europe aussi connait des tensions. La France emprunte à 1,65%. On était à -0,17% il y a moins de 9 mois. Les « spread », c'est-à-dire la différence de taux d'emprunt, entre l'Allemagne et les autres pays de la zone euro divergent. Alors que l'Allemagne emprunte à 10 ans à 1,15% (-0,52% il y a encore quelques mois), l'Italie emprunte déjà à 3,15%, un « spread » de 2% par rapport à l'Allemagne, l'Espagne à 2,25%. Là encore rien de plus normal, mais on n'était plus habitué à ce que les marchés réagissent normalement. Donc rien d’étonnant aux mouvements actuels sur les marchés. La hausse des indices boursiers a été alimentée par la baisse des taux d'intérêt et les injections (trop) massives de liquidités. La hausse des taux d'intérêt et l'arrêt des injections de liquidités alimentent la baisse des marchés. C'est aussi basique que cela constate Marc Fiorentino.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des rebonds puissants, sur d’éventuelles bonnes nouvelles…

Un retour à la normale qui complique le début du quinquennat.

En attendant, le deuxième mandat d’Emmanuel Macron démarre sous le signe d’un grand affaiblissement. Le déficit commercial de la France s’est creusé à 12,4 milliards d’euros en mars, pour atteindre, sur les douze derniers mois, 100 milliards d’euros, viennent d’annoncer les Douanes. Un double record, sur un mois et sur une année glissante. La moitié de la dégradation récente est due à la  facture énergétique : le prix des biens importés comme le pétrole, le gaz et l’électricité augmente de 19% sur trois mois. Il y a aussi des effets indirects : la France importe des biens qui se fabriquent avec beaucoup d’énergie, dans la chimie, la métallurgie, le bois et le papier… Les prix de ces importations augmentent davantage que celui de nos exportations.

Autre facteur conjoncturel aggravant : la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, monnaie dans laquelle se règle le pétrole. Le remède, ce serait la remontée des taux par la BCE, ce qui ne nous arrange pas non plus à cause de la dette. « Si le ralentissement de la croissance et le retour en boomerang de l'inflation dans la zone euro, en raison de la guerre en Ukraine, font redouter une stagnation de la croissance couplée à une forte inflation » constate Christine Lagarde, elle en profite pour rappeler «l'ordre des événements». « Il convient d'abord de mettre fin au programme de rachat de dettes qui devrait intervenir au début du troisième trimestre avant de procéder aux ajustements des taux directeurs quelque temps après et de façon graduelle. » Voilà qui donne un peu de visibilité, mais ne simplifie pas la tâche pour autant. Encore faut-il qu’aucun événement contrariant ne vienne perturber ce schéma.

 


BOJO SUR LA BRECHE

Bojo panade

 

L’avenir glorieux promis aux Britanniques se fait attendre et l’opposition au premier ministre gagne du terrain, y compris dans son propre parti. Le 31 décembre 2020, l’heure était à l’euphorie pour Boris Johnson. Le premier ministre vantait un «moment incroyable pour le pays». Douze mois plus tard, l’anniversaire est tristounet et Bojo est à la ramasse. Le ministre du Brexit, David Frost a démissionné et l’hôte de Downing Street se trouve pris dans des turbulences politiques sans précédent. Le retour de bâton s’est manifesté par une claque  électorale  dans une circonscription pourtant tenue par les Conservateurs depuis deux cents ans. Un an après, les premiers effets du Brexit se  font sentir et la gestion erratique de  la pandémie n’a rien arrangé. Le Royaume-Uni a largué les amarres, mais le navire tangue dangereusement. Les multiples difficultés auxquelles se heurtent les exportateurs britanniques pour vendre leurs produits hors de leurs frontières témoignent que loin de leur redonner leur liberté de manoeuvre, le Brexit leur impose de nouvelles contraintes. Et il en va de même pour l’approvisionnement de l’île.

Brexit is Brexit !

L’union européenne  a aussitôt appliqué le traité, ce qui n’est pas le cas du Royaume-Uni qui tarde à mettre en place ses propres barrières douanières, rien n’ayant été vraiment anticipé ni préparé. La liste des produits qui ne peuvent plus sortir du Royaume-Uni avec les voyageurs en raison des normes sanitaires est longue, et les exceptions sont soigneusement encadrées. Du coup les délais pour les exportations vers l’UE sont  très importants, en raison des nouvelles formalités administratives, ce qui désorganise la production. Et ce qui prenait trois heures prend désormais cinq jours. Les exportations écossaises de fruits de mer sont très pénalisées, ce qui agace d’autant plus qu’ici on était pour le maintien dans l’Union. Les consommateurs, eux constatent la pénurie de légumes et de fruits dans les supermarchés, particulièrement en Irlande du Nord, et les Britanniques enragent de voir l’Irlande s’en sortir mieux qu’eux. Ces problèmes émergent malgré une période de grâce qui s'applique jusqu'en avril, ce qui laisse augurer  un accroissement des difficultés quand le traité s’appliquera pleinement. Les rodomontades sur la pêche pour tenter de masquer ces effets désastreux auprès de l’opinion anglaise, traduisent l’incapacité du gouvernement à reprendre le contrôle, d’autant plus qu’il se heurte  à l’infinie patience des institutions européennes qui ne cèdent rien.

Perte de souveraineté.

«Nous avons notre liberté entre nos mains et il nous revient d’en tirer le meilleur parti», avait lancé alors Boris Johnson dans son message de Nouvel An. Un an après, les Anglais sont nombreux à déplorer la voie qu’a prise le Brexit. Surtout ceux qui se rappellent la campagne du Brexit, qui mettait constamment au pilori les bureaucrates de Bruxelles et les lourdeurs administratives de la Commission européenne. Or, voilà le Royaume-Uni dans l’obligation d’accroître le nombre de fonctionnaires (douaniers, régulateurs) pour faire face à la prolifération des formalités et des contrôles qui régulent désormais les échanges avec l'UE, ce qui oblige à envisager des hausses d’impôts. Mais l'ironie ne s'arrête pas là : le slogan célèbre du Brexit était « take back control », reprendre le contrôle. En d'autres termes, une sortie de l'UE était censée apporter aux Britanniques une plus grande maîtrise de leur destin, une plus grande souveraineté. C’est tout le contraire qui se passe. La véritable souveraineté ne réside pas dans le pouvoir de faire la loi selon une définition juridique, car dans un monde interconnecté, avec des grandes puissances comme les Etats-Unis et la Chine ou l'UE dans certains domaines, la capacité de prendre des décisions de façon indépendante n'assure pas la souveraineté, surtout pour un petit pays. Ainsi, la position géographique du Royaume-Uni est telle que ses relations internationales en termes de commerce de biens et de services seront toujours très étroitement dépendantes des normes et régulations en vigueur dans l'UE, qu’il le veuille ou non. En quittant l’Union, il a  perdu une grande  partie du contrôle des événements qui permet de répondre aux besoins fondamentaux des citoyens.

« Global Britain » ou « Little Britain » ?

Le  Brexit acté, la réalité prend forme lentement. Les ménages britanniques sont désormais inquiets pour leur pouvoir d’achat. Longtemps, la crise sanitaire a brouillé les cartes. Boris Johnson mettait toutes les turbulences sur le dos du Covid et de simples «problèmes d’ajustement» consécutifs à la sortie de l’Union européenne. Les  tensions sur la main d’œuvre et les difficultés commerciales sont désormais clairement identifiées. Pénuries d’essence, problèmes d’approvisionnement dans les supermarchés ou les usines, manque de main-d’œuvre… Les nuages se sont accumulés. Et le tableau de l’économie s’est assombri : croissance en berne, pénurie de biens qui fait souffrir les entreprises. La mise en place des contrôles douaniers sur les importations en provenance de l’UE, pour le moment reportée par Londres, risque d’avoir un impact supplémentaire sur les flux. Du temps de son appartenance à l’Union, l’influence du Royaume-Uni dépassait largement ses frontières physiques, or  il n'a plus voix au chapitre. Après le Brexit, Boris Johnson semblait parier sur une relation privilégiée avec Donald Trump pour affirmer un rôle important du Royaume-Uni dans le monde. Les négociations avec Biden n’avancent pas et on ne voit pas poindre l’aube de la conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis. Le traité avec l’Australie apparaît comme une rustine pour tenter de boucher les trous de la stratégie « global Britain » qui se dégonfle comme une baudruche. On ne tourne pas le dos impunément à un  marché de 400 millions de consommateurs à sa porte. Ce qui fait la force de l'UE face à la Chine et aux Etats-Unis, c'est la taille de son marché. C'est en conditionnant l'accès de son marché à certaines normes et valeurs que l'UE peut faire pression sur des pays tiers ou sur des entreprises multinationales. Les Anglais découvrent amèrement que la taille de leur marché limite le pouvoir de négociation de  leur gouvernement.

Jusqu'où ira la perte de souveraineté britannique, d’autant plus que la situation politique actuelle alimente dangereusement les feux de l’indépendantisme écossais ?

 


ECONOMIE : INFLATION, DETTE et Cie

économie plomberie

 

Comment va-t-on pouvoir concilier inflation et dette ? Un sujet qui revient à l’ordre du jour, d’autant plus que l’Allemagne revient dans le jeu avec un nouveau gouvernement et de nouvelles exigences.

Les effets de  la crise.

