HISTOIRE
RETOUR SUR TERRE
ON N’EMPRISONNE PAS VOLTAIRE !

L’EDUCATION AU CŒUR DU PROBLEME

Laicite

Un triste constat.

Je ne vais pas jeter la pierre aux enseignants : bien souvent, ils ne font que ce qu’ils peuvent et il arrive trop souvent que leurs efforts ne soient pas récompensés. D’autant plus qu’ils sont au service d’un système qui a perdu ses repères et son efficacité, brinquebalé entre une hiérarchie dont le pilote change trop souvent, des directives multiples et fluctuantes, des parents inquisiteurs-consommateurs et des élèves mal élevés pour la plupart. Leur savoir a perdu son crédit concurrencé par internet et le peu d’autorité qui leur reste tient plus à la personnalité individuelle qu’à la place que leur concède la machine éducative. On ne peut donc pas s’étonner que l’éducation nationale laisse sur le pavé des milliers d’enfants sans formation et que ceux qui sortent de leur cursus d’études ont trop souvent des connaissances fragiles et mal assimilées. Triste constat que les événements de la semaine dernière viennent d’aggraver : on découvre avec amertume qu’en plus les valeurs sacro-saintes de notre République que l’enseignement de l’éducation civique aurait dû inculquer, non seulement ne sont pas assimilées mais contestées. Ces cerveaux qu’on a laissé en jachère, d’autres savent les remplir.

La religion en question.

On ne sera pas surpris de découvrir que les élèves qui ont refusé de participer aux minutes de silence dans les établissements, et sans vouloir stigmatiser, étaient pour la plupart musulmans. A ce sujet j’ai entendu dans les débats tous les arguments sur le respect, la tolérance, l’esprit voltairien (qui a lu Voltaire ?), la liberté d’expression et j’en passe. Pas un de nos intellectuels n’a expliqué qu’en fait le malaise profond vient d’un constat tout simple : pour ces élèves-là, ce n’est pas la loi de la République qui importe, mais la loi religieuse, la « charia » qu’ils placent en premier, et c’est au nom de cette loi que les assassins ont agi. C’est le fondement du communautarisme. Tant qu’on ne réussira pas à leur faire comprendre que la laïcité de l’Etat, dans notre pays, sépare les règles religieuses et la loi républicaine, et que celle-ci est primordiale, nous aurons tous les comportements inappropriés que l’on rencontre et qui ont commencé avec le port du foulard.

La dérive communautariste.

Depuis plus de vingt ans, nous sommes confrontés à ce problème sans le nommer clairement, entre volonté de ne pas stigmatiser et déni. C’est Lionel Jospin, alors Ministre de l’Education (1989) qui a commis l’erreur magistrale : en dévoluant aux chefs d’établissement la décision d’autoriser ou non le port du foulard il abandonnait le principe de laïcité qu’impose l’Etat pour entrer dans une démarche communautariste. Une brèche était ouverte qui a permis ensuite à d’autres revendications de fleurir : refus de certains enseignements scientifiques, contestation du menu des cantines, exigences pour les piscines, sans parler de l’accoutrement vestimentaire des filles… L’école de la République n’est plus universelle. Comment alors enseigner la « Laïcité » ?

L'école impuissante et dépassée.

Par ailleurs, le civisme et la laïcité reposent sur des vertus qui nécessitent pour les pratiquer une conscience fondée sur un esprit correctement formé et cultivé, qui inclut l’apprentissage de l’esprit critique et l’accès à la relativité du jugement. Or nos enseignants ont déjà tant de mal à faire apprendre le « b-a ba » de notre langue que c’est rêver d’imaginer qu’ils puissent aller aussi loin dans l’éducation de cerveaux rétifs à l’effort et à la réflexion. En plus, ils ne sont pas aidés par le milieu familial, soit parce qu’il est inexistant ou démuni, ou encore d’une autre culture. Et la concurrence des réseaux sociaux où, paraît-il, les élèves d’aujourd’hui puisent 90% de leurs connaissances (effrayant !) rend leur tâche presqu’impossible.

On sait ce qu'il faudrait faire...

Et pourtant, on est au cœur du problème. Les solutions passent probablement par une meilleure formation des enseignants. Encore faudrait-il arrêter de parler de société multiculturelle et « arc-en-ciel », comme hier matin Jack Lang, qui n’a toujours pas compris ! Encore faudrait-il imposer des contraintes aux parents et faire en sorte qu’ils ne soient pas co-gestionnaires des classes. Encore faudrait-il remettre le professeur au centre du système, et non l’élève. Encore faudrait-il rétablir le principe d’autorité et qu’il soit partagé par toute la communauté éducative, ce qui n’est pas certain. Il y aurait beaucoup à dire sur les contenus enseignés : temps d’apprentissage du Français insuffisant, histoire réduite à de la bouillie sans chronologie, littérature réduite aux œuvres faciles, … et les pratiques pédagogiques qui hésitent entre l’obsolescence et l’inadaptation, quand elles ne sont pas autodidactes. Encore faudrait-il, enfin, que la formation débouche sur autre chose que l’inactivité qui est le lot promis à une fraction trop importante des jeunes, surtout de ceux des « quartiers ». Car c’est au final ce qui donne du sens aux études. Pour l'heure, la gauche redécouvre la nécessité de l'autorité ce qui est réjouissant au moment où on s'apprêtait à supprimer les notes. Et la Ministre envisage encore de renforcer l'enseignement civique, cette tarte à la crème dont on parlait déjà en ... 1995 ! Qu'a-t-on fait depuis ?

Une lueur d'espoir.

On voit que le chantier est énorme. Il faudrait une action continue sur de longues années au lieu de faire et défaire constamment au gré des changements de majorité politique quand ce n’est pas de ministre. On a toutes les raisons de rester pessimiste. Il y a pourtant une lueur dans ce constat bien sombre : l’ampleur du sursaut populaire des manifestations qui, on l’a trop peu exprimé, est aussi une marque d’exaspération de la France profonde à l’égard des agissements de type communautariste. Les Français ont voulu dire, avec une grande dignité, en défendant la liberté d’expression, « on est chez nous, et chez nous, c’est la loi de la République qui s’impose, et aucune autre ». Cette lueur peut être le support des révisions profondes dont notre Education nationale a besoin. Au pouvoir politique d’en saisir l’opportunité s’il en a le courage.

 

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