HISTOIRE
Previous month:
août 2013
Next month:
octobre 2013

LA REFORME OU … LE PEN

Flanby découragé


Quels critères vont prendre en compte les Français au moment de voter pour élire leur maire ? Les enjeux locaux d'abord, mais pas seulement. Selon un sondage Ifop pour le JDD, si 61% des personnes interrogées votent « principalement en fonction de considérations locales », 26% expriment la volonté de « sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement ».  Seulement 10% comptent au contraire la soutenir.

Cette part de l’électorat tentée par un « vote sanction » est élevée : lors du précédent scrutin municipal, en 2008, la volonté de sanctionner s’élevait à 21% des sondés. Un ressenti qui s'était alors traduit dans les urnes par un revers important pour l'UMP, qui avait perdu une trentaine de villes importantes. On peut imaginer ce que peuvent représenter 5 points de plus pour le pouvoir en place. Le tout est de savoir par quel type de vote se traduira la sanction.

Au-delà de la « vague bleue », certains mettent en garde contre la possibilité d'une vague « Bleu marine », le Front national étant souvent le premier à bénéficier de ce type d'atmosphère. Interrogés sur les enjeux les plus importants pour eux dans ce scrutin, les Français répondent en premier lieu la fiscalité (32%), puis la sécurité et l'emploi (30% tous les deux) et enfin l'éducation (26%). 

Tous les ingrédients d’un nouveau 21 avril sont réunis.

Entre une dynamique protestataire, qui profite au Front national et une dynamique d’alternance qui devrait profiter à l’opposition, le parti socialiste doit s’attendre à de grandes difficultés. La rentrée politique de Marine le Pen, sur fond de record de popularité dans les sondages s’est faite à un moment ou Le FN s’est retrouvé au centre du jeu : polémique sur les propos de François Fillon, retour du thème de la sécurité au-devant de l’actualité.

Pourtant la question du FN ne devrait plus être un sujet pour la droite, car elle devenue un problème pour la gauche au pouvoir.  C’est ce que toutes les élections partielles ont montré. Mais cela dicte à l’UMP un double impératif : celui de travailler à un programme qui soit véritablement un projet d’alternance  et celui, plus impératif encore de faire plus visiblement son travail d’opposant. Or depuis un an, les dirigeants de l’UMP passent leur temps à tirer dans les coins au lieu de combattre le camp d’en face. Ce qui laisse un boulevard au Front national.

C’est la gauche qui devrait se méfier, car lorsqu’elle est au pouvoir, le piège de la diabolisation peut se refermer sur elle. Ce sont en effet ses électeurs populaires qui se détournent d’elle et vont grossir les voix de l’extrême-droite. C’est ce qui s’est passé en 2002. On a vu aussi dans les derniers scrutins qu’environ un cinquième de ses électeurs se comportaient ainsi au deuxième tour. Et avec la perte de crédibilité de la gauche sur la sécurité, malgré le verbe fort du Ministre de l’Intérieur et à cause des signaux désastreux envoyés par la Ministre de la Justice, l’opinion risque de faire payer très cher à la gauche sur le terrain électoral. La preuve : la cote de popularité du Président.

Le rejet du multiculturalisme est un facteur aggravant pour la gauche.

L’affaire des Roms ne vient pas par hasard sur le devant de la scène. Manuel Valls sent bien le danger. Le rejet du multiculturalisme se lit dans les sondages qui disent la réticence de plus en plus forte de l’opinion face à une immigration qui ne s’intègre plus et à un islam trop visible. De quoi porter le parti d’extrême-droite qui surfe là sur ses thèmes de prédilection. Et quand Dalil Boubakeur, réputé modéré, accuse la charte de la laïcité d’être dirigée contre les musulmans, il avalise la dialectique islamiste. L’accusation en islamophobie qui voudrait rendre impossible la critique de la doctrine islamique, est l’arme du communautarisme qui, partout, fracture les sociétés, attise les tensions et les guerres.