Vous vous rappelez, avant le Covid, les Etats de l’Union européenne étaient soumis au « pacte de stabilité », c’est-à-dire à la nécessité de respecter des normes budgétaires et à la contrainte de contenir l'endettement public. Il n’était pas simple d’économiser l’argent, surtout dans un pays comme la France, et encore moins simple de réaliser les réformes pour tenter de gagner quelques milliards ici et là. Il a suffi qu'un virus apparaisse en Chine et se propage dans le monde entier pour que tout change, et comme par magie, tout est devenu possible. Il fallait de l’argent : on en a fabriqué beaucoup et de plus en plus. Oubliées les réformes, les économies, les  contraintes. Pas de problème pour les déficits, la dette… On peut comprendre qu'il ait fallu intervenir par une décision politique, « quoi qu’il en coûte »,  qui visait à nous préserver pour tenter de compenser une décroissance subie. Mais pourquoi continuer aujourd'hui ? Pourquoi continuer à distribuer des dizaines de milliards d'euros ? C'est que maintenant qu'on a ouvert la boîte de Pandore, impossible de la refermer !  Surtout en France.

La question du retour à l’orthodoxie budgétaire.

Le  gouvernement français a profité du vide politique en Allemagne pour continuer, sous prétexte de crise sanitaire, même après le rebond de l'économie, à dépenser et dépenser encore. Les quelques mois de battement nécessaires à la formation d'un nouveau gouvernement en Allemagne ont été une aubaine. Avec les sociaux-démocrates, alliés en plus aux écologistes, on avait une chance de faire sauter définitivement les règles de Maastricht, d'oublier les contraintes de limite du déficit à 3% du PIB, et d'enterrer les limites d'endettement. Et la France se frottait déjà les mains. Mais La nouvelle coalition gouvernementale, appelée « feu tricolore », a un troisième allié : les Libéraux, et leur chef de file, Christian Lindner, est un faucon, gardien du temple de la rigueur ! Le problème pour la France c'est qu'il est devenu...ministre des Finances. Il a donné tout de suite le ton en expliquant qu'il fallait revenir en Europe à l'orthodoxie budgétaire et que l'Allemagne ne devait pas continuer à financer les dérives de certains pays de la zone euro... Dans le programme du gouvernement de la nouvelle coalition allemande, l'austérité est à nouveau gravée dans le marbre et le retour à l'équilibre budgétaire obligatoire. Comme les Sociaux-Démocrates et les Verts ont laissé les clés des finances allemandes et européennes à Lindner, il va avoir les mains libres. Comme qui dirait un caillou dans la chaussure du gars Macron.

La parade de la France.

Si vous vous demandiez pourquoi notre Président est allé à Rome et a signé avec Draghi un traité bilatéral de coopération, la réponse  est toute simple : il fallait trouver une parade au père fouettard allemand. La parade, c'est Mario Draghi. Il s’agit d’utiliser le leader italien pour calmer les ardeurs de Lindner, et gagner du temps. Un axe Paris-Rome avec le banquier central qui a sauvé l'euro et qui fait figure de référence en Europe et de sauveur en Italie peut changer la donne. Plutôt que chercher à assainir nos finances, on continue à chercher des prétextes ou des alliés pour dépenser sans compter. Il n'y a qu'en France qu'on pense que « c'est gratuit puisque c'est l’État qui paie. » En ce sens, Macron est un continuateur discipliné et zélé de Hollande. Car nous n’étions pas dans les clous de Maastricht avant la crise sanitaire, et nous le sommes encore moins après.

Sortie de crise et marché des changes.

Une des spécificités de cette crise est que nous l'avons tous subie de façon assez similaire, avec des intensités et un timing différent, mais tous les pays ont été touchés par la crise sanitaire. C'est ce qui a permis aux principales puissances économiques de mener des politiques extrêmement agressives d'injection de liquidités, de baisse des taux et d'aides gouvernementales massives. Pendant cette période de crise où les marchés ont été extrêmement volatils, les cours de change eux ont très peu fluctué. C’est d’ailleurs une première pour une crise économique de cette importance. Aucune zone n'a été particulièrement sanctionnée par rapport à une autre. Par contre, en sortie de crise, nous sommes confrontés à des situations extrêmement différentes. Et nos banques centrales et gouvernements ont adopté des politiques qui sont très sensiblement différentes, ce qui explique la volatilité des dernières semaines sur le marché des changes, dont l'illustration la plus frappante est la chute de l'euro et la hausse du dollar.

Le rôle déterminant de l’inflation.

L’inflation devrait déterminer le comportement des  banques centrales. Car l’inflation a réapparu. La hausse des prix et le dérapage de l'inflation sont dus à des facteurs exceptionnels : la hausse des matières premières et la hausse des prix alimentaires sont liées à des goulets d'étranglement et à un déséquilibre massif de l'offre et de la demande, conséquence de l'effet rattrapage post crise sanitaire. Mais au-delà des hausses, probablement temporaires, des matières premières, il y a des hausses qui ne disparaîtront pas une fois les goulets d'étranglement résorbés. L'élément majeur du passage d'une inflation « temporaire » à une inflation « durable », c'est, entre autre, la hausse des salaires. Face à la hausse des prix des matières premières et des prix alimentaires et face à la pénurie de main d'oeuvre, les salariés réclament et obtiennent de plus en plus des hausses de salaires. Et si la hausse des matières premières peut disparaître, la hausse des salaires, elle, est permanente. Par ailleurs, l'explosion des prix de l'immobilier partout dans le monde avec des taux de progression spectaculaires nous alerte aussi sur l'inflation des actifs.

Divergence entre Etats-Unis et Europe.

Les Etats-Unis sont eux confrontés à une forte inflation. Celle-ci commence à entamer la confiance des ménages et donc la consommation et devient une préoccupation pour la croissance. Du coup, le sujet est devenu politique et Biden doit combattre l'inflation. En conséquence, la Banque centrale américaine a d'ores et déjà annoncé qu'elle réduira drastiquement ses injections de liquidités pour endiguer l'inflation et qu'elle remontera probablement ses taux. D'où la forte hausse du dollar depuis quelques semaines.

A l’inverse, La zone euro, malgré un fort rebond de l'économie, une baisse du chômage, et malgré la hausse des prix, voit la Banque centrale européenne s'accrocher à l'idée que l'inflation est temporaire. Elle affirme par la voix de Christine Lagarde qu'il n'y aura pas de hausse de taux avant longtemps et que la BCE continuera à injecter massivement des liquidités, au grand dam de la Bundesbank qui ne comprend pas pourquoi on continue à distribuer gratuitement de l'argent alors que l'argent coule déjà à flots et provoque des goulets d'étranglement partout. La conséquence de ce laxisme européen se traduit par la chute de l'euro. Il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours indexés sur l'économie américaine. La baisse de l'euro, limitée pour l'instant, n'est pas un sujet d'inquiétude tant qu'elle est maîtrisée. Mais si elle s'accélère, elle pourrait devenir un problème. Car le frein à la chute, c’est l’augmentation des taux.

La baisse d'une monnaie provoque aussi une hausse des prix des produits importés et donc alimente l'inflation. Or on sait  que mécaniquement, la remontée des taux augmentera les intérêts de la dette. Un cercle imparable.


BORIS SANS FOI, NI LOI !

Brexitaccordcommercial

 

Celui qui parle le mieux du Brexit, c’est Julian Barnes, l’écrivain anglais.

Dans une interview au Figaro Littéraire, il livre son point de vue et il n’est pas tendre avec le gouvernement conservateur. Déjà en janvier 2020, il avait  exprimé sa colère et confié au Figaro : « Amis européens, nous reviendrons un jour, si vous voulez bien encore de nous ! » Depuis, sa colère a empiré : « Je suis furieux du mélange d’arrogance et d’ignorance affiché par l’establishment conservateur britannique envers l’Europe. Je me souviens qu’au début du processus du Brexit, notre gouvernement a envoyé des émissaires dans plusieurs pays européens supposés favorables à la Grande-Bretagne, dans l’espoir qu’ils puissent soutenir notre cause et avoir une influence sur les négociations. Ils sont repartis les mains vides. Et puis, vers la fin des négociations, nous apprenons dans le journal de Michel Barnier que l’équipe britannique lui a semblé faire semblant de négocier parce qu’elle croyait qu’à la dernière minute Boris Johnson appellerait Angela Merkel et que tous deux allaient tout régler. Mais ils ont totalement sous-estimé la solidarité européenne et la confiance accordée à M. Barnier et à son équipe. La Grande-Bretagne a donc été totalement dépassée et s’est retrouvée avec un terrible gâchis sur les bras avec la question irlandaise. Et maintenant, elle essaie de se soustraire à ce qu’elle a solennellement signé, ce qui porte un coup terrible à notre réputation internationale (qui signerait un traité avec nous maintenant et s’attendrait à ce qu’il soit respecté?) Je dois dire que j’ai une grande admiration pour Michel Barnier…. ». On ne peut pas faire constat plus cinglant de la mauvaise foi de Boris Johnson et de ses acolytes, et on notera au passage le  bel hommage à Michel Barnier qui prend toute sa valeur dans le contexte actuel.

Le non respect du traité.

Le Royaume-Uni n’en finit pas  de traîner les pieds pour appliquer ce que Boris Johnson et  ses ministres ont eux-mêmes  rédigé et signé à savoir l’accord sur la pêche et sur  l’Irlande  du Nord. L’Union européenne a fait preuve de  beaucoup de patience jusqu’à maintenant, mais le refus d’accorder leur licence de pêche à 150 bateaux français a déclenché les hostilités. Si la situation n’évolue pas, dès le 2 novembre, la  France  prendra des mesures de rétorsion :   six ports fermés aux bateaux anglais , durcissement des contrôles sanitaires, douaniers et de sécurité  des  navires britanniques, contrôle plus  serré des camions entrant et sortant notamment à Calais… Une deuxième salve pourrait suivre avec  une hausse des tarifs de fourniture d’électricité aux îles anglo normandes… C’est que le Royaume-Uni  est très dépendant de l’Europe, quoi qu’il en dise. Bien entendu, ces mesures sont jugées « disproportionnées », ben voyons !  Il est pourtant bien normal que la France défende ses  pêcheurs et  que les  Anglais commencent par appliquer le traité qu’ils ont signé. Bojo n’a pas envie de perdre la face mais sa marge de manoeuvre est mince face à la colère des pêcheurs anglais qui se sont sentis trahis par l’accord signé et qui doivent faire face maintenant à l’impossibilité d’écouler le produit de leur travail sur le continent.  Ce bras de fer intervient alors que se poursuivent à Londres  des discussions tendues sur le protocole nord-irlandais.

