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Matin d’octobre

ERIC WOERTH : « MACRON GÂCHE LES OPPORTUNITES QUE NOUS PERMET LA CROISSANCE ! »

Woerth 1

 

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de lire l’interview dans les Echos,  je vous la  livre ci-dessous :

 

« Le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée fustige un « budget de petite continuité », reprochant à Emmanuel Macron de ne pas « utiliser à plein » une conjoncture « extrêmement favorable ».

Les  Echos : 16 milliards d'économies, des baisses d'impôts, un déficit public inférieur à 3% de PIB... N'auriez-vous pas rêvé de porter un tel budget ?

Un déficit de l'Etat qui s'accroît dangereusement à 83 milliards d'euros, un déficit de la Sécurité sociale qui a du mal à se résorber, des dépenses publiques qui augmentent de 1,6% en valeur : il n'y a aucune raison de pavoiser. Ce n'est pas un projet de grande rupture mais de petite continuité.

Je ne conteste pas une volonté de maîtrise de la dépense ; je conteste l'idée qu'elle se traduise réellement. Il a d'ailleurs suffi d'un sursaut de croissance pour que le gouvernement abandonne ses bonnes résolutions. Un relâchement qui se traduira par une hausse de la dépense publique qu'on peut estimer à 6 milliards d'euros. La baisse du déficit public est faible, essentiellement fondée sur des éléments conjoncturels et pas structurels. Nous sommes clairement hors des clous des règles européennes. Rien n'est fait pour maîtriser la masse salariale de l'Etat avec seulement 1.600 suppressions de postes cette année alors qu'il en faudrait 24.000. Les crédits de nombreux ministères grimpent - et pas seulement ceux de la Défense. 

L E  : Le gouvernement souligne qu'il n'y a pas de rabot, mais des choix forts d'économies, sur les contrats aidés ou les aides au logement... 

Je ne suis pas contre le fait de revoir les aides au logement et de réduire la voilure des contrats aidés, mais c'est un peu court ! Pourquoi ne pas réadapter davantage de politiques ? Où est la réforme de l'Etat ? Malgré la grandiloquence dans les propos, l'histoire de France et du monde n'a pas commencé avec le nouveau président de la République. Emmanuel Macron hérite d'une conjoncture extrêmement favorable mais au lieu de l'utiliser à plein il fait le contraire, tout comme Jospin en son temps. Il souhaite réaliser 16 milliards d'économies en tendance au lieu des 20 milliards prévus, sans dire clairement où. Le compte n'y est pas et c'est gâcher les opportunités que nous permet la croissance. 

L  E : Le budget prévoit une flat tax à 30% sur les revenus du capital et une réforme de l'ISF. Est-ce un changement profond ? 

Non, on revient en fait à la situation d'avant 2012. Ce n'est pas une rupture mais un retour en arrière. La flat tax, nous l'avions proposée pendant la campagne présidentielle, nous y sommes évidemment favorables. Mais c'est une erreur de ne pas préserver le régime de l'assurance-vie. Et il est regrettable de ne pas faire bénéficier les revenus fonciers de la flat tax.

Le signal envoyé sur l'immobilier est doublement désastreux, avec la réforme de l'ISF qui est proposée. L'immobilier, ce n'est pas une rente mais de l'investissement. Pourquoi montrer du doigt ce secteur économique, alors qu'on a besoin de logements. Au vu de toutes les mesures anti-immobilier prises par ce gouvernement, le choc d'offre n'est pas près de se produire ! Ayons le courage de supprimer purement et simplement l'ISF. 

L E : Les Républicains défendent aussi la diminution de l'impôt sur les sociétés... 

Tous les grands pays le font. Là encore, il n'y a rien de révolutionnaire : Emmanuel Macron est du reste dans la continuité de la trajectoire votée sous François Hollande. 

L E :  Pourquoi critiquer la hausse de la CSG, qui va permettre de financer une augmentation du pouvoir d'achat des actifs ? 

C'est un projet agressif et inutile. Pourquoi opposer les Français entre eux, en allant taxer les retraités, les épargnants, les propriétaires fonciers ? Ce n'est pas juste de vouloir réduire le niveau de vie des retraités. L'augmentation du pouvoir d'achat des salariés doit se faire par l'amélioration de la compétitivité, la création d'emplois et de richesses, et non par des transferts sociaux ou des transferts d'une catégorie de Français sur l'autre.

En outre, avec le décalage des baisses de cotisations, plus de 4 milliards d'euros sont en réalité pris aux Français en 2018. Ce n'est pas le choc fiscal de François Hollande mais c'est quand même un choc fiscal qui concernera beaucoup de ménages modestes, surtout si on ajoute les hausses de carburants, du tabac, ou encore la diminution des APL. 

L E :  80% des Français vont néanmoins bénéficier d'une exonération de taxe d'habitation... 

Cela revient à dire que le service public local ne coûte rien. C'est un message dangereux. Alors que l'impôt sur le revenu est déjà très concentré, il va rester un îlot de contribuables qui paieront de plus en plus cher pour la taxe d'habitation. Le gouvernement fait une réforme de la fiscalité locale sans dire vers où il veut aller, sans concertation avec les élus. 

L  E : Le Cice va être transformé en allégements directs de charges. Cela fait partie de vos propositions... 

Pas dans de telles conditions ! La vérité, c'est que le gouvernement va augmenter le coût du travail de 3,3 milliards d'euros alors que nous prônons une forte baisse. Le Cice est transformé en allégements de charges mais son taux est réduit, et l'exécutif ne compense pas le surcroît d'impôt sur les sociétés, payé par les entreprises. La hausse du coût du travail va être particulièrement élevée pour les salaires moyens, ce qui va pénaliser l'industrie. Les entreprises sont les parents pauvres de ce budget. 

L E : La gauche reproche à Emmanuel Macron de mener une politique économique de droite. Vous, comment la qualifiez-vous ? 

Tout président élu en 2017 était condamné à réformer parce qu'aujourd'hui, les sujets sont mûrs. S'il avait été élu, François Fillon aurait réformé plus fort et plus clair. Mais là, on reste dans un entre-deux, dans le « en même temps ».  La réforme du Code du travail contient des mesures utiles et nécessaires, c'est pourquoi je voterai ce texte, même si je regrette qu'il n'ait pas abordé le sujet clef du temps de travail. Cette réforme n'a de valeur que si elle est accompagnée d'une politique ambitieuse en faveur de la compétitivité des entreprises. Et sur ce sujet-là, il n'y a rien dans le projet de loi de finances. 

L E :  Que répondez-vous à Bruno Le Maire, qui appelle les responsables de la droite à être « constructifs » ? 

Les derniers convertis sont toujours excessifs. Certains étaient LR hier, En Marche aujourd'hui. Et demain ? La météo économique et politique est changeante. Mais pour bien construire, il faut construire droit ! 

L  E : L'exécutif gère-t-il bien le dossier Alstom ? 

Je ne comprends pas la différence de traitement, ahurissante, avec STX. D'un côté, on fait un ramdam national pour dire qu'il faut créer un Airbus naval avec STX et de l'autre, on laisse filer Alstom chez les Allemands. Pourquoi tout céder à Siemens ? Il n'y a aucune raison pour que les TGV deviennent allemands. Pourquoi balayer l'option d'achat des titres de Bouygues par l'Etat ? »

 

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