Il y a donc urgence à répondre aux attentes d’un électorat qui se radicalise à mesure que les désastres s’accumulent, dont la « libanisation » de Marseille n’est que la partie visible de l’iceberg. Nombreux sont les électeurs qui sont tentés « d’essayer » l’extrême droite, ne se satisfont plus du centre tiède où veulent camper encore Borloo et Bayrou, et ne font toujours pas confiance à l’UMP dont le message restait encore confus jusqu’à ce que François Fillon durcisse son discours. La « droitisation » de l’électorat n’est pas une théorie politique, elle est une réalité. Elle n’est pas bâtie sur une adhésion à des thèses racistes ou une vision étriquée de la nation, mais sur le sentiment d’une dépossession progressive de son identité culturelle que le « on n’est plus chez nous » traduit en termes prosaïques. Sous-estimer cette exaspération sera très dangereux pour tous les partis qui ne voudront pas en tenir compte.

La gauche est de plus en plus disqualifiée. Quand le Ministre de l’Intérieur feint de défendre une politique d’intégration, l’Elysée évacue les religieux du comité consultatif national d’éthique et supprime le haut conseil à l’intégration pour s’être opposé au communautarisme ou au voile à l’université, sans  parler de l’abandon de toute exigence pour la naturalisation.

Il faut offrir d’urgence un débouché politique à la désillusion.

La gauche est en échec. La séquence d’intense activité médiatique de l’été et l’affaire syrienne n’ont pas réussi à inverser le mouvement de défiance qui touche l’exécutif. Le Président touche les bas-fonds de popularité, est largement minoritaire dans toutes les catégories de l’électorat. Les forces du retrait et de la protestation enflent d’autant plus que le « matraquage fiscal » des classes moyennes vient s’ajouter aux autres plaies de l’insécurité et du chômage. Ainsi, le gouvernement annonce pour le financement des retraites des « décisions courageuses » qui consisteront à faire les poches des salariés et des retraités déjà bien ponctionnés, sans rien toucher à ce qui est perçu comme injustice majeure.. Le socialisme qui se voyait comme une religion universelle s’est rétréci à la dimension d’une secte recroquevillée sur des interdits et des lignes jaunes à ne pas franchir et est condamné à « « faire croire » à des résultats qui n’existent que dans son imaginaire. Il est vain d’en attendre des réformes : son électorat de fonctionnaires lui empêche de toucher « aux acquis » pourtant au-dessus de nos moyens, tandis que son clientélisme l’invite à accompagner le communautarisme et à fermer les yeux sur les dérives de l’Islam pour ne pas fâcher les 86% de musulmans qui ont voté Hollande.

Pour l’instant, en face, la droite ne propose rien de crédible. Les éléments de programme qui apparaissent ici ou là quand ils ne sont pas excessifs, sont phagocytés par la multiplicité des prises de paroles à « compte personnel ». Or les Français attendent des réponses crédibles aux difficultés qu’ils rencontrent sur l’emploi, la croissance, la sécurité, la fiscalité, mais aussi ils ont besoin d’être rassurés sur la crise identitaire qui les inquiète et que seul le FN semble prendre en compte. Il y a urgence à l’UMP à tenir un discours coordonné autant que possible et commun de préférence. Le parti doit affirmer clairement son cap qui ne peut être que libéral, européen et humaniste et proposer les réformes qui permettront au pays de sortir durablement de l’ornière. Travailler à un nouveau pacte républicain avec son volet identitaire et sociétal devrait être sa priorité. Car l’urgence est d’endiguer la colère qui monte. Sinon, ce sera … Le Pen.

Le temps presse !

 

 


LA PROVOC’ !

Cecile-duflot

Les écolos veulent quitter le gouvernement, c’est leur intérêt électoral pour les municipales. Toujours fins tacticiens, ils pourraient ainsi avec des listes autonomes faire le plein avec les voix de gauche déçues par le PS et le pingouin. Mais ils voudraient bien qu’on les vire, ce serait plus confortable. L’affaire Valls tombe à pic pour la pimbèche cheftaine du clan vert.