Le mensonge permanent.

Le Covid a  le dos  large.  Les  turbulences que traverse le royaume seraient dues à la pandémie. Un gros mensonge de plus de Boris.  Pendant toutes les négociations il n’a cessé de  mentir aux Anglais et maintenant il est obligé de continuer  pour  minimiser les dégâts. Les  sujets de sa « gracieuse majesté » découvrent aujourd’hui les conséquences d’avoir quitté  le  marché unique. Le pays subit pénuries d’essence, problèmes d’approvisionnement dans les  supermarchés et manque de main d’œuvre, dont la principale cause  est l’impréparation et l’improvisation permanente du gouvernement Johnson. La pénurie d’essence a été déclenchée par un gros déficit en chauffeurs routier pour acheminer le carburant, ce  qui augmente les perturbations des chaines logistiques, elles-mêmes  en pénurie de  main d’œuvre causée par les nouvelles lois sur l’immigration : déficit de 100 000  chauffeurs, obligeant le gouvernement à ouvrir les vannes des visas de travail. Selon une étude, plus de 200 000 salariés  originaires de l’UE seraient partis.  Mêmes ceux qui ont le  statut de résidents hésitent à revenir. Les secteurs les plus touchés sont le bâtiment, l’industrie, la logistique, l’hôtellerie et la restauration, l’agroalimentaire…  Les abattoirs  et les  boucheries sont frappés par un manque crucial de main d’œuvre. Les tensions sont visibles sur les biens alimentaires avec des pénuries sur certains produits et des hausses de prix liées au renchérissement des matières premières et des coûts de fret. Les  exportations  britanniques vers l’UE ont chuté de près de 20% sur  les six premiers  mois de l’année et 1,1 million d’emplois restent vacants. On nous vantait une économie qui tournait à  plein régime avec un marché du travail en quasi plein emploi.

En reprenant le contrôle des frontières,  le  gars  Boris promettait le meilleur pour le royaume : il attirerait les meilleurs et les plus brillants chercheurs, ingénieurs, traders. Las, il manque de chauffeurs, d’agriculteurs, de vendeurs,  de serveurs et d’aides-soignants  que les conditions offertes n’attirent pas. La vérité qu’il ne veut pas voir c’est que  la Grande-Bretagne ne peut, seule, isolée, mener une politique économique autarcique face aux réalités d’une économie mondialisée avec ses tensions conjoncturelles sur lesquelles il ne peut rien. Il en est donc réduit à continuer de mentir  en promettant monts et  merveilles aux anglais, et à tenter d’exister en s’associant à tous les coups tordus comme dans l’affaire des sous-marins australiens. Comme le  dit  si diplomatiquement Michel Barnier qui a eu affaire avec cet individu : «  il se comporte en flibustier ! ».  Le dividende du Brexit se présente de plus en plus comme un mirage. Le « Global Britain » reste un slogan creux pour  populiste gogo. 

On ne tourne pas impunément le dos à un marché de 350 millions de consommateurs,  qui plus est à sa  porte.

 


QUAND « SUPER BARNIER » EST AUX MANETTES !

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Le « Journal secret du Brexit »  que Michel Barnier a livré sous le titre « La grande illusion » se  lit comme une aventure passionnante vécue au jour le jour. Ce pavé de 500 pages, véritable chronique de négociations improbables avec des Anglais retords à souhait, est une expérience unique de quatre ans et demi, dans le décor des capitales européennes, avec comme acteurs tous les puissants de notre continent, et ses épisodes de noblesse mais aussi de petitesses et de fourberies, ses rebondissements et ses coups de bluff, sans oublier quelques moments intimes et réflexions personnelles qui en donnent toute la dimension humaine.

Michel Barnier s’y révèle comme un "grand monsieur".

Pour parvenir à éviter un « no deal » catastrophique, Celui que l’Union européenne a choisi pour mener la négociation,  a fait preuve d’une endurance  sans pareille. Il y est parvenu en réussissant d’abord à unir l’ensemble des Etats membres jusqu’au bout de l’ultime nuit, ce qui n’est pas un mince exploit, et à parer tous les coups tordus, les  postures, les exigences, les tactiques parfois redoutables de nos « amis » britanniques, ce qui constitue en soi une véritable gageure. S’il l’a fait, c’est en tenant en permanence la règle de l’unanimité, véritable force sur laquelle la perfide Albion a buté à chaque instant, en respectant ses  mandants, les peuples de  l’Union et sans jamais confondre  « le  sentiment populaire et le  populisme ». Ainsi, le respect de la parole de  chacun et de  la parole donnée sont  au coeur de ce « roman » du Brexit où, de Gibraltar à la pêche, en passant par la  « problématique » irlandaise, tant d’événements, de rencontres, d’échanges, que l’auteur nous fait vivre de l’intérieur. On n’en perd  pas une miette. Michel Barnier traverse ces quatre années et demi  comme un menhir, bénéficiant de  la confiance  des instances européennes, quels qu’en soient les responsables, de Juncker à Van des Leyen, en passant par  Macron, Michel, Merkel, Tusk, Sassoli et côté anglais  May, Johnson, Davis, Raab, Barclay, Gove  … Il  joue dans la cour des grands avec brio en sachant s’entourer de collaborateurs remarquables  constituant une « task force » incontournable. Confiance est le  maitre mot de la négociation, à tous les niveaux. Et le mérite d’avoir su la créer lui en revient !

Préserver  l’Union européenne du Brexit.

Michel Barnier a mené ces négociations en connaissant parfaitement les tentations de peuples  européens pour les quels le  Brexit pouvait être un modèle  ou un exemple. Quand le verdict tombe le 23 juin 2016  de l’autre côté de la Manche, nous savons, avec lui, qu’un tel vote reste possible  dans d’autres pays de  l’Union, dont le nôtre. Il a dû regarder en face nos  colères  et le  fantasme de l’indépendance. S’il avait en tête  de faire en sorte que l’Union et tout ce qu’elle implique d’avantages soit préservée, il  s’était aussi donné comme objectif de parvenir à un accord avec  le Royaume-Uni  qui soit aussi fécond que possible dans un respect  mutuel. Son credo est clair : « la  grande illusion est de croire à la promesse d’une identité et d’une souveraineté solitaires plutôt que solidaires ». Il lui a fallu des nerfs d’acier et imposer un calme  à toute épreuve,  puisé dans l’unanimité des 27 pour affronter le royaume des « tabloïds » soutenant agressivement le « Leave », les mensonges de Nigel Farage qui ne donnait pas cher de l’Europe sans l’Angleterre, les fractures de la majorité d’un parti conservateur changeant de Premier  ministre au milieu des négociations, passant de la ténacité de Theresa May aux foucades imprévisibles de  Bojo. Sang froid et méthode ont fini par triompher. Il faut absolument lire ce livre  pour comprendre dans le détail et en creux tout ce que l’Europe fait  pour nous, pour nous protéger et comme  marché unique, ce que les  commentateurs de nos médias et nos politiques prompts à mettre sur le dos de l’Europe leurs propres insuffisances ignorent.

L’Histoire retiendra son rôle.

Le traité auquel les négociations ont abouti  pourrait s’appeler « traité  Barnier ».  Il a joué un rôle majeur. On se demande qui a sa  place aurait pu réussir. Elu local de Savoie, ministre de  l’environnement, des  affaires européennes, des affaires étrangères, de l’agriculture, commissaire européen, cette négociation fait de lui l’un des  politiques français les plus capés, les  plus gradés, en un  mot les  plus robustes. Il a un entregent considérable en Europe et dans le  Monde et s’est trouvé l’égal des chefs d’Etat. « Patriote et européen » comme il aime se décrire, il a  déclaré vouloir désormais œuvrer pour l’avenir de son pays. On le sait engagé pour sa terre, pour notre langue,  pour les territoires et  leurs particularismes, il souhaite voir notre immigration suspendue pendant cinq ans, il parie sur le courage du collectif pour relever les défis du relèvement de la France et se réinventer. « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » aime-t-il affirmer. Et récemment, il a déclaré qu’il « serait au rendez-vous ».

On aurait bien tort de se priver d’un tel homme aussi talentueux.

La grande illusion, journal secret du Brexit, de Michel Barnier, Gallimard.

 


« GOUJATERIE A ANKARA »

Erdogan Van Der Leyen

 

C’est le dernier film sorti en Turquie, avec à la mise en scène et comme principal Acteur Recep Tayyip Erdogan, avec la participation exceptionnelle de Charles Michel, président du Conseil européen et Ursula Van Der Leyen,  présidente de la Commission européenne. 

