HISTOIRE
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LA FRANCE POUR LA VIE

France pour la vie001

 

J’ai lu le livre de Nicolas Sarkozy.

Tous ceux qui ont voté pour lui en 2007 devraient le lire et aussi ceux qui n’ont pas voté pour lui en 2012, mais qui auraient dû. Surtout ne pas se fier à ce que les médias en disent. Manifestement je n’ai pas lu le même livre que Mrs Besson et Schneider qui livrent leur analyse cette semaine dans Le Point. Il ne s’agit pas pour moi de faire une quelconque propagande de sarkozyste aveugle. Comme beaucoup de ceux qui ont soutenu son action, j’avais besoin d’y voir clair et j’attendais des réponses : sur l’absence de communication pour valoriser l’action réformatrice engagée pendant et après la période 2007-2012, sur l’abandon en chemin de certains d’entre elles, sur la réussite de l’action diplomatique internationale, sur le financement de sa dernière campagne… Il fallait un bilan du quinquennat et seul l’intéressé pouvait le faire, avec sa part de vérité, bien entendu.

C’est du Sarkozy dans le texte.

Balayons déjà toutes les supputations qui portent sur la main qui aurait écrit le livre. Aucun doute : c’est du pur Sarkozy. Le style, les expressions, le choix des métaphores, le recours à un vocabulaire volontiers hyperbolique : il suffit de mettre la voix sur le texte pour s’apercevoir de l’authenticité de l’auteur. Je relève ici et là : « l’immense question », « ni plus ni moins », « de fond en comble », « rien de moins que… », « faire l’économie de », « une fois pour toutes », « rien ni personne… », « en lieu et place », toutes ces béquilles si familières de l’expression sarkozienne jalonnent l’ouvrage, et lui confèrent ce rythme que l’on connait trop bien.

Des clés pour comprendre.

Certains ont vu les « mea culpa » sur les attitudes ou les paroles qui ont fait les choux gras de la presse à l’époque, et s’y sont arrêtés. C’est une vue un peu courte. Certes, « La France pour la vie » met en lumière les erreurs du quinquennat, mais le livre montre aussi ce qui a marché, et l’intérêt réside dans les clés qui sont données pour comprendre non seulement les écarts verbaux, mais aussi l’ensemble d’une gestion du temps et de l’action politiques  dans un monde où tout s’accélère et où il est important de remettre en scène le contexte, qu’il soit personnel au président ou extérieur. En bref, un « hyper président » trop humain qui met trop de temps à monter sur son piédestal. Un regret : l’auteur n’insiste pas assez sur les propositions de l’opposition d‘alors. Par exemple : on lui a reproché l’augmentation de la dette en faisant abstraction de la crise dramatique qui a secoué le monde entier alors qu’il fallait laisser filer les « amortisseurs sociaux » et lancer un « plan de relance », mais la gauche hurlait que le gouvernement Fillon n’en faisait pas assez !! J’entends encore les rodomontades de Mrs Hollande, Cahuzac et compagnie.

Un retour d’expérience utile pour l’avenir.

C’est certain, Nicolas Sarkozy s’adresse d’abord à ses partisans qu’il veut fédérer autour de lui, et au-delà aux Français qui peuvent le suivre dans son positionnement. Mais revenir au 1er plan quand on a été battu, aussi minime qu’ait été l’écart, est toujours très compliqué, surtout quand il s’agit de la magistrature suprême. Il faut bien comprendre que pour ceux qui ont renoncé à voter pour lui en 2012, il est un reproche vivant de la catastrophe hollandaise. Le plus que peut apporter l’expérience vécue d’un mandat sera-t-il suffisant ? Il sait bien qu’il n’aura aucune chance  de convaincre Bayrou, le procureur solitaire, ou Cambadélis, le piètre 1er Secrétaire du PS.  Il s’agit de conquérir des électeurs qui se sont éloignés de lui après avoir cru en lui.  Alors, le petit inventaire des erreurs, des fautes de goût et des regrets était forcément nécessaire. Reconnaissons-lui que dans l’exercice il y a des accents de sincérité, un souci de transparence, une volonté de lucidité sur son expérience du pouvoir. Il savait bien que ce qui retiendrait l’attention des médias-à-courte-vue ce sont les « erreurs » de comportement qui retiendraient l’attention (« Casse-toi pauvre con » a la vie dure) et qu’on ironiserait sur le caractère intime d’une confession qui reste pourtant très pudique. Plus intéressantes sont pourtant les précisions apportées sur le contenu des réformes et de l’action déployée pendant cinq ans. Un retour d’expérience sans concession qui vise à lui redonner de la crédibilité. Le message subliminal est « l’art de la politique c’est d’abord l’art du possible ». Sur les 35 heures, le RSA, la fiscalité, la méthode pour réformer, il tire les leçons de ce qui a été utile et de ce qui n’a pas marché. Toutes choses qui ont alimenté sa réflexion et qui justifieraient un mode de gouvernement renouvelé. Ce qui n’était pas possible hier l’est aujourd’hui après bientôt 4 ans d’échecs socialistes.