En mettant le chef de l’exécutif au pied du mur elle prend le risque qu’il la désavoue, et alors sa place sera intenable, ou qu’il la vire, ce qui serait logique. Car il n’y a rien de bien choquant dans ce qu’a dit Valls sur l’incapacité des Roms à s’intégrer : c’est même une telle évidence que la gauche est bien obligée de faire ce que le précédent gouvernement faisait, avec les mêmes méthodes et les mêmes moyens.

On imagine mal comment ces deux ministres pourraient cohabiter dans un même gouvernement. La manière dont s’est comporté le 1er Ministre à Angers est déjà une belle manière de botter en touche en attendant l’arbitrage suprême : quel courage ! Pourtant, un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Duflot ne pourra pas continuer longtemps à l’ouvrir sans dégâts pour son maroquin. Cette fois-ci elle choisit sciemment le point de non-retour. Et le pingouin ne pourra pas se contenter d’éluder la question en faisant celui qui n’a pas entendu. Encore que… courageux comme il est.

La cote du Président est suffisamment basse pour qu’il n’en rajoute pas encore. Il donnera donc raison à son ministre de l’Intérieur, dont le message est très bien reçu par l’opinion et les maires de gauche. Se séparer de lui en ce moment est donc impensable.

La vérité, c’est que le parti des écolos est en proie à une grave crise existentielle. Le divorce avec Europe Ecologie est en train d’être complètement consommé. Les verts qui se comportent en clan détenteur de la vertu écolo doutent ouvertement de l’utilité de leur présence au gouvernement. La Ministre du Logement ferait ainsi coup double : elle sortirait avec éclat et en même temps pourrait espérer ressouder son parti autour d’elle.

A moins que le jeu soit encore plus vicieux. Elle peut espérer que comme avec Montebourg, le chef de l’Etat voudra préserver la coalition gouvernementale, ce qui la prémunirait d’un limogeage. Elle tirerait encore les marrons du feu car en restant dans ces conditions, elle prouverait son poids politique en affaiblissant l’Elysée.

Cette Rastignac en jupons est une experte des jeux florentins qui consument régulièrement le parti vert. De la politique de salon loin des réalités vécues par nos concitoyens sur le terrain et qui subissent au quotidien la non-intégration des Roms. Physiquement et matériellement. Elle poussera des cris d’orfraie quand elle verra les conséquences de son aveuglement idéologique au moment du décompte des votes aux municipales. Le ras-le-bol pousse rarement vers les solutions raisonnables.

 


LES DEGATS, C’EST MAINTENANT !

La croissance en panne

Et bonjour les dégâts !!  Pour les impôts, ce n’est pas sur la touche « pause » qu’il faut appuyer, c’est sur la touche « reverse », et même si possible, « rembobinage rapide » !

Une catastrophe historique.

Le tableau économique est en effet catastrophique, même si tout est fait pour masquer la dégringolade des indicateurs économiques. Malgré les discours officiels, les dépenses publiques continuent de progresser (+0,5% au deuxième trimestre), la pression fiscale va s’aggraver, la compétitivité continuer à se dégrader, la profitabilité des entreprises encore s’affaiblir, les gains de productivité rester en berne et l’innovation en panne.

L’assommoir fiscal a contribué à faire disparaitre 80 000 PME, près de 300 usines et 400 000 emplois (120 000 depuis le début de l‘année 2013). Le désastre est tout entier contenu dans cette vérité : le choc fiscal de 2012 a augmenté les impôts et taxes de 47 milliards d’euros, portant les prélèvements à 46,5% du PIB et les recettes publiques à 53% du PIB. Enumérons les mesures : fiscalité confiscatoire sur le travail avec la taxe à 75%, sur l’épargne (58 à 62%) alors qu’elle provient de produits déjà taxés, sur le patrimoine avec l’augmentation de l’ISF à 1,5% entraînant une rentabilité négative du capital.

