HISTOIRE
LA PRIMAIRE DE LA DROITE : LE TROP PLEIN ?
C'EST LE PRINTEMPS !

MACRON, LE VOLTIGEUR DE LA GAUCHE CAVIAR

Macron enjoleur
 

L’homme est jeune, indépendant, neuf en politique. Il a la tête bien faite, l’empathie naturelle et il apprend vite. Il présente bien, a le col de chemise impeccable, même sans cravate. Il se veut affranchi des partis politiques, et cultive la parole libre dans un climat de discrédit généralisé de la parole politique. Bref, il apparaît fringant dans un quinquennat à bout de souffle. Il n’en fallait pas plus pour qu’il devienne le chouchou des médias toujours à la recherche d’un « bon client ». Il séduit ceux qui rêvent d’un renouveau en politique et en même temps il agace ceux qui décèlent en lui les vieilles ficelles de l’ambition. Et d’ambition, notre jeune ministre n’en manque pas. Il a d’ailleurs suffi de quelques sondages pour que « l’homme pressé de Bercy » pense qu'il est réellement populaire et pour qu'il se mette en avant pour l'échéance de 2017 faisant même planer le doute sur une éventuelle candidature. Jamais avant lui un inconnu du grand public n’était entré dans le cercle des « présidentiables » en un an. Il bénéficie pleinement de l’engouement pour la nouveauté dans un environnement usé par les échecs et le pouvoir.

Un « diseux » plus qu’un « faiseux ».

Le Ministre des finances aimerait incarner une forme de synthèse idéologique confinant au libéralisme intégral aussi bien en économie que politique et sociétal. A chaque apparition, il décline méthodiquement une doctrine de la réforme avec un goût de la provocation qu’il ne dissimule plus. A l’automne les médias n’avaient d’yeux que pour ce premier de la classe à l’aisance intellectuelle dévoilant les grandes lignes de sa loi Macron 2… qu’on attend toujours. Il n’avait pas hésité, auparavant à ébranler les totems d’une gauche engoncée dans ses vieilles certitudes et ses principes souvent dépassés : il s’en est pris aux 35 heures, s’est dit favorable à la rémunération au mérite dans la fonction publique, a osé revendiquer un libéralisme de gauche. Ce jour-là il décrivait soigneusement les fonds de pensions qu’il souhaitait pour financer les retraites et permettre à tout un chacun de se constituer une rente, tout en apportant un vrai moyen d’apporter aux entreprises une source d’investissement sur le long terme. L’ancien banquier sait de quoi il parle. Il sait aussi que ce faisant il agite un chiffon rouge. C’est bien là le problème : il parle, mais tous ses projets sont retoqués et ses bonnes idées ne passent pas les limites de l’enceinte parlementaire où elles sont systématiquement mises au rebut par une majorité rétive. Pour l’instant son bilan se limite à l’ouverture de lignes d’autocar. Il a, aux yeux de « l’ancien monde » comme il dit de Cambadélis, la tache originelle de l’univers que François Hollande présentait comme son « véritable adversaire, le monde de la finance » et dont il est issu. La banque Rotschild n’était pas un handicap pour Pompidou, elle pourrait être un obstacle de taille pour Macron.

Il faut aussi connaitre les Français.

C’est que l’élection présidentielle est exigeante. Il ne suffit pas d’avoir une vision de la France. Il faut aussi connaître les Français. Il est étonnant qu'un garçon aussi brillant confonde la popularité dans les sondages et la mousse médiatique parisienne avec la popularité réelle de terrain. Si Emmanuel Macron, inconnu du grand public il y a encore quelques mois, est populaire aujourd’hui c’est sans doute parce qu’il incarne par son discours le réformisme qui est dans l’air du temps. Il ne peut pas compter que sur la révolution digitale pour aller à la rencontre du peuple. Si les Français sont fatigués de ces campagnes artificielles dans lesquelles des cars de militants convaincus vont de meeting en meeting applaudir les mêmes personnes et les mêmes discours, il n’en demeure pas moins qu’un minimum de structure d’appui est nécessaire. C’est pourquoi, bien que déconnecté de tout parti, il lance depuis quelques semaines ses filets pour se constituer des réseaux. Il choisit de faire la « une » de l’Express le jour de la mobilisation contre la loi El Khomry. Il y tient un discours sur la réforme qui le conduit à revendiquer et à expliquer les deux mesures qui ont mis le feu aux poudres et sur lesquelles l’exécutif est revenu depuis. En même temps il lance un mouvement, installe des groupes de travail, compense ses positions libérales par un positionnement marqué à gauche sur les questions sociétales… Manifestement, il se prépare. Et il va vite. Il entend profiter de l’espace que la fragilité du gouvernement où il agace de plus en plus, ouvre devant lui. Côté finances, il a le soutien d’Henry Hermand, le riche homme d’affaire qui veut faire de lui un président. Récemment un collectif « Les jeunes avec Macron » a été mis en place revendiquant 3500 adhérents.

Le plus dur reste à faire. 

Prouver que l’astre Macron n’est pas une étoile filante et que son projet ne se résume pas au seul mot de "renouveau", ce n’est pas une mince affaire. Il anticipe une recomposition entre une gauche réformiste et une droite modérée, ce vieux fantasme qui hante la politique française depuis que le centre existe. De là à en faire une réalité, la route peut être longue. Pour l’instant il nous chante en sourdine : « Si j’étais président… ». Une chose est de bâtir une popularité, mais croire que l’homme providentiel existe, c’est un piège dans lequel il lui faudrait éviter de tomber. Surtout que cette popularité lui est acquise plus à droite qu’à gauche. Une opinion n’est jamais un vote, il ne faut pas confondre, même quand on a la tête du gendre idéal et qu’on connait par cœur les répliques des « Tontons flingueurs ». Et il se pourrait bien que plus tard, ce soit un autre air qu’il entonne : « Je m’voyais déjà … »

 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)