HISTOIRE
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PRIMAIRE DE LA DROITE : RENTREE EN FANFARE !

Primaire à droite

 

Le grand rendez-vous de la primaire est arrivé.

Ceux qui espéraient naïvement une confrontation de bisounours seront déçus. Au cours de la fin de la semaine dernière, chacun des "grands" candidats aura montré ses muscles. A commencer par Nicolas Sarkozy qui a réussi à faire d'une candidature-secret-de-polichinelle une annonce tonitruante et savamment orchestrée. De son côté, Alain Juppé n'a pas été en reste avec son rendez-vous de Chatou et François Fillon a fait le buzz avec sa référence au Général De Gaulle, depuis la Sarthe, où il a réussi à réunir près de 3 000 personnes -un record-.

J'ai suivi les principales prestations des trois.

Contentons-nous, pour l'instant de juger de la forme, nous viendrons sur le fond plus tard.

Le cas Sarkozy. Sur la forme : mise en scène, éloquence, séquençage, la palme revient à l'ancien président. Rien qu'à voir les images, on ne pourra pas dire qu'il n'a pas mouillé la chemise. Pour refaire son handicap, il a sorti l'artillerie lourde : publication du livre-programme  "Tout pour la France", démission médiatisée des Républicains, déclarations d'engagement à ses côtés en forme de litanie bien orchestrée, meeting de Chateaurenard, interview dans le Figaro Magazine, déplacement au Touquet au Rendez-vous des Jeunes républicains et enfin matinale de RTL. Objectif : saturation de l'espace médiatique pour laisser le moins de place possible à ses concurrents. L'image véhiculée est celle du "président" : costume noir, chemise blanche, cravate. Une vraie torture par 40° à l'ombre. La sortie du livre focalise sur le "t" rouge de la couverture : certains en ont fait une énigme avec des interprétations diverses, croix des chrétiens en forme de clin d'oeil à l'identité et à l'électorat de la "manif' pour tous", ou croix de Lorraine, inévitable pour un gaulliste... En fait, Nicolas Sarkozy donnera la réponse sur RTL : un "t" qui est appelé à devenir un "s" comme slogan de campagne pour ... après. Le temps fort aura été le discours de Chateaurenard devant un public de 2 à 2 500 personnes : du grand Sarko qui rappelle celui de 2007. Il a l'envie et il veut donner l'envie d'avoir envie ! Rien à voir avec celui de 2012 qui avait un problème avec sa campagne, "ce truc qui l'emmerdait". Pour le reste, on reconnait le savoir-faire pour dérouler les propositions et argumenter. A la radio, il a l'empathie naturelle et sait manier le concept de "franchise".

Alain Juppé est resté sur sa ligne de modération et de zénitude. Sa rentrée est marquée par un meeting avec ses fidèles à Chatou, plutôt réussi avec 2 000 personnes, sauf peut-être la chemise blanche sur fond blanc pour le discours, ce qui en terme d'image télé n'est pas génial. Après un été médiatiquement discret, il fallait un temps fort pour lancer la campagne. Et puisque Sarkozy a ouvert le bal sur "l'identité heureuse", c'est sur ce thème -qu'il sait porteur- qu'il a répondu dans son interview de samedi au Figaro. Pour compléter le dispositif, il a participer au grand rendez-vous I-télé dimanche matin. Toujours au si clair, jamais agressif, ferme sur les principes, modéré dans l'expression. Mais, comme le souligne Philippe Bilger qui compare son éloquence à celle de l'ancien président, il en ressort une certaine austérité préjudiciable à l'adhésion. C'est vrai, Alain Juppé garde trop souvent sa raideur qui fait partie de sa personne et qui tient plus à une pudeur naturelle qu'à une volonté de distance. Je ne suis pas certain que cela pèse beaucoup au moment du vote. Toutefois, une bataille présidentielle se gagne aussi sur les estrades.

C'est François Fillon qui aura fait le maximum avec le minimum. Un rassemblement dans la Sarthe, son ancien fief, très réussi avec la foule -plus de 3 000 participants- et une pléthore d'élus et non des moindres suivi d'une apparition au 20H de TF1. Le Président du Sénat, Gérard Larcher, le Président de la Région et Président du groupe au Sénat, Bruno Retailleau, étaient là pour apporter leur soutien et souligner les qualités de l'ancien premier ministre. Le discours de celui-ci était très attendu. Parti le premier , armé d'un programme dont tout le monde dit que c'est le plus cohérent et le plus réussi, à la traîne dans les sondages, allait-il enfin renverser la table ? Avec un style oratoire qui a ses qualités mais qui n'entraîne pas autant qu'on le voudrait, il a décliné devant un public acquis, de longues tirades sur le sens d'une candidature présidentielle, sur l'idéal qui doit porté un candidat, sur le rôle que doit jouer un Président... et placé le débat sur le terrain de la "morale" avec son allusion "imagine-t-on le Général De Gaulle mis en examen". La flèche vise évidemment la candidature de Nicolas Sarkozy, sans le nommer. Il a dit tout haut ce à quoi tout le monde pense sans oser l'évoquer... Les médias n'auront retenu que la petite phrase, mais n'était-ce pas le but visé ? Hormis cet épisode, François Fillon reste fidèle à lui-même : image lisse, un peu compassée. La compétence n'est pas accompagnée d'une image dynamique qui ferait exploser les compteurs. On saura rapidement si ce "haussement de ton" suffira à le faire recoller au groupe de tête de la compétition. Car le reproche d'avoir porté un coup bas risque de supplanter la réflexion de gouvernance, si justifiée soit-elle. Si la bataille entre les deux "favoris" virait à la bataille de chiffonniers, il est en effet nécessaire qu'il apparaisse toujours comme celui qui vole plus haut que les autres.

Bilan des courses : voilà une élection primaire qui promet.

Les débats vont-ils passionner ou exaspérer les Français, dont près de 3 millions déclarent qu'ils iront voter, c'est tout l'enjeu. Du piment, il en faut, à condition de rester dans la bienséance et le respect mutuel. N'oublions pas la suite : il faudra ensuite rassembler tout le monde. Il ne faut donc pas que les blessures soient trop profondes. Ce serait dommage de gâcher le plaisir au moment où se profile une rentrée compliquée pour un président de la République dont la courbe de popularité reste ancrée dans les grandes profondeurs. La gauche peut ironiser sur la bataille à droite, le disque antisarkozyste de Cambadélis est usé jusqu'à la corde et les désaccords de la majorité ne se sont jamais étalés avec autant de virulence, de Montebourg à Duflot en passant par Hamon... On comprend le départ du Macron aux yeux bleus. L'automne va nous apporter son lot de surprises et en ces temps tourmentés, on préfèrerait qu'elle soient bonnes pour la droite.

Nous aurons largement le temps de revenir sur le fond des programmes. Une certitude : on sait déjà qu'il y a à droite une unité sur l'essentiel, et des différences d'appréciation qui pourraient paraître minimes au regard des divergences de la gauche, mais néanmoins suffisantes pour susciter l'intérêt de la primaire. Un débat légitime que les électeurs trancheront dans deux mois.

 


UN PEU D’HISTOIRE…

Election suffrage universel De Gaulle

 

L’ELECTION DU PRESIDENT AU SUFFRAGE UNIVERSEL

Voilà un sujet qui entre dans l’actualité. Il faut savoir que la République Française pendant longtemps a préféré désigner son président par d’autres  moyens comme « le congrès » rassemblant les deux chambres Assemblée et Sénat. Cela mérite explication.

1848…

La première élection du président de la République au suffrage universel direct eut lieu en 1848. La révolution du 24 février a renversé la « monarchie de Juillet », renvoyé Louis-Philippe et proclamé la Seconde république. Celle-ci institue le suffrage universel direct masculin et une assemblée constituante est chargée de rédiger une nouvelle constitution votée le 4 novembre 1848. Elle instaure un régime présidentiel « à l’américaine », avec une séparation stricte des pouvoirs législatif, exécutif,  judiciaire avec un président de la république élu  pour 4 ans, non rééligible immédiatement, au suffrage universel direct. Un vice-président est nommé par l’assemblée nationale sur sa proposition pour le remplacer  en cas d’empêchement. Ce président est à la fois chef de l’Etat et chef du gouvernement, il  a l’initiative des lois qu’il promulgue et dont il  assure l’exécution. Cerise  sur le gâteau, ni lui, ni son gouvernement ne sont politiquement responsables devant l’Assemblée nationale, unique chambre législative qui ne peut être dissoute.

Pourquoi en revenir à 1848 ?

C’est la suite qui est intéressante et qui va nous éclairer sur la longue éclipse du suffrage universel. En décembre 1848 se tient donc la première élection d’un président de la République. Six candidats sont en lice : le Général Cavaignac, champion des républicains modérés mais haï des ouvriers depuis la répression de l’émeute socialiste et ouvrière parisienne de juin 1848 ; l’avocat Ledru-Rollin partisan d’une république démocratique et sociale ; Le socialiste Raspail ;  le Général Changarnier pour les légitimistes ; Alphonse Lamartine, membre du gouvernement provisoire ; et enfin le Prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur et très populaire, qui se présente comme républicain progressiste et défenseur de l’ordre, de la religion et de la propriété. Ce dernier profite de la légende attachée à son nom et rafle 75% des voix. On connait la suite, l’expérience se  termine par le coup d’état du 2 décembre 1851 qui rétablit l’Empire.

Le souvenir de cet épisode et la crainte qu’il ne se reproduise conduiront les constituants de la 3ème puis de la 4ème République à considérer l’élection au suffrage universel  comme un danger. La fonction présidentielle s’en trouvera affaiblie pour longtemps. Les régimes dit « d’assemblée » qu’elles mettent en place sont sujets à l’instabilité gouvernementale qui atteint son sommet sous la 4ème République avec un gouvernement qui ne durera… qu’une journée.