Le mal est aggravé par la concentration très forte des prélèvements additionnant des assiettes étroites et des taux excessifs. L’instabilité est encore aggravée, et elle annihile toute projection dans l’avenir des ménages comme des entreprises, bloquant tous les investissements.

Si la France était une île, ce ne serait pas réjouissant, mais au moins ne serions-nous pas confrontés à la compétition fiscale entre nations et à la dégradation sans précédents de l’attractivité de notre territoire (baisse de 25% du nombre des installations).

Un pouvoir autiste.

La multiplication des impôts et la hausse irréaliste de leurs taux ont asséché les flux économiques, gelé les stocks et abouti à l’instabilité des recettes ; ainsi l’ISF prive chaque année le trésor Public de 12 milliards d’euros de rentrées. Le choc fiscal enferme la France dans une croissance zéro et dans le chômage massif dont la première cause est contenue dans l’augmentation du coût du travail qui ruine toute compétitivité. La France a reculé au 23ème rang mondial quand l’Allemagne occupe la 4ème place.

Pire, l’enfer fiscal qui appauvrit l’ensemble des Français, des plus pauvres aux classes moyennes, encourage la fuite à l’étranger de plus de deux millions de nos compatriotes, sans parler des euros qui partent par valises entières. Pourtant le FMI, l’OCDE, la Commission européenne et même la Cour des Comptes ont recommandé de renoncer à toute hausse d’impôts. Peine perdue : ce sera la continuation de la purge en 2014 avec un prélèvement supplémentaire de 12 milliards dont 10 à la charge des ménages. Le poison de l’impôt n’aura plus ses antidotes que sont les niches fiscales, puisque c’est le nouveau champ d’action du gouvernement. En plus de la hausse de la TVA et des nouvelles cotisations pour financer les retraites, s’ajouteront forcément les « trouvailles » pour boucher les trous sans fond(s)  de la santé et de la sécurité sociale : taxe poids lourd, forfait social, contribution climat-énergie…

La France recule dans tous les domaines.

La France ne progresse pas, elle recule. L’échec de la politique de François Hollande, s’il en a une, est patent. L’inversion de la courbe du chômage si elle a lieu, se fera à partir d’emplois aidés massifs et d’un bidouillage de la collecte des chiffres par l’Insee. Il n’en reste pas moins que le déficit public restera supérieur à 4% du PIB en 2013 et que l’objectif pour 2014 ne sera pas atteint non plus.

Le gouvernement préfère se bercer du retour de la croissance que quelques statistiques fragiles lui font espérer. La reprise se dessine en effet en Europe, mais timidement. Pour la France, la stagnation est de mise et ne justifie pas l’enthousiasme affiché au sommet de l’Etat. Avec un rythme de croissance deux fois moins élevé que celui de l’Allemagne, cinq fois moindre que celui du Royaume-Uni, la France se classera en 2013 sixième sur sept parmi les pays du G7, ne devançant que l’Italie.

Vivre d’illusion. C’est bien le spectacle que nous offre l’exécutif. Mais la réalité est toute autre. Un échec économique aussi cinglant, fait d’idéologie et de déni du réel, le condamne à une sanction politique violente, dont on ne peut qu’espérer qu’elle soit canalisée par des partis responsables.

Malheureusement, la constitution n’a pas prévu la possibilité de « reset » !

 

 


L’AVIS DU SPECIALISTE

LA REFORME AYRAULT DES RETRAITES

Woerth 1


Ce pourrait être la « complainte pour la non-réforme des retraites ». Eric Woerth*, ancien ministre du travail et auteur de la réforme de 2010 nous explique ici pourquoi celle du gouvernement socialiste, c’est plus d’impôts, plus de déficits, plus d’injustices.

