HISTOIRE
LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE
PAUVRE FRANCE !

POUR UNE "RESTAURATION" DU SYSTEME EDUCATIF

Réforme du collège


La réforme des collèges que le gouvernement vient de proposer est l’énième avatar d’un système à bout de souffle qui ne remplit plus aucun des objectifs (ou presque)  qui lui sont assignés par la société. Il saute aux yeux qu’il n’est pas en phase avec le monde contemporain, à moins d’être aveugle, et ce n’est pas en imposant des pédagogies nouvelles, qui montrent chaque jour leur inefficacité, avec le vocabulaire des « nouveaux précieux ridicules », et en réduisant les savoirs, qu’on lui permettra de remplir correctement ses missions.

C’est à la représentation nationale de définir les responsabilités

Comme toutes les institutions publiques, l’école (dans son acception générale) doit offrir une lisibilité claire à ceux qui sont appelés à l’utiliser : les parents, les enseignants, les élèves. Pour eux il est important de savoir qui décide, qui finance, qui contrôle. Les Français attendent une parole politique forte sur l’École, une parole politique qui soit à la hauteur de son passé et qui soit tournée vers l’avenir, car c’est l’avenir de la jeunesse et celui du pays qui est en jeu, face aux mutations imposées par la révolution des NBIC. Il est facile d’énoncer quelques objectifs généraux : élever le niveau général de tous, proposer à chacun des parcours diversifiés de réussite, rétablir l’école de tous pour tous, celle qui permet à l’individu de s’élever. Toutes choses dont on a perdu la boussole actuellement. Mettre en œuvre ces objectifs que tout le monde peut partager nécessite une transformation radicale du système de formation. Quand on sera capable de répondre clairement aux questions posées ci-dessous, alors il sera possible d’envisager l’indispensable régionalisation régulée de l’Éducation nationale et son ouverture sur d’autres acteurs sociaux. La redéfinition du métier d’enseignant pourra être abordée sereinement sans être vécue comme la volonté de l’État de se décharger sur d’autres d’une dépense qu’il n’a plus les moyens d’assumer.

Il faut tout remettre à plat : à quoi sert l’école ?

Commençons par répondre à la question qui vient tout de suite à l’esprit et qui décide de tout : « A quoi sert l’école » ?  La perte de sens est en effet flagrante. On a mis l’enfant au centre du dispositif, mais pour quoi faire ? Certes, on a multiplié les dispositifs mis à sa disposition : réforme des rythmes scolaires dans les écoles primaires pour permettre le développement d’activités péri éducatives, soutien et itinéraires de découverte au collège, travaux pratiques encadrés et accompagnement personnalisé au lycée... à quoi s’ajoutent, les projets en tous genres, l’éducation à la santé, à l’orientation, à l’écologie, les voyages et sorties culturelles… Le résultat, c’est l’éclatement des enseignements et la dispersion des élèves à qui on a négligé de faire acquérir les connaissances fondamentales et qui ne savent plus distinguer l’essentiel de l’accessoire. Des élèves qui ne savent plus non plus à quel adulte se référer devant la multiplicité des intervenants au lycée comme au collège et parfois même à l’école élémentaire. Revenons donc à l’essentiel : commençons par respecter les étapes que constituent les âges de la vie, enfance, préadolescence, adolescence, pour adapter l’institution aux capacités correspondantes des élèves. Je ne vois qu’une réponse possible : l’école est d’abord faite pour transmettre du savoir, le « savoir être » et les « savoir-faire » en découlant naturellement. Si on décide de remettre le savoir au centre du projet et qu’on en fait le défi à relever, alors nous retrouverons le sens qui manque tant aujourd’hui.

Ensuite, posons-nous les bonnes questions.

Si l’école doit enseigner, que faut-il enseigner ? Les réponses viennent facilement. On n’est pas obligé de revenir au savoir encyclopédique qui était la marque de l’école de la 3ème République. Toutefois, assurons-nous du minimum requis qui permette l’accès à l’encyclopédie et sa compréhension. Gardons la démarche épistémologique en toute chose si l’on veut bien accepter que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Je veux bien qu’on utilise Wikipédia, mais avec les prérequis intellectuels qui le permettent : avant d’avoir accès à la « mémoire artificielle », cultivons d’abord les capacités de notre cerveau en musclant sa capacité de mémoire, ce qui suppose des exercices de mémorisation. Connaitre la langue française et la manier correctement, savoir lire et écrire, conjuguer, restent les priorités qui doivent être acquises avant d’entamer les études secondaires. De même, je reconnais que la calculette est utile, mais il importe d’abord d’apprendre à compter, de connaitre les tables de multiplication, de comprendre le sens d’une règle de trois et d’être capable de réaliser ces opérations mentalement. L’outil informatique n’en aura que plus d’efficacité ensuite. Et puis, ne laissons pas de côté les savoirs fondamentaux que sont les sciences physiques et naturelles, l’histoire et la géographie en ne laissant pas de côté chronologie, localisation, quand c’est nécessaire. L’apprentissage des langues étrangères doit être abordé de façon pragmatique au collège, et je reste partisan du maintien du latin et du grec parmi les options. Ce serait oublier l’apport non négligeable de ces dernières dans la pratique des professions juridiques notamment, dont la France reste un pays d’excellence.

