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LE REDRESSEMENT A BRAS-LE-CORPS

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La rumeur disait que François FILLON s’était entouré d’une équipe solide qui avait pour mission d’approfondir tous les sujets utiles susceptibles de fournir les éléments d’un programme pour une candidature présidentielle. Le produit qui en est sorti est un livre politique dans lequel l’auteur nous livre sa vision du redressement de notre pays, en même temps qu’il se dévoile lui-même.  « FAIRE » est à la fois le recueil d’une expérience politique puisée dans un parcours et les nombreux mandats et postes occupés, un regard sans concession mais sans nostalgie sur cinq années à Matignon, le récit de ses nombreuses rencontres avec les Français. On y découvre aussi une part plus intime qui permet de cerner un peu mieux la personnalité de cet homme généralement pudique. Un exercice réussi.

C’est d’abord un tableau de la France telle qu’elle est.

Et elle va mal. François Fillon identifie les maux dont souffrent le pays pour mieux ensuite proposer des remèdes. Il n’y va pas par quatre chemins : trop d’aides, trop d’administration, trop de textes, trop de complexité avec les effets pervers qui en découlent. Il nous explique aussi comment on en est arrivé à ce point de dégradation : dépenses publiques, dette, impôts. Bien évidemment le gouvernement actuel porte une large responsabilité et il n’est pas trop difficile de démontrer que la situation s’est aggravée depuis 2012. Il a cependant l’honnêteté d’en prendre une part à son compte, reconnaissant que la crise profonde de 2008 avait changé la donne et empêché de poursuivre jusqu’à leur terme les réformes qui lui paraissaient indispensables. Pas d’acrimonie dans son propos, même s’il admet avoir eu des différences d’appréciation avec Nicolas Sarkozy, inévitables selon lui, dans un exécutif bicéphale.

La clé du redressement : la liberté.

Souffle pompidolien ?  On est tenté de retrouver dans les propos de François Fillon, cette phrase célèbre de l’ancien président : « arrêtez d’emmerder les Français ! ».  De ces nombreux échanges, de son observation aiguë de ce qui a marché ailleurs, il tire la conclusion qu’il faut insuffler de la liberté, sinon du libéralisme dans les rouages économiques comme dans la société. Alors c’est simple : il faut abroger la durée légale du travail et faire confiance aux entreprises, il faut porter la retraite à 65 ans, il faut simplifier les aides sociales pour les ramener à une prestation unique, il faut réduire les aides accordées en indemnisation du chômage… Il faut redonner des marges de manoeuvre aux entreprises en baissant de 50 milliards la fiscalité qui pèse sur elles. Cela suppose une diminution drastique de la dépense publique par la diminution du nombre des fonctionnaires et une vraie réorganisation du territoire. On pourra ensuite, et seulement quand la machine sera repartie, penser à supprimer l’ISF, baisser les impôts des ménages. François FILLON est persuadé que les Français sont prêts à accepter toutes ces mesures.

L’hymne à la responsabilité.

Son analyse du système éducatif est très pertinente. Il parle en expert : son passage rue de Grenelle n’y est pas pour rien. Pour l’éducation, il propose d’adapter plus que réformer en suivant trois lignes directrices : autonomie, diversité, autorité. La démonstration est plutôt convaincante. Particulièrement quand il aborde la place de l’apprentissage et des formations en alternance pour parvenir au plein emploi. C’est bien simple, ce qu’il propose, je le demandais déjà il y a presque 20 ans quand j’étais Conseiller Régional en charge de ce dossier : placer sous l’autorité des régions et des branches professionnelles les lycées professionnels et les centres de formation des apprentis et unifier l’ensemble des aides à l’apprentissage, ainsi que la collecte de la taxe. L’Etat ne peut pas tout faire ni tout régir : qu’il délègue et fasse confiance ! Mais sur l’évolution du système éducatif, je garde la même réserve : il n’est pas certain que l’autonomie soit acceptée et que les chefs d’établissement soient en état de l’assumer, la diversité c’est mettre fin au moule unique, quant à l’autorité, un grand nombre d’enseignants s’en défient par idéologie !!!

