HISTOIRE
UN PEU D’HISTOIRE…
LE TROUBLE FÊTE

PRIMAIRE DE LA DROITE : RENTREE EN FANFARE !

Primaire à droite

 

Le grand rendez-vous de la primaire est arrivé.

Ceux qui espéraient naïvement une confrontation de bisounours seront déçus. Au cours de la fin de la semaine dernière, chacun des "grands" candidats aura montré ses muscles. A commencer par Nicolas Sarkozy qui a réussi à faire d'une candidature-secret-de-polichinelle une annonce tonitruante et savamment orchestrée. De son côté, Alain Juppé n'a pas été en reste avec son rendez-vous de Chatou et François Fillon a fait le buzz avec sa référence au Général De Gaulle, depuis la Sarthe, où il a réussi à réunir près de 3 000 personnes -un record-.

J'ai suivi les principales prestations des trois.

Contentons-nous, pour l'instant de juger de la forme, nous viendrons sur le fond plus tard.

Le cas Sarkozy. Sur la forme : mise en scène, éloquence, séquençage, la palme revient à l'ancien président. Rien qu'à voir les images, on ne pourra pas dire qu'il n'a pas mouillé la chemise. Pour refaire son handicap, il a sorti l'artillerie lourde : publication du livre-programme  "Tout pour la France", démission médiatisée des Républicains, déclarations d'engagement à ses côtés en forme de litanie bien orchestrée, meeting de Chateaurenard, interview dans le Figaro Magazine, déplacement au Touquet au Rendez-vous des Jeunes républicains et enfin matinale de RTL. Objectif : saturation de l'espace médiatique pour laisser le moins de place possible à ses concurrents. L'image véhiculée est celle du "président" : costume noir, chemise blanche, cravate. Une vraie torture par 40° à l'ombre. La sortie du livre focalise sur le "t" rouge de la couverture : certains en ont fait une énigme avec des interprétations diverses, croix des chrétiens en forme de clin d'oeil à l'identité et à l'électorat de la "manif' pour tous", ou croix de Lorraine, inévitable pour un gaulliste... En fait, Nicolas Sarkozy donnera la réponse sur RTL : un "t" qui est appelé à devenir un "s" comme slogan de campagne pour ... après. Le temps fort aura été le discours de Chateaurenard devant un public de 2 à 2 500 personnes : du grand Sarko qui rappelle celui de 2007. Il a l'envie et il veut donner l'envie d'avoir envie ! Rien à voir avec celui de 2012 qui avait un problème avec sa campagne, "ce truc qui l'emmerdait". Pour le reste, on reconnait le savoir-faire pour dérouler les propositions et argumenter. A la radio, il a l'empathie naturelle et sait manier le concept de "franchise".

Alain Juppé est resté sur sa ligne de modération et de zénitude. Sa rentrée est marquée par un meeting avec ses fidèles à Chatou, plutôt réussi avec 2 000 personnes, sauf peut-être la chemise blanche sur fond blanc pour le discours, ce qui en terme d'image télé n'est pas génial. Après un été médiatiquement discret, il fallait un temps fort pour lancer la campagne. Et puisque Sarkozy a ouvert le bal sur "l'identité heureuse", c'est sur ce thème -qu'il sait porteur- qu'il a répondu dans son interview de samedi au Figaro. Pour compléter le dispositif, il a participer au grand rendez-vous I-télé dimanche matin. Toujours au si clair, jamais agressif, ferme sur les principes, modéré dans l'expression. Mais, comme le souligne Philippe Bilger qui compare son éloquence à celle de l'ancien président, il en ressort une certaine austérité préjudiciable à l'adhésion. C'est vrai, Alain Juppé garde trop souvent sa raideur qui fait partie de sa personne et qui tient plus à une pudeur naturelle qu'à une volonté de distance. Je ne suis pas certain que cela pèse beaucoup au moment du vote. Toutefois, une bataille présidentielle se gagne aussi sur les estrades.

C'est François Fillon qui aura fait le maximum avec le minimum. Un rassemblement dans la Sarthe, son ancien fief, très réussi avec la foule -plus de 3 000 participants- et une pléthore d'élus et non des moindres suivi d'une apparition au 20H de TF1. Le Président du Sénat, Gérard Larcher, le Président de la Région et Président du groupe au Sénat, Bruno Retailleau, étaient là pour apporter leur soutien et souligner les qualités de l'ancien premier ministre. Le discours de celui-ci était très attendu. Parti le premier , armé d'un programme dont tout le monde dit que c'est le plus cohérent et le plus réussi, à la traîne dans les sondages, allait-il enfin renverser la table ? Avec un style oratoire qui a ses qualités mais qui n'entraîne pas autant qu'on le voudrait, il a décliné devant un public acquis, de longues tirades sur le sens d'une candidature présidentielle, sur l'idéal qui doit porté un candidat, sur le rôle que doit jouer un Président... et placé le débat sur le terrain de la "morale" avec son allusion "imagine-t-on le Général De Gaulle mis en examen". La flèche vise évidemment la candidature de Nicolas Sarkozy, sans le nommer. Il a dit tout haut ce à quoi tout le monde pense sans oser l'évoquer... Les médias n'auront retenu que la petite phrase, mais n'était-ce pas le but visé ? Hormis cet épisode, François Fillon reste fidèle à lui-même : image lisse, un peu compassée. La compétence n'est pas accompagnée d'une image dynamique qui ferait exploser les compteurs. On saura rapidement si ce "haussement de ton" suffira à le faire recoller au groupe de tête de la compétition. Car le reproche d'avoir porté un coup bas risque de supplanter la réflexion de gouvernance, si justifiée soit-elle. Si la bataille entre les deux "favoris" virait à la bataille de chiffonniers, il est en effet nécessaire qu'il apparaisse toujours comme celui qui vole plus haut que les autres.

Bilan des courses : voilà une élection primaire qui promet.

Les débats vont-ils passionner ou exaspérer les Français, dont près de 3 millions déclarent qu'ils iront voter, c'est tout l'enjeu. Du piment, il en faut, à condition de rester dans la bienséance et le respect mutuel. N'oublions pas la suite : il faudra ensuite rassembler tout le monde. Il ne faut donc pas que les blessures soient trop profondes. Ce serait dommage de gâcher le plaisir au moment où se profile une rentrée compliquée pour un président de la République dont la courbe de popularité reste ancrée dans les grandes profondeurs. La gauche peut ironiser sur la bataille à droite, le disque antisarkozyste de Cambadélis est usé jusqu'à la corde et les désaccords de la majorité ne se sont jamais étalés avec autant de virulence, de Montebourg à Duflot en passant par Hamon... On comprend le départ du Macron aux yeux bleus. L'automne va nous apporter son lot de surprises et en ces temps tourmentés, on préfèrerait qu'elle soient bonnes pour la droite.

Nous aurons largement le temps de revenir sur le fond des programmes. Une certitude : on sait déjà qu'il y a à droite une unité sur l'essentiel, et des différences d'appréciation qui pourraient paraître minimes au regard des divergences de la gauche, mais néanmoins suffisantes pour susciter l'intérêt de la primaire. Un débat légitime que les électeurs trancheront dans deux mois.

 

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