La « Sublime Porte » est devenue aujourd’hui, avec le pseudo descendant du « califat » en la personne de Erdogan, le modèle de ce qui se fait de pire en matière d’indignité. Recevant le président du Conseil européen, Charles Michel et la présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula Van der Leyen, le président turc a placé Mme Van der Leyen sur un siège disposé à l’écart, ce qui a provoqué un tollé justifié dans les instances européennes de Bruxelles. Les deux hauts représentants de l’Europe s’étaient rendus à Ankara pour demander à Erdogan des explications sur le retrait de la Turquie de la « Convention internationale d’Istanbul » consacrée au droit international des femmes. On peut se demander si le piège ainsi tendu à Ursula Van der Leyen n’a pas été conçu par la diplomatie turque pour trancher le débat avant même le début de la conversation. Ce faisant, Erdogan s’est conduit comme un homme cynique, un malappris qui étale son mépris des femmes et en même temps de l’Europe dans laquelle il voudrait pourtant entrer.  

Les mauvaises manières de la diplomatie turque.

Maître chez lui,  le Petit Mamamouchi d’Ankara a cru bon d’infliger une humiliation à la présidente de la Commission qui, après un instant d’hésitation, s’est assise à l’écart, ce qui ne l’a pas empêchée de défendre la Convention pour les femmes avec opiniâtreté. Les mauvaises manières sont devenues la marque de fabrique de la diplomatie turque et d’un potentat qui multiplie les gaffes délibérées. Cette fois-ci encore, la manœuvre a parfaitement réussi : les médias se sont emparés de l’incident en ne s’intéressant qu’au scandale de la mise en scène, en occultant l’entretien dont on ne saura que peu de choses, ce qui était le but recherché. C’était une manière d’informer d’entrée de jeu Van der Leyen que son pays ne réintègrerait pas la Convention. N’oublions pas que le Turc siège au Conseil de l’Europe et fait toujours partie de l’OTAN !!!

Charles Michel : un hubris fait de lâcheté.

Mais si on déplore la goujaterie du président turc, on peut aussi s’indigner encore plus fort du comportement de Charles Michel qui, au lieu de participer complaisamment au scénario, aurait dû avoir l’élégant réflexe de donner son siège à sa collègue, ce qu’il n’a pas fait, s’asseyant confortablement et étendant ses jambes pour se relaxer. Tous les personnels européens ont réagi avec vigueur. Il s’est excusé du bout des lèvres, constatant simplement que la rencontre n’a pas été inutile. Rien de plus dangereux pour l’Europe que de prendre de tels accommodements avec une démocratie vidée du droit et décidée à imposer son modèle à une Europe veule. Dans toute politique, l’important est le symbole. En Europe, l’incident n’est pas passé inaperçu  mais les peuples européens semblent ne pas avoir accordé  à l’épisode beaucoup  d’importance, habitués qu’ils  sont  au manque de fermeté face à Ankara.  Les nombreuses associations féministes qui s’égosillent dans des manifestations en France auraient une conduite plus judicieuse si elles s’en prenaient à l’homme qui affiche son mépris et sa haine  des femmes, en abolissant un texte qui fut signé, coïncidence étonnante, à Istambul.

Un pas de plus vers l’obscurantisme.

M. Erdogan veut enterrer le modernisme qu’avait insufflé Kemal Ataturk à son pays en instaurant la laïcité et la suppression du port du voile pour les femmes, synonyme d’égalité.  Il rêve de retrouver un leadership dans le monde musulman sous l’influence des  alliances qu’il a nouées avec les « Frères Musulmans » et les pays  les plus conservateurs, dans le cadre de la triplice turco-irano-qatarie. Kemal Ataturk doit se retourner dans sa tombe.  Avec  la  mise en scène de cet entretien, il adresse aussi au peuple turc un message en vertu duquel jamais une femme, fut-elle qualifiée, ne changera ses projets de retour vers le Moyen-Age. C’est peut-être judicieux sur le plan tactique, mais c’est désastreux sur celui des intérêts bien compris de la Turquie, qui n’a jamais eu autant besoin de l’aide technologique et financière des Européens qu’il tente de remplacer par l’afflux des capitaux en provenance du Qatar.

Arrogance sans limites.

On ne dissertera jamais assez sur le comportement d’un chef d’État, par ailleurs assailli par de graves problèmes nationaux et par la chute de sa monnaie, qui surfe pour se maintenir sur la crête d’un nationalisme belliqueux aggravé par une politique de force dont il n’a pas réellement les moyens et qui détourne son budget vers les conquêtes militaires au détriment d’un peuple besogneux dont le niveau de vie ne cesse de baisser. On sait qu’il se maintient au pouvoir par la manipulation des préparatifs électoraux, les  provocations contre la Grèce, la persécution des Kurdes et des Turcs qui les soutiennent, les interventions multiples en Arménie, en Libye, en Méditerranée, en Syrie ou des milices déchaînées tirent sur tout ce qui bouge. Il ne faut donc rien attendre de cet individu mû par la haine. Profitant de la déstabilisation du Moyen-Orient provoquée par la pandémie et le crash des hydrocarbures, la Turquie de Erdogan a passé l’année 2020 à pousser son avantage pour tenter de reconquérir une hégémonie régionale  dans la perspective de ressusciter une sorte de califat ottoman. Il fait comme si la Turquie était une grande puissance, capable de projeter à l’étranger des opérations militaires susceptibles de modifier les équilibres géographiques. C’est dans ce cadre qu’il faut situer la réislamisation le 24 juillet 2020 de l’antique basilique byzantine Sainte-Sophie, rendue au culte musulman, dont Atatürk avait fait un musée  il y a quatre vingt cinq ans. Provocation hautement symbolique  qui a laissé l’Europe de marbre… ou presque, mais qui était une réponse aux accords signés le 13 août 2020 entre  les Etats sunnites, Arabie et Emirats avec Israël, dits  « accords d’Abraham », sous l’égide américaine.  Ceux-ci ont été passés pour faire face à la surenchère de la triplice.

L’initiative européenne était donc importante si elle voulait  signer un refus de se laisser marginaliser. Il serait temps qu’elle tienne la dragée haute à ce fauteur de troubles et qu’elle lui impose des sanctions économiques et commerciales. Il serait temps que l’Europe défende avec ardeur les valeurs de la démocratie parlementaire, sans craindre les risques qui seront pris. Et cela d’autant plus que Erdogan est capricieux, condamné à la fuite en avant perpétuelle. Mais il ressemble à ses maîtres, Poutine et Xi. Ils ne comprennent que le langage de la force, cette force que les Européens, sous la houlette de moins en moins assurée de la chancelière Angela Merkel, cherche à retenir au profit d’une diplomatie plus sereine. À force de rester sereins, nous finirons par aller chercher ordres et projets  chez les fossoyeurs de la démocratie.

 


L’EUROPE A TOUJOURS BON DOS !

Covid vaccination

 

Le moment viendra pour juger à partir de la pandémie du Covid 19 de la qualité de la gouvernance des nations et de la résilience de nos sociétés. Il est, à mon avis, bien trop tôt pour tirer des conclusions sur la hiérarchie entre les nations et les continents qu’elle aura redessinée. D’abord parce que la crise n’est pas terminée, y compris pour ceux qui croient qu’ils en sont sortis. Et contrairement à ce que nombre d’observateurs, le plus souvent europhobes, affirment dans la précipitation, le déclassement de l’occident n’est pas du tout acté face à l’Asie, et encore moins celui de l’Europe au sein de l’occident. On peut seulement affirmer sans trop se tromper, que,  sans avoir un bilan aussi calamiteux dont on l’accable, la France a perdu quelque peu le  contrôle de la situation sanitaire par la défaillance d’un Etat obèse et impuissant dont la bureaucratie omnipotente a fait la démonstration de ses lenteurs et de ses errements. Le moment venu, il faudra en tirer lucidement les enseignements.

Ah, ces vaccins !

S’il y a un sujet sur lequel tout le  monde s’en est donné à cœur joie, c’est bien celui des vaccins. Comparaison n’est pas raison. Il faut souligner ici à quel  point le débat public et médiatique, procédant en permanence à des comparaisons internationales, s’est organisé autour d’indicateurs et de chiffres « non maîtrisés », pour rester correct. Tous les jours, au Parlement, à la télé, les critiques  de tous bords pleuvent, des experts pérorent, des chroniqueurs ricanent, surfant sur l’air du temps, sans que ni les uns, ni les autres n’aient une connaissance suffisante, vérifiée, de la réalité. Et revient en boucle  l’accusation : l’Europe est responsable du retard  pris par la vaccination sur le continent et en France. Tellement facile. Et de prendre à témoin la Grande Bretagne de Johnson, les Etats-Unis, et même la Russie, ce qui est un comble, quand on connaît la « transparence » de son pouvoir.

Il est temps de rétablir quelques vérités fiables parce que vérifiables.

Oui, la centrale d’achat des vaccins mise en place par la Commission européenne  n’a pas été d’une gestion optimale. Créée à la demande des Etats alors que la santé n’est pas une compétence  partagée, on peut comprendre qu’elle ait été d’abord précautionneuse, donc un peu lente. Et sa négociation avec les labos a probablement, au départ, manqué de technicité, d’autant plus qu’elle se faisait sous l’œil sourcilleux des parlementaires européens, de nombreux eurodéputés penchant du côté de la réticence et de la temporisation. Mais il est faux de dire que l’Europe se soit  fait dépasser par la Grande Bretagne, la preuve en est que les contrats qu’elle a signés avec Astrazeneca, l’ont été la veille de la signature de ceux de sa gracieuse majesté. Si les  vaccins ne nous ont pas été livrés comme il était prévu, c’est à cause de  la  pression d’un Premier Ministre, peu respectueux de sa signature, coutumier des méthodes de voyou, mis le dos au mur par sa gestion désastreuse de la pandémie  dans son pays, et prêt à tout pour se refaire une santé aux yeux de son peuple, alors que de son côté, l’Europe tenait ses engagements. La Grande Bretagne a fait le choix de vacciner avec une seule dose dans un premier temps, reportant la seconde aux calendes grecques. Un pari fou qui a marché pour l’instant mais qui aurait pu tourner à la catastrophe. Sauf que maintenant le temps presse pour lui et il aurait bien besoin de doses que l’Union Européenne réserve désormais en priorité à sa population. Si nous avions reçu les 100 % de vaccins AstraZeneca qui nous étaient contractuellement destinés, l'Union européenne serait aujourd'hui au même niveau que la Grande-Bretagne en termes de vaccination. Les Etats-Unis, eux, ont choisi l’autarcie : « on garde tout ce que l’on produit pour nous et on ne partage pas ». Sans solidarité internationale, l’Europe s’est  organisée pour faire face. A la fin de l’été, il sera temps de faire les comptes.

