HISTOIRE
LE JOURNAL DE BORD N°3 DE VIRGINIE CALMELS
EUROPEENNES : LES TRIPATOUILLAGES DE MACRON

LA FRANCE EN PLANS !

Ena

 

Une technocrature.

La France n’est plus vraiment une démocratie libérale. Avec l’élection de Macron, la prise de pouvoir par la technocratie atteint son apogée : c’est  ça  la « transformation ». Notre pays est devenu une « technocrature », contraction du mot « technocratie » avec le mot « dictature ». La  démocratie est en effet confisquée par l’énarchie, présente dans tous les rouages  avec une haute administration toute puissante et une prise en main politique où elle s’est  infiltrée chez les élus pour s’emparer complètement du pouvoir. Le parlement est ravalé à un rôle d’approbation sans marge de manœuvre sous la domination d’un groupe majoritaire qui reçoit ses ordres directement de l’Elysée, c’est-à-dire de la haute fonction publique. Pour faire de la  politique, aujourd’hui, Sciences-Po ne suffit pas, il faut avoir fait  l’ENA et c’est souvent la condition pour être ministre : « énarque », c’est être de « sang pur » ! Le « ni droite-ni gauche » prend tout son sens quand on a été formaté par le même moule. C’est ainsi que Le Maire  et Philippe se sont adaptés à Macron : entre énarques on se comprend. Les énarques ont un seul dieu : l’Etat, et leurs convictions fluctuent en fonction de leur appétit de pouvoir,  on l’a bien vu avec Bruno Le Maire. Toute la politique actuelle menée par le  gouvernement est entièrement entre les  mains des énarques et de leurs raisonnements fumeux coupés de la  réalité. A-t-on besoin d’un rapport ? C’est, par exemple, Spineta, un énarque qui s’y colle. Mais franchement, on pouvait en faire  l’économie, « Edouard » pouvait demandé un avis autorisé à son ami  Bussereau, fin connaisseur du dossier de la SNCF, avec l’avantage d’être gratuit, pour arriver aux mêmes préconisations.

L’Assemblée nationale réduite au rôle de chambre d’enregistrement, ça n’est pas encore  suffisant.  Il reste encore le Sénat où un peu de pouvoir politique « non aligné » s’exprime.  Qu’à cela ne tienne, il faut « transformer ».  Macron a dans la tête une révision constitutionnelle dans laquelle le  Sénat fusionnerait avec le CESE (Comité Economique et Social),  ce  machin à recaser les syndicalistes retraités et les politiques en déshérence, machine à fabriquer des rapports le plus souvent inutiles, pour en faire une « assemblée des territoires ».  Ainsi on pourrait supprimer les Régions, que l’on commence à priver de moyens, à commencer par la formation professionnelle dont elles ont la charge et dont on refile le pognon aux « branches ». Ainsi tout serait recentralisé et tellement plus commode à « gouverner ». L’affaiblissement du parlement, c’est un objectif, pas un mirage !

Des plans à tire-larigot.

En attendant, la  machine technocratique fonctionne à plein régime pour « transformer » la France  à sa main. Edouard Philippe c’est « Monsieur Plan-Plan ».  C’est lui le chef d’orchestre de cette improbable symphonie dont la partition est faite de « rapports » qui débouchent sur des « plans » qui font l’objet de « comités de suivi ». C’est l’administration victime du syndrome de Parkinson. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce sont vingt-trois plans, à ma connaissance, qui ont été produits depuis son entrée en fonction : un problème ? Vite un rapport et un plan !

On a des  plans pour tout. Plan pour le commerce extérieur, avec le trou qu’on a il faut bien théoriser sur la baisse de nos parts de marché,  mais on n’envisage pas l’essentiel qui tient dans l’insuffisante compétitivité de notre économie, ce serait trop simple. Je continue : plan étudiants, plan d’action pour la croissance des entreprises, plan en faveur des travailleurs indépendants, plan « France à très haut débit », plan Tourisme, plan pour réguler l’immigration, plan pour l’audiovisuel public, plan d’action pour la mise en œuvre du traité CETA, plan logement, plan de soutien à l’industrie française, plan pour le développement de l’Intelligence Artificielle, plan pour renforcer le contrôle des chômeurs, plan de privatisation, plan pour isoler les détenus radicalisés…  Certains sont plus emblématiques : ainsi le « Plan Climat » qui nous vaut la mobilisation de 12 milliards d’euros de prélèvements pour financer les délires de Mr Hulot. Nous avons le grand plan d’investissement sous la houlette de Pisani-Ferry, de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles et répondre à quatre défis majeurs de la France : la neutralité carbone, l'accès à l'emploi, la compétitivité par l'innovation et l'État (ouf !). Il y a même des plans dans le plan : ainsi le « Plan d'Investissement dans les Compétences » qui vise à former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d'emploi de longue durée faiblement qualifiés et à transformer en profondeur l'offre de formation fait partie du grand plan d’investissement. Vient de sortir récemment le  « plan de prévention de la radicalisation et de lutte contre la radicalisation » en 60 mesures (ah, ce chiffre 60, un fétiche depuis Hollande) pour un coup d’épée dans l’eau. Le  plus attrayant est certainement le « plan d’action national pour une action publique transparente et collaborative » : tout un programme rien que dans le titre et il est doté d’un comité de suivi, ça va de soi !  Il faut encore citer le plan  pour lutter contre la fraude fiscale pour renforcer un peu plus la traque des citoyens qui fuient l’enfer fiscal sans se demander s’il ne vaudrait pas mieux faire l’inverse : aurait-on de la fraude si la France était un « paradis » ? Pour tourner l’écueil de la diminution du nombre de fonctionnaires, le gouvernement préfère avoir recours à un « plan de départs volontaires » pour masquer son  manque de volonté en la matière. Les chiffres de la première année de mandat sont éloquents : il aurait fallu ne pas remplacer 25 000 fonctionnaires pour tenir le cap promis des 120  000 à la fin du mandat présidentiel, or lors du vote du dernier budget, le gouvernement n’avait finalement supprimé que 1 600 postes de fonctionnaires au lieu des 10 000 prévus pour l’année 2018…! 

Une France suradministrée.

Je suis sûr qu’il y a d’autres plans qui ont échappé à ma recherche. C’est évident qu’avec une telle activité il devient impossible de diminuer le nombre des fonctionnaires. Il  ne manque plus que « le plan pour importer du sable au Sahara », pour reprendre la  plaisanterie bien connue. Vous doutez encore que la France est suradministrée ? Malheureusement, tout cela a un coût, et on peut douter de la  méthode. Car les  plans  sont faits aussi pour aller dormir dans les tiroirs : on en tire quelques mesures et le reste n’est jamais appliqué. Il suffit d’observer les réformes réellement mises en œuvre qui se contentent le plus souvent de demi-mesures. De fait, l’organisation de l’État est anormalement coûteuse et lourde dans son fonctionnement. La France est septième au classement de la part des employés publics sur l’emploi total : il y a deux fois plus d’agents publics en proportion de l’emploi total qu’en Allemagne. Les services publics sont également parmi les plus coûteux des pays de l’OCDE. Pas étonnant !

Il faut d’urgence supprimer l’ENA !

 

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