Comment enseigner ? Et avec qui ?

Une des tares du système c’est d’avoir voulu faire un statut unique du prof de la maternelle à l’université. Qui peut le plus, peut le moins, me direz-vous. En pédagogie, ce n’est pas vrai ! Il n’est nul besoin d’avoir fait bac plus cinq pour enseigner à la maternelle et à l’école élémentaire, voire même au collège. Je préfèrerais des personnels correctement formés à leur métier, en m’assurant qu’ils aient le minimum de culture requis par l’obtention d’un premier grade universitaire. De bons professionnels plutôt que des « surdiplômés ». L’enseignant polyvalent et unique, éventuellement assisté d’une personne complémentaire à certains moments spécifiques, suffit pour enseigner du cours préparatoire au CM2. Au collège, le recours à des enseignants maîtrisant deux disciplines complémentaires permettrait une transition avec le lycée et apporterait beaucoup plus de souplesse dans la gestion des enseignements. Enfin au lycée, les enseignements requièrent une plus grande spécialisation du savoir et justifient le recours à des personnels ayant une connaissance approfondie de leur discipline. Mais à tous les niveaux, la formation professionnelle et pédagogique reste indispensable. Et si l’on veut innover, nul n’est besoin de grandes théories : laissons la liberté créative aux enseignants après leur avoir appris à manier les NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) correctement, en exploitant toute la diversification d’un enseignement qu’elles permettent. Le tableau électronique doit remplacer le tableau noir, la tablette le cahier… et que de stratégies d’apprentissages alors ! C’est dans ce cadre-là qu’on peut envisager une relation différente de l’élève au savoir : il aura en face de lui une organisation plutôt qu’un individu pour lui enseigner, et des « ressources » auxquelles il peut accéder pour compléter son savoir et qu’il doit apprendre à utiliser. Mais au gré des opportunités locales de l’établissement qu’il fréquente.

Les pistes de réorganisation sont nombreuses.

Evitons de reproduire l’Ecole de la 3ème République : trop centralisée, trop hiérarchisée, elle serait en trop grand décalage avec les mentalités de notre époque. Mais l’ossature générale n’en est pas caduque pour autant. L’organisation en quatre étages : maternelle-primaire, collège, lycée, université doit être sauvegardée car elle correspond assez bien aux âges d’apprentissage. Et elle permet de ne pas perdre de vue ce qui devrait être toujours à l’ordre du jour : la construction démocratique des élites ! Pour cela, il ne faut pas hésiter à proposer une diversification des parcours, en permettant les formations en alternance dès la quatrième par exemple, et en mettant les écoles en concurrence, car, de nos jours, l’Etat ne peut plus être seul à assumer le service public d’éducation nationale. On voit bien que l’ampleur des moyens dispensés aujourd’hui ne garantit en rien l’efficacité. Il faut permettre davantage d’autonomie, notamment pour les enseignants, de concurrence des établissements, et ouvrir beaucoup plus sur l’expérimentation si on veut faire progresser le système. Ne vaut-il pas mieux faire confiance aux hommes et aux femmes qui connaissent les besoins de leurs élèves que d’imposer des solutions toutes faites conçues pour tout le monde par un collège d’experts autoproclamés dont personne ne comprend le langage abscons. Personne ne se plaindra si on débarrasse le « mammouth » d’une bureaucratie superflue.

On pourra alors envisager le nouveau modèle de l’école du 21ème siècle, qu’il faudrait mettre en place progressivement et qui se fonde sur la relation « Elève / Organisation apprenante (programmes, personnels et environnement) / Ressources (livres, outils électroniques, autres élèves, tuteurs, tests..) ». un nouveau modèle qui modifierait en profondeur le rôle joué par l’Etat, la Région, le département, la commune dans les domaines de la formation initiale, de la formation professionnelle et de la formation continue tout au long de la vie !

 

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