« La réforme des retraites présentée par Jean-Marc Ayrault fin août réalise un triple exploit : accroître les impôts des Français de 10 milliards d’euros, creuser les déficits des régimes de retraite, créer de nouvelles injustices. Je veux seulement rappeler que les plus de 6 milliards d’impôts nouveaux annoncés par le gouvernement le 27 août s’ajoutent aux cotisations destinées à financer sa mesure de retour « partiel » à la retraite à 60 ans à l’été 2012 : voilà au total plus de 10 milliards d’impôts prélevés sur les Français pour financer les retraites et non les investissements dans l’économie de la connaissance ou les autres dépenses d’avenir dont notre pays aurait besoin. La part de la richesse nationale consacrée aux retraites (près de 14 % du PIB) est déjà parmi les plus élevées au monde : il faut l’augmenter encore, nous dit Jean-Marc Ayrault. On se demande bien à quoi bon se réjouir de la démographie favorable de notre pays, si c’est pour dilapider cet avantage.

Le gouvernement se concentre sur les 7 milliards d’euros de déficit du régime général et laisse de côté les régimes complémentaires, le régime des fonctionnaires de l’Etat et les régimes spéciaux. Les régimes complémentaires ne sont pas son affaire, nous explique-t-il. Peut-être tentera-t-il aussi de convaincre les Français, lorsque ces régimes devront augmenter les cotisations pour réduire leurs propres déficits, qu’il ne s’agit pas de prélèvements obligatoires ? Quant au déficit du régime des fonctionnaires, c’est plus simple encore : ce n’est pas un problème, puisque l’Etat le comblera. La lignée intellectuelle entre le gouvernement et le sapeur Camembert apparaît plus évidente que jamais.

On me dira : ce trou est le signe que la réforme que vous avez portée en 2010 n’a pas permis de réduire les déficits des régimes de retraite. Cet argument abondamment utilisé par le gouvernement socialiste est faux. L’impact de la réforme des retraites que j’ai conduite en 2010, qui s’est traduite par une réduction de 30 milliards d’euros des déficits à horizon 2020, dont 25 milliards d’euros par des économies sur les dépenses, n’a été contesté par personne. Sans notre réforme, le gouvernement devrait donc faire face non à 20 milliards de déficit, mais à près de 50. D’où viennent ces 20 milliards de déficit ? Pour partie de l’aggravation de la situation économique, à laquelle est en train de grandement contribuer l’action du gouvernement Ayrault. Elle explique que les recettes des régimes ne sont pas au niveau attendu.

Plus d’injustices enfin. Le gouvernement en donne une parfaite illustration avec son dispositif pénibilité, qui, nous dit-il, permettra de compenser les différences d’espérance de vie entre catégories professionnelles. Comment procède-t-il ? En attribuant des points en fonction de l’exposition à des facteurs de pénibilité. Imaginons le fonctionnement concret de ce dispositif : un maçon qui porte des charges de 20 kilos se voit attribuer des points, tandis que son collègue dont les charges se limitent à 15 kilos n’en bénéfice pas. Cela porte un nom : c’est la création de nouveaux régimes spéciaux de retraite. Alors qu’il s’agissait de poursuivre l’effort que nous avons fait pour les rapprocher du droit commun, le gouvernement Ayrault choisit de les étendre.

Est-ce à dire qu’il ne convient pas de tenir compte des différences de carrière ? Bien sûr que si. Je rappelle que c’est la réforme de 2003 qui a introduit le dispositif carrières longues. C’est d’ailleurs l’existence de ce dispositif qui explique que le dispositif pénibilité que nous avons créé en 2010 n’ait concerné qu’un petit nombre de gens : la plupart des travailleurs ayant eu des carrières réellement pénibles bénéficient déjà du dispositif carrières longues !