1958/1962

C’est le Général De Gaulle, d’abord élu par les « grands électeurs » qui rétablit l’élection du président au suffrage universel direct, regroupant hommes et femmes (qui ont obtenu le droit de vote en 1945), après un référendum en 1962. Le retour de l’élection au suffrage universel a donc été pour l’échéance de 1965. Avec le raisonnement inverse : il s’agissait d’échapper au « régime des partis » et à leurs combinaisons, en s’adressant directement au peuple. Evidemment le Général De Gaulle fut élu (ou réélu).

 

 


UN AUTRE REGARD … SUR DE GAULLE

De Gaulle Yves001

 

Voilà un livre  qui arrive à point nommé.

Au moment où la prochaine élection présidentielle se profile, alors qu’elle commence à hanter tous les esprits et que les prétendants affluent au portillon, le regard que nous livre Yves De Gaulle sur son grand-père peut rappeler à tous ce qu’est vraiment le « service de la France ». Une lecture dont chaque candidat, de droite ou de gauche, devrait faire son miel ou prendre de la graine, puisque tous ou presque se réclament désormais du Général et vont même jusqu’à faire le pèlerinage de Colombey.

Je dédie cet article à mon ami Marcel, trop vite parti, trop tôt parti. Lui qui était un fervent gaulliste, il se serait délecté à lire cette remarquable analyse sur la personnalité du Général De Gaulle.

Yves De  Gaulle aura attendu presque cinquante ans après la disparition de son grand-père  avant de prendre la plume pour nous livrer ce puissant exercice de décryptage de la personnalité d’un homme qu’on savait hors du commun, ce qui transparaît  constamment au fil des pages. S’il n’a pas l’ambition de faire œuvre de mémorialiste, s’il n’encombre  pas le contenu de ces multiples anecdotes qui auraient réduit le personnage à notre humaine condition, le souvenir qu’il garde de ses vacances à la Boisserie et la proximité qu’il avait avec son grand-père permettent un éclairage pertinent et plein de sensibilité.

Le contenu s’appuie sur une analyse solide de son personnage et de son univers : inventaire de la bibliothèque de la Boisserie, relecture des ouvrages publiés, revisite des lieux qui l’inspirèrent, avec au cœur le parcours immuable du tour de la propriété, moment privilégié d’échange entre grand-père et petit-fils. Cette sorte de radiographie, à la fois pudique et documentée, va nous permettre de mieux comprendre l’action et la pensée de l’homme, dont il ne sépare jamais la « statue » de celui qui l’habitait. C’est donc un personnage en chair et en os qu’il nous décrit. Il l’a suffisamment connu, il l’a aussi aimé et admiré et surtout il a eu maintes fois l’occasion de lui parler très directement jusqu’à un âge suffisant pour qu’il puisse en avoir une idée adulte. Il avait  19 ans quand son grand-père est parti. Yves avait pleinement conscience de la dimension personnelle exceptionnelle du personnage qu’il côtoyait et le mérite de ce livre est de nous la faire découvrir comme personne d’autre n’aurait pu le faire.

Ce livre arrive à point nommé pour rappeler, à une époque où tout le monde se veut plus ou moins gaulliste, qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Personnellement, je me souviens bien du regard sombre que me jetaient mes camarades de promotion à l’Ecole Normale à me voir lire les « Mémoires de guerre » alors qu’eux vaquaient avec Sartre sous le bras. Il fallait du courage et c’était en même temps un pied de nez que je leur faisais. L’opposition d’alors n’avait pas de mots assez durs pour stigmatiser le « pouvoir personnel » et combattre le régime dans lequel elle s’est coulée pourtant avec délice le moment venu. Il est donc important de remettre en perspective la vie et l’action d’un homme d’état auquel aucun homme politique d’aujourd’hui ne peut se comparer, sauf à lui arriver à la cheville.

Le rebelle et la rupture.

De Gaulle aura paru à beaucoup un traditionaliste,  ce qu’il était assurément, guidé par l’idée de nation toute sa vie durant. S’il avait « une certaine idée de  la France », celle-ci n’était pas stérile, fermée, passéiste. Non, la France était pour lui une personne vivante dépositaire d’un héritage précieux : son histoire millénaire qu’il fallait à tout prix préserver. Une leçon perdue de vue par ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, comme quoi aller se recueillir sur une tombe ne suffit pas. Yves De Gaulle nous fait saisir combien son côté « rebelle » est structurant de son parcours et le conduit jusqu’à la « rupture » assumée quand elle lui parait nécessaire.  Ces notions sont capitales  pour comprendre l’homme du 18 juin 1940. Face à l’inacceptable, aucun compromis n’était possible et dans la pire défaite que la France ait connue et qui aurait pu la faire disparaître, son réflexe immédiat fut de sauvegarder à tout prix son capital moral et historique. Dès lors il lui revenait d’incarner la France.  Et il en a été ainsi chaque fois que ce capital était menacé, que ce fût par l’allié anglais ou encore américain.  Rebelle, il fallait qu’il le soit face aux puissants s’il voulait exister : « c’est quand on est faible qu’on ne fait pas de concessions ! »

Mais le « géant »  était aussi un être sensible et l’on découvre à quel  point il était ouvert d’esprit, disponible pour s’expliquer ou répondre aux questions, combien il doutait de lui-même et s’interrogeait sur ses choix. Il avait une certaine idée de l’homme et s’il était libéral et républicain, il était partisan d’une répartition équitable de la richesse, à l’écart du capitalisme anglo-saxon ou du communisme soviétique. Sa réflexion l’avait porté vers une « association du capital et du travail » par la « participation ». Il était aussi européen, et il avait compris la vitale nécessité de la construction de l'Europe, comme celle de la réconciliation franco-allemande.

C’est esprit méthodique de « rebelle » et de « contestataire » le conduisait aussi à la prospective géopolitique. Combien de voyages émaillés de discours provocateurs, du « mano en la mano » mexicain au « Vive le Québec libre » sans oublier le discours de Phnom-Phen… ont provoqué des petits séismes dans le microcosme politique mondial tant il voyait haut et loin. Le Général se donnait toujours le temps de la réflexion et de la méditation. La lecture des anciens lui était d’une grande utilité comme son immense culture.

Le livre fourmille d’anecdotes, de citations, de réflexions parfois inattendues. On y découvre ce qui hante le petit-fils et qui est l’objet de sa quête : la méthode que Charles De Gaulle utilisait pour prendre ses décisions.

Pour les gaullistes, ceux qui le sont moins ou qui le seront un jour, pour les candidats à la présidentielle (indispensable pour la probité et la transcendance), pour les politiciens en mal de modèle (ça ne peut pas faire de mal)… voilà un ouvrage qui ne peut être qu’utile. Et puis aussi tous les curieux que le personnage intéresse parce que non seulement il est entré dans l’Histoire, mais il l’a faite !

« Un autre regard sur mon grand-père Charles De Gaulle » - Yves De Gaulle – Plon.

 

 


SACRE SARKOZY !

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Le « service » a le dos large.

La rentrée, déjà ? Les échéances électorales galvanisent les acteurs de la politique. A  gauche, Cécile Duflot, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sont candidats à la présidence, primaire ou pas. A droite, c’est le trop plein, comme on sait, en attendant que le filtre des parrainages ait fonctionné. Qu’elles sont nombreuses ces personnalités à vouloir « faire de leur corps un rempart  pour sauver la  patrie » ! Tous le seraient par nécessité, par esprit de service, parce que leur devoir consisterait à faire barrage ou à empêcher une réélection de François Hollande. Cela, on peut le comprendre tant le bilan du quinquennat s’annonce catastrophique. L’atmosphère politique est déjà empoisonnée, elle  est même délétère à gauche où la multiplication des divisions conduit directement à l’élimination du 1er tour, même avec une primaire.

Le  retour de la droite est certain si…

Alors, sera-ce le retour de la droite ? Les sondages continuent d’accorder à Alain Juppé une avance sensible par rapport à Nicolas Sarkozy, tandis que François Fillon et Bruno Le Maire restent largement distancés. Cela n’empêche pas l’optimisme de l’ancien président qui est remarquable. Celui-ci vient d’annoncer sa candidature dans un livre intitulé « Tout pour la France » et déjà épuisé le jour de sa parution à 100 000 exemplaires. Il a entamé sa campagne pour les primaires tambour battant, dès mercredi soir sur TF1 au 20H et dès jeudi avec un meeting à Chateaurenard, sur les terres de Copé. Il a bien l’intention de lui imprimer un mouvement irrésistible. Alain Juppé n’ignore pas que ce concurrent est redoutable et qu’il s’y entend pour conquérir le pouvoir. Le maire de Bordeaux dispose cependant encore d’un atout considérable : une forte majorité de Français ne souhaite pas que se renouvelle le match de 2012. Certes, en plus, François Bayrou, hostile lui aussi à Hollande et à Sarkozy, se présenterait contre ce dernier ce qui pourrait le priver de suffrages indispensables pour sa présence au second tour. Encore qu’il faille que le scénario bayrouiste se renouvelle, ce qui n’est pas assuré au vu de la catastrophe hollandaise qu’il a provoquée. La perspective est néanmoins terrifiante puisque la candidature du maire de Pau risquerait d’aboutir à la victoire de Marine Le Pen au second tour. Une lourde responsabilité que devra endosser François  Bayrou après celle du quinquennat de Hollande. Prendra-t-il vraiment un tel risque pour le pays. Je le  crois plus intelligent.

Ce diable d’homme.