L’Union européenne n’a pas à rougir.

L’Union européenne ne mérite pas l’hystérie dont elle fait l’objet. Pour les uns, c’est parce qu’elle ne devrait pas exister, pour les autres parce qu’elle est un bouc émissaire commode. Convenons d’abord d’une réalité incontournable : le début de la vaccination a commencé sous le signe d’une pénurie structurelle. Les Européens, parce que c’est leur culture, n’auraient pas accepté les risques pris par les Etats-Unis et la Grande Bretagne pour rattraper le temps perdu sur l’épidémie grâce à la vaccination. Par ailleurs, on ne produit pas 800 millions de doses du jour au lendemain ! Les performances de stratégies de commando comme l’a pratiquée Boris Johnson ne pouvait se faire qu’au détriment de tous, ce qui était gagné par lui était forcément perdu pour les autres. Le Brexit n’a rien à voir là dedans. On n’a  pas beaucoup communiqué sur le travail que l’Union a effectué et c’est dommage.  Dès le 5 février elle a nommé le Commissaire à l’Industrie, Thierry Breton, à la tête d’une « task force » chargée de produire le plus rapidement possible sur le continent les vaccins dont nous avons besoin. Début avril, le dispositif est en place et 52 usines sont  en capacité de produire. D’ici l’été, la montée en puissance va permettre de fournir les dizaines de millions de doses à toute l’Europe pour atteindre le plus tôt possible, autour de la mi-juillet, le seuil d’immunité qui empêchera le virus de se propager et arrêter ainsi l’épidémie : 14 millions de doses ont été livrées en janvier, 28 millions en février et 60 millions en mars ; pour le trimestre suivant, nous passons à 100 millions en avril, mai et juin ; puis 120 millions à l'été et nous atteindrons un rythme de croisière de 200 millions à partir de septembre. Dès le dernier trimestre de l’année, l’UE sera à même d’envoyer en Afrique tous les vaccins nécessaires. On verra alors qui s’en est sorti le mieux et qui est capable de contribuer à éradiquer sur toute la planète cette saloperie de virus, garantie qu’il ne nous revienne pas sous la forme de variants divers et variés. L'Europe sera le premier continent en matière de production vaccinale dès la fin de cette année, avec une capacité de production de près de 3 milliards de doses par an. Me revient alors à l’esprit le slogan d’une campagne européenne avec Nicolas Sarkozy : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! ».

On ne se sauvera pas tout seul.

Il est  déraisonnable de penser que chacun aurait pu faire mieux en restant chacun dans son coin, à l’abri chez lui, face à une pandémie qui se  joue de toutes les frontières. Qui peut imaginer que la France, pays divisé, ankylosé par son principe de précaution, bureaucratique et incapable de produire son propre vaccin, le seul des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU à être dans ce cas, aurait pu tirer correctement son épingle du jeu dans un affrontement au chacun pour soi. Et à quel prix ? Au contraire, il paraît plus réconfortant d’avoir participé à un ensemble qui a choisi la solidarité et comme règle le partage équitable entre tous ses membres des doses disponibles.  Il a pu y avoir des impatiences ici ou là,  mais elles n’ont plus lieu d’être dès lors que la production arrive à faire face aux besoins. Oui, l’Union européenne a fait un choix collectif de prudence et de précaution. Qui l’en blâmerait ? L’administration bruxelloise, a fait preuve de prudence et de responsabilité comptable, comme on le lui demandait. Elle a, en réalité, parfaitement rempli sa mission. Si certains chez nous, l’accablent pour sa lenteur, n’est-ce pas en raison de la mauvaise gestion du freinage de la pandémie, l’autre moyen de ralentir sa progression.

Il est tellement facile de mettre sur le dos de l’Europe ce qui relève  de nos propres insuffisances. Mais ce n’est pas une attitude nouvelle. Et la France est loin d’être exemplaire quant à sa responsabilité.

 


LA FÊTE CONTINUE !

Economie  bourse

 

Le CAC à plus de 6 000 pts ! 

Le CAC atteint ce seuil symbolique. Et les indices boursiers affichent de nouveaux records historiques. C'est le cas du Dax, l'indice allemand, hier. Quel chemin parcouru en moins d'un an ! Ce qui alimente la hausse des marchés c'est cet argent qui coule à flots continus : l'argent des banques centrales,  ou si l’on préfère, l'argent des gouvernements financé par la dette, elle-même financée par les banques centrales. Depuis un an, les gouvernements et les banques centrales ont réagi vite et fort,  et il y a trop d’argent dans le circuit. Il inonde les marchés, accentuant la financiarisation de l’économie et le  découplage avec l’économie réelle. Si bien que les connaisseurs le savent, il y a deux indices CAC : l'indice CAC que nous connaissons et dont le niveau est commenté tous les jours, et l'indice « CAC GR » ou CAC « Gross Return ». Ce dernier tient compte des dividendes réinvestis en actions. Et ce CAC GR a atteint un record historique. Deux chiffres pour mesurer le chemin parcouru : le CAC a chuté le 16 mars 2020 à 3 612, il cote aujourd'hui 6 000 ; le CAC « GR » cotait 10 200 le 18 mars 2020, il vaut 16 682 !  Tout est  dit !

« Whatever it takes ».

Cette expression lancée par Mario Draghi en 2012 est encore d'actualité. Le rapport de la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne est clair : l'argent va continuer à couler à flots en Europe. Notre plan de relance européen de 750 milliards d'€, qui n'a d'ailleurs toujours pas été déployé, fait pâle figure face aux plans de relance américains, mais notre Banque Centrale va compenser tout cela. En Europe, le rebond de l'économie sera moins puissant qu’aux Etats-Unis, et en plus  il est différé chaque jour un peu plus  à cause des cafouillages de la campagne de vaccination. Le plein emploi n'est pas du tout d'actualité, et l'inflation n’est pas un sujet  face  aux facteurs déflationnistes toujours puissants. La BCE a bien compris tout cela, et elle va devoir continuer à soutenir la croissance. Elle va donc injecter encore plus d'argent dans le circuit, « At a significantly higher place », a annoncé Christine Lagarde. La fête de l'argent va  continuer en Europe et les indices européens se réjouissent : plus les nouvelles sont mauvaises pour l'économie, plus la banque centrale injectera de l'argent, et plus la banque centrale injectera de l'argent, plus la bourse montera. Un paradoxe ? Pas vraiment. Il n’y a que la bourse qui peut rapporter en spéculant. Les taux bas disqualifient les autres placements et les investisseurs savent que leur remontée sera très limitée.

1 900 milliards de $ !

Le plan Biden a été adopté par le Sénat : 1 900 milliards de $ qui viennent s'ajouter aux 900 milliards de $ du plan de soutien de décembre. Aux États-Unis, chaque Américain gagnant moins de 80 000 $ par an, va recevoir un chèque de 1 400 $ qui viennent s'ajouter aux chèques de 1 200 $ puis de 600 $ envoyés par l'administration Trump. Il faut y ajouter des aides pour les chômeurs supplémentaires,
plus des fonds pour les vaccinations pour le personnel soignant et pour la couverture santé des plus défavorisés, plus des aides pour les écoles et les lycées. Voilà un pays qui s'apprête à distribuer 422 milliards de $ directement aux ménages.  De l’argent « hélicoptère » qui tombe du ciel. L'État n'intervient plus seulement pour soutenir les plus défavorisés, il intervient pour compenser la baisse de la croissance et ses conséquences. Pour Janet Yellen, la secrétaire au Trésor Américain et ancienne patronne de la banque centrale américaine, la lettre de la reprise est le « K ». Une confirmation officielle d'une tendance profonde. Cela veut dire que la reprise va favoriser les entreprises qui ont su surfer sur les tendances qui ont été très largement accélérées par la crise sanitaire, autrement dit une très large partie de l'économie va rebondir. Par contre, une partie de l'économie ne se relèvera pas une fois les aides gouvernementales supprimées. D’où le « K ». Cela provoque des « rotations » en bourse, ainsi, la  semaine dernière, les investisseurs se sont rués sur les valeurs technologiques qui avaient pourtant perdu plus de 20% et étaient entrées dans un territoire de baisse : hausse de 3,69 % pour le Nasdaq alors que le Dow Jones ne progressait que de 0,10 %. Malgré le package massif de relance américain, malgré les perspectives de hausse de l'inflation, malgré les perspectives de hausse de taux d'intérêt, les investisseurs restent optimistes, voire euphoriques. Cependant, la FED, va vite devoir réduire sa distribution d'argent gratuit car les États-Unis vont connaître une croissance spectaculaire avec un risque avéré de surchauffe, revenir au plein emploi et même se payer un retour à l'inflation. Surtout que certains jugent l’efficacité des aides financières directes aux ménages douteuse, puisque 30 % seulement du montant des premiers chèques de 1 200 dollars versés par l’Administration Trump ont été dépensés en biens de consommation, le reste étant épargné, affecté au désendettement, voire consacré à la spéculation, comme l’a montré l’affaire GameStop. Dès lors, le plan de relance pourrait conforter les inégalités et les bulles, comme on le constate dans l’immobilier - en hausse de 10 % - ou sur les marchés financiers, qui alignent les records.

