HISTOIRE
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RETABLIR LA CONFIANCE, MAIS …

Moralisation-de-la-vie-politique

 

Ecoeurés, trahis, sidérés, abandonnés.

L’évènement marquant des législatives aura été  la grande désertion des électeurs de droite au 1er tour : dans beaucoup de circonscriptions les candidats ont vu leurs voix fondre de moitié, voire plus. Faut-il y voir la colère de l’élimination de François Fillon ou la déception ? Ou sont-ce les nominations d’Edouard Philippe, de  Bruno Le Maire et Gérald Darmanin vécues  comme des trahisons semant le trouble  dans les esprits ?  A moins que ce ne soit la « sidération » suivant l’élection du « gourou »  avec l’effet de démobilisation conjugué avec le « donnons-lui sa chance ». Probablement un  peu de tout ça. Mais allons au-delà. Que penser du taux de participation du second tour des législatives : 43% !! Du jamais vu sous la Vème République. La démobilisation de la droite n’est pas suffisante pour expliquer, d’une manière générale,  le manque de participation aux scrutins de la présidentielle et des législatives qui ont suivi. C’est la désertion massive des classes  populaires,  ouvriers et cols  blancs qui est plus largement en cause. Des électorats laissés  en jachère  peu concernés   par  les discours de la classe politique,  pas  plus celui de Macron inscrit dans le concept de « mondialisation heureuse », que celui dit « de vérité » de la droite avec son cortège peu amène de  sacrifices  à consentir,  encore moins celui du PS, complètement décrédibilisé  par un bilan affligeant.

Sous-représentatifs, hypo-responsables : cadrés, surveillés, caporalisés.

Les élus de la nouvelle majorité entrant au Palais Bourbon ne sont pas plus représentatifs  ni plus légitimes que les responsables syndicaux avec qui ils vont devoir se coltiner sur la nouvelle loi « travail ». On peut critiquer le faible taux de syndicalisation,  mais il n’est pas plus condamnable que le taux encore plus faible d’adhésions à nos partis politiques. Et le 43% du 2ème tour des législatives  n’est pas plus affriolant que le 42,76% recueilli par les syndicats lors des dernières élections dans les entreprises. De sorte que la démocratie parlementaire ne se retrouve guère plus légitime que la démocratie sociale. Peu légitime ne veut pas dire « illégitime »  comme le souhaiterait un Mélenchon. Il n’empêche, le nouveau visage de l’exécutif et de la majorité à l’Assemblée montre déjà tous les mauvais signes d’une démocratie malade.  Dans son souci de tout cadrer,  le Président qui veut que tout procède de lui, a pris soin de  mettre en place des garde-fous partout.  Le Premier Ministre et les ministres sont mis sous la surveillance de « macroniens » purs et durs, les  députés  sont assortis d’assistants parlementaires qu’on leur impose et triés par la machine « En Marche » ! On  met à leur tête celui qui a la confiance du chef, à défaut d’être blanc comme neige. Et on voudrait avec ça, que le peuple ait confiance dans ses institutions. Sauf surprise, les lois ne procéderont pas du parlement,  mais de l’exécutif,  pas des représentants du peuple mais de l’énarchie qui entoure  le chef de l’Etat et qui nous gouverne en sous-main depuis  des lustres avec les résultats que l’on sait. Surtout que ce sont ceux qui conseillaient Hollande. Le reste n’est qu’image. Ce n’est pas comme ça qu’on convaincra les 89% de Français qui rejettent leurs élites.

Dégrevés, déresponsabilisés.

Il y a peut-être une relation de cause à effets entre la défiscalisation spectaculaire que nous avons connue depuis plusieurs années et la montée de l’abstention. Les citoyens toujours plus nombreux à être déchargés des impôts directs peuvent se sentir peu motivés pour aller remplir un devoir civique qui offre du coup peu d’enjeu pour eux. La  suppression de la taxe d’habitation pour 80% d’entre eux ne fait que renforcer cette déresponsabilisation. C’est profondément démagogique et de plus antirépublicain : on  peut y voir une rupture d’égalité devant l’impôt. Car le principe de l’impôt  est bafoué : celui-ci est institué « pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration » qui nécessitent « une contribution commune également répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés » (texte de la constitution). Plus de la moitié des citoyens peuvent se dire : « Pourquoi j’irais voter puisque ça ne changera rien pour moi ! » : dégrevé donc déresponsabilisé !

Et démoralisés !

Dans ce contexte, la loi de « rétablissement de  la confiance dans l’action publique » tape largement à côté des vrais problèmes.  Ses propositions cèdent au populisme ambiant, chargé d’un antiparlementarisme qui affuble la classe politique du « tous pourris ». En fait de  « moralisation » on est servi. Le fait que la loi ait été porté par un ministre de la justice obligé de démissionner n’est qu’anecdotique. La volonté de « moralisation de la vie politique » n’est qu’une tartufferie.  L’éthique reprendra le dessus et sera convaincante quand la politique reflétera la vérité de la vraie situation du pays  dans tous les domaines : économique, social, identitaire… En attendant ce que propose le projet de loi initié par Bayrou n’est qu’un plan com’ vaguement populiste avec quelques mesures justifiées comme la suppression de la Cour de Justice de la République ou la  disparition des anciens présidents du Conseil Constitutionnel. Mais s’acharner à nous faire croire que les choses iront mieux parce qu’un parlementaire ne pourra plus recruter un membre de sa famille ou devra se limiter  à trois mandats successifs, sera remboursé  de ses frais sur facture avec  le casse-tête bureaucratique qui va avec, c’est se leurrer ! En vérité, la loi ne corrige en rien les principaux maux dont souffre notre démocratie représentative : le clientélisme entretenu par la double représentation national-circonscription, la perméabilité face au lobbying, le travail parlementaire indigent faute de moyens alloués aux députés. Et le mal risque de s’aggraver par l’entrée massive de la « société civile » voulue par le nouveau président : entrepreneurs et responsables associatifs représentant plus que jamais des intérêts catégoriels. Enfin la loi n’impose pas la publication des noms, des fonctions et des montants des donateurs français et étrangers aux candidats : les citoyens ne sauront jamais envers qui nos élus sont redevables … Une dernière réflexion : la corruption n’existe pas sans corrupteur, l’un dans la société politique, l’autre dans la société civile. Nos représentants ne sont pas différents de ce que nous sommes, nous avons les élus que nous méritons. Cette vérité vaut depuis l’Antiquité !

Consolons-nous : les Français ont une fausse idée de leur classe politique constituée de gens intègres dans leur grande majorité. Tant pis si on ne me croit pas. J’ose le dire !

 

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