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Sarkozy identité

 

Nicolas Sarkozy n’est pas en campagne.

Il fait campagne, nuance. Pour le compte des Républicains et un peu pour le sien, forcément. Ses concurrents lui font un mauvais procès en lui reprochant d’utiliser ses prérogatives de président de parti. Il ne fait, me semble-t-il, que ce pourquoi il a été élu : être le chef de l’opposition et travailler à un projet pour « Les Républicains » qui s’annonce d’ailleurs comme une véritable plate-forme dans laquelle pourront puiser ou se reconnaître tous les candidats. Celui-ci sera présenté en Conseil National le 2 juillet, on ne voit pas comment il pourrait partir avant. Alors, c’est vrai, quand il parle, cela s’entend, ce qui n’est pas le cas de tous les concurrents de la primaire. Et sa carrure fait de l’ombre, bien sûr. De là à affirmer que ce n’est « ni moral, ni éthique », la ficelle est un peu grosse. Alain Juppé aurait pu s’abstenir de ce genre de commentaire qui le fait passer pour un mauvais joueur, ce qui n’est pas son genre.

L’identité nationale.

A Saint-André-lès-Lille, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours dont la force et la conviction sonne en effet comme un démarrage de campagne. Mais on n’empêchera pas l’ancien président de penser que c’est en dénonçant la pagaille nationale qu’il séduira l’électorat de droite. Avec le mécontentement qui monte, on ne peut pas lui reprocher de vouloir mettre de son côté ceux que les grèves scandalisent. Ce faisant il risque toutefois de leur servir un plat réchauffé. On comprend bien  que le souvenir des racines, les attaques contre le communautarisme et l’hommage rendu à « l’identité morale, culturelle et spirituelle » de la France fassent vibrer une corde sensible dans le coeur de ceux qui constatent que, effectivement, ces « valeurs » s’effritent. Mais on se souvient que le grand débat voulu par le président Sarkozy pendant son mandat portait déjà sur les mêmes thèmes. Alors, une fois de plus, on va s’écrier qu’il court après le Front national.  Si ce discours est utile, il n’est cependant pas suffisant, car si on en restait là cela indiquerait qu’il ne s’est guère renouvelé et du coup il ferait peser un risque sur l’ensemble de la droite.

Ni de droite, ni de gauche.

Reconnaissons quand même que le choix du thème et le contenu de son discours de Lille ne sont pas fortuits. Ils témoignent d’une redoutable habileté politique : qui peut, mieux que Nicolas Sarkozy s’identifier à l’identité nationale. « Parler de la fierté d’être Français » au moment où démarre l’Euro de football  avec une équipe de France dont on espère des exploits, ne peut que résonner dans les cœurs et les esprits. Impossible de parler après lui. D’autre part, le coeur de son propos oppose la « communauté nationale » qu’il exalte, aux « communautés particulières » qu’il pourfend pour la tyrannie qu’elles imposent en instaurant un « communautarisme » qui cherche à dissoudre la France. Ce serait trop simple de réduire ce « primat de l’histoire, de la culture, des valeurs nationales partagées », à une question de gauche ou de droite, tant cette conception rejoint la vision d’un Manuel Valls qui ne manque jamais une occasion de s’opposer à la gauche multiculturelle. Nicolas Sarkozy sait que l’accusation de « droitisation » est devenue ringarde et que le « peuple » le jugera en phase avec ce qu’il ressent. Il faut donc s’attendre à ce que la campagne soit d’abord un débat sur la France.

Le nœud de tous les problèmes.

Nicolas Sarkozy savait aussi  qu’en se plaçant sur le terrain de la lutte contre le « communautarisme » il surferait facilement sur le mécontentement profond des Français dont l’hostilité au gouvernement actuel n’est plus à démontrer. On rétorquera que ce n’est pas en exaltant l’identité nationale, en visant des minorités, en contribuant à leur exclusion que l’on viendra à bout des maux sévères dont souffre le pays. Il ne suffit pas de caresser son électorat dans le sens du poil, dans un domaine théorique où il ne lui coûte rien de durcir son discours. Nous attendons du président des « Républicains » qu’il nous dise comment il va rétablir le plein emploi s’il est élu président de la république à nouveau. Car là est le nœud de tous les problèmes : Les Français ne songeraient pas à se dresser contre les minorités si le chômage ne faisait dans les familles autant de ravages financiers et moraux. Ils ne craindraient pas le « grand remplacement » invoqué par l’extrême droite et ses théoriciens s’il y avait des emplois pour tout le monde, y compris dans les groupes issus de l’immigration. Pour les Français, la menace sur le statut social, la crainte du déclassement très présente au sein des classes moyennes, la crise qui perdure et qui menace des acquits économiques et sociaux, sont le vrai terreau de l’intolérance, autant que les phénomènes migratoires qui viennent s’ajouter à leurs inquiétudes.

Un projet complet.

Ils attendent que la droite, qui peut légitimement nourrir l’ambition de diriger le pays, dise comment elle va créer des emplois, relancer la croissance, réformer en profondeur sans provoquer une révolution et, tout en même temps, mettre un terme à la dérive de nos dépenses publiques. Certes, on comprend que Nicolas Sarkozy se sente plus à l’aise avec les thèmes propices au lyrisme et en phase avec son tempérament. On comprendrait moins qu’il se contente d’un débat vieux de plus de cinq ans sur l’identité nationale. Il faut espérer que le discours de Lille ne soit qu’un point de départ et serve de cadre à un projet propre à offrir au peuple français les perspectives dont il a besoin, dans la clarté, la vérité et la lucidité. Nous en saurons plus le 2 juillet !

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