Plus d’impôts, plus de déficits et plus d’injustices : le triple exploit réalisé par Jean-Marc Ayrault dans le cadre de sa non-réforme des retraites rend notre pays toujours moins crédible sur la scène internationale et grève son action dans la compétition mondiale. »

Les arguments avancés par Eric Woerth sont incontestables, notamment en ce qui concerne les déficits actuels dus largement au différentiel entre la croissance sur laquelle la réforme a été calculée (1,5%, proposé par le COR) et la croissance réelle (0% en 2012, 0,1% cette année)… C’est le problème de toutes les réformes : on les assoit toujours sur des prévisions démographiques et de croissance trop optimistes. La combinaison avec la montée du chômage en général et des seniors en particulier constitue un cocktail explosif. Il est difficile pour autant d’en vouloir à un gouvernement de se fier aux prévisions des grands organismes économiques. Une excuse que ne peut invoquer Jean-Marc Ayrault !

*(tribune parue dans Les Echos du 18 septembre 2013)

 


LA TENTATION DE LA BALKANISATION

  Archibald en colère

La vie politique est ainsi faite. Il faut des défaites pour se diviser et de nouvelles défaites pour se rassembler. Heureusement, nous avons un système électoral majoritaire qui limite les dégâts. Mais la tentation de la « balkanisation »  qui est un trait permanent de notre vie politique est toujours bien réelle et touche toutes les familles politiques.

On appelle ainsi la tendance à se diviser en chapelles et groupuscules en référence à l’éclatement de l’Empire ottoman au XIXème siècle qui transforma la péninsule balkanique (la Grèce pour faire court) en une multitude de sous-états. Ce fut, et c’est encore, une poudrière permanente. Un seul exemple, et non des moindres, l’attentat de Sérajevo et ses conséquences funestes pour l’Europe de 1914.

L’épisode « Fillon » fait partie de ces épiphénomènes. Il met en action les forces centripètes toujours présentes au sein de l’UMP. Elles s’expliquent par le caractère composite de la formation, issue du regroupement du RPR et d’une grande partie de l’UDF de l’époque. Cela correspondait à ce que l’on appelait la nécessité de modernisation !  La fusion avait été voulue par Chirac, mise en oeuvre par Juppé, avec la bénédiction de centristes comme Douste-Blazy et de libéraux comme Raffarin. Depuis quelques temps, c’est le mouvement inverse qui se produit. Peut-être parce que l’UMP, confrontée à l’usure du pouvoir chiraquien, n’a jamais été en mesure d’atteindre les 50% d’électeurs au 1er tour exigés par le scrutin majoritaire. Le quinquennat de Sarkozy n’a rien arrangé, à cause des crises successives et du vote sanction des élections intermédiaires. Le Parti Radical l’a d’abord quittée, puis quelques centristes. Aujourd’hui, les ambitions personnelles fragmentent le discours du parti et le rend inaudible, mais espérons que le phénomène restera superficiel.

Le centre qui avait explosé tend maintenant à se regrouper. C’est pour lui une question de vie ou de mort, alors que se profile l’élection européenne sur laquelle il compte se refaire une santé. Un pari qui n’est pas gagné. Le glissement à droite de l’électorat a asséché les terres centristes et les palinodies de Bayrou avec le positionnement ambigu du Modem ont achevé de décourager les derniers fidèles pour qui le vote Hollande était une trahison. Survie oblige : Borloo et Bayrou se reparlent… Le rêve d’incarner à nouveau une grande force politique comme l’UDF en son temps est encore éloigné et ne sera réglé que lorsque le problème du leadership sera réglé. C’est pas gagné et ça reste illisible.

A gauche ce n’est guère mieux. Le panorama tripode avec un PS comme il se doit, des verts comme il en faut et un PC comme on en veut, est loin de correspondre à l’image qu’il donne. C’est un secret de polichinelle de constater que le PS est aussi divisé qu’une équipe de France de foot à l’attaque, avec une aile gauche tentée en permanence par la sécession, et une aile droite catalane vociférante, que les Verts sont traversés par des courants divers et variés au gauchisme éclectique, et que le Front de gauche a bien du mal à maîtriser son remuant et tonitruant Mélenchon au moment où le PC a besoin de calmer le jeu pour essayer de garder ses mairies avec l’aide du PS. Faisons l’impasse sur l’extrême gauche aussi fragmentée qu’une poterie grecque exposée dans un musée d’