Revenons à Nicolas Sarkozy, puisque c’est l’événement de la semaine. Reconnaissons qu’il s’y est entendu pour faire de l’annonce de sa candidature un événement, bien qu’elle fût prévisible puisqu’il lui fallait impérativement démissionner avant jeudi 25 août de son poste de président des Républicains. Il trouve encore le moyen d’innover en « démédiatisant » son rendez-vous avec l’électorat, en choisissant de se livrer dans un ouvrage plutôt que de recourir à l’interview classique, la conférence de presse ou le discours devant ses partisans. Encore qu’il fasse les trois. Comme le livre du début de l’année, « Tout pour la France », c’est lui qui l’a écrit : du pur Sarkozy dont les fans vont retrouver la voix rien qu’en lisant. Et beaucoup vont être bien ennuyés : ses propositions ne peuvent que plaire  avec la baisse des impôts sur le revenu, et surtout sur les sociétés, la baisse des charges sociales, la hausse du temps de travail dans le secteur public, la suppression de fait des 35h, la suppression de l'ISF, la réduction de la fiscalité sur les placements, le décalage, raisonnable, de l'âge de départ à la retraite, la réduction des inégalités entre le secteur public et le secteur privé… On entend déjà la gauche : «  Tout pour les riches » !!! Les classes moyennes devrait-on rectifier, mais pour ces gens-là, c’est la même chose. Alors bien sûr, il y aura toujours ceux que le personnage crispe : je peux les  comprendre. Il fait pourtant beaucoup d’efforts  pour gommer ses tics et ses phrases assassines. Et puis ceux qui lui intenteront le  procès du « pourquoi il ne l’a pas fait avant »… suivi du sempiternel : « Pourquoi tiendrait-il ses promesses s'il était élu alors qu'il ne les a pas tenues en 2017 ? » C’est fou ce que cette croyance rabâchée par les médias, y compris Yves Tréhard, a fini par convaincre la multitude, alors que rien n’est  plus faux.  Je ne sais pas encore si je voterai pour lui,  mais je ne laisserai jamais dire que rien n’a été fait de 2007 à 2012. Je serai encore prêt à lui faire  autant confiance qu’à Juppé ou Fillon… Enfin, reconnaissons qu’il lui faut un sacré courage ou culot pour y retourner. C’est le premier président battu à pouvoir se représenter. La presse rappelle, à juste titre, ses démêlés avec la justice qui risquent de le rattraper à tout moment pendant la campagne électorale. Les sondages, qui persistent à ne pas lui accorder la première place, continuent de donner à Alain Juppé une avance impressionnante, même si elle est appelée à se réduire sous l’effet de la multiplication des débats. Les études d’opinion confirment toujours un rejet massif de l’électorat, presqu’aussi fort que celui de Hollande.  Il n’en a cure !

« Il a ça dans le sang », aurait dit ma grand-mère.

C’est qu’en effet, Nicolas Sarkozy a une manière inimitable de concentrer sur sa personne la lumière des projecteurs, peut-être a-t-il plus de talent que ses principaux rivaux et il n’est pas interdit de penser que la primaire de la droite peut se jouer non pas sur le choc des programmes mais sur l’éloquence et l’autorité personnelle. Il continue de croire qu’il n’a pas vraiment perdu il y a quatre ans et que si la campagne d’alors avait duré quelques semaines de plus, il l’aurait emporté –ce qui n’est pas faux- . Il est convaincu que sa dynamique sera assez puissante pour dépasser Alain Juppé, dont la subtilité, pourtant nécessaire à la résolution des problèmes complexes de l’État, ne constitue pas forcément un avantage sur un podium où les bons orateurs sont plus efficaces que les bons penseurs. Alors, pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la machine « Sarko » est déjà lancée à grande vitesse et que sa technique de conquête du pouvoir, même si elle a échoué de peu en 2012, sera d’autant plus puissante que cette fois-ci, l’envie est forte : « On part à fond, ensuite, on accélère ». Nicolas Sarkozy est persuadé que, ces temps-ci, il a la baraka qui lui a fait défaut en 2012. La querelle sur la place de l’Islam ne tombe-t-elle pas à point nommé ? Simplement, on aimerait que son éventuel succès à la primaire serve à améliorer son offre politique et qu’il pense à un programme de gouvernement pour tous les Français et pas seulement pour ceux de la droite pure et dure. Peut-être pourrait-il reprendre les quelques principes macroéconomiques simples du Général De Gaulle, dont il se réclame et dont il retrouve par moments les accents : équilibre budgétaire sur la base d’un niveau de prélèvements publics raisonnables, redistribution équitable de la « richesse » préalablement créée par les entreprises, importance accordée par la puissance publique à l’investissement, à la recherche et à l’éducation, évolution des « signes monétaires » en proportion de celle de la croissance économique réellement créée (ce dernier point suppose une négociation avec la BCE) et enfin inscrire l’action de court terme à partir d’un objectif de long  terme qui s’inscrit dans une vision de l’histoire. C’est ce dernier point qui manque le plus à tous les candidats.

Attendons-nous néanmoins au grand déchainement « sarkophobe » des médias et de la gauche pour le faire passer pour une « brute » ou le  « drôâtiser » … Des mots, de la virulence, c’est comme contre le terrorisme, c’est tout ce qu’ils savent faire.

 


LE CHOMAGE A ENCORE BAISSE ...

Haddock se marre bis

Voilà ce que ça me fait ! Pourquoi ?

Je vous livre le commentaire de Marc Fiorentino. On ne peut pas  mieux dire :

" On se calme !  Le chômage a baissé. 19 000 demandeurs d'emplois en moins. En regardant les titres et les déclarations gouvernementales on a l'impression qu'on a atteint le plein emploi. C'est une baisse certes. Mais une baisse ridicule. Ridicule par rapport à TOUS les autres pays développés, même d'Europe du Sud, une baisse ridicule par rapport aux pays qui connaissent le plein emploi comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou les États-Unis mais une baisse ridicule surtout par rapport à tous les moyens mis en place par le gouvernement, des moyens coûteux et parfois artificiels, pour créer de l'emploi. Pas de quoi s'exciter donc. On devrait être à 8% de chômage, voire à 7.5%."

 

 

 

 


PUISQUE LA FRANCE EST EN GUERRE…

Laicite

 

Le Jihad est une guerre planétaire.

Le terrorisme islamique a choisi l’escalade dans l’horreur. Plus Daesh recule sur le terrain, plus  il s’active pour riposter avec son arme favorite, celle des lâches : l’attentat. Elle ne cessera de s’intensifier et pas seulement en France. Toute l’Europe est visée et les Etats-Unis aussi. Le  monde des « Croisés » en quelque sorte, mais notre pays est une cible prioritaire de ses actions depuis que l’Etat islamique recule au Moyen Orient.  Il s’attaque aussi bien aux musulmans qui ne se reconnaissent pas dans son sunnisme outrancier qu’aux peuples  dits  mécréants.  Si l’Etat islamique recule en Irak et en Syrie, il  progresse en Afrique et en Europe. Contrairement à ce que nous entendons souvent, il ne s'agit pas d'un conflit de civilisations – car il n'y a qu'une civilisation, celle qui va vers toujours plus de liberté, et pas l'inverse. Cette guerre a un objectif clair que nous devons garder à l’esprit : il s’agit de « liquider » -le mot n’est pas  trop fort- la civilisation et la démocratie qui va avec. Il s'agit de l'éternel conflit entre la civilisation et la barbarie. Il ne peut donc pas y avoir de compromis. Il nous appartient collectivement de faire  en sorte que ce ne soit pas nous qui disparaissions. Et il est grand temps de s’y mettre. Ce n’est pas trahir la démocratie que de lui donner les moyens de se défendre contre ceux qui instrumentalisent les Droits de l’Homme pour faire la promotion de l’islamisme. Ainsi, dans notre pays, selon une étude, un tiers des musulmans  accorderait à la « charia » une valeur supérieure aux lois de la République, et elle est appliquée déjà dans quelques villes comme Trappe (Yvelines) ou quartiers, territoires perdus de la République, sans parler des  provocations multiples qui défient quotidiennement les lois communes qui règlent notre mode de vie, comme en témoigne la polémique sur le « burkini ». Autant d’éléments qui créent ce climat de méfiance voire de défiance qui se répand parmi les Français non musulmans, bien que la grande majorité de leurs concitoyens musulmans aspirent à une vie paisible.

La guerre qu’il faut mener comporte deux fronts.

C’est d’abord une guerre matérielle, et la priorité consiste en premier lieu à compliquer la vie de ceux qui prétendent nous soumettre et pour cela de nombreux moyens sont encore à mettre en œuvre. C’est aussi une guerre idéologique qui ne combat pas avec des chars et des gardes nationaux mais avec l’arme de la citoyenneté et de la cohésion populaire autour des valeurs de la République et de la démocratie, et en ne cédant rien sur nos racines judéo-chrétiennes et notre identité spécifique. Cette double guerre, il faut la mener pleinement, d’autant plus que la France est la cible principale en tant que « pays-symbole » de l’universalité des Droits de l’Homme.

D’abord, réprimer et prévenir.

Il y a en effet urgence à entamer et amplifier les actions dans tous les domaines où l’Etat peut agir et faire appliquer la loi et prendre  les mesures préventives en en donnant les moyens aux forces de l’ordre et à la justice. Les terroristes ne sont pas des citoyens-délinquants mais des ennemis à abattre. Ce qui implique d’étendre  la rétention administrative en cas de risque terroriste et de durcir les peines frappant le trafic et la détention d’armes, de détruire les sites internet jihadistes et réprimer sévèrement leur consultation, réviser le droit de l’immigration et de l’asile en cohérence avec nos partenaires européens. Reprenons immédiatement la proposition d’Alain Juppé de créer un « délit de séjour ou de volonté de séjour dans les théâtres extérieurs où opèrent des groupes terroristes », ce qui permettrait d’engager des poursuites contre une bonne partie des « fichés S », et donc de les incarcérer. Ou encore, comme le proposent Nicolas Sarkozy et Les Républicains, « la mise en place d’un service de renseignement dans les prisons », lieux privilégiés de radicalisation. Et qu’on ne vienne pas nous dire que ça n’est pas opportun. Ce volet de la guerre ne peut être mené que par les pouvoirs publics. Puisque le Premier Ministre n’arrête pas de nous dire que nous sommes en guerre, à grand renfort de coups de menton, appliquons le « droit de la guerre » prévu dans la constitution, selon lequel quiconque professe une allégeance à l’Etat islamique est coupable « d’intelligence avec l’ennemi » : le code pénal sanctionne de 30 ans de prison. Il n’est nul besoin de légiférer en la matière. Arrêtons de penser que nous sommes impuissants.