Une locomotive puissante pour les Etats-Unis et le monde.

Néanmoins, ce dispositif qui intervient dans un contexte d’accélération de la campagne de vaccination a poussé les économistes à revoir leur copie : selon un sondage réalisé par le Wall Street Journal, ils tablent désormais sur une croissance de 5,95% en 2021 en glissement annuel. S’ils ont raison, les Etats-Unis connaîtront cette année leur plus forte croissance depuis 1983. Le plan Biden porte, en effet, à 14 % du PIB le soutien budgétaire de l’activité aux États-Unis en 2021, soit un niveau sans précédent en période de paix. L’objectif est double. Sur le plan économique, la relance vise à restaurer le plein-emploi Sur le plan politique, l’ambition est de rendre espoir aux Américains, de stabiliser la classe moyenne en apportant une réponse concrète aux difficultés des ménages, dont 40 % connaissent des fins de mois difficiles. Le plan Biden est donc une locomotive puissante. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), juge qu’il devrait entraîner un bond supplémentaire de 3 à 4 points. D’autres observateurs, plus optimistes, parient même sur une croissance de 8 % à 10 % de l’économie des États-Unis. Ce plan aura «des retombées positives pour la croissance mondiale» prévoit le Fonds monétaire international (FMI). Il ajoutera plus d’un point de croissance au PIB mondial, lequel devrait augmenter de 5,6% en 2021, calcule l’OCDE. Les partenaires traditionnels des États-Unis profiteront de cette manne. Ses voisins proches, liés par l’accord Canada- États-Unis-Mexique, en seront les premiers bénéficiaires avec un gain de croissance de leur PIB de respectivement 1,2 et 0,8 point, pronostique encore l’OCDE. L’impact devrait être moins élevé, à seulement 0,5 point, dans la zone euro, où le poids des échanges avec les États-Unis est moins important. Mais attention, la réouverture des économies pourrait entraîner un boom et amorcer une spirale inflationniste, ce qui obligerait les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt au prix d’un krach obligataire et de défauts en chaîne des États et des entreprises surendettés. La relance, par sa démesure, accoucherait alors d’une violente récession. D’une manière plus certaine, ce gigantesque plan américain, qui sera bientôt suivi d’un autre grand programme d’investissement dans les infrastructures, risque de creuser l’écart entre la première puissance mondiale et l’Union européenne. Bruxelles, dont le plan de 750 milliards d’euros n’est pas encore en action et comporte une part trop faible d’investissements pour l’avenir, a plutôt le pied sur le frein, de quoi accroître un peu plus le retard de l’Union européenne dans la course mondiale.

Allez, le bout du tunnel se rapproche quand même. On y croit, même si en France, comme d’habitude, la reprise sera plus lente qu’ailleurs. C’est que la crise n’a pas fait disparaître nos boulets, hélas.

 


VOITURES ELECTRIQUES : L’ENORME MENSONGE DE LA PROPRETE !

Voiture électrique

 

Dans vingt ans, la totalité des voitures vendues dans le monde devront être électriques. De quoi bouleverser la hiérarchie mondiale des constructeurs, si cela a vraiment lieu. Car les nouvelles  stars dans  le domaine sont le constructeur Tesla et le Chinois BYD, chouchous des levées  de fonds en bourse. Ces fabricants se sont déjà projetés en 2040 ou 2050. Les tradi du secteur sont bien obligés de suivre et déjà  General Motors et Ford projettent d’abandonner le thermique d’ici dix à quinze ans. Nos champions européens sont moins radicaux, peut-être parce que  le vieux monde est plus réaliste et plus lucide, et ne prévoient de ne faire rouler qu’un tiers de leurs véhicules grâce aux batteries. Il faut dire que la  mutation du secteur automobile n’a guère le  choix, car la révolution à laquelle elle doit se soumettre lui est imposée par les réglementations des Etats qui se sont engagés à respecter les accords de Paris visant à limiter le réchauffement climatique.

L’idéologie remplace le réel.

Haro sur les  moteurs thermiques soi-disant  polluants au profit de l’électrique paré de toutes les vertus. En Europe, l’automobile est entrée dans le collimateur de  Bruxelles.  Les seuils d’émission de CO2 des nouveaux véhicules mis en circulation fixés par la Commission se sont progressivement durcis. Ils sont actuellement de 95 grammes  de CO2 par kilomètre, mais  le seuil descendra  à 80 grammes en 2025 et 59 grammes en 2030. Un rythme infernal. Les constructeurs sont contraints de s’y conformer sous peine de lourdes amendes.  Certains pays comme la Norvège ont même décidé  d’accélérer le calendrier, en bannissant dès 2025 les véhicules thermiques. Les technocrates agissent sous la pression des écologistes qui ont réussi à nous faire croire au miracle de la voiture  propre. C’est de l’idéologie car  ils ne peuvent pas ignorer que leur argumentation repose  sur un énorme mensonge. Mais le propre de l’idéologie  c’est de conduire à l’aveuglement. Ils ont gagné la première manche,  celle qui consiste  à imposer des normes et des contraintes administratives.

L’électrique pas si pratique.

La voiture électrique alterne le chaud et le froid. Elle ne se prête pas à tous les usages et elle va exiger de lourds investissements en infrastructures  qu’il va bien falloir financer, ne serait-ce que  le réseau de bornes de ravitaillement. Faudra-t-il s’attendre  à de longues files d’attente pour ravitailler après seulement 300 à 400 kilomètres.  Et la recharge de la batterie peut prendre autant de temps que le parcours lui-même. Sans parler de la sensibilité à la température extérieure, la puissance de ventilation, le chauffage  qui peuvent influencer fortement l’autonomie. Bref, en électrique, sauf petit parcours urbain, il faudra s’arrêter souvent, très souvent. Certes elle est silencieuse et peut offrir des sensations séduisantes grâce au couple des moteurs, cela ne compense pas les inconvénients.  Quant aux véhicules dits  hybrides, ils cumulent des handicaps qui les rendent peu attractifs par rapport aux mêmes modèles thermiques : alourdis par les batteries embarquées, ils sont plus lents et plus gourmands, et à l’usage, la  motricité électrique se révèle vraiment  d’un intérêt  marginal par la faible autonomie constatée. 

Des dessous très sales.

Contrairement à ce que les apôtres de l’écologie veulent nous faire croire, installer le monde entier dans la voiture électrique non seulement ne règlera pas le  problème de la pollution mais ne fera pas disparaître  les gaz à effet de serre. Force est de constater que ces belles  normes  imposées  par les pays riches ne visent finalement qu’à déplacer la pollution. Si la voiture électrique  en elle-même est presque propre, il n’en va pas de  même de la production d’électricité dans de nombreux  pays, à commencer par l’Allemagne et ses centrales thermiques. Or, il faudra bien produire l’électricité nécessaire à l’alimentation des voitures si tout  le parc  automobile est  demandeur. Il ne faut pas oublier non plus l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication des organes électriques du véhicule et penser encore à leur recyclage… Certains esprits lucides  en viennent à penser que le remède sera pire que l’utilisation des énergies fossiles. En effet, sous le capot  d’une voiture électrique, on trouve du rhodium, du platine, du cuivre, du cobalt, de l’or, du graphite ou du néodyme, ce dernier appartenant à une famille de 17 métaux appelés « terres rares ».  Des  métaux devenus stratégiques et dont la consommation va exploser. Leur extraction, à  l’autre bout de la Terre, en Chine notamment, provoque de terribles  dégâts sur l’environnement. Même constat pour l’extraction du graphite dans le nord de la Chine ou du cuivre dans le plus grand site du monde à Chuquicamata, au Chili, ou encore du lithium de la mer de sel d’Uyuni en Bolivie. Partout, le prix écologique est énorme.

Une dépendance stratégique.

Qu’adviendra-t-il lorsque nous aurons épuisé le filon de cuivre chilien, dans moins de quinze  ans au rythme où nous le consommons aujourd’hui, en sachant que la demande  va croître de  manière exponentielle ?  Que se passera-t-il si la Chine décide, dans un accès de mauvaise humeur, de nous priver de ses « terres  rares », ne serait-ce que pour  privilégier sa propre  production ?  On s’aperçoit alors que les options raisonnables et prudentes des constructeurs français comme Renault et Stellantis (Peugeot-Fiat) sont frappées au coin du bon sens. Les emballements boursiers ne doivent pas faire illusion.  Les moteurs thermiques  n’ont pas dit leur dernier mot.

Le basculement dans le tout électrique c’est pour nos pays développés faire preuve de cynisme et d’hypocrisie : propre chez nous, tant pis si on salit ailleurs ;  et surtout c’est s’exposer à des déboires  en se mettant en dépendance de puissances étrangères  comme  la Chine, ce qui est  loin d’être anodin. Les écolos se  gardent bien d’évoquer ces  aspects.  C’est tellement chic  d’afficher sa bien pensance vertueuse au volant d’une électrique, largement subventionnée par nos impôts !

Non, la  solution est ailleurs.  Et si c'était l'hydrogène ?

Jean-louis Perez et Guillaume Pitron ont réalisé une enquête diffusée en janvier dernier sur Arte avec des images saisissantes sur les pollutions engendrées par l’extraction des produits nécessaires aux moteurs électriques.


