HISTOIRE
LA VERITE SUR L'AFFAIRE FILLON
UN CHENE DANS LA TEMPETE

TEL MACRON, TEL PROGRAMME !

Macron enjoleur

 

Nous reparlerons  bientôt de la suite de la campagne du candidat de la droite et du centre et de la magnifique démonstration de mobilisation du Trocadéro, après que la fumée blanche sera sortie de la cheminée du comité politique des Républicains. En attendant, je vous propose un petit voyage dans le programme macronien. Forcément  pour en faire le tour, c’est un peu long, aussi j’ai segmenté l’article en petites parties pour qu’il soit plus … digeste.

 

Enfin, la montagne a accouché … d’une souris. Macron a  présenté un programme qui lui ressemble : on cherche la colonne vertébrale, il n’y en a pas ! S’il comporte quelques mesures séduisantes, qui vont dans le sens d’une politique de l’offre, elles sont étouffées  par l’ensemble  des autres qui les annihilent. Certains diront que ce programme est équilibré.  Si c’est le cas, c’est l’équilibre par l’incohérence. Il repose aussi sur une conception fausse de l’économie directement tirée du quinquennat qui finit, et des fiches de France-Stratégie du sire Pisani-Ferry : à savoir la justice fiscale qui voudrait que l’on mette en balance les efforts de contribution des ménages et ceux des entreprises à égalité,  ce qui est un non-sens.

Quelques mesures séduisantes.

Elles sont mises en avant par Mathieu Laine, dans une tribune du Figaro, pour tenter de convaincre que le programme de Macron est le bon. Bien sûr, proposer la retraite à points et  la fin des régimes spéciaux, la  négociation du temps de travail dans les entreprises, la dévitalisation d’une large partie de l’ISF,  ça va dans le  bon sens. De même que ses propositions qui détricotent l’absurde réforme du collège avec la volonté de sauver le latin et le grec et de revenir à un enseignement chronologique de l’Histoire, de donner davantage d’autonomie aux enseignants et aux universités, procèdent d’un pragmatisme de bon aloi. On relève aussi quelques assurances sociétales propres  à caresser un électorat centriste ou de droite avec l’exigence de maitrise de la langue française pour obtenir la nationalité et la volonté  affichée de démanteler les associations faisant l’apologie du terrorisme. Avec  toute une série de mesures, il compte  redonner du pouvoir d’achat aux Français : l’exonération de la  taxe d’habitation  en est la plus emblématique ; elle s’ajoute à  la baisse des cotisations salariales, le rétablissement des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, la hausse de la prime pour l’emploi ou encore le remboursement intégral des soins dentaires et optiques. S’y ajouteront des préoccupations de moralisation de la vie politique qui sont autant de tartes à la crème bien dans l’air du temps pour apparaître comme le prophète de temps  nouveaux, et bien commodes pour dénoncer un système dont il est pourtant le pur produit.

Le contrepoint qui contredit toutes ces belles ambitions.

D’abord  sur la retraite, Macron ne résout rien et on notera surtout l’absence d’économies : il  ne touche à rien alors que tout le monde sait bien qu’il faudra prolonger la durée du temps de travail au moins jusqu’à 65 ans pour établir l’équilibre financier des régimes. Il ne dit pas non plus comment il compte parvenir à l’alignement des régimes publics et privés, sinon en se donnant dix  ans… ce qui est une manière de botter en touche. La transformation de  l’ISF en une super taxe foncière est aussi une manipulation qui vise en premier les détenteurs de patrimoine immobilier et les propriétaires en général, soit plus de la moitié des Français. On sait que l’idée d’imposer un loyer aux propriétaires sur la valeur fictive de leur bien est dans la même logique et pourrait voir le jour.  Les hausses d’impôts ne frapperont qu’une minorité, essentiellement constituée de retraités et de hauts salaires, qui devra supporter la hausse de la CSG. Ceux qui ont une résidence secondaire devront s’acquitter d’une imposition de 30% sur la plus-value, même taux pour les assurances-vie. Sa volonté de combattre le terrorisme est contrebattue par la complaisance qu’il affiche pour le communautarisme. Bref, quand on met en perspective avec le bilan de Hollande, on s’aperçoit qu’on est en droite ligne dans la poursuite d’une politique de  même inspiration, sinon semblable. J'ajouterai que privilégier une relance par la consommation n'est pas de nature  à se retrouver dans la croissance  quand on a une balance commerciale lourdement déficitaire.

