HISTOIRE
CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT
DIAFOIRUS A L'OEUVRE

MA CONTRIBUTION A LA RENTREE SCOLAIRE

Collège

En ce jour anniversaire de la naissance de la 3ème République le 4 septembre 1870 (mais il faudra attendre jusqu’au 30 janvier 1875 pour qu’elle soit adoptée à une voix de majorité), il n’est pas inutile de rappeler que c’est à elle que l’on doit l’école gratuite, laïque et obligatoire.  Cette école était fondée sur la volonté d’une « construction démocratique des élites », l’accès au savoir pour tous, l’autorité des maitres et le culte de l’effort : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez… ». Toute une époque me direz-vous, certes, mais avec l’héritage napoléonien des lycées et des grandes écoles, elle a permis à la France de devenir un empire planétaire et de briller de mille feux par ses scientifiques et écrivains de renom.

On doit ce succès en grande partie à « l’école », à ses « hussards noirs », à leur conscience professionnelle souvent vécue comme un sacerdoce. Le mot « mérite » avait encore un sens et ils célébraient le culte du dépassement de soi. Ils officiaient devant des classes pléthoriques, ce qui ne les empêchait pas de faire apprendre à lire, écrire et compter. Nostalgie ? Oui, peut-être, parce que de cette école j’en ai été le produit et quelque part le successeur au cours de ma carrière. Mon texte « totem », que je faisais apprendre aux élèves de 3ème était de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, ce sont ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime …  ». La couleur était annoncée : ainsi commençait l’année du Brevet !

Bruno Retailleau, vient de rappeler, à l’occasion de la rentrée que l’école avait besoin d’équité (notamment entre les élèves du public et ceux du privé), d’exigence et d’excellence. Trois mots que l’on peut décliner à merveille dans le contexte actuel de permissivité, d’égalitarisme niveleur et d’hédonisme pédagogique. J’en ajouterai pour ma part trois autres : autorité, effort, connaissance.

Autorité.

Il n’y a pas de transmission du savoir sans respect pour celui qui le transmet. L’autorité du professeur n’est pas négociable. C’est lui qui détient le savoir et face aux autres sources, c’est lui qui doit arbitrer sans être contesté. Sa formation est évidemment essentielle. Connaissance à fond de sa matière, mais aussi pédagogie pour l’enseigner ce qui suppose la maîtrise des technologies modernes. Qu’on le veuille ou non, le prof reste un mouton à cinq pattes, mi-savant, mi-histrion, capable de pratiquer l’individualisation comme la dynamique de groupe… Il doit être soutenu par sa hiérarchie, respecté par les parents autant que par les élèves. Encore faut-il que sa démarche soit partagée par la philosophie générale en usage dans son établissement.

Effort.

Pour avoir pratiqué de multiples stratégies pédagogiques dans les disciplines que j’enseignais, le Français et l’Histoire-Géo, je n’en ai trouvé aucune qui pouvait se passer de l’effort d’apprendre. Certes, on peut apprendre à se concentrer, on peut par l’entrainement, faire acquérir des aptitudes d’attention et même faire prendre de bonnes habitudes comme demander la parole, ne pas couper l’expression d’un camarade, faire part de son incompréhension. Je me rappelle d’une élève, pourtant brillante, qui m’avait interpellé d’un : « Là, Monsieur, vous pouvez recommencer, parce que ça n’imprime pas ! ». Cette liberté de ton est possible quand la confiance s’est établie et quand le maître pratique lui-même l’humour. Mais les meilleurs résultats, on les obtient par l’effort, le culte de l’effort, celui qui donne confiance en soi et qui permet de franchir les obstacles. Et tout est possible alors. Exemple, cet élève peu doué, qui me disait sans cesse qu’il n’avait pas de mémoire et qui s’était retrouvé  à jouer le rôle de Chrysale (dont personne n’avait voulu) dans les Femmes savantes que nous avions décidé de jouer. La longue tirade du personnage face à sa femme, je la revois encore : elle avait été son calvaire et la veille de la représentation, elle n’était pas encore au point. « Voulez-vous que je vous dise ? Il faut qu’enfin j’éclate, que je lève le masque, et décharge ma rate… ». C’était parti devant le public attentif et prêt à l’apitoiement. Porté par toute la classe, il alla jusqu’au bout, avec les hésitations comme il se doit, mais elles collaient curieusement à son personnage un peu couard (c’est à vous que je m’adresse, ma sœur,)… Tonnerre d’applaudissements. Ses parents, je crois, n’en sont jamais revenus et ils m’ont dit que cet épisode avait transformé leur fils tant il avait pris confiance en lui-même. Tout cerveau à des capacités, il suffit de vouloir.

Connaissance.

La connaissance doit rester l’objet central de l’enseignement. On nous rebat les oreilles avec le concept « apprendre à apprendre ». Tu parles ! C’est le meilleur moyen de cultiver les lacunes. C’est comme la citation de Montaigne : « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine ! », on oublie toujours la suite « mais qu’on y requiert les deux ! ». Je veux bien qu’on donne des méthodes pour apprendre. Tous les cerveaux ne sont pas conformés à l’identique. Cependant, elles ne dispensent pas de l’effort d’apprendre qui passe par la mémorisation quelle que soit la nature de celle-ci. Entre l’encyclopédisme outrancier et le pédagogisme délirant, un juste milieu doit pouvoir être trouvé. Force est de constater que nous formons aujourd’hui des jeunes qui accumulent les lacunes. Ainsi, j’ai entendu un patron d’une entreprise du numérique affirmer que lorsqu’il recrutait des ingénieurs, il faisait passer une batterie de tests reprenant les savoirs acquis en terminale comme « qu’est-ce que la loi d’ohm ? ». Pour en arriver-là, c’est bien qu’il avait des doutes sur le contenu que peut cacher un diplôme ronflant d’ingénieur. Cultiver l’étonnement de soi, c’est bien, capter l’attention, c’est bien, mais au final, il faut emmagasiner le savoir. C’est ce qui donne ensuite la « culture ».

Autrement dit, ce n’est pas de réformes dont le système éducatif a besoin, mais d’une restauration sur ses bases !

 

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