HISTOIRE
PRIMAIRE DE LA DROITE : FAUSSES QUERELLES ET FAUX DEBATS
IL FAUT LE SAVOIR …

LES PRIMAIRES : UNE COMPLICATION DEMOCRATIQUE

Iznogooud 4

 

Nicolas Sarkozy reproche à Alain Juppé de vouloir se faire élire avec le concours des voix de gauche. Un sondage récent (Ipsos-Sopra-« le Monde ») estime, en effet, à 6 ou 7 % la proportion d’électeurs de gauche (sans qu’on sache qui exactement) qui sont décidés à voter Juppé à la primaire pour faire barrage à l’ancien président. Mais c’est la logique d’une primaire ouverte.

Des primaires partout.

Les primaires sont adoptées par tous les partis politiques ou presque. Les Verts, le Parti Socialiste sont obligés de passer par cette étape  pour désigner un candidat. Elles introduisent deux tours de vote supplémentaires pour l’élection du Président de la République. C’est donc une complication, imposée  par le fait que seuls les deux premiers arrivés en tête sont retenus pour le choix final. Autrefois, c’était le premier tour qui faisait le tri. A l’heure actuelle, il y a tellement de prétendants qu’on n’a pas d’autre possibilité que d’écrémer avant l’épreuve finale. La cause principale, on la connait : le poids du Front National qui monopolise près du tiers de l’électorat au 1er tour, se garantissant pratiquement l’homologation pour le second. La primaire est donc un moyen d’accéder au moins à la 2ème place. Si l’on en croit les sondages, le candidat de la droite et du centre qui sera sélectionné par la primaire a de bonnes chances d’y parvenir.  Pour le candidat du PS, c’est beaucoup moins certain, même si François Hollande est candidat. On comprend alors que le désespoir puisse conduire certains électeurs de gauche ou ayant voté Hollande, à se choisir un candidat dans ceux de droite.

Les primaires compliquent le jeu.

Alain Juppé n’a jamais caché qu’il voulait la primaire la plus ouverte possible car il sait que, si elle s’était limitée aux militants, Nicolas Sarkozy le devancerait. C’est ce qui lui vaut les remarques triviales de l’ancien président, selon lequel si on accepte les voix de gauche, c’est qu’on s’apprête à appliquer un programme de gauche. Cette sorte d’OPA aux contours très réduits à laquelle l’ancien Premier ministre se livrerait sur les électeurs de la majorité actuelle n’est du goût de personne et d’ailleurs quelques voix se sont élevées pour dénoncer le candidat Juppé, considéré comme réactionnaire, ce qu’il n’est pas évidemment. Le reproche de Nicolas Sarkozy est d’autant plus stupide que lui-même a ouvert son gouvernement à des ministres de gauche alors qu’il n’y était pas obligé. Il n’en a pas pour autant mené une politique de gauche. On ne voit pas pourquoi Alain Juppé serait amené à changer son projet, d’autant plus que si le sort de la primaire lui est favorable, rien de dit que ces mêmes électeurs de gauche lui resteraient fidèles pour le 1er tour de la présidentielle. Quant au 2nd de l’élection, que ce soit Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, ils auront bien besoin, l’un et l’autre, des voix provenant de la gauche, s’il faut affronter Marine Le Pen. En fait, c’est une question de stratégie. La question porte uniquement sur les candidats que l’on trouvera au premier tour de la présidentielle : la gauche peut souhaiter que Nicolas Sarkozy représente son camp parce qu’elle pense qu’il sera plus facile à battre que M. Juppé. C’est en tout cas ce que l’on suppose dans le camp de François Hollande. Celui-ci se trompe au moins sur un point : beaucoup d’électeurs de gauche ne croient pas qu’il sera en capacité de se faire réélire. Au contraire, beaucoup sont convaincus que le second tour opposera Marine Le Pen au candidat de la droite et, dans ces conditions, ils préfèrent Juppé à Sarkozy. Encore que tout cela ne soit que suppositions.

Les primaires se transformeraient en auberges espagnoles.

Les sondages montrent mois après mois que les électeurs ont leur propre idée du match final. Ils sont régulièrement une large majorité à ne vouloir ni de François Hollande ni de Nicolas Sarkozy. La question est de savoir si ce souhait est assez fort pour les inciter à participer à toutes les primaires, seul moyen d’écarter les candidats qu’ils récusent ! Des primaires « fermées », c’est-à-dire limitées aux militants et sympathisants, auraient certainement favorisé les candidatures de Hollande et de Sarkozy. Les primaires « ouvertes » font plus l’affaire d’Alain Juppé ou de François Fillon ou encore de Bruno Le Maire, et, à gauche, des challengers du Président de la République. Voilà du boulot en perspective pour les analystes de tout poil.

Et il faut compter avec les « extras ».

Les primaires n’empêcheront pas des candidats déclarés, comme Jean-Luc Mélenchon, ou près de le faire, comme Emmanuel Macron, de participer à l’élection présidentielle. Leurs scores dans les sondages indiquent qu’ils peuvent changer la donne et font donc peser une sérieuse incertitude sur l’issue du second tour. Pour autant, ni l’un ni l’autre ne sont classés à droite et ils rassembleront des suffrages sur leur seul nom, bien plus que sur leur programme. A ceux-là, il faut ajouter la kyrielle des autres candidats à commencer par les entêtés comme Dupont Aignan et Guaino, ceux issus de la sphère internet qui nous réinventent la démocratie de Mme Michu, etc… Une forme de renouvellement démocratique bien contestable. S’il est certain que notre système démocratique montre des signes d’essoufflement avec la montée du populisme, le refuge dans l’abstention et la dénonciation des élites, ce cache-sexe commode, comment en serait-il autrement avec une gestion aussi médiocre qui génère 6 millions de personnes sans emploi ou en grande précarité. Ce ne sont pas les élites qui sont en cause, mais l’idéologie marxiste qui imprègne encore la gauche française. Mais notre démocratie souffre d’un autre mal bien plus profond : la coupure des élites avec le peuple, parce qu’elles ne le représentent plus dans sa diversité sociale. C’est le résultat bien peu enviable de notre système  éducatif qui depuis de trop nombreuses années pratique le nivellement par le bas. Il faut d’urgence rétablir la « construction démocratique de nos élites ». Car le pire remède, pour se rabibocher avec le peuple, c’est  la démocratie participative de Mr Macron, fondée sur le porte-à-porte et les solutions proposées (en apparence) par Mr et Mme Toutlemonde. Mettra-t-on Mme Michu aux affaires étrangères ?

Heureusement, la société française a une capacité de résilience qui peut nous permettre d’échapper à un tel destin. Il faut donc aller voter à la primaire de la droite et du centre. Pour l’heure, c’est  encore le meilleur moyen d’aller vers l’alternance que nous souhaitons.

Lundi, je reviendrai sur la prestation d’Alain Juppé à « l’Emission politique ».

 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)