L’HYPOTHESE BARNIER

Barnier

 

Pendant quatre ans, Michel Barnier a mené les négociations du Brexit, au nom des 27. Le Brexit, il l’a abordé comme une catastrophe non naturelle, une situation très grave pour l’Union qui posait si on y prenait garde une question existentielle  pour elle.  Ce que Nigel  Farage, apôtre de la  sécession, caricaturait  en répondant  à Barnier à la fin d’un entretien, sur la  manière dont il envisageait la relation post-Brexit de  son pays avec l’Europe : « l’UE n’existera  plus ! »  Le divorce, c’était donc aussi la volonté de certains de détruire l’Union européenne.

The right man at the right place.

Quatre ans et demi plus tard, le divorce est prononcé, et l’Union européenne en est sortie confortée. Si la mission est accomplie, c’est bien grâce au négociateur en chef et à  son inlassable volonté de cohésion des 27 face au trublion anglais. En choisissant Michel  Barnier, Jean-Claude Juncker avait fait le bon choix : il savait qu’avec le Français, il incommodait les Anglais  et  confiait la tâche à un politique chevronné, patient, fin négociateur et surtout connaisseur en profondeur des rouages de l’Union et du dossier.  Et, de fait, il a fallu la patience du « montagnard en route vers le sommet », déployant une stratégie méticuleuse, pour  affronter les rodomontades et la gestion cahotique des britanniques, leurs chantages, et sans que jamais ils aient pu percer le front uni mis en place. Grâce à une évidence : très vite il est apparu très clairement que le marché unique était le bien le plus précieux et qu’en sortir provoquait nécessairement des différences. Londres ne pouvait espérer avoir le beurre et l’argent du beurre.

Il n’y a pas de bon accord.

Michel Barnier, le reconnait lui-même, si son but était de préserver au mieux les intérêts de l’Union, et si on a eu raison de se réjouir d’un accord  in extremis entre Britanniques et Européens, qui a évité le chaos d’un « No deal », c’est inévitablement un accord « perdant-perdant » pour les deux parties qui ne permet pas l’autosatisfaction . Avec le temps, le  coût économique ira grandissant pour un Royaume-Uni, de moins en moins uni, et l’Europe s’est affaiblie en perdant  l’un de ses pays les plus importants par son économie et sa population. Son économie représente en effet 20% de celle de l’Union. En 2019, 46% des exportations de marchandises britanniques étaient pour le continent, alors que la part des exportations de l’Union vers le Royaume-Uni ne constituait que 15% du total. Il n’en reste pas moins que dans le monde actuel, l’Union et les  Britanniques sont plus que jamais dans le même camp. Il appartient à ces derniers de faire la démonstration qu’ils demeurent des Européens. S’ils choisissent de s’enfermer dans un splendide isolement chauvin et sourcilleux, il sera facile aux 27 qui ont montré leur cohésion de se passer d’eux. Grâce à Barnier, on a évité le pire.

Là où il y a une volonté, il y a un chemin...

L’aboutissement des négociations a rendu Michel Barnier disponible.  Et  à 70 ans, qu’il  porte bien, il semble déterminé à ouvrir une nouvelle page de son engagement politique, lui qui est resté fidèle à sa famille politique. Il n’a  pas  caché qu’il souhaitait jouer un rôle « utile » en s’investissant sur la scène nationale, ce que d’aucuns ont interprété comme un premier pas vers une ambition présidentielle. Et pourquoi pas ? Son image  de négociateur européen hors pair est peu abîmée par la politique nationale, il a un style rassurant, il peut plaire à cette France périphérique dont il est un des représentants par les nombreux mandats exercés en Savoie. Et il a une expérience solide de l’exercice des responsabilités, de l’élu départemental aux portefeuilles ministériels, de l’élu européen aux fonctions de commissaire, à quoi s’ajoute une stature d’homme d’Etat ayant croisé tous les  grands de ce  monde… Et quand on a réussi a fédérer 27 pays européens pendant quatre ans et demi, on doit pouvoir trouver les  moyens de fédérer les Français sur un projet national… et européen. Car le « plus » indéniable de  Michel Barnier  est d’ajouter à sa foi patriotique, une conviction européenne, car pour lui les deux engagements vont ensemble. Il lui reste  à convaincre sa famille, les sympathisants de la droite et du centre et plus largement les Français qui croient encore dans les chances de notre pays. On sait le personnage habile à fédérer les énergies, et l’équipe du Brexit qu’il a animée en est une preuve tangible. Il lui faudra un projet  sur lequel asseoir son ambition : son attachement au gaullisme lui procurera les fondements et les travaux du parti et de ses multiples filiales un bouquet de propositions dans lesquelles il suffit de puiser. La  partie ne sera pas facile, d’autant plus que Macron arrivera à la Présidence de l’Union au 1er janvier  2022. Déjà, autour du personnage, une activité discrète et collective anime son appartement parisien. Le Savoyard a entamé une tournée avec Gérard Larcher, Président du Sénat, a  partagé un petit déjeuner avec  Christian Jacob, s’est entetenu avec Damien Abad…  Et même une association aurait vu le jour sur  les bases du club Nouvelle République que Barnier avait créé en 2003.  Il compte sur la stratégie du consensus, fidèle à une démarche qui ne lui a pas trop mal réussi jusqu’à maintenant. Il a la pointure et la stature,  les compétences et, semble-t-il, l’envie.  Dans le chemin qu’il entreprend, il sait que la patience, l’effort, la détermination sont des vertus indispensables. Dans ses vœux formulés sur Twitter, on trouve cette citation, comme un aveu : « là où il y a une volonté, il y a un chemin ! ».  

Voilà de quoi remplir le « vide » à droite, non ?

 


UNE SITUATION SURREALISTE.

Cédric-un-look-denfer-

 

C’est certain, ça va repartir.  Tous les ingrédients d’une reprise forte s’accumulent.  Le  problème c’est quand.   Car avec cette pandémie qui n’en finit pas et dont on ne voit pas le bout,  avec les multiples complications apportées par les « variants », bien malin celui qui peut le dire.

2020 : une année hors-normes.

En attendant, nous vivons une période atypique pour ne pas dire surréaliste. L’exercice économique 2020 aura été hors normes.  Qui peut comprendre que la production nationale, le  PIB, ait baissé de 10% et qu’en même temps les revenus français se soient maintenus, le pouvoir d’achat aurait progressé de 0,3% en moyenne selon la Banque de France. L’activité tourne à un rythme inférieur de 10% à celui de janvier 2020 et pourtant le chômage n’a pratiquement pas augmenté et  les faillites d’entreprises ont été  moins nombreuses qu’en 2019. On saisit alors que nous sommes en plein dans l’artificiel. Ces paradoxes ont une explication : la crise sanitaire a été largement « surfinancée ». Si la chute de  production subie a entraîné une perte de 240 milliards l’année dernière, les pouvoirs publics ont injecté 400 milliards entre les  plans d’urgence et de relance.  Ce déluge d’argent public soit déboursé dans le chômage  partiel, soit prêté aux entreprises sous des formes multiples garanties par l’Etat  a permis jusqu’à maintenant d’éviter  ce qui aurait dû être la conséquence de la  crise  sanitaire, une dépression qui aurait été bien plus terrible que celle de 1930.

Le miracle pourra-t-il continuer en 2021 ?

Ce serait surprenant. La sagesse serait de se préparer à la fin de « l’argent hélicoptère » déversé par la Banque Centrale Européenne. Les difficultés sont forcément devant nous. Elles vont surgir aussi bien à l’échelle européenne que chez nous, au moment où nous allons entrer dans la campagne électorale de 2022, dont les enjeux vont du même coup se trouver exacerber. Certes Emmanuel Macron peut se  glorifier des avancées de l’Union européenne qui a réussi à concevoir un plan de relance collectif et massif de 750 milliards d’euros avec un endettement commun.  Mais si l’Europe nous protège, il ne faut pas oublier qu’elle reste, et c’est heureux, un espace de concurrence. Elle financera les dettes  publiques jusqu’en mars 2022 puis ses béquilles seront amenées à être retirées. Les divergences Nord-Sud reviendront au premier plan. Comment alors, résorber les déficits qui resteront béants une fois l’épidémie vaincue, et qui seront autant de handicaps ? Voilà une question hautement politique. Il ne suffira pas d’affirmer : « pas d’impôts Covid », comme l’assure pour l’instant Bruno Le Maire. Nous, nous savons qu’il n’a pas de baguette  magique, et que son « quoi qu’il en coûte » a été financé  par la générosité de la  BCE. Certains on pu croire à la magie, la réalité s’imposera durement une fois la source  tarie.

Une année marquée par l’incertitude.

Elle risque même d’être chaotique. Elle démarre mal avec  une stratégie vaccinale illisible et incompréhensible. Les pierres  d’achoppement s’additionnent : gestion sanitaire approximative, croissance économique  insaisissable, chômage aux contours inquiétants, finances de  l’Etat transformées  en corne d’abondance, restructurations de secteurs entiers, autant de sujets qui vont mettre l’exécutif  à bout de souffle face à une opinion publique éruptive. « Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année », s’interrogeai le Président lors de son interview sur le site  Brut. Il peut en effet s’y préparer,  car  il va devoir faire des arbitrages hautement politiques, et notamment  trouver  la recette qui lui permettra  de mettre fin au torrent des dépenses  publiques qui agit sur les Français comme une drogue. On sait alors   que le plus difficile c’est quand il faut commencer à s’en passer. L’autre écueil  c’est la tentation  d’augmenter  les  prélèvements dans un pays  qui est pourtant au plafond en la matière. Mais c’est incontournable : nos incorrigibles  PS proposent un prélèvement exceptionnel de « solidarité » (élémentaire) sur les en-cours d’assurance-vie supérieurs à 30 000 euros, avec en prolongement, le retour de l’ISF.  De son côté, le  Comité de suivi des retraites recommande une mesure de sous-indexation des pensions visant toute la population des retraités, au prétexte qu’elles ont été épargnées  par la crise. Pendant ce temps-là, les épargnants thésaurisent les billets de banque. Un phénomène qui inquiète les autorités bancaires : rien qu’en France, ce serait 33 milliards d’euros qui seraient stockés sous les matelats, manifestation d’une méfiance d’autant plus paradoxale que l’on paie de  moins en moins en billets. Ce trésor caché est une façon d’échapper à d’éventuelles hausses d’impôts.