Ensuite, mener la bataille idéologique.

Il y a aussi urgence  à réinvestir le  terrain de l’exigence dans le respect des lois de la République.  Partout et en tout lieu. Nous ne pouvons tolérer cette idéologie religieuse chaque fois qu’elle asservit la liberté au dogme, qu’elle récuse le savoir jusque dans nos établissements scolaires, qu’elle s’oppose  au progrès, qu’elle réduit les opposants au silence, qu’elle asservit les femmes, qu’elle  instrumentalise les enfants…  La France n’est pas une somme ni une multiplication de particularismes : « être Français » tient dans l’acceptation pleine et entière de la souveraineté de la France sur chacun de nous. Ce que les terroristes ciblent en visant notre société, c’est l’humanisme d’adhésion que la France représente et qu’elle porte universellement. Notre idéologie, celle des Droits de l’Homme, qui se veut universelle, doit se défendre contre l’idéologie d’une religion qui prétend à la même universalité.  Pour lutter, nous avons l’arme puissante de la laïcité et de la loi. Il suffit que nous décidions de nous en servir. Pas seulement au niveau institutionnel, où la volonté est  plus que jamais à affirmer. Cela exige notamment que notre administration arrête d’être complice. Ainsi, il s’est trouvé des magistrats pour estimer qu’un garçon qui avait tenté par deux fois de rejoindre Daesh pouvait être lâché dans la nature  avec  un simple bracelet électronique et une simple restriction de ses heures de sortie… Après le meurtre du père Hamel, dorment-ils paisiblement ? J’espère que non.  Quant aux vociférations de Mme Taubira sur le sujet, elle devrait, si elle était lucide, en mesurer l’indécence : elle est coupable d’intelligence avec l’ennemi au moins moralement. Face à une « non-intégration » revendiquée, il nous faut un sursaut dans l’enseignement de nos valeurs.  Et à cet égard, il y a urgence à mettre fin au travail de sape mené par la « Terminator en jupons » (dixit Jean d’Ormesson) de l’Education nationale. Car dans cette guerre, la « transmission » est décisive et elle est en panne, faute de directives claires et de contenus adaptés. L’école et le collège, en premier lieu, doivent redevenir les « bastions de la République », établissements en charge d’éveiller les sensibilités,  d’enseigner les repères, les savoirs  fondamentaux, en commençant par ceux qui fondent nos racines et notre langue. Mais, si la responsabilité de tous les « politiques » est engagée, celle de chaque citoyen qui adhère à la République aussi. On n’est pas islamophobe parce qu’on refuse que le communautarisme tente de s’imposer à l’hôpital ou à la piscine, dans la rue ou au supermarché. Cette guerre commence par la mobilisation de chacun de nous, chaque jour sur le  terrain en nous opposant, en dénonçant, en refusant ce qui ne nous convient pas dans les comportements, dans les  paroles, dans les gestes dont nous sommes les témoins. Nous commencerons à regagner du terrain quand  chaque sortie d’une femme en burka provoquera  un trouble à l’ordre public. Cela veut dire « faire peuple ». Ce volet de la guerre c’est le peuple français collectivement qui doit le mener.

La place de l’Islam dans la République.

Il y a une population française musulmane. Elle doit avoir sa juste place dans notre société, mais elle doit savoir aussi que la  place de l’Islam dans la République française ne peut être régie que par la loi, et notamment celle de 1905 qui codifie clairement ses rapports avec les religions, toutes les religions. Pour que l’Islam ait toute sa place, les musulmans doivent clarifier leur position : de deux choses l’une, ou ils représentent un ensemble de personnes dont chacun agit et ne représente que lui-même et en cela ils se fondent dans l’ensemble des citoyens, ou bien ils constituent un ensemble de personnes animées collectivement par le projet d’étendre le plus possible l’emprise de leur religion, avec sa loi et ses mœurs : dans ce cas, ils deviennent une communauté spécifique que la nation ne peut pas reconnaître et même se doit de combattre. Il faut donc tracer une frontière lisible entre l’affirmation légitime des droits de chaque individu à pratiquer sa religion –ou pas-, et la participation à un « Islam politique » se définissant comme une entreprise collective visant à étendre une emprise religieuse incompatible avec nos lois. Voilà pourquoi la polémique sur le burkini est vaine, car il est bien évident qu'il est une revendication communautariste et religieuse avant d'être une tenue de plage. Tout le débat sur « l’Islam de France »  est une tarte à la crème pour éviter d’affronter cette réalité. Il appartient à l’Etat sur son territoire de dicter ses règles.

Les musulmans n’ont pas  le choix.

Il faut savoir que la population française est en majorité convaincue depuis longtemps, à tort ou à raison, que l’Islam est difficilement compatible avec les valeurs de notre société. Les musulmans doivent comprendre sa méfiance, voire son hostilité, tant qu’ils n’auront pas démontré collectivement, à quelle conception ils adhèrent. Comme l’affirme Youcef Chiheb*, « Si les musulmans de France et d’Europe ne se prennent pas en charge pour éradiquer ce fléau qu’est le Jihad, leur avenir en Europe serait plus que sombre et pourrait les conduire à la persécution, à la déportation voire à l’épuration ethnique comme ce fut le cas en Bosnie. »… Il a bien raison. La seule voie possible est celle d’une diversité culturelle bien comprise, qui s’accommode du refus du communautarisme puisque notre droit ne connait que des individus ne représentant qu’eux-mêmes, et qui prenne en compte pleinement l’égalité républicaine. Il  ne s’agit pas de nier les identités d’origine, ni d’empêcher les cultures propres de s’exprimer, encore faut-il qu’elles intègrent elles-mêmes, pour se fondre dans le creuset national, le fait que la France a un passé, une histoire,  des traditions judéo-chrétiennes et européennes indépassables et irremplaçables. Il leur est demandé d’être Français avant d’être musulman. Car une civilisation se définit tout autant par ses moeurs, son architecture, ses institutions politiques  qui doivent irriguer toute la vie collective. Et c’est possible : j’ai pleins d’amis de culture musulmane qui ont assimilé nos valeurs et qui ont la « double culture ».  Alors, ce sera « l’identité heureuse », comme l’exprime Alain Juppé. Déjà, dans le prolongement des récentes déclarations d’autorités musulmanes, et comme les y invitent Tarek Oubrou ou l’intellectuel Tahar Ben Jelloun, si les Français musulmans refusaient massivement et ostensiblement d’être les supports du prosélytisme islamiste, montraient leur adhésion aux valeurs de la République telle que la liberté de conscience, alors on éviterait que ne se creuse chaque jour un peu plus le fossé  entre les autres Français et leurs concitoyens musulmans. Un chemin ardu sans doute, mais il est praticable si on additionne les bonnes volontés de part et d’autre.  

En attendant, il faut faire la guerre.

Encore faut-il avoir des gouvernants et une classe politique convaincue de sa nécessité. Force est de constater que le pouvoir exécutif  actuel se retranche derrière les paravents trop commodes de l’Etat de Droit, de la République et de la tolérance pour ne pas la faire complètement. Il ne sert à rien d’appeler à « faire bloc », si c’est pour ne rien faire.  Car c’est l’inaction qui crée la défiance et désunit. Le temps presse et nous ne pouvons attendre encore dix mois, avec combien d’attentats et de morts supplémentaires que l’on se contentera de déplorer et de commémorer … en longs discours inutiles.

*Youssef Chiheb, Professeur à l’Université Paris XIII Sorbonne. – « Pourquoi es-tu venu en France, papa ? » ed. alfAbarre


UN PEU D’HISTOIRE…

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LES CONGES PAYES

En descendant tranquillement vers la côte vendéenne, hier matin, sur l’A 87, la circulation était fluide, mais dans l’autre sens, ça « remontait ». Les « aoûtiens » dont le temps de vacances était terminé s’acheminaient en grappes drues vers leurs pénates afin de reprendre le dur labeur. C’est que les traditions ont la vie dure : je le constate tous les ans, c’est la première quinzaine d’août qui est toujours la plus fréquentée par les vacanciers. Ce phénomène nous vient de 1936, quand les « accords Matignon » accordèrent les premiers « congés payés » dans l’enthousiasme général.

Ce principe était déjà appliqué dans plusieurs pays et même dans certaines professions en France. Ce n’était donc pas tout-à-fait une révolution. C’est Napoléon III qui publia un décret en 1853, accordant quinze jours de congés aux fonctionnaires (c’est aussi lui qui accorda le droit de grève). Vous allez penser que ce sont toujours les mêmes qui sont servis en premier.  Au début du XXème siècle, les salariés du métro, des usines électriques et à gaz, les employés de bureau et de commerce ont obtenu en moyenne une semaine de congés. Ceux de la Société des Transports en Commun Parisiens battent tous les records avec vingt et un jours ! Quelques entreprises privées adoptent aussi le principe en particulier dans les secteurs du livre et de la couture. C’est ainsi que les employés du journal « l’Information » profitent de congés payés dès 1920, ce qui n’échappe pas à Léon Blum, collaborateur au journal. Cette expérience inspirera le chef du gouvernement du « Front populaire ».

Pourtant, la grande majorité des ouvriers échappent à cette évolution. Probablement parce que les syndicats sont encore en retard d’une guerre et préfèrent concentrer leurs efforts sur les salaires et la durée du travail. Bien que beaucoup d’usines ferment en août, leurs ouvriers ne sont alors pas payés, ce qui paraîtrait scandaleux aujourd’hui mais pas à l’époque, où pour le patronat et beaucoup de salariés il est inconcevable « d’être payés à ne rien faire ». C’est pourquoi la généralisation des congés est jugée encore en 1936 comme utopique et ruineuse.