Une certaine idée de la France.

Quand François Fillon aborde les sujets qui font débat aujourd’hui avec l’immigration, dans un chapitre pudiquement  nommé « les lois de l’hospitalité », ou ceux qui touchent à la politique extérieure de notre pays, c’est la fibre gaulliste qui transparait. La France reste un pays généreux et hospitalier, mais dont on doit respecter les traditions. C’est dit sereinement sans stigmatisation inutile. Et en même temps, La France a un grand rôle à jouer sur la scène internationale et en Europe, que l’Histoire lui a taillé et qui oblige donc sa diplomatie à tenir son rang. Il regrette qu’elle soit absente notamment au Proche Orient où pourtant notre connaissance des pays et des populations qui y habitent serait bien utile. On ne peut que lui donner raison quand on voit les dégâts causés par l’interventionnisme américain. Ce n’est pas non plus sur l’Europe que je trouverai un désaccord. Son projet, finalement, est très proche de ce que Giscard propose dans son livre « Europa ». Il faut une Europe indépendante appuyée sur l’euro, une harmonisation fiscale et un gouvernement économique de la « zone ».

La révolution numérique.

C’est pour moi le point sur lequel François Fillon fait preuve d’une grande lucidité : il en fixe parfaitement les enjeux et les contours. S’il s’agit de « faire », il est bien placé pour mettre en œuvre la politique qu’il faudrait mener en actionnant les bons leviers. Ce qui séduit le plus c’est la vision de l’avenir qu’il met dedans, faite de réalisme et de pertinence, que la bonne connaissance du sujet lui permet de proposer. Anticiper, en politique, c’est toujours la préoccupation, et malheureusement, il faut bien constater que trop souvent nos politiques ont plus l’œil rivé sur les sondages qui mesurent leur quotidien que sur l’horizon qui détermine l’avenir. Anticiper, voilà ce qui donne du crédit à la réflexion de François Fillon. Enfin, on entrevoit un cap, une ligne, un dessein ancré dans la modernité.

Le feu d’artifice final.

L’ancien Premier Ministre transparait dans le projet : il tire la leçon de sa propre expérience. Et ce qu’il propose pourrait effectivement changer la donne en profondeur. Entre sa vision du périmètre de l’Etat, la composition du Gouvernement, les réformes envisagées et leur calendrier, on assiste à un véritable feu d’artifice. Je n’entre pas dans le détail : lisez « Faire » ! Et puisqu’il s’agit de « Faire », la question qu’on se pose est : « Est-ce que c’est faisable ? ». Ce n’est pas tous les matins qu’on rencontre un candidat qui est prêt à supprimer les 35 heures, les régimes spéciaux, le statut de la fonction publique, l’ISF, le code du travail, qui annonce qu’il va tailler dans le vif en supprimant les départements et en revenant au découpage des anciennes régions.  Le problème réside tout entier dans le fait que ce discours va heurter de plein fouet la culture politique profonde des Français, antilibérale, protectionniste et keynésienne, nourrie au biberon de l’ « Etat providence ». Ce programme a le mérite de la cohérence et même de l’audace. Il est à coup sûr susceptible de remettre la France  sur les rails. Pourtant il ne vaut à son auteur qu’un intérêt limité et une relégation dans les profondeurs sondagières . Il faudra donc une énergie colossale pour sortir le bon peuple de son déni du réel, de son addiction à la dette, pour  le convaincre de choisir la voie de la liberté. Mais la période est peut-être propice aux gens têtus et courageux, et après un quinquennat de mensonges et de reniements, il y a une fenêtre de tir pour ceux qui parlent vrai. Là est la chance de François FILLON. Car, en fait, tout est question de volonté politique ! Et, effectivement, il n’y a qu’en prenant les problèmes « à bras-le-corps » qu’on sortira la France de sa torpeur et du déclin.

« Faire » est tout de même plus convaincant que le tissu de basse démagogie des propositions du FN.

Et si on essayait Fillon ?

 

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