HISTOIRE
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CE CHER ET VIEUX PAYS !

Gaulois 2ème tour

 

On ne fait pas prendre des vessies pour des lanternes aux Français.

Ce vieux peuple, pétri d’Histoire, ne se livre pas aux pieds du premier venu, fût-il issu du suffrage universel. Il  connait la règle : quelles qu’aient été les conditions du scrutin, celui qui est élu, est élu. Il  n’en garde pas moins sa capacité de discernement et de résistance. Profondément démocrate, je le crois, il est capable de dénoncer rapidement tout ce qui lui parait excès d’autorité.  Eminemment politique, il  est à l’affût de toutes les supercheries électorales, des  promesses non tenues et des rendez-vous « peau de lapin ». On ne la lui fait pas ! Plus de deux siècles après la monarchie absolue, il n’est pas né celui qui, comme par magie, ferait disparaître les clivages qui animent les débats, façonnent les clans pour ne pas  dire les « familles » et se fondent sur une histoire politique et sociale, souvent très ancienne. C’est toute une culture dont il est imprégné. Chassez  le naturel, il  revient au galop.  Un instant le camelot peut brouiller les  pistes. Un instant seulement. Un instant, le Français peut se laisser séduire par un verbe, une image,  mais un instant seulement, si le fond  se révèle en désaccord avec l’image trop convenue ou une parole trop creuse. Rien de redoutable dans tout cela. Simplement, le peuple français est complexe comme aucun autre.

En France, et depuis bien longtemps, les partis n’ont pas bonne presse.

Prévus dans la Constitution pour concourir à l’organisation de la vie démocratique, ils sont, sauf période exceptionnelle d’engouement, anémiques en regard du potentiel électoral. Toutes tendances confondues. Les  Français traitent leurs partis comme leurs syndicats : ils adhèrent peu et sont méfiants. Cela n’empêche pas les partis d’être la référence de courants de pensées qui orientent ensuite les votes. Mais les Français fuient par-dessus tout l’embrigadement.  Seul le noyau dur des électorats captifs milite. On s’étonnera ensuite de l’inadéquation de leurs positions avec la base des électeurs inscrits. Le consensus est donc rare et difficile à obtenir. Les périodes de mutations et de crises comme  celles que nous avons connues récemment et vivons encore aujourd’hui accentuent le sentiment d’impuissance à régler les problèmes. L’inculture générale des médiateurs, les élites technocratiques sans autre culte que celui de l’Etat, les prêches  des  uns et  des autres le plus souvent pour des remèdes diamétralement opposés, la permanence d’un personnel politique qui donne le sentiment de privilégier la carrière au bien commun, … les facteurs ne  manquent pas qui ont pu conduire à ce que l’on appelle le « dégagisme ». Mais chassons le naturel, il revient au galop. Chacun a vite fait de revenir à son ancrage naturel, par confort intellectuel. Alors ni droite, ni gauche, ça conduit au mieux à des acteurs qui vivent ensemble mais se regardent en chien de faïence, au pire à une action qui tire à hue et à dia. C’est ce qui se passe dans les cabinets ministériels en ce moment. Mais une fois le bruit et la fureur retombés, les clivages reprennent leur territoire, inéluctablement. Les partis peuvent mourir, les courants de pensées, jamais (J’ai l’impression de me répéter).

Non, la  France n’est pas un pays redoutable.

C’est la situation qui l’est. Contrairement à Nicolas Sarkozy en 2007, Emmanuel Macron est un président « mal élu ». Dès le premier tour, il faut franchir le seuil des 30% pour avoir des  marges de manoeuvre et rassembler largement au second tour.  Avec seulement 24%,  le socle n’est pas suffisant. C’est la confrontation avec Marine Le Pen qui a permis le score du second tour mais avec  un taux d’abstention qui en dit long sur la réticence et l’embarras que suscitait le choix proposé. Les législatives ont aggravé encore le constat : avec plus de 50% d’abstentions, les Français ont manifesté non leur désintérêt, mais leur méfiance tout en souhaitant laisser une chance à l’élu de la présidentielle. Une position d’attente qui décante aujourd’hui. Il ne faut donc pas s’étonner si le fossé entre les ambitions de changements du Président et les attentes des Français s’est creusé, et s’ils expriment maintenant une résistance tranquille (pour l’instant) au vu des premiers mois de pouvoir. Emmanuel Macron s’est comporté en béotien et a pratiqué ce que les Français détestent le plus : l’image pour l’image et l’autoritarisme arrogant, qui font de lui un personnage superficiel. A lui d’apprendre, et  vite !

Notre responsabilité est collective.

Son impopularité a pu surprendre ses partisans, mais elle est logique. Pas de base suffisamment large au départ, et accroissement du scepticisme. Toute comparaison avec les présidents précédents est inutile. Chaque mandat démarre avec un contexte et des spécificités différentes. On retiendra seulement que la dégringolade n’aura jamais été aussi rapide. Quel  paradoxe : on a cru que les  Français  avaient été capables de cet exploit de mettre au pouvoir le représentant « jailli de nulle part » d’une nouvelle génération, surprenant par cette audace le monde entier aussitôt tombé en pâmoison par médias interposés, et ces mêmes Français sitôt la séquence électorale retombée, de reprendre leurs habitudes…  Comme si tout cela s’était fait sans eux !  Ce qui est un peu la réalité. Il ne sert donc à rien de crier « haro sur le baudet », nous sommes tous responsables de cette situation : la classe politique et ses petits meurtres entre camarades, les médias qui nous ont vendu à longueur d’antennes et de unes le sauveur suprême, les élites et les intellectuels avec leur euphorie sans fondement, et le peuple lui-même en n’allant pas voter ce qui représente un bon paquet de Français !  Ce qui fait que le résultat n’a été en fait que le croisement du hasard et des circonstances, bien exploités, il est vrai par le vainqueur.  Tout aurait pu être différent : il s’en est fallu de quelques points tant les écarts à l’arrivée du premier tour étaient faibles entre les quatre premiers. Imaginons ce qui se serait passé dans d’autres cas de figure… Alors la chute de Macron vient de ce que la nouveauté n’est pas à la hauteur des espoirs qu’elle suscitait pour les uns, des décisions erratiques et contorsionnistes en matière de fiscalité  pour les autres. Comme dit Sarkozy, « ce qui n’est pas fait en juillet, il faut le faire en septembre » … On entre dans le dur.  Comme pour ses prédécesseurs, rien ne sera épargné à Emmanuel Macron. C’est la rentrée de tous les commencements, avec l’immobilisme à affronter,  les corporatismes à museler, la technostructure sûre d’elle à dépasser, la surenchère gauchiste et les élans de la rue à contenir fermement mais si possible sans casse … Il y en a pour cinq ans que ça nous plaise ou non. Cela nous oblige à faire sérieusement de la politique et à construire une opposition de  la  droite et du centre crédible.  Mais il ne sert à rien de se plaindre d’une situation pour laquelle notre responsabilité est engagée autant que celle de bien d’autres.

Comment Macron va-t-il empoigner la réalité ? Ce sera le sujet d’une autre chronique à venir. 

 

 

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