Cette loi votée le 8 juin 1936 sera emblématique des conquêtes sociales sacralisées par le « Front Populaire ». Elle accorde quatorze jours de congés annuels pour les salartiés ayant travaillé un an.  Dans le même temps, Léo Lagrange, sous-secrétaire d’Etat aux sports et à l’organisation des loisirs (ça rappelle André Henry, ministre du temps libre en 1981), propose des billets populaires de congés annuels mis en vente dès le 3 août. On part en train, en vélo, ou même à pied pour le plaisir de planter sa tente dans un coin de verdure. Beaucoup voient la mer pour la première fois ! Et si une grande majorité n’a pas les moyens de partir, ce temps de repos est utilisé en pique-niques ou invitations entre voisins. C’est une manière de s’approprier ce moment inédit et le sentiment d’être maitre de ses journées.

La coupur d’août n’a jamais été remise en cause. Elle rythme l’année. Le tourisme de masse s’est peu à peu développé avec le secteur des loisirs et des vacances, faisant vivre des milliers d’autres salariés. Des lois successives ont augmenté la durée des congés : trois semaines en 1956, quatre en 1969, cinq en 1982. La trêve estival reste mais est moins tranchée, elle est souvent complétée par un temps de repos pris pour aller aux sports d’hiver et depuis les RTT qui viennent s’ajouter, la mode est de plus en plus à l’étalement des vacances tout au long de l’année.

Pourtant, la coupure de la première quinzaine d’août est encore très marquée. Les traditions ont la vie dure, les fermetures annuelles aussi !


LA COURBE EST INVERSEE !

Inversion courbe

 

Hollandounet  va  pouvoir enfin annoncer qu’ayant rempli la condition qu’il s’était fixé, à savoir l’inversion de la courbe du chômage, il peut se « représenter » ! Les  statistiques de l’Insee arrivent à point nommé : 9,6% de sans-emplois au 2ème trimestre…  confirmant le « ça va mieux » !  Comme quoi une petite visite au Pape de celui qui n’a cessé de cracher sur ces sales-catho-conservateurs-de-droite, peut réaliser des miracles !

Faudrait tout de même pas nous prendre pour des cons.

La réalité, c’est que l’habillage statistique des demandeurs d’emplois fonctionne à plein. Qui peut croire, en effet, qu’avec une économie atone, on puisse réduire le nombre des chômeurs ?  Ainsi le chômage serait revenu au niveau de ce qu’il était fin 2012, en France métropolitaine. Le pseudo président va donc pouvoir proclamer « urbi et orbi » que le taux est redescendu à 9,6 %, au niveau observé au début de son quinquennat,  tenant ainsi l'engagement majeur de son mandat, celui auquel il avait suspendu sa décision de se présenter à nouveau devant les électeurs. Et encore ajoute-t-il, « J’ai pas eu de bol » ! En tout cas, il sait tricher.

Car ce miracle n'en est évidemment pas un.

D'abord parce que l'inversion de la courbe doit plus à l'action du gouvernement qu’à celle du ciel.  Ensuite, parce que la France fait beaucoup moins bien que ses partenaires européens. La comparaison n’est pas à son avantage : si elle avait fait depuis quatre ans comme la moyenne de la zone euro, son taux serait aujourd'hui à moins de 8 %. L’inversion que l’on constate n'est en rien la mesure de la santé de l'emploi ou de l'économie. Elle est la mesure des efforts du gouvernement pour forcer l'inversion, ce qui n’est  pas la même chose, alors qu’à l’observation de la réalité, on s’aperçoit que les créations d’emplois ont été faibles au second trimestre, de l’ordre de 24 000 en trois mois, le PIB faisant du surplace. Ce sont les « sorties du marché du travail », pudiquement nommées « halo » par les statisticiens, et les mises en formation qui jouent sur les chiffres. Pratiquée par tous les gouvernements avant des élections, jamais cette politique d'habillage n'avait atteint une telle ampleur : crédit d'impôt, emplois aidés dans le secteur public, primes à l'embauche pour les PME, plans de formation des chômeurs sans précédent... Une formidable débauche de moyens a été mise en oeuvre pour atteindre la cible. Tout a été fait pour forcer l'inversion, on pouvait donc s’y attendre,  et d’ailleurs on s’y attendait.

Ne soyons pas pigeons.

L’amélioration va se poursuivre jusqu’à l’élection, et le pouvoir ne se privera pas de vanter l’efficacité factice de sa politique. En espérant  ainsi pouvoir gagner des voix et l’emporter. Or, clairement, il faut s’attendre à ce que les lendemains du printemps 2017 ne chantent pas, quel que soit le vainqueur. D’ailleurs les destructions d’emplois ont déjà repris dans le BTP, au 2ème trimestre 2016, ce qui n’est pas un bon indicateur pour l’avenir. Aussi, dès l'élection passée, la pression du chômage se fera à nouveau sentir : les PME freineront l'embauche une fois disparu l'effet d'aubaine, les chômeurs formés à la va-vite redeviendront vite chômeurs si tant est qu’ils aient trouvé un emploi, les jeunes qui auront terminé leur contrat « emploi-jeunes » auront toujours autant de mal à trouver ensuite un poste, comme l'ont montré maintes études sur le sujet. Le gouvernement aura donc dépensé des milliards que les nouveaux gouvernants devront assumer, pour atteindre une cible sans rien régler au problème de fond.

Ce qui est réconfortant, c’est que pour l’instant, la courbe de popularité ne suit pas celle du chômage. Encore heureux !

 


TROIS FOIS RIEN, C’EST DEJA QUELQUE CHOSE …

étau des taux

 

L’argent ne vaut plus rien, mon brave monsieur !

A tel point que les épargnants vont être taxés par les banques sur leurs économies. Vous rigolez ? Non, c’est sérieux. La petite banque coopérative Raiffeisenbank à Gmund, en Allemagne, s'apprête à réclamer une commission de 0,4 % sur les dépôts à vue de particuliers. Du moins les plus aisés, dont l'avoir dépasse 100.000 euros… pour l’instant.  Depuis que la BCE a instauré un taux de dépôts négatif (- 0,4 %) sur les liquidités que les banques déposent à ses guichets, tous les établissements cherchent à adapter leur modèle et à compenser cette taxe, qui pénalise leurs revenus. Facturer les dépôts pourrait inciter les consommateurs à sortir leur argent de leurs comptes pour le mettre à l'abri sous leur matelas. Mais priver le système bancaire de la stabilité des dépôts pourrait générer une crise de très forte ampleur, aussi  la plupart des grandes banques en ont conscience et ont préféré, jusque-là, contourner la facturation des dépôts en mettant en place des frais de tenue de compte, ce qui est une taxation déguisée. Voilà où conduit la politique de la planche à billets.

On ne fait pas boire un âne…

L’argent n’ayant plus de valeur, le métier de banquier ou d’assureur devient très compliqué. La politique des banques centrales visant à injecter de l’argent dans l’économie pour soutenir la croissance et éviter la déflation, amène les banques à en replacer une grande partie sur les marchés financiers faute de trouver des entreprises demandeuses de crédits, des investisseurs ayant des projets, des ménages  souhaitant s’équiper. Les politiques monétaires non conventionnelles, comme on dit, tentent de soutenir l’activité avec deux grands leviers : en abaissant le coût de l’emprunt et en encourageant les investisseurs à prendre davantage de risques. Les bénéfices espérés ne sont pas au rendez-vous et sont décevants surtout dans la zone euro. C’est qu’un âne qui n’a pas soif ne boit pas : en témoigne le PIB de la zone euro qui a augmenté de seulement 0,3% au deuxième trimestre 2016, soit la même progression qu'au cours des trois premiers mois de l'année. Sur un an, la croissance atteint à peine 1,6%. La croissance reste donc désespérément molle en zone euro. De même la panne de croissance française. On voit bien que cette politique  « d’assouplissement quantitatif » ne produit pas  les effets escomptés mais les banquiers semblent ne pas savoir comment en sortir alors que les taux négatifs commencent à produire des effets secondaires néfastes : comme les épargnants ont de plus en plus de mal à rémunérer leurs placements, ils sont tentés d’épargner plus pour maintenir leurs revenus. Et l’épargne collective, comme les fonds de pensions, est, elle aussi, à la peine et ce sont des milliers de retraites qui sont menacées. Quant aux banquiers, il est facile de comprendre qu’ils ont de plus en plus de mal à gagner de l’argent et ils commencent à se retrouver dans une situation inextricable.

Une opportunité inexploitée.

Pourtant, cet argent qui ne vaut plus rien ou presque était une fantastique aubaine pour mener de grandes réformes structurelles sans risque de désagréments sur les marchés. C’était une opportunité extraordinaire pour remettre notre pays dans le peloton sur le plan de la concurrence et de ses finances.  Au lieu de ça, on a assisté à un accroissement de la dette de 400 milliards d’euros, facilité par les taux bas, évidemment, et sans l’excuse d’une crise importée de l’extérieur. C’est la mauvaise gestion dans toute sa dimension en cédant à la facilité, dépenser un peu plus parce qu’on paie un peu moins d’intérêts sur la dette ! Avec de pareils taux, le pouvoir peut même se livrer à de la « cavalerie » à l’approche de la présidentielle alors même que la croissance sur laquelle il tablait s’évapore.  Les successeurs paieront… Un gâchis, voilà la réalité.

Car cette situation ne peut pas s’éterniser.

Qui peut croire que le monde peut tourner indéfiniment à l’envers avec des taux négatifs, quand placer de l’argent en fait perdre. Qui ne voit que l’abondance des liquidités favorise le placement sécuritaire à perte dans l’économie allemande par exemple, plutôt que l’achat à risque d’actions dans l’industrie. Car l’économie  mondiale n’est pas lisible et les risques y sont omniprésents avec des mouvements brutaux toujours possibles du prix des matières premières,  agricoles ou autres, des évolutions politiques qui font peur  comme on le voit avec le Brexit ou comme le promet Donald Trump en annonçant son intention de quitter l’Organisation Mondiale du Commerce… et la récession qui ne manquerait pas de se répandre sur toute la planète, sans oublier le risque terroriste qui peut intervenir sous des formes inattendues comme le piratage de cibles institutionnelles telles que City, BCE ou Wall Street.  Avec à la clé, en premier lieu, le risque d’un énorme krach financier. L’Allemagne et son budget excédentaire en serait préservée, mais la France ? …

Le Président et son Manolito portent la lourde responsabilité d’avoir bénéficié d’un formidable contexte favorable et de n’en avoir rien tiré pour assainir la situation financière. C’est ce que l’Histoire retiendra.