Le flou est partout.

La paralysie du pouvoir est patente. Le quinquennat entre dans sa phase terminale et finalement le bilan des réformes sera bien maigre. Il reste peu de temps utile et tant de choses à faire : réforme des retraites, de la décentralisation, du droit du travail, de la constitution, sans parler du referendum sur le climat. Avec un calendrier parlementaire déjà bien encombré. Les incertitudes  politiques s’y ajoutent : quel calendrier pour les  élections, quels candidats pour s’y présenter, quels champions  pour les familles politiques qui constituent l’offre électorale. Autant de domaines pour lesquels les Français aimeraient avoir des réponses et n’ont qu’un théâtre d’ombres à se mettre sous la dent. Une certitude commence à se faire jour : encore un quinquennat pour rien. Le déclassement de la France va continuer.

 


LA DICTATURE DU « JE »

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La toute puissance des algorithmes.

Pour ceux qui, comme moi, ont  lu le livre de Gaspard Koenig, « La  fin de l’individu »,  dont je vous ai déjà entretenu, la numérisation accélérée de la société  pendant le Covid n’est pas une surprise. Elle annonce un tremblement de terre qui met en évidence un risque d’obsolescence  rapide de nombreuses tâches pour lesquelles nous estimions que l’homme était indispensable, mais en plus, et c’est le plus grave, le rétrécissement de la pensée subjective humaine individuelle submergée par une rationalité déterminée par des algorithmes supposés nous représenter dans notre globalité.

Encore une fois, ce n’est pas l’Intelligence Artificielle qui est en cause, mais l’usage que nous en faisons et qui façonne une drôle de société. Comme l’Europe a déjà perdu pied dans la compétition qui s’est engagée pour la maîtrise du modèle, il nous reste le choix entre celui qu’impose le régime  chinois, exquise fusion du communisme et des technologies les plus avancées pour enrégimenter l’individu, et celui des Etats-Unis contrôlé entièrement par le géant Google et ses intérêts matériels, dont on vient de voir qu’il pouvait faire le tri dans le contenu des messages qui circulent dans ses réseaux et  fermer un compte purement et simplement.

Deux périls nous menacent : les choix des algorithmes et les choix politiques ou idéologiques de ceux qui contrôlent les serveurs que nous utilisons. Ils connaissent de mieux en mieux nos vies, nos goûts, nos habitudes et ils dominent des pans entiers de l’activité économique du fait de l’accumulation incroyable de données qu’ils sont parvenus à réaliser. Ils se sont aussi attribué un nouveau rôle : être les censeurs de la vie politique et de l’opinion. Et ce n’est peut-être qu’un début. La suspension des comptes de Donald Trump après l’invasion du Capitole le 6 janvier dernier pose la question essentielle pour la liberté d’expression, de la régulation des réseaux sociaux.

Ultra-connectés et bavards.

A cela s’ajoute un troisième péril.  L’avènement du smartphone a fait de la plupart d’entre nous des êtres ultra-connectés, repliées sur leur subjectivité et leurs intérêts tout en intensifiant l’impression de jouir d’une forme d’allégement de l’existence et d’une indépendance sans cesse accrue, constate Eric Sadin (« L’ère de l’individu tyran »). Et nous sommes devenus dépendants de cet « infini » vertigineux. Avec nos téléphones, nos tablettes, nos ordinateurs, un espace d’expression sans limite et à tous moments permet à chacun de s’offrir une multitude de tribunes virtuelles, pour exprimer un avis sur tout –et surtout un avis, aurait dit Coluche-,  dans une débauche de « je » aussi gratifiante qu’addictive. L’inconvénient c’est que ces réseaux sociaux échappent à tout contrôle. Ils constituent un territoire ni structuré ni  hiérarchisé,  chacun étant maître de son « je ».

Avec Twitter on assiste au triomphe de la parole sur l’action, où l’on cherche à s’affirmer non pour défendre un point de vue mais pour imposer une perception des choses. Avec Instagram, l’affichage de soi se transforme en une continuelle monétisation de sa personne, faisant de « l’instagrameur » un homme-sandwich. Les mécanismes pervers mis en œuvre nous font glisser vers une culture de l’humiliation.  Il suffit de lire les commentaires sur Facebook pour s’en convaincre. Enfin, en étant indulgent, parce que l’indigence y règne entre la syntaxe approximative et l’orthographe déficiente qui va généralement avec la superficialité du discours. La  plupart y recherchent des signes pouvant flatter  leur narcissisme ;  asséner sa vérité est devenu un carburant pour l’ego : « je twitte, donc j’existe ! » Cette galaxie inépuisable d’individus produit une profusion de messages qui concurrence les médias traditionnels qualifiés de « top down ».

Un fait, une phrase, une remarque qui tombe  dans ces réseaux va s’envelopper d’une masse de commentaires dont les chaines d’information en continu font leur miel. Ainsi, l’information disparaît au profit de son commentaire. La parole « des gens » remplace l’argumentation de ceux qui militent ou réfléchissent, elle devient vérité et disqualifie le sachant et l’expert, le journaliste, ces passeurs d’une parole vérifiée, d’une opinion étayée ou d’un projet structuré. Tout se vaut, la  parole d’un professeur d’université et celle d’un youtubeur, celle d’un président et celle d’une madame Michu. Il devient quasiment impossible de faire émerger un point de vue  sur ces forums obéissant à la règle de celui qui braille le plus fort. L’information est partout,  mais elle n’est  pas hiérarchisée  et nous nous égarons.

Le triomphe du relativisme.

Les « gens », bien à l’abri de l’anonymat qui permet le lynchage permanent, peuvent s’indigner, se révolter, dénoncer les  incapables, les pratiques insupportables, les complots imaginaires  … Argumenter dans ces conditions, c’est perdre son temps, quant à la raison, « braves gens » … Les contenus qui ont le plus de succès ne sont pas nécessairement les  plus rationnels. C’est lié à la nature même de nos cerveaux qui mémorisent davantage les informations contre-intuitives, qui sélectionnent celles qui confirment nos vues, qui installent des œillères mentales pour nous permettre de camper sur nos positions et que les algorithmes savent renforcer. Car les  plateformes accélèrent la diffusion des fausses nouvelles,  les  post-vérités des complotistes, parce que c’est ainsi qu’elles fonctionnent : proposer à chaque internaute des lectures « proches » de ses recherches précédentes et « fabriquer » des groupes de gens qui pensent pareil, qui se confortent et se justifient. La parade serait l’esprit critique, mais il a disparu avec la culture qui l’accompagnait.

Menace pour la démocratie.

Sauf que tout ce tintamarre, ce  système d’expression est dangereux pour la démocratie.  Il favorise le populisme et le rejet des élites. D’autant plus que toutes les manipulations sont possibles, une minorité de dictateurs de l’indignation polluent les plates-formes, en dénaturent les valeurs de partage.  S’y ajoutent les algorithmes  de certains réseaux qui choisissent et trient vos « followers ».

L’impact de ces nouvelles technologies sur notre psychologie individuelle et collective  est effarant : l’histoire récente des systèmes numériques révèle une ivresse des réseaux qui encourage l’avènement de particularismes autoritaires et l’émergence d’une forme d’ingouvernabilité permanente, autrement dit la montée des comportements d’incivilité qui caractérisent l’effondrement de notre monde commun. Ceux-ci sont aggravés par les technologies de l’embrasement des esprits mises en œuvre sur les réseaux tels que Facebook, Twitter ou Instagram. On s’étonnera alors de la vacuité de ceux qu’on porte au pouvoir, faisant ainsi les choux gras de la technostructure inamovible et de ce fait, toute puissante.

Il faut se doter d’outils pour contrôler les algorithmes eux-mêmes et limiter la puissance des géants du numérique pour rétablir la concurrence. Les Facebook, Twitter, Youtube, Instagram, Snapchat doivent rentrer très rapidement dans le champ de la loi française. Ce sont tous des éditeurs de médias dont les dirigeants pour la France doivent être pénalement responsables de leurs contenus, à l’instar de leurs homologues de la presse audiovisuelle et écrite. Mieux, la  France devrait détenir ses propres plateforme numériques. Il y va de notre survie démocratique, économique et culturelle. Ces  plateformes sont simples, rapides et  peu coûteuses à démarrer et  l’on sait que notre environnement digital est fécond.

L’Europe est le premier continent à s’être engagé dans une réforme globale de son espace numérique par le biais du Règlement sur les services numériques (DSA),  et du Règlement sur les marchés numériques (DMA). Ils sont en discussion actuellement.  Ils permettront de veiller en temps réel à ce que les  plateformes se conforment aux injonctions qui découleraient de ces règlements qui s’appliqueront à tous les Etats membres. Nous devons en effet, fixer les règles du jeu et organiser l’espace informationnel avec des droits, obligations et garanties clairement définis.  C’est une question essentielle pour nos démocraties au XXIème siècle.