Des parts d’ombre subsistent.

Alors bien sûr, en 260 pages, il n’a pas pu entrer dans le détail d’une action débordante et riche « agrémentées » de crises à répétition. Quelques détails comme son entrevue avec Poutine à Moscou, sa rencontre avec Bush à Camp David ou la crise Dexia suffisent à montrer sa capacité à gérer et à prendre les décisions. Et beaucoup découvriront alors le poids déterminant qu’il a eu dans la création du G20 ou le sauvetage de l’euro. Néanmoins on aurait aimé en savoir plus sur les conclusions qu’il tire de « l’ouverture » de son gouvernement à Kouchner ou Fadela Amara, au-delà du satisfecit accordé à Besson et Bockel. Il ne s’étend guère non plus sur sa campagne de 2012, les conditions de son financement, et ses relations avec Patrick Buisson. Beaucoup continueront de se poser la question : « comment le patron pouvait-il ignorer l’existence de Bygmalion ? » et de douter qu’il n’ait pas contrôlé les engagements financiers. Or, l’affaire Bygmalion est un point de rupture dans la courbe de ses soutiens.

On peut enfin tirer un trait sur le quinquennat.

Après les regrets et les succès, l’ouvrage sert aussi à présenter les projets de l’ancien président. C’est essentiel de convaincre sur ce chapitre s’il veut reprendre la main. Sans tout dévoiler, car il faut toujours garder des billes et tenir compte de l’existence du parti, Nicolas Sarkozy veut démontrer qu’il est le meilleur grâce à l’expérience qu’il tire de son quinquennat. Ainsi, il ne choisira pas la même méthode pour engager les réformes qui devront être claires et d’envergure dès les tout premiers jours du mandat. Il cite un plan de 25 milliards de baisses d’impôts et de charges et une réduction de 100 milliards des dépenses publiques sur 5 ans, assorti d’une réforme du marché du travail. Evidemment, le projet n’est pas complet. Il s’agit de mettre en appétit avec quelques esquisses qui paraîtront trop superficielles, sur l’éducation, sur l’Europe, sur les dépenses sociales, et une réflexion sur le mariage pour tous qui fait déjà débat…

Nicolas Sarkozy peut passer à autre chose.

En exerçant lui-même son devoir d’inventaire et en remettant tout son bilan en perspective face à celui de Hollande, il peut ouvrir des perspectives nouvelles au moment où va s’engager la campagne de la primaire. Après le temps de l’introspection et du bilan, viendra celui de l’approfondissement du projet, à travers le travail au sein de la maison « Les Républicains » et auréolé du travail accompli, peu avant l’été, il pourra réellement entrer en lice. Les choses sérieuses commenceront réellement.

 

Un livre franc, utile, un bon livre selon Alain Duhamel « parce qu’il a un ton personnel et apporte des informations » avec une part d’autocritique bienvenue sans jamais être insupportable. La bataille peut commencer sur le projet. Le passage de Fillon à C/Politique hier soir, où il a démontré que le sien était mûr, annonce un débat passionnant, dont Juppé au final pourrait faire les frais.

« La France pour la vie » – Nicolas Sarkozy - Plon.

 

Commentaires

Richard VIAU

Contrairement à la demande de Nicolas SARKOZY et Jean-Christophe LAGARDE, aucun député de la droite et du centre du Maine et Loire n'a voté pour la révision de la Constitution. Incompréhension TOTALE...... Les Français attendent de la hauteur de la part des responsables politiques. SARKOZY est pragmatique, lui.....

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