HISTOIRE
FILLON A FOND !
INTERVIEW EXCLUSIVE

LE PS, ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME

Primaire gauche

 

Voilà le troisième et dernier débat de la compétition des sept nains de la primaire de la « belle alliance populaire ». L’audience sera-t-elle  en hausse ? Le précédent n’ayant réuni qu’1,7 millions de téléspectateurs, une baisse serait indicatrice d’un désintérêt grandissant. Contrairement à celle de 2012, cette primaire sera un échec quoi qu’il arrive. Tout simplement parce qu’elle ne désignera pas l’unique représentant de la gauche. Les débats entre les sept candidats s’en ressentent. Ils ont certainement compris que, en définitive, ils se sont imposé une épreuve supplémentaire, alors qu’il est beaucoup plus simple pour Jean-Luc Mélenchon, d’aller seul à la bataille de la présidentielle et pour Emmanuel Macron, de se dispenser d’une étiquette dont on ne peut plus vraiment dire qu’elle est porteuse. De toute façon, la primaire socialiste aurait aussi été inutile si le président en exercice avait décidé de se représenter. À l’expérience, les acteurs de cette bizarrerie découvrent en cours de route que, même sans François Hollande, il ne servait pas à grand-chose d’organiser la compétition.

Un exercice sans vraie prise sur l’opinion.

Le forfait du président, la campagne engagée par Manuel Valls pour le remplacer, les multiples appétits ouverts par la crise politique profonde que traverse la gauche rendent le déroulement de cette primaire particulièrement illisible. La multiplicité de l’offre est loin de satisfaire un électorat démobilisé, lequel, de toute évidence, a besoin d’autre chose et s’apprête à le faire savoir. Cette formule de sélection, qui a été une bonne idée en 2011 et qui a si bien réussi à la droite en novembre dernier, s’est transformée en un piège pour ceux qui s’y soumettent. Manolito ne parvient pas à être lui-même, alors qu’il a été un Premier ministre qui a toujours su tenir un langage direct et franc ; l’intellectuel « profond » qu’est Vincent Peillon ne participe que pour bloquer Manuel Valls, ce qui n’est pas une mission reluisante ; Arnaud Montebourg, le présomptueux,  ne peut que se répéter et continuer à dénoncer une politique d’austérité qui n’a jamais été appliquée en France ; Bénêt Hamon fait tout ce qu’il peut pour nous surprendre, et il y réussirait presque avec son revenu universel, mais il rêve tout éveillé d’un monde que l’on ne peut trouver que dans l’espace intersidéral. Les autres candidats font de la figuration avec, en bouffon de service, l’inénarrable Bennahmias qu’on imagine fumant son pétard. Pas de quoi passionner les foules et sortir un candidat crédible.

Macron en embascade.

Le Brexit, Trump, l’ascension de l’extrême droite en Europe, sont autant de signaux qui expliquent la tentation des Français d’un besoin d’autre chose, cette envie puissante de jeter son bonnet par-dessus les moulins. Les désillusions sont tellement fortes, à gauche en particulier, qu’elles se traduisent par une envie d’être méchant pour les faire payer à ceux qui sollicitent des suffrages,  comme une  vengeance, en changeant tout. On retrouve cette motivation  dans une bonne partie de ceux qui se répartissent entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. C’est ainsi que la présence d’Emmanuel Macron dans l’arène présidentielle correspond aussi à une alternative animée de cette même volonté de chamboulement. De sorte que François Fillon est forcément affecté par le mouvement bien qu’il soit le seul et unique représentant de la droite et du centre. Simplement, il doit faire face à une armée de candidats qui oublient de dire la rigueur des temps et opposent un monceau de douceurs à une politique économique et sociale qui sera nécessairement sévère avec lui, même s’il en rabote les angles. Là où des candidats socialistes veulent nous faire croire que le retour au plein emploi est impossible parce que le nombre de postes de travail continuera à diminuer implacablement, l’ancien ministre de l’Économie consacre toute son énergie à expliquer qu’il va combattre le chômage sans dire comment, et n’hésite pas à affirmer tout et son contraire pourvu qu’il alimente l’idée qu’il est à la  fois de droite et de gauche. Il espère que sa jeunesse et la  boussole  perdue de trop de citoyens masqueront l’ambigüité de sa démarche. La fraîcheur c’est bien, mais l’expérience, c’est mieux pour occuper la magistrature suprême.  Avec Hollande on a déjà donné.

Mais entre Mélenchon à gauche et  Macron sur le flanc droit, le candidat de la Belle alliance populaire est pris entre le  marteau et l’enclume et risque fortement de se faire aplatir. Tout au plus, son utilité peut servir à grappiller suffisamment de voix pour empêcher l’un ou l’autre d’accéder au second tour. Ce serait déjà pas si mal ! Les électeurs de droite peuvent sauver le soldat Valls en allant voter, car c'est le meilleur concurrent de Macron. 

 

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