 


PLANCHE A BILLETS ET COMPAGNIE …

Planche à billets

 

L’Histoire ne se répète jamais, dit-on. Il arrive quand même qu’elle bégaie. Surtout, l’être humain, cet incorrigible, devrait savoir que les mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets. Ce principe est immuable et a été maintes fois vérifié, y compris dans notre Histoire de France. Vous vous demandez bien où je veux en venir…

Le « Q.E. » n’est pas si nouveau.

Evidemment, ce que je vais vous raconter a un lien direct avec notre époque. Toutes les banques centrales pratiquent le « quantitative easing », expression savante pour dire en raccourci : faire tourner la  planche à billets. Cet « assouplissement quantitatif » inonde le monde entier de milliards de liquidités. Un système dans lequel les Américains sont entrés les premiers, suivis par la BCE, mais dont on ne connaît pas vraiment la porte de sortie, faute d’expérience, dit-on. Et pourtant, l’expérience, elle est là, comme dirait le pingouin. Il suffit de connaître un peu son Histoire, ce dont je doute pour un certain Mario Draghi, cet Italien inventif, qui préside la Banque européenne. Et pourtant, il y a trois cents ans, on a fait tourner la planche à billets en France. C’était sous la Régence de Philippe d’Orléans, en 1716, peu après la mort de Louis XIV. Comme on sait, le Roi Soleil avait laissé les finances de son royaume en bien piteux état : dettes, impôts élevés … Une situation pas aussi dégradée que celle d’aujourd’hui, mais tout de même. C’est alors qu’un écossais exilé chez nous proposa ses services : il défendait l’idée d’un papier-monnaie, convertible en or et en argent, dont l’abondance permettrait de relancer le crédit, stimuler le commerce, développer l’économie. Avec en corollaire l’assainissement des finances de l’Etat. Il n’eut pas de  mal à convaincre le Régent qui lui accorda toutes facilités pour mettre en œuvre  son projet. En 1719 circulaient donc des coupures de 10, 100, 1 000, 10 000 livres et les affaires prospéraient comme par miracle, assises sur le fabuleux essor de la « Compagnie des Indes » qui contrôlait la quasi-totalité du commerce maritime français et la « ferme » des tabacs. Ainsi, les  particuliers apportaient à la banque or et argent et recevaient en échange du  papier avec lequel ils souscrivaient aux émissions de la compagnie, espérant des dividendes annoncés comme « fabuleux ». D’ailleurs la Compagnie avait entassé un tel trésor qu’elle se mit à prêter de l’argent à l’Etat ! La machine s’emballa : argent, or, billets de banques, titres de rentes, actions au porteur s’échangeaient à un rythme effréné. En retour, on bâtissait, on investissait, les carnets de commandes étaient pleins, et les loyers flambaient…  Aujourd’hui, cela porte un nom : on appelle ça « une bulle ». Tout allait si bien que l’Ecossais en question fut promu Surintendant des finances du royaume.

Les facilités ne durent qu’un temps. 

En janvier 1720, brutalement la confiance disparut. Les particuliers, profitant de la convertibilité totale, commencèrent à échanger leur papier-monnaie contre de l’or et de l’argent qu’ils investirent dans des biens fonciers et immobiliers, placements plus sûrs mais figés. Sans entrer dans les détails, tout se mit à aller mal, et très rapidement. Les correctifs apportés : cours forcé des billets, limitation des retraits, manipulation des cours et des taux ne firent que précipiter la chute et furent source de violences, d’émeutes, … En octobre, Philippe d’Orléans mit fin à l’expérience et dut rétablir l’ordre avec sévérité. Le magicien en question, c’était John Law, et il dut s’exiler. Même si l’expérience n’eut pas que des effets négatifs, -l’état se désendetta partiellement et l’expérience eut des répercussions keynésiennes avant l’heure sur le commerce, le bâtiment, l’artisanat et même l’agriculture-, il n’en est pas moins vrai qu’elle retarda en France l’avènement d’une banque d’état et la mise en œuvre des techniques financières telles que titres au porteur, marchés boursiers… La méfiance des Français pour la finance n’est donc pas nouvelle. Law avait commis une erreur monumentale, celle de ne pas avoir régulé la création monétaire au rythme de la croissance de l’économie réelle.

Conclusion.

Tiens, tiens, justement, c’est la même erreur que celle que sont en train de commettre nos grands sorciers des banques centrales. Le déversement de monnaie ne profite guère à l’économie réelle et alimente plutôt soit la spéculation, soit la thésaurisation en or, par exemple. Sauf que la banqueroute qui nous guette serait infiniment supérieure à celle de 1720. La crise de 1929, qui sert encore de référence et celle de 2008 nous apparaîtront alors comme de modestes incidents de parcours.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça n’est pas rassurant.

A suivre mardi : « Trois fois rien, c’est quelque chose ! »

 


LE TEMPS PERDU … (à la recherche du...)

Valls 2

 

Virage sécuritaire.

Le temps perdu ne se rattrape jamais, encore qu’il ne soit jamais trop tard pour bien faire. Manolito profite du climat anxiogène actuel  pour reprendre  la main sur la politique carcérale. Tant  mieux, même si le calcul politicien est à peine voilé : prendre le dessus sur le Macron en perte de crédit médiatique, et sur un créneau qui lui est bien propre, celui de la sécurité. « Il faut non seulement annoncer des constructions, ce que nous ferons, mais, surtout, les financer. » Après sa visite de la maison d’arrêt de Nîmes, il a voulu tacler la droite en faisant allusion aux promesses de création de places de prison du gouvernement Fillon, qui n’étaient pas soutenues par un programme de financement, oubliant que c’est surtout Taubira-la-laxiste qui les a jetées aux orties. Un moyen bien faible de contrer l’opposition, qui n’a de cesse de reprocher au gouvernement d’avoir donné un coup de frein à l’agrandissement du parc. L’exécutif, si le pingouin laisse faire, proposera donc dès « l’automne » un programme immobilier pénitentiaire avec, cette fois-ci, un plan« spécifique, concret, précis, financé », juré, promis. Encore un tour de passe-passe à monter pour Sapin-les-bas-roses, expert en transformation de vessies en lanternes. Mais pour mieux convaincre, il ajoute quand même : « Le gouvernement agit, et tout particulièrement depuis que Jean-Jacques Urvoas est garde des Sceaux », une manière de critiquer sans le dire l’action de Taubira.

Trouver des solutions au surencombrement carcéral devient urgent.

En fait Manolito est confronté à un vrai défi qui ne laisse  pas vraiment le choix avec le durcissement des lois et l’Etat d’urgence. Il faudra nécessairement mettre davantage de personnes derrière les barreaux. Or, au 1er juillet, les statistiques ont atteint un nouveau record : en France, les 69.375 personnes incarcérées se partagent 58.311 places. En réalité, c'est pire,les 70.000 détenus se répartissent dans 54.383 places. Avec 395 détenus pour 192 places opérationnelles, la maison d’arrêt de Nîmes est l’un des établissements pénitentiaires les plus surpeuplés de l’Hexagone établissement pour lequel le Conseil d’Etat avait sanctionné l’Etat en juillet 2015 sur ses conditions de détention. La ligne choisie par le Premier Ministre ne fait pas l’unanimité à gauche. Ainsi, ses déclarations de Nîmes nous ont valu cette Lapalissade de l’ineffable Mme Hazan, Adeline pour les intimes, ci-devant contrôleure générale des "lieux de privation de liberté" : « Plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées » (sic). Même constat pour Dominique Raimbourg, président PS de la commission des Lois à l’Assemblée : « Quand on aura 80.000 places comme l’espère une partie de la droite,on aura 90.000 détenus. » (re sic).

Peines en milieu ouvert …

Les  peines en « milieu ouvert », comme le  bracelet électronique, ont toujours leurs fervents adeptes. C’est bientôt l’anniversaire de la loi Taubira et à quelques jours de fêter ses deux ans, en rappelant qu’elle promeut les alternatives à l’enfermement, ses partisans sont unanimes : résoudre la surpopulation carcérale par la seule création de places de prison est une gageure. A gauche, il y a toujours de bons samaritains rousseauistes qui ont déjà oublié par qui le père Hamel a été égorgé. Ils  sont indécrottables et ont un problème pathologique avec l’idée même d’incarcération, oubliant que pour l’opinion publique, la seule sanction perçue comme une véritable sanction est la prison. Mais les places nouvelles, pour les remplir quand elles seront créées, et ce n’est pas demain la veille, il faudra que l’appareil judiciaire fasse preuve de fermeté. Et là, ce n’est pas gagné. Il y aurait mieux à faire, en urgence, que construire des prisons, dont la première, si le plan Manolito est mis en place, ne verra pas le jour avant au moins deux ans : transformer les casernes désaffectées ou nos vieux forts abandonnés en établissements de rétention. Napoléon l’avait fait et certains de ces bâtiments l’étaient encore il y a moins de cinquante ans. En quelques mois on pourrait disposer facilement de cinq ou dix mille places supplémentaires. C’est une solution aussi pour accueillir les « fichés S » les plus dangereux.

Vous voulez mon avis : il s’agit d’un coup de moulinet supplémentaire en attendant de passer la patate chaude aux suivants en 2017…

 


DANS LA TORPEUR D’AOUT

Hollande corcovado

 

J'ai l'impression de me répéter....