L’économie « administrée » est renforcée.

Avec le projet Macron, non seulement l’économie française ne sort pas de son carcan administratif qui en fait la plus « étatisée » de l’Union européenne, au sens où elle est soumise à une politique fiscale qui porte sur toutes les étapes de la constitution du capital et à un code du travail  kafkaïen,  mais le projet Macron le renforce. Les bouffées d’oxygène sont octroyées aux entreprises par un état tatillon par le biais de baisses de charges ciblées, parfois temporaires. Ainsi procède la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure réversible à  tout moment, de la même façon qu’il maintient les 35 heures ce qui limite  le champ de la négociation du temps de travail. Ainsi procède aussi la transformation du CICE en baisse des charges. C’est un progrès que d’abandonner l’usine à gaz, mais le  projet ne traite pas la question de la fiscalisation des bénéfices. Il  en ressortira une amélioration de la compétitivité des entreprises, mais quid des investissements ?

  • Il y a surtout deux mesures aggravantes de cette volonté de contrôler l’économie :

. L’étatisation de l’assurance-chômage, et le plan d’investissements publics de 50 milliards. La réduction de 10 milliards d’euros des dépenses d’assurance-chômage conjuguée à un élargissement des bénéficiaires sans toucher aux conditions d’indemnisation suppose une énorme baisse du nombre des chômeurs ou une baisse significative des allocations versées. Surtout en en retirant la gestion aux partenaires sociaux, il rompt le lien avec le travail et la dimension assurancielle. C’est donc le citoyen par l’impôt qui  assurera la solidarité. On peut douter que le passage par un état fauché soit la bonne solution.

. Le plan d’investissements publics procède d’une vision étatiste de l’économie. Certes, il peut être utile : il cible des secteurs pertinents  comme la formation aux compétences et la transition écologique et énergétique, et flèche vaguement la modernisation de l’action publique. Mais un résultat meilleur en ces domaines aurait pu être visé sans l’intervention de l’Etat en libérant franchement les entreprises  des charges qui pèsent sur elles, la puissance publique restant dans son rôle incitatif et non prescriptif. Dans son projet, on ne trouve aucune libéralisation des  marchés des biens et services. S’il baisse les impôts sur les sociétés, il favorise les  activités de services des métropoles mais il oublie de traiter les taxes à la production qui concerne davantage les territoires les plus fragilisés qui ont besoin d’industries manufacturières.

  • Une politique fiscale anti-croissance :

. La baisse des impôts repose sur un postulat idéologique absurde : Macron propose que les baisses d’impôts soient réparties équitablement entre ménages et entreprises. Ce faisant, il entretient le mythe selon lequel il existerait un principe de justice fiscale qui imposerait que les efforts des ménages et des entreprises soient strictement équilibrés. C’est économiquement insoutenable pour des raisons de compétitivité des entreprises  et c’est surtout infondé. Les entreprises et les ménages ne sont, en effet, pas des contribuables de même nature dès lors que les premières constituent un lieu où s’organise la production de richesse tandis que les seconds en sont in fine les bénéficiaires, par le biais de versement de salaires ou de dividendes. Il est donc parfaitement absurde d’opposer les intérêts des entreprises et des ménages dans la mesure où ces derniers sont parfaitement liés puisque les ménages sont les premiers à profiter des baisses d’impôts accordées aux entreprises qui permettent à celles-ci de leur distribuer davantage de revenus. Cette conception ne favorise pas la croissance.

