HISTOIRE
LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE
LE PIRATE DES CARAIBES

LA VICTOIRE DE CAMERON

 

Cameron

L’électeur, ce souverain…

C’est bien la première leçon qu’il faut tirer du scrutin britannique : foin des sondages qui donnaient travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. Aucun n’avait prévu la brillante victoire David Cameron, qui plus est avec une telle amplitude : la majorité absolue aux Communes ! L’électorat n’a donc pas cédé à l’intoxication sondagière devenue frénétique dans les derniers jours de la campagne, jusqu’à quatre résultats par jour. Il y a des bookmakers qui ont dû se faire une petite fortune. Ceux qui auront parié sur les « blues ».

Le courage politique paie !

C’est vrai en Grande Bretagne et je me garderai bien d’extrapoler. Le succès de David Cameron témoigne qu’une politique active de réformes peut être comprise par la population même lorsqu’elle implique des mesures douloureuses, dès lors que les résultats sont là. Reprenant un pays sinistré par la crise mondiale mais aussi par les dérives financières des Travaillistes qui avaient conduit le déficit budgétaire à plus de 10 % du PIB, Cameron a mis en oeuvre une série de réformes fondées sur le bon sens économique : baisse de la dépense publique qui est passée de 50 % à 43 % du PIB (57 % en France), fiscalité favorables aux activités et aux intitiatives, flexibilité accrue du marché du travail avec notamment le contrat à zéro heure, contrôle des dépenses de l'assurance chômage et mise en place progressive de contrepartie aux allocations. Mais rien n’aurait été possible si les résultats n’avaient pas été à la hauteur. Et ils l’ont été : baisse du déficit public à 5,4 % du PIB, baisse du chômage à 5,4 % de la population active, croissance de 2,6 % en 2014 (à comparer au 0,4 % français). On a même imaginé outre-manche que les résultats calamiteux de la France socialiste de François Hollande ont largement contribué à décrédibiliser le Labour d'Ed. Milliband.

Le premier Ministre a parfaitement géré son quinquennat.

Il avait une vision claire de son calendrier. Les réformes les plus difficiles ont été engagées dès la première année de son accession au 10 Downing street en 2010. Ensuite, il a attendu qu'apparaissent les premiers résultats, sans s’inquiéter de l’impopularité qu’elles suscitaient. Il y a deux ans, les populistes de l'UKIP étaient à leur sommet et la plupart des commentateurs prévoyaient un triomphe travailliste. Ainsi, le premier ministre a pu créer deux millions d’emplois en Grande-Bretagne depuis 2010, pendant que le chômage ne cessait d’augmenter en France. Outre-Manche, la croissance est la plus forte du continent tandis que le taux de pauvreté a pu être réduit.  La réussite britannique est le fruit d'une volonté politique, elle est le fruit de réformes structurelles. Elle a été rendue possible aussi par la culture anglo-saxonne où la réussite est perçue comme la contrepartie du mérite et du talent et les différences de conditions choquent moins qu’en France où le culte de l'égalité est élevé au rang de religion. Ce qui rend la politique conservatrice difficilement exportable dans notre pays, même si les mentalités commencent à bouger. En se faisant réélire après un train de réformes ambitieux, David Cameron peut poursuivre son chemin, avec les coudées franches, cette fois.

Le populisme n’est pas une fatalité.

L'UKIP, le parti eurosceptique et anti-immigration n'a pas réussi à dépasser les 14 %. Il ne compte qu'un seul député à Westminster. Son leader, Nigel Farage a même été battu dans sa circonscription. Mais pour en venir à bout, David Cameron a été contraint de promettre un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne et de prendre des positions fermes sur l'immigration, s'engageant notamment à réduire drastiquement les aides aux nouveaux arrivants durant les deux premières années de séjour sur le territoire anglais. Sur l'Europe, le premier ministre a annoncé une renégociation des traités plus exigeants en termes notamment de frontière commune et de libre circulation, mais sans jamais remettre en cause l'adhésion à l'Union Européenne. Il entend soumettre au peuple un projet d'Europe améliorée, en aucun cas soutenir une sortie de l'Europe. Cette position qu’un Sarkozy n’aurait pas désavoué, a permis de faire un barrage efficace à l'extrémisme. Tout cela peut évoluer évidemment. L’hypothèque électorale ne sera définitivement levée que lors du référendum de 2017. Car le scrutin du 7 mai a aussi été marqué  par le raz de marée plébiscitaire du parti national écossais qui emporte 56 des 59 circonscriptions écossaises. Cela témoigne d'un malaise profond du nord de l'Angleterre victime de la désindustrialisation et de la nouvelle économie de services, et il ne faut pas sous-estimer le particularisme écossais, où se mêle le sentiment d'une revanche à prendre sur Londres après le demi échec du referendum, et sa volonté de bénéficier seul des retombées du pétrole de la Mer du Nord. Pour éviter que le l’esprit de sécession politique se transforme en sécessionnisme tout court, la défense des territoires, de la ruralité et des régions de la périphérie est une urgence absolue pour le nouveau gouvernement. Comme quoi on retrouve la même problématique que celle que nous rencontrons dans notre pays avec le vote FN et la France des périphéries.

La déroute des Travaillistes.

Elle constitue un avertissement pour François Hollande qui  devrait méditer sur les résultats des socialistes anglais qui prônaient une politique de relance par la demande. Les commentaires de son entourage, que l’on a pu entendre et qui relèvent de la méthode Coué, comme quoi, les réformes menées par l’actuel gouvernement produiront le même effet en 2017, sont surréalistes. On ne parle vraiment pas de la même chose. En fait de réformes courageuses, on ne trouve que des avortons et des demi-mesures aussitôt édulcorées par une majorité socialiste sourcilleuse. Oui, c’est une belle leçon que notre pingouin voyageur devrait apprendre par cœur pour le faire sortir de l’immobilisme dans lequel il se confine sous prétexte que l’embellie de la conjoncture européenne va entraîner la France dans son sillage. La Commission de Bruxelles constate que la France reste à la traîne dans la reprise européenne, que l’investissement ne redémarre pas et que le nombre des sans-emploi continue de s’accroître de mois en mois.  D’autant que l’embellie économique internationale pourrait connaître une éclipse. Les remous des derniers jours sur les marchés financiers sont un signe avertisseur de sa fragilité, avec la remontée des cours du pétrole, le rebond des taux d’intérêt, le repli du dollar qui entraîne une hausse de l’euro, le ralentissement de la conjoncture américaine et de certains pays du nouveau monde. Autant d’éléments qui réduiraient, s’ils étaient confirmés, le souffle prometteur de la reprise escomptée.

 

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