L'économie sur un tout petit braquet.

Bien qu’importante, l'information a fait peu de bruit : l'économie française a fait du surplace au deuxième trimestre alors que l'Insee et la Banque de France tablaient sur un bon chiffre. Si on ajoute l'augmentation du chômage en juin, annoncée quelques jours auparavant, il est évident que l'été économique ne tient pas les promesses du printemps. Ce  devrait être une alerte pour le gouvernement qu’il aurait tort de négliger, ce qu’il a pourtant fait. Le discours reste le même, à la fois simpliste et surréaliste : l'économie est repartie sur de bons rails !  Peu importe que ce soit sur une voie de garage. Hollande croit toujours à ses fantasmes alimentés par une croissance de plus de 1 % en 2015, des vents extérieurs positifs avec la baisse du prix du pétrole et de l'euro, les premiers effets du pacte de responsabilité sur les marges des entreprises et la loi travail. Hélas, la réalité est différente. La conjoncture française est fragile, faiblarde. « Ça va mieux », a encore répété le chef de l'Etat le 14 juillet. Non, évidemment non ! D'autres facteurs vont peser négativement dans les prochains mois, comme les incertitudes liées au Brexit et les répercussions du terrorisme dont la facture pourrait être salée. On peut donc craindre le pire avec la préparation du budget 2017.

Récolte de blé catastrophique.

Que la France manque de blé, ça on le savait. Mais on avait pas besoin de cette catastrophe supplémentaire. La faute à pas de chance : les conditions climatiques. Avec les excès de pluie et le manque de lumière du printemps, les épis ont mal poussé et se sont mal remplis. D'après la FNSEA, la production pourrait être inférieure d'un quart à son record de l'an dernier, retombant ainsi à son plus bas niveau depuis au moins trente ans. Elle sera en plus difficile à vendre, car elle est de mauvaise qualité. Chez les producteurs concurrents comme la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis ou même l'Allemagne, c'est exactement l'inverse. Les Américains auront aussi une récolte mondiale record, alors que les stocks sont déjà élevés et que la demande commence à se tasser. Les prix vont donc continuer à chuter. Du coup, le chiffre d’affaire des céréaliers français pourrait s'effondrer de moitié. Certains exploitants risquent de perdre les deux tiers de leurs recettes, voire davantage. C'est un choc brutal, même dans la profession agricole, où on est habitué aux aléas.

Compétitivité toujours insuffisante.

Le déficit commercial s’est creusé à 24 milliards d’euros eu premier semestre, alors qu’il s’était un peu résorbé l’an dernier grâce à la baisse du prix du pétrole. Parallèlement, les importations tirées par la consommation des ménages, progressent … et contribuent à creuser le trou (comme quoi la relance de la consommation est une fausse bonne idée  bien ancrée dans la pensée de gauche). Et le déficit devrait encore se creuser au second semestre. L’hexagone compte deux fois moins d’entreprises exportatrices que l’Italie et trois fois moins que l’Allemagne. La France  ne pourra pas concurrencer les coûts bas de l’Espagne, n’atteindra pas la qualité de gamme de l’Allemagne et ne peut pas rivaliser avec le dynamisme des PME italiennes…  

Mais il faudrait travailler moins, parait-il …

Et dépenser plus ! La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, candidate à la primaire du PS, défend un plan de relance économique de 35 milliards d’euros et une sixième semaine de congés payés. Toujours le même réflexe keynésien complètement inadapté au monde actuel. Elle évoque également son souhait d'augmenter le Smic à 1.300 euros nets et de créer « un revenu de base pour tous les jeunes de moins de 28 ans ». Décidément, le logiciel économique à gauche reste le  même : obsolète !

Et la richesse se casse…

Entre 2000 et 2014, la France aurait perdu 43.000 foyers fiscaux millionnaires, sur un total de 323.000. A cause de cette expatriation massive, l’image de la France est ternie. Les Français n'aiment pas les riches. Un des baromètres infaillibles pour mesurer ce mépris réside dans l'analyse de notre fiscalité. Elle soumet les patrimoines à une kyrielle d'impôts, dont les taux apparaissent confiscatoires au regard de la récente baisse des rendements de toutes les classes d'actifs. Malgré tout, notre pays refuse de reconnaître une des conséquences majeures de ce choix politique : l'exil massif de Français fortunés vers des pays ayant une fiscalité plus raisonnable. Et après on s’étonne que l’économie perde de sa substance et que les Chinois rachète tous nos fleurons ! 

Et pour finir, même à Rio, la moisson commence mal ! 

 


LA NUIT Où LA FRANCE BASCULA DANS LA MODERNITE.

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Il y a 227 ans, dans la nuit du 4 au 5 août, la France connut l’un des événements les plus étonnants et les plus inattendus de son histoire : les Etats Généraux qui s’étaient transformés en Assemblée nationale proclamèrent l’abandon des privilèges dont jouissaient la noblesse et le clergé, mettant fin de fait à ce qu’on appelle depuis « l’ancien régime ».

Inattendu, oui, l’événement peut paraître surprenant. Au moment où Louis XVI convoqua les Etats Généraux, il était loin de penser que moins de trois mois plus tard, c’est une vraie révolution que la France connaîtrait, autrement plus importante que l’émeute du 14 juillet et la fameuse prise de la Bastille, pour symbolique qu’elle fût. Ce mouvement des députés, tous ordres confondus, qui se précipitent à la tribune pour mettre fin à un ordre social multi-séculaire  -la société cloisonnée entre la noblesse, le clergé et le tiers état-  s’explique par le contexte. Pour caricaturer, on pourrait dire que la nuit du 4 août fut la nuit de la « grande trouille ».  C’est que, à la suite de la prise de la Bastille, une « Grande Peur » parcourait les villes et les campagnes : les rumeurs les plus folles se propageaient, amplifiées par la sonnerie du tocsin, selon lesquelles les aristocrates préparaient une revanche violente, payaient des brigands pour brûler les récoltes, échafaudaient même des plans de «massacres des patriotes ». À travers tout le pays, des paysans s’armaient, les populations des campagnes pillaient les châteaux et brûlaient les archives, et notamment tous les documents fixant les droits et les propriétés seigneuriales. Ces émeutes qui se multipliaient inquiétaient les députés qui siégeaient à Versailles, mais étaient restés divisés sur les solutions à apporter pour rétablir l’ordre.

C’est alors que deux aristocrates, à la séance du 4 août 1789, prirent successivement la parole. Le premier, Louis Marc Antoine, vicomte de Noailles,  âgé de 33 ans, cadet d’une famille pauvre, élu par le bailliage de Nemours député de la noblesse aux États généraux, surprit l’assistance en proposant de supprimer les privilèges dont bénéficiaient l’aristocratie française depuis le Moyen-Âge. Venant en appui à son collègue, Armand Désiré Vignerot du Plessis Richelieu, duc d’Aiguillon, proposa dans la foulée une motion sur l’égalité fiscale, l’abolition des servitudes et le rachat des autres droits féodaux et seigneuriaux. Cette spectaculaire initiative des deux nobles était destinée à calmer l’incendie révolutionnaire qui se propageait dans les provinces. Elle suscita une véritable effervescence dans l’Assemblée, comme on peut l’imaginer.

De nombreux participants, dont on notera qu’ils étaient autant de la noblesse, que du clergé et du tiers état, vinrent les uns après les autres, à la tribune pour se joindre à cette renonciation collective des droits pluri-séculaires. Ils le firent dans un élan surprenant mêlant une sorte de ferveur romantique à la sensation grisante de participer à un acte historique d’une portée considérable. Pour la petite histoire, l’une des interventions marquantes vint de l’élu du bailliage de Blois comme représentant de la noblesse aux États Généraux, Alexandre François Marie, vicomte de Beauharnais. Celui-ci, qui sera guillotiné en 1794 quelques jours avant la chute de Robespierre, avait épousé en 1779 une créole martiniquaise, Marie-Josèphe Tascher de la Pagerie, qui, devenue veuve, se fera appeler Joséphine de Beauharnais et deviendra la première épouse de Napoléon Bonaparte, puis l’impératrice des Français. Tout ça parce que son premier mari avait perdu la tête. Amusant, non ? Et ce n’est pas fini : de son union avec le vicomte de Beauharnais étaient nés deux enfants, Eugène de Beauharnais, qui deviendra roi d’Italie,  et Hortense qui deviendra reine de Hollande, et fut aussi la mère de Napoléon III. L’Histoire a de ces retournements …

Mais, heureusement,  on ne revint jamais sur l’abandon des privilèges de la nuit du 4 août ! Après la « liberté » et la « fraternité », la France avançait vers « l’égalité ». On en n’était pas encore à l’égalitarisme à tout crin que nous impose la socialie actuelle. Il parait que les hallucinés de « Nuit Debout » rêvent d’une nouvelle nuit du 4 août. Si vous voulez avoir une idée des privilèges qu’ils veulent abolir, vous n’avez qu’à aller sur le site de « Merdiapart ». Vous ne serez pas déçus !

On comprend alors qu’il y a intérêt à maintenir l’Etat d’urgence  et à nettoyer la place de la République pour lui rendre sa fonction première beaucoup plus paisible. Pendant ce temps-là, pépère promène sa bedaine à Rio. Vous avez dit "privilège" ? 


« ON A VOLE SANS PETROLE » !