. De même, le maintien des taux de TVA est regrettable. D’un point de vue politique, la TVA sociale, qui se matérialise par une augmentation des taux de cet impôt, s’avère extrêmement impopulaire étant donné qu’elle est perçue par l’opinion publique comme totalement injuste puisque également supportée par l’ensemble des Français. Mais, du point de vue économique, la TVA sociale se présente cependant comme la mesure idoine pour relancer la croissance française. Son instauration permettrait de réduire le montant des cotisations sociales finançant la sécurité sociale, ces cotisations pesant lourdement sur le coût du travail et sur la compétitivité économique des entreprises françaises. De surcroît, il ressort de diverses études économiques, notamment de l’OCDE, que la TVA est l’un des impôts dont l’augmentation pèserait le moins sur la croissance. Force est donc de constater que, bien qu’impopulaire et incomprise sur le plan politique, la TVA sociale constitue une mesure fiscale nécessaire pour relancer la croissance française. En la rejetant, Emmanuel Macron ne fait que réitérer l’erreur économique commise, quelques années plus tôt, par son mentor politique.

. Enfin, l’exonération de la taxe d’habitation est insensée. L’Association des maires de France est immédiatement montée au créneau pour dénoncer cette mesure démagogique et rappeler « qu’il existe déjà de nombreux dispositifs d'allègement, de dégrèvement, d'exonération ou de plafonnement de la taxe d’habitation » qui bénéficient à environ « 42% des foyers, soit 13 millions de foyers ». Il est incontestable que la taxe d’habitation s’inscrit aujourd’hui comme un impôt injuste en raison de l’absence d’actualisation, depuis 1970, des valeurs cadastrales et de l’existence de taux d’imposition très divers selon les communes. Pour autant, la solution à ce problème n’est pas d’en exonérer 4 ménages sur 5, ce qui serait très préjudiciable pour les finances des communes, mais d’opérer les réformes structurelles nécessaires pour rendre enfin cet impôt plus juste. Mais c’est un sujet qui fâche.

Peu de choses sur la dette. La résorption des déficits n’est pas ou peu documentée.

La réduction de la dépense  publique des collectivités locales est possible à atteindre, par contre celle de 25 milliards pour l’Etat n’est pas vraiment documentée, alors que des budgets  comme ceux de la défense et de la justice doivent absolument augmenter. L’automatisation des  processus administratifs par le numérique tout en conservant les fonctionnaires est un autre  paradoxe : la baisse d’effectifs serait limitée à 50 000, ce qui en flux, n’est guère significatif sur cinq ans. Quant à la dette, on a compris qu’avec un schéma de 60 milliards d’économie avec en parallèle  un plan d’investissements publics de 50 milliards, on aurait en réel une baisse de 10 milliards… sur cinq ans. Autant dire pas  grand’ chose, d’autant plus que l’hypothèse est bâtie sur des taux d’intérêts stables, ce qui n’est pas très sérieux. La dette  va donc continuer à grossir,  sans que l’on soit  certain  que les déficits des finances publiques soient résorbés.

L’équilibre par l’incohérence.

Si on dit que le  programme est équilibré entre « droite et gauche », alors c’est par l’incohérence. Le projet de Macron ce n’est pas du « social-libéralisme », ça c’était Giscard dont la  politique a consisté à désengager l’Etat du contrôle de l’économie pour redonner plus de liberté à l’initiative privée. Ce que fait Macron, c’est une politique dirigiste de social-étatisme, avec quelques modestes injections de libéralisme. Autrement dit l’inverse. C’est une politique de gauche édulcorée sur les bords avec une bonne dose de démagogie.

Nous avons deux décennies de retard sur nos partenaires, faute d’avoir réalisé les réformes en même temps qu’eux. Comment espérer que le chef d’entreprise embauche si on ne touche pas la législation du travail, comment croire que l’investisseur parti à l’étranger reviendra avec des signaux ambivalents sur les prélèvements, comment imaginer qu’il suffit de favoriser le travail indépendant pour que nos concitoyens les  moins qualifiés retrouve le chemin de l’emploi alors qu’aucun sas d’entrée sur le marché du travail n’est prévu.  Macron ne voit pas que la principale attente  des Français c’est la résorption du chômage et qu'ils veulent que les plus modestes d’entre eux retrouvent un emploi. Avec un tel  programme, la France maintiendra peut-être l’écart qui la sépare des autres pays, mais n’aura pas la capacité de rattraper son retard. Le redressement de l’économie qu’il  espère est une illusion.

 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)