HISTOIRE
INDECROTTABLES SOCIALISTES !
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CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

Cedric demande à ton père

 

« DEMANDE A TON PERE ! »

« Dis, maman, est-ce que je peux aller au cinéma avec … ». La sentence tombe : «  Demande à ton père ! ». L’enfant est là et reste béat, les yeux écarquillés, le visage animé d’une moue perplexe. Evidemment ça n’est pas une réponse. Combien de gamins se sont retrouvés confrontés à cette situation bizarre qui peut intervenir à tous âges de l’enfance et surtout de l’adolescence.  Mais que peut vouloir dire cette défausse ?

Le plus souvent, c’est d’abord pour éviter de répondre à une demande embarrassante. Bien évidemment, ce : « demande à l’autre » (car l’inverse  « demande à ta mère » se pratique aussi), est un « non » déguisé dont on ne veut pas assumer la charge. Histoire de répartition des rôles : la mère « coucoune » et papa est le « gros méchant » qui interdit. Cette distribution des partitions, probablement trop académique, est de plus en plus battue en brèche par les mœurs contemporaines où l’autorité parentale est de plus en plus partagée… enfin, quand elle existe.

C’est aussi une fuite qui diffère le moment de dire « oui », un moyen dilatoire utilisé pour se donner le temps de se concerter avec le conjoint. Un moment mis à profit pour peser le pour et le contre d’une autorisation pour laquelle on peut avoir une hésitation : par exemple la première sortie en « soirée ». Ensuite, inexorablement, viendront les conditions qui traduisent l’anxiété rentrée devant ce-besoin-d’autonomie-qui-arrive-toujours-trop-tôt : avec qui, chez qui, présence des parents, heure de retour… Puis suivront, si c’est finalement « oui », les conseils ou les interdits : faire attention à ne pas fumer des « joints », de ne pas boire d’alcool (ou pas trop), et bien entendu les conditions du retour au bercail. Souvent la première fois l’autorisation est assortie d’un « on ira te chercher à telle heure ».  « La honte ! » protestera l’ado, cependant encore trop content d’avoir obtenu le feu vert.

C’est parfois une véritable incapacité à répondre à la question, quand on ne veut pas dire ce qu’on pense vraiment à son enfant. Une manière un peu vicieuse de déporter le débat vers le conjoint pour voir comment il va se débarrasser du problème. Ce n’est pas glorieux, mais ça peut être efficace surtout si celui-ci n’est pas encore rentré de son boulot. Un moment de répit gagné sur un peu d’hypocrisie. Il ne faut pas trop en abuser, parce que les enfants sont suffisamment futés pour faire le tri et s’adresser malicieusement  au bon interlocuteur suivant les situations : celui qui sera susceptible de dire « oui » plus facilement. 

C’est enfin la manifestation d’une impuissance à résoudre la question posée. La plupart du temps il s’agit d’un cas posé dans un travail scolaire. Il faut donc renvoyer à la personne compétente pour éviter d’apparaître trop nul. Un problème de math avec robinets et fuite ou de coureurs qui partent à la rencontre l’un de l’autre à des vitesses différentes (forcément, ça existe encore) … c’est papa qui s’y collera. Une question de vocabulaire ou de sens d’une phrase au style un peu alambiqué, à moins qu’il ne s’agisse de sciences de la vie, alors c’est plutôt maman qui sera présupposée détenir la clé. Ceci dit, cette répartition des compétences est purement subjective et ne s’appuie que sur une expérimentation très restreinte. Je sais que certains y liront une conception sociétale rétrograde pour ne pas dire franchement « réac ». J’assume !

« Téléphone donc à ton grand père, il doit savoir ça ! ». Je reçus donc un coup de fil d’un de mes petits fils qui voulaient des tuyaux pour un exposé sur le règne de Louis XV et les guerres qu’il a menées en Europe. Ah les exposés ! C’est le supplice des parents. Heureusement, « dnj il y a Wiki ! » (je traduis : de nos jours, il y a Wikipedia et ses imprécisions). J’avais ce qu’il lui fallait. Pas de mérite à cela, j’ai deux bouquins de Pierre Gaxotte sur le dit roi et sa mère savait qu’il frappait à la bonne porte. Je me souviens aussi d’une demande  d’une de mes petites filles pour un cas de grammaire pour lequel je lui ai fait part de mes lumières de grammairien sourcilleux.

Il y a donc une version à laquelle je n’avais pas pensé : « demande à ton grand-père », qui n’existait pas pour ma génération qui n’a guère connu ses grands-parents … Aujourd’hui, elle est peut-être beaucoup plus courante qu’on ne l’imagine avec toutes ces familles  décomposées ! Avec l’avantage d’avoir plusieurs grands-pères.

 

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