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Voilà un titre qui aurait pu s’imprimer sur la couverture d’un album de Tintin. Comme « On a marché sur la Lune ». C’est que l’événement n’est pas anodin : faire le tour de la Terre avec un avion sans utiliser une seul goutte de carburant, voilà l’exploit que vient de réaliser « Solar Impulse ». L’esprit pionnier existe encore et il anime Bertrand Piccard, ce petit fils du fameux professeur qui inventa le bathyscaphe, et son compère André Borschberg. Les deux ont piloté Solar Impulse 2 pour un périple de 42 000 km autour de la terre en 23 jours. Un exploit extraordinaire. Il est banal d’affirmer qu’ils n’ont pas hésité à mettre leur vie en danger. C’est le prix de l’aventure, la vraie. Ils nous font la démonstration qu’en ce début de 21ème siècle elle est encore possible. Elle consiste à partir  à la découverte de territoires nouveaux : ceux d’un monde propre ayant abandonné les énergies fossiles. Une aventure pour une noble cause. Quand on se projette dans le passé un siècle et des poussières en arrière et qu’on revoit les premiers vols d’aéronefs, on se dit qu’un bel avenir est promis à leur prototype. Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec la publication dans « Le Figaro » des épisodes de l’aventure de l’Aéropostale et des lignes Latécoère avec Saint-Exupéry. Il fallait aux pilotes d’alors la même dose d’héroïsme pour traverser l’Atlantique entre Dakar et Natal avec des coucous rudimentaires.

Un exploit humain.

L’incroyable pari lancé en 2002 par Bertrand Piccard a finalement  été réussi le 26 juillet dernier. Ce ne fut pas une partie de plaisir, mais l’exploit est bien là. Il est d’abord humain. Un tel tour du monde en avion électrique à énergie solaire n’avait jamais été réalisé auparavant. Même si l’expérience dut être interrompue pendant 9 mois  à Hawaï à cause d’une surchauffe des batteries qu’il fallut remplacer par de nouvelles qu’il fallait fabriquer, et s’il a fallu attendre bien des fois que les conditions météo soient favorables, il n’en demeure pas moins que ce tour du monde a été réalisé. Les deux pilotes, en se relayant, car le cockpit de moins de 4 m3 ne contient qu’une place, ont écrit une nouvelle page de l’histoire de l’aviation. Il a fallu 23 jours de pilotage, dans des conditions souvent difficiles voire extrêmes, car l’avion, ultra léger est très sensible aux vents et à la pluie, et le cockpit n’est pas pressurisé. Il leur fallait une préparation physique digne d’athlètes de haut niveau et surtout mentale pour faire face aux multiples difficultés et aléas des étapes. La nuit le pilote devait dormir par séquences de 20 mn chaque heure, et surtout devait effecteur régulièrement des exercices pour se relaxer. La plus longue étape, Nagoya-Hawaï dura près de 118 h !

Un exploit technologique.

C’est aussi un exploit technologique. Solar Impulse 2 est un laboratoire volant pour les technologies du futur. Légèrement plus grand que le premier exemplaire qui avait déjà battu 8 records du monde, il fonctionne grâce à ses 4 moteurs  de 17,5 cv alimentés par 17 200 cellules solaires déployées sur ses ailes, ses 4 hélices et son envergure de 72 mètres plus grande que celle d’un Boeing 747, pour un poids de seulement 2,3 tonnes. Au-delà des sponsors traditionnels, ce défi aéronautique aura fait travailler les industriels, comme Solvay et Sun Power, filiale californienne de Total, motivés par l’idée de repousser les lois de la physique et du transport propre. Il fallait réussir le challenge de nuits entières de vol en fonctionnant uniquement sur l’énergie accumulée pendant la journée, y compris sur des étapes de plusieurs jours, à faible vitesse en milieu hostile et au-dessus des océans … L’expérience a permis de tester toute une batterie de matériaux de nouvelle génération. Il fallait aussi optimiser l’électronique de charge des batteries et le poids de l’appareil. Ces opérations mobilisèrent chercheurs et ingénieurs de groupes comme ABB, spécialiste des onduleurs solaires ou encore Bayer. Le succès est au rendez-vous. S’il est prématuré d’imaginer pour demain un avion sans kérosène, Solvay ne regrette pas les 15 millions d’euros investis dans le projet. Le laboratoire volant leur a permis des avancées dans deux directions : l’allégement des matériaux et le stockage de l’énergie. A titre d’exemple, des composites sont utilisés aujourd’hui par l’Airbus A 350.

Et maintenant !

L’aboutissement de ce projet fou n’est qu’un commencement. Il a permis de valider composants et technologies solaires. Les retombées ne concernent pas que l’industrie aéronautique, comme toujours. Il faudra franchir encore de nouvelles marches technologiques, mais un avion tout électrique, s’il n’est pas à l’ordre du jour, n’est plus une chimère : il existera un jour. Et puis, comme Tournesol dans les aventures de Tintin, Bertrand Piccard ne va pas en rester là. On attend la suite avec impatience !

 


UN PEU D’HISTOIRE, POUR CHANGER …

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LES COLONNES INFERNALES DE TURREAU

Mes lectures d’été vont vous paraître bien studieuses. Deux raisons m’ont amené à lire ce livre. D’abord, le prof d’histoire qui reste éveillé et qu’un ouvrage sur le drame vendéen ne pouvait qu’intéresser, ensuite il se trouve qu’il a été écrit par une excellente amie, Anne Rolland, dont j’admire la vivacité intellectuelle. En prime, il m’intéressait de savoir ce qu’il en avait été exactement de cet épisode de l’histoire de la Révolution française, notamment au moment de la Terreur, moi qui ai toujours eu le sentiment d’enseigner une version un peu trop officielle de la répression républicaine en Vendée. Evidemment, ce livre est un peu « documenté » et s’adresse aux férus d’histoire, bien qu’il soit parfaitement accessible et très bien écrit. Mais c’est avant tout un état des lieux sur les recherches d’une historienne rigoureuse.

La question principale que je me posais et à laquelle j’étais incapable de répondre était : « Y a-t-il vraiment eu une tentative de génocide de la population vendéenne ? »

C’est aussi l’une des préoccupations de l’auteure. Mais c’est aussi une vendéenne dans l’âme. Ses recherches vont-elles être partiales ? La réserve tombe tout de suite : nous sommes en face d’un travail parfaitement honnête et sans parti-pris, entièrement fondé sur des documents eux-mêmes indiscutables. La rigueur fait partie de la méthode, on n’y déroge pas pour se faire plaisir. L’intérêt de cet ouvrage réside aussi dans le tableau très fouillé qu’il dresse d’une époque, de ses acteurs locaux ou nationaux, des conditions matérielles, de la réalité d’un pouvoir politique encore instable… et qui permet de mieux comprendre ou d’approcher ce qui s’est réellement passé.

Anne Rolland passe en revue les multiples aspects de cette guerre civile, car c’en est une : qui sont les soldats de la Terreur, avec leur mentalité, leurs représentations mentales, leurs peurs, leurs difficultés, leurs conditions de vie souvent épouvantables ; pourquoi les « colonnes » imaginées par Turreau, qui vont conduire à un paroxysme de violence, n’ont jamais réellement rempli leur objectif ; combien y a-t-il eu exactement de « colonnes » et quels contingents elles ont mobilisé ; comment on compte les morts (ou pas) et on rend des comptes avec les exagérations et les approximations d’officiers au gré des besoins politiques ou militaires de leur commandement.

Elle analyse avec minutie le système des colonnes à travers les stratégies militaires et le « plan Turreau » pour observer son application dans la réalité, la réalité de l’armée républicaine, souvent sans uniforme, mal armée, aux effectifs souvent fantaisistes. Le « théâtre vendéen » lui-même présente un décor de « mauvais chemins », un labyrinthe où se perdent les troupes, propice à la guerrilla, bref une sale guerre qui génère tout un cortège de tueries, de massacres de part et d’autre.

Elle nous présente aussi les hommes, ces généraux de l’armée de l’Ouest, l’aventure que celle-ci peut représenter pour eux, entre goût de la guerre et choix politiques, les querelles qui les divisent, les rapports d’autorité entre eux et avec le pouvoir central, la place qu’occupe Turreau qui a laissé son nom aux « colonnes » pour l’Histoire. Ils commandent une armée de « nu-pieds », mal nourrie, manquant en permanence de munitions, confrontée à de redoutables difficultés de logistique. On découvre que la guerre qui est menée est encore une guerre archaïque, avec une armée manquant de pain et obligée de vivre sur le « terrain » à l’ancienne en se livrant au pillage, et dont l’image de bravoure et de discipline qu’on veut en donner est souvent à cent lieues de ce qui se passe. Elle est confrontée à une « armée vendéenne » divisée par les rivalités de ses chefs, instable en nombre, qui opère par coups de mains, et qui n’arrive pas à prendre le dessus non plus.

Au final, il n’y a pas eu de « génocide », au sens d’une volonté affirmée d’exterminer une population par des moyens concordants et constants. Par contre, il y a bien eu des massacres et des tueries, des villages brûlés, et des accès de violence inouïe. C’est le type même de la « sale guerre ». Comme conclut Anne Rolland, « la Vendée militaire au temps des colonnes permet une histoire en creux de l’Etat révolutionnaire sous la Terreur, confronté à une insurrection populaire dont le sens et la maîtrise lui échappent durant de longs mois ». Les colonnes apparaissent comme « un système de guerre dans l’impasse, f    aute d’un Etat fort, d’une stratégie claire et d’une politique cohérente à Paris comme en province. » Et Turreau apparait pour ce qu’il est : plus qu’un militaire, avant tout un politique et d’ailleurs il sera peu souvent sur le terrain. Ce qui fait la particularité du conflit vendéen tient dans la part importante de l’idéologie et la diabolisation de l’ennemi qui conduit à l’extrême violence contre les populations civiles où soldats et non-combattants ne sont plus distingués. La « Vendée militaire » est bien une guerre civile. Elle n’a pas fait les 300 000 morts généralement avancés par les Vendéens mais plus probablement 150 000 victimes. Et c’est encore beaucoup.

Au demeurant, un livre technique mais qui sait rester passionnant. Les nombreux angles d’analyse en font tout l’intérêt par les recoupements qu’ils permettent, le tout à partir des documents d’archives existants.

Avis aux amateurs d’histoire avec un « H ».

Anne Rolland-Boulestreau – Les colonnes infernales (Violence et guerre civile en Vendée militaire, 1794-1795) – Fayard Histoire.

Anne Rolland est maitre de conférence à l’Université catholique de l’Ouest.