HISTOIRE
BRRRR !
BONNE ANNEE 2015 (SI POSSIBLE) !

AU RISQUE DE PASSER POUR UN VIEUX CON…

 

Orthographe chat

 

Je romps la trêve des confiseurs pour pousser mon coup de gueule.

Voilà qu’on découvre que « nos chères têtes blondes » (enfin presque) qui sont poursuivies par leurs études à l’université doivent suivre des cours de remise à niveau en orthographe et vocabulaire !!! On aurait pu penser qu’arrivant dans les études supérieures, ce problème eût été réglé en amont. C’est bien la preuve de la faillite de notre système éducatif qui se révèle incapable, après 15 ans de cursus scolaire de la maternelle  à la fin du lycée, de transmettre les bases de notre langue. La dégradation de l’orthographe est un des aspects des diverses détériorations qui affectent l’usage du français par un grand nombre de lycéens ou d’étudiants. Elle est accompagnée par une ponctuation complètement chaotique, par un vocabulaire pauvre ou impropre, par une confusion sur le sens des mots, par une syntaxe à faire pleurer.

Les temps modernes sont ceux de la régression.

Il est vrai que notre époque n’aide pas à la rigueur en la matière. La mode des textos et des messages raccourcis des réseaux sociaux, le tweet en particulier, complique l’apprentissage de notre langue en permettant l’usage d’un français émasculé, réduit à quelques phonèmes. Cela ne serait qu’anecdote si au moins ce phénomène s’appuyait sur des fondamentaux solides. Il n’en est rien. Derrière le simplisme des messages se cache souvent une pensée indigente qui laisse place plus à l’émotion qu’à la réflexion. Comment exprimer des nuances, ce qui fait la richesse de notre langue et sa spécificité, quand les mots manquent parce qu’ils ne sont même pas connus ! Le recul de la pensée, et pour tout dire sa défaite, favorise les progrès de la barbarie et de l’obscurantisme.

« Science sans conscience » n’est que ruine de l’âme.

La faute d’orthographe est devenue un détail sans importance dans notre civilisation décadente où l’on croit que la machine peut remplacer le cerveau, le logiciel de correction la science des accords, au mépris du sens profond que le choix d’un mot à l’orthographe spécifique peut apporter, et dont l’altération conduit au contresens ou à l’incompréhension : il en est ainsi de l’utilisation du déterminant possessif en lieu et place du démonstratif  qui révèle alors une incompréhension profonde de la langue française, de sa grammaire et de son sens. Et allez demander à un logiciel de détecter une faute d’orthographe dans une expression du type « les poules du couvent couvent »… « Science sans conscience » n’est que ruine de l’âme nous a enseigné Rabelais. C’est plus que jamais vrai. Parce que ce phénomène est le symptôme concret de notre décadence intellectuelle et morale. Les raisons en sont assez simples : l’orthographe, faite de règles et de logique est passée au second plan à l’école, victime de l’idéologie (c’est la « science des imbéciles ») et du lâcher-prise généralisé qui ne va pas avec la nécessité de l’effort qu’elle impose. Inévitablement ce recul va de pair avec celui des compétences en lecture. La « fabrique du crétin » nous jette dans la société des illettrés, qui ne savent ni lire ni écrire, ne comprennent pas un énoncé, savent encore moins exprimer ce qu’ils pensent. On s’étonnera ensuite que la « barbarie » progresse !

Le réformisme des « docteurs » aux effets pitoyables.

Les experts ne savent pas de quand date la détérioration de l’apprentissage du français. Sous la conduite des Diafoirus de la rue d’Ulm, l’Education nationale a subi tant de réformes depuis un demi-siècle que l’on ne sait pas vraiment quelle idée prodigieuse a entraîné cette sorte de semi-illettrisme qui permet d’arriver jusqu’à l’université sans avoir une maîtrise suffisante du français. Ce qui est avéré, c’est que même les enseignants sont atteints du même mal. Dès lors, comment faire apprendre ce que l’on ignore soi-même ! La pente sera difficile à remonter. Elle passe par une réorganisation profonde des contenus. Et au lieu « d’alléger » les programmes, comme continue de le faire la ministre actuelle, pour s’adapter par le bas aux (manques) de compétences des élèves, il faut au contraire revenir aux fondamentaux. A quoi sert de passer du temps sur le numérique, le développement durable, la sécurité routière,  qui encombrent les horaires de l’école primaire, si l’outil de communication qu’est la langue n’est pas maîtrisé ? Six heures de moins par semaine entre 1970 et 2010 de temps d’apprentissage qu’il est impératif de rétablir pour l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire, faire des dictées et des exercices répétitifs, apprendre des listes de mots grâce à l’échelle Dubois-Buyse (catalogue des mots classés par tranches d’âge mental). Les méthodes pédagogiques sont aussi en cause. A-t-on besoin d’une « observation réfléchie sur la langue » principe bobo introduit par Jack Lang quand on ne sait même pas faire la différence entre une conjonction et un adverbe ?  Cela se fait au détriment du « réel ». Il faut donner aux enfants que l’on instruit des outils concrets de mémorisation et de structuration du langage. Cela passe par les exercices appropriés, aujourd’hui jugés ringards. On en voit les effets : baisse avérée en orthographe, en compétences langagières et en compréhension de textes. « Il y a certaines lettres qui ne se prononcent pas et qui sont inutiles quant au son, lesquelles ne laissent pas de nous servir pour l’intelligence de ce que les mots signifient… » voilà qui fait toute la particularité et la richesse du Français, langue de la diplomatie par excellence car la plus propre à exprimer les mille nuances de la pensée.

La crise de l’orthographe n’est pas un problème mineur.

Si, parvenu à l’âge adulte, on ne sait pas s’exprimer oralement ou par écrit, on est handicapé, quelle que soit la profession qu’on a choisie. Le langage étant le moyen de la communication, on ne peut pas s’exprimer au sujet du métier que l’on exerce si on ne trouve pas les mots pour le faire. Un exposé livré dans une langue primitive fait douter des capacités techniques de celui qui l’écrit. Il jette une suspicion sur l’ensemble de ses connaissances. Or, la discipline grammaticale, lexicale, orthographique est garante de la rigueur de l’exposé. J’ai constaté un nombre de fois incalculable l’influence négative du mauvais usage de la langue dans la communication : quand je ne comprends pas quelqu’un, c’est souvent qu’il s’exprime mal. Il y a déjà plusieurs décennies, on a pensé à tort, qu’un étudiant doué en sciences n’avait pas besoin d’écrire comme Chateaubriand. On ne le lui demande pas, mais il doit écrire suffisamment bien pour que sa démonstration soit convaincante. L’un ne va pas sans l’autre. La naissance des nouveaux idiomes, nés de la dictature obsessionnelle  d’internet, si elle permet de s’exprimer en tout lieu et à toute heure, ne contribue pas aux échanges d’idées. La preuve en est les nombreux « couacs » auxquels sont confrontés nos responsables politiques avec leurs tweets intempestifs.

Le mal s’étend et bat en brèche notre « humanité ».

Il existe une langue, le français, qui nous permet de communiquer et cet instrument ne peut fonctionner que si les règles de son usage sont respectées. C’est l’école qui enseigne les codes, grammaire, vocabulaire, construction des phrases. Si on ne sort pas de l’école en parlant et en écrivant bien, on est affecté d’un handicap. Il ne faut pas s’y tromper : la détérioration du Français envahit déjà la presse, souvent mal corrigée, et même certains auteurs de roman. Des gens d’une culture pourtant reconnue font des fautes de syntaxe ou sont contaminés par le langage ambiant sans même s’en rendre compte. La traduction abusive de « too much » a conduit à la perte de sens entre « très » et « trop », qui affligeait déjà le langage des populations d’origine maghrébine. Certaines expressions font florès qui ne devraient pas avoir cours. Certains mots obsolètes retrouvent une nouvelle vie parce que tous ceux qui ont pour métier d’écrire se jettent dessus, souvent par un effet de mimétisme qui se borne à plagier ce qu’il y a de plus consternant. De nombreux mots d’anglais épicent des textes qui auraient plus de qualité s’ils s’en tenaient aux mots français, capables de dire la même chose souvent en mieux, et sans sacrifier aux modes éphémères.  Il est important que nous nous comprenions les uns les autres. Il est donc important d’adopter, en la matière, le dénominateur commun le plus élevé. Ce dénominateur commun c’est notre langue, le Français !

 

Commentaires

Marcel

bonjour Daniel
je vois que tu as lu le dernier livre d'Alain Bentolina "comment sommes-nous devenus si cons"
comme toi, je n'en suis pas revenu et je me demande encore comment l'instruction publique - je ne parle pas d'éducation nationale, terme impropre- permet à des jeunes Français d'arriver à l'université sans maîtriser les fondamentaux de la langue. C'est extrêmement grave car nous sommes partis dans une spirale déliquescente qui sera difficile à inverser sauf à reprendre les fondamentaux dès la maternelle et l'école primaire.

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