HISTOIRE
TREVE PASCALE
PAS DE REPIT POUR LE FRONT NATIONAL

LE NOUVEAU « HOLLANDE(C)OMIC »

    Hollande pit

 Les Japonais ont les « Abénomics », manière qu’ont les économistes de nommer les axes de décisions tirés de la doctrine de Shinzo Abe, le Premier Ministre. Nous, nous avons depuis la semaine dernière le nouveau « Hollandecomic » : il a pour nom « investissement ». C’est le mot d’ordre dorénavant : il faut in-ves-tir ! Et pour cela on va même débloquer de l’argent … qu’on n’a pas. Pas une tribune ou « pépère » n’y va de son petit discours sur « la reprise » et la nécessité pour les entreprises d’investir. Tout ça parce que ses conseillers ont lu quelque part que ça peine à redémarrer de ce côté-là. Qu’à cela ne tienne, l’exécutif va s’en occuper. Comme s’il suffisait de crier « investissements, investissements, investissements » en sautant comme un cabri !

L’investissement au point mort.

De fait, le contexte plus favorable qui s’est mis en place sur la scène économique européenne et mondiale permet d’espérer un regain d’activité en France. Mais le « moteur » de l’investissement est toujours au point mort. Et sans lui, il ne peut y avoir une reprise durable. On comprend alors que notre grand financier Sapin s'impatiente au point de saisir l’occasion d’un passage sur les ondes pour prendre « ses grands airs »  et « exiger » que les entreprises investissent. Il s’est même permis d’accuser  un chef d'entreprise, qui se plaint de ne pas ressentir la baisse des charges annoncée, de ne pas avoir changé de logiciel comptable ! A ce niveau-là d’incompétence, le fossé entre le discours politique et la réalité vécue sur le terrain devient infranchissable.

Les écueils restent trop nombreux.

C’est vrai que les marges des entreprises « s'améliorent sensiblement » sur le premier trimestre, comme le constate l’Insee, mais elles restent parmi les plus mauvaises d'Europe, près de 10 points de moins que l'Allemagne, la Grande Bretagne et l'Italie. En revanche, la fiscalité française dissuade toujours les entrepreneurs de prendre des risques, le coût du travail peu qualifié demeure trop élevé  et les gisements d’emplois qui existent dans le tertiaire restent inexploités. L’environnement social, les normes en tout genre, les prélèvements multiples à caractère antiéconomique comme la taxe sur la valeur ajoutée (CVAE) ou la taxe foncière à deux étages, constituent autant d’écueils pour les investissements. Si pour certaines PME, le CICE et la baisse des cotisations familiales ont pu avoir des effets positifs, ils ont été annihilés par les hausses des cotisations retraites et celles pour la prévoyance. Résultat : le coût du travail ne baisse pas et demeure en France un boulet pour le développement de l’activité. Un point de comparaison suffit : sur le niveau de taxe dans le monde, la France figure dans le peloton de tête en matière de charges sur le travail  (51,7% contre 16,2% au niveau mondial et 23,3% pour les pays de l'OCDE). Ce coût demeure en France exorbitant.

La confiance n’y est pas.

Comment croire alors Manolito quand il dit que le gouvernement a réformé et donc a réuni les conditions pour que la situation s’améliore. Ce n'est évidemment pas comme cela que ça marche. Il ne suffit pas de décréter que les entreprises ont la capacité d’investir. Plusieurs facteurs doivent être réunis pour réaliser un investissement ou une embauche :il faut un cadre favorable et des perspectives. Il faut que les chefs d’entreprise aient une claire perception que les conditions sont là car entreprendre c'est mettre en perspective des risques de pertes et des espoirs de gains. C’est un peu trop facile d’affirmer que si le chômage est en hausse, c'est à cause des entrepreneurs qui n'investissent pas, qui n'embauchent pas !

Avant de rejeter sur les chefs d’entreprise  la responsabilité de la situation économique du pays, le gouvernement devrait d’abord se poser des questions sur son propre logiciel. Car le retournement de la conjoncture internationale crée les conditions inespérées de réaliser les réformes structurelles trop longtemps différées. Le chômage se concentre dans les professions proches du smic et parmi les non-qualifiés. Les questions du salaire minimum, de la formation et du coût minimal du travail devraient être traitées en priorité. Le coût minimal du travail reste, en effet, la variable clé, qu’on le veuille ou non. On constate que la réserve d’emplois accessibles aux non-qualifiés est considérable, avec un déficit de plus de 2 millions d’emplois dans le commerce et l’hôtellerie-restauration, si on compare à ce qu’on observe dans d’autres pays. Pour ne prendre que ces deux secteurs. Pour parvenir à pourvoir ces emplois il faudrait admettre que l’augmentation des inégalités de salaires est un moindre mal que le chômage de masse. La France qui dispose d’une population non diplômée nettement plus importante que dans les autres pays de l’OCDE a contenu les inégalités de salaires en privant d’emplois les moins qualifiés.

Les réformes structurelles sont indispensables.

Baisser le coût minimal du travail pour réduire le chômage n’est pas une idée nouvelle ni originale, sauf que les allégements de charges sur les bas salaires proposés depuis plus de trente ans ont toujours été compensés par des hausses du smic. Et quand le coût de ce dernier augmente plus rapidement que celui d’un emploi au salaire médian, on rend inemployable une population toujours croissante. L’autre grande cause de blocage de l’emploi provient de la protection excessive dont bénéficient les CDI, dont la conséquence est d’enfermer des millions de salariés dans les situations précaires en les obligeant à enchainer intérim, CDD et stages… La protection excessive de l’emploi à durée indéterminée et le salaire minimum trop coûteux, c’est une sorte de transfert sur les employeurs du coût de la solidarité nationale en les obligeant à conditionner l’embauche à la garantie du revenu que la société juge minimal. A tout cela s’ajoute un point noir supplémentaire qui plombe l’économie française et qui l’empêchera de retrouver un rythme de croissance au-delà de 2% par an : la crise dans le BTP, dont la responsabilité échoit largement aux mauvaises dispositions votées sous Duflot.

Voilà des domaines où les réformes structurelles seraient, à n’en pas douter, suivies d’effets en terme de redémarrage de l’emploi.

Sans reprise de l’investissement, pas de croissance durable.

Si le moral des ménages, sensibles à l’effet médiatiques des « bonnes nouvelles » ressassées sur les antennes, a rebondi depuis quelques mois, celui des chefs d’entreprises, calé sur leurs carnets de commande, fait du surplace. Et si le moteur des investissements ne se rallume pas, la reprise ne sera qu’un feu de paille. La question est de savoir si les difficultés structurelles des entreprises françaises et leur manque de confiance sont plus importants que l’incitation que devrait créer l’augmentation de la consommation des ménages. Dans ce cas, celle-ci bénéficierait en premier lieu aux entreprises étrangères, contribuant à dégrader notre balance commerciale. C’est du déjà vu. On aura alors la preuve que la perte de compétitivité de ces quinze dernières années est dramatique et nécessite autre chose que des mesures conjoncturelles.

On comprend que la reprise de l’investissement soit désormais l’obsession de l’Elysée, dont l’hôte y voit une condition nécessaire à sa réélection, devenue son unique objectif. La méthode Coué ne sera pas suffisante, pas plus que les mesures de soutien ponctuel !

 

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