HISTOIRE
IL FAUT LE SAVOIR …
EST-ON VRAIMENT GOUVERNE ?

JUPPE A-T-IL DEJA GAGNE ?

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Retour sur « l’émission  politique ».

Alain Juppé a expliqué jeudi soir dernier qu’il sentait « l’adhésion » et voyait « un peu de panique à bord » chez Nicolas Sarkozy. Avec une audience sensiblement supérieure à celle de son concurrent, il a fini le parcours sur un score relativement confortable de « convaincus » : 49% du panel IFOP au global et près des 2/3 des « Républicains » et sympathisants.  On mesure donc à cette occasion la durabilité du niveau d’adhésion à sa candidature qui ne s’est pas démentie depuis son passage, lui aussi réussi, à « Des Paroles et des Actes » il y a deux ans.

Pourtant il y aurait beaucoup de choses à dire sur le style de l’émission elle-même, qui se rapproche plus de la variété que de la production sérieuse comme il siérait au sujet, par la manière de faire des animateurs et le choix des intervenants face au candidat. Pour interroger Alain Juppé, France 2 avait choisi d'inviter quatre personnes un peu surprenantes et contestables. Car, au pays de Jean Tirole, inviter Jérôme Kerviel pour apostropher le candidat sur sa volonté de réformer la finance relève du gag. De même le choix du controversé Robert Ménard pour parler d'immigration est-il vraiment pertinent pour aborder un sujet aussi grave ? Quant à ressortir un survivant des grèves de 1995 qui ne savait trop quoi dire sans les suggestions soufflées par Pujadas, on touche vraiment le  fond de l’inconsistant. Le bouquet aura été le « youtubeur » imbu de ses milliers de « followers » qui se permet de juger d’un méprisant « vous êtes le moins pire » un Alain Juppé flegmatique et patient, pas si « déconnecté » que ça.  Qui est-il et quel bagage a-t-il pour se permettre cette « gratuité » ? Navrant ! Et même François Langlet, pourtant sérieux habituellement, n’a pas pu s’empêcher de sombrer dans l’égalitarisme et la haine du riche avec sa présentation discutable du résultat sur les ménages des baisses d’impôts proposées par Juppé. Restent les  animateurs : Léa Salamé reste fidèle à elle-même, superficielle et un brin impertinente, mais c’est l’air du temps qui veut ça. David Pujadas, toujours aussi « orienté » malgré les sourires, cherche toujours à faire le « buzz » en titillant son interlocuteur pour obtenir une réponse bien politicienne, au détriment du fond. On s’étonnera ensuite que l’émission ne batte pas des records médiatiques. On n’y apprend pas grand-chose et si on en décroche, c’est plus la faute de ceux qui l’animent que de l’invité.

Ce qu’on retient de l’émission.

Rien qu’on ne sache déjà ! Avec un constat : on découvre un Alain Juppé beaucoup plus naturel et moins stressé qu’à l’habitude. Il réussit même à faire rire la salle aux dépends de la « Salamé » qui apparemment ne s’en est pas remise. Comme quoi le « foutage de gueule » peut être mal vécu aussi par la gent médiatique. Certes, le personnage garde toujours une certaine distance que certains prendront pour de l’arrogance ou du mépris. On n’empêchera pas les idées toutes faites. Après tout, je préfère cette posture un peu raide qui transpire « l’homme d’Etat » que l’empathie jouée de beaucoup trop de politiciens. Alain Juppé pratique l’humour froid,  on s’en sera aperçu. Alors bien sûr, on en profitera pour évoquer cette fameuse phrase  prononcée dans une conversation avec FOG : « Je les emmerde ! ».  Chocking !  Facile de conclure ensuite sur le dédain manifesté par celui qui l’a dite. Mais il faut la resituer dans son contexte avant d’en faire le « buzz ».  FOG : « Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que vous êtes chiant ? » Réponse de Juppé : « Je les emmerde ! ». Mais de qui parlaient –ils ? Des journalistes, me  semble-t-il. Ce qui change tout. Mais  peu importe, qui que ce soit, cette réponse  reste  un détail qui ne mérite même pas qu’on s’arrête dessus, alors qu’il s’agit d’une boutade dans une conversation à brûle-pourpoint.

Alain Juppé a profité du débat pour réaffirmer qu’il est bien de droite comme en témoigne son projet. Etant donné les procès d’intention qu’on lui fait régulièrement, ce rappel n’était pas inutile. On n’est pas surpris qu’il ait la même matrice que Nicolas Sarkozy, « l'amour de la France, une vision de la France », puisqu’ils ont parcouru un grand nombre d’années dans le même sérail gaulliste. La référence à 1995 et à sa probité ne sont amenées que pour tenter de le déstabiliser et ce sera en vain. Pour le reste, le candidat a réussi à faire passer son message principal, le « plein emploi » qui justifie la baisse des impôts et les nombreuses réformes évoquées. Et on retient la formule : « Juppé = espérance ».  Bien joué !

Deux ou trois bémols quand même.

Sur le thème de l’immigration, il a tenté de faire passer un message inaudible pour le Français moyen à savoir que « 200 000 arrivants chaque année, cela ne change pas le visage de la France ». Sur le « shaddow banking » il avait l’air un peu à la ramasse et peu informé alors qu’à son niveau on devrait connaitre l’existence du « Bitcoin ».  Enfin, sur le dossier Syrien, sa position anti Bachar très raide semble méconnaître certains aspects, comme  le soutien au régime de la partie Alaouite et Chrétienne de la population, même si le renfort russe est déterminant. Mais on est bien d’accord que la priorité, c’est Daech. On gardera de son passage cette phrase-clé : « Ma référence, c'est le général de Gaulle. La France ce n'est pas la droite, la France ce n'est pas la gauche, la France c'est tous les Français. » Quant à la réponse à la question : « Soutiendra-t-il Nicolas Sarkozy s'il remporte la primaire ? » La réponse est évidemment « oui », «  si les primaires sont honnêtes ».

A l'arrivée, on aura vu un Alain Juppé parfois raide, certes, mais tout en maitrise. Un candidat qui ne travestit pas son caractère et qui s'assume clairement « de droite ». 

La « charge héroïque ».

La formule : « La politique n’est que l’art du possible » reste toujours vraie. Plus on s’écarte du réalisable plus on met en danger la démocratie. C’est peut-être la leçon subliminale qu’a voulu donner Alain Juppé. La « panique à bord » qu’’il voit chez Nicolas Sarkozy à six semaines du premier tour de la primaire de la droite se traduit par un regain d’énergie, si tant est que cela soit possible, dans la campagne de l’ancien président, qui redouble d’efforts et multiplie les meetings et les propositions identitaires, son cheval de bataille. Une sorte de « charge héroïque » pour tenter de refaire les points perdus au cours d’une semaine calamiteuse avec la sortie du livre de Buisson et les révélations sur les différentes affaires qui lui sont imputées. Mais il ferait bien de prendre garde car à force de cibler toujours plus « à droite » il risque de tomber dans le piège que lui tend Marine Le Pen qui joue la carte de la « France apaisée », au risque de passer pour plus modérée que lui, et « engrange » sans rien dire. 

Juppé a-t-il déjà gagné, en étant le candidat qui « rassure » ? Son avance régulière dans les sondages ne se dément pas et plaide pour un tel constat. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer ses concurrents, à commencer par Nicolas Sarkozy dont l’énergie est capable de soulever des montagnes, ni les autres, comme  François Fillon qui font leur bonhomme de chemin consciencieusement et qui pourraient bien récolter les fruits de leur travail au soir du 1er tour.  Et puis, il y a les deux haies majeures qui peuvent changer la donne et redistribuer les cartes, à savoir les deux débats en présence de tous les candidats…  Autrement dit, rien n’est joué. Comme au tennis, « avantage Juppé » ne veut pas dire que le set est gagné, encore moins le match.  La suite promet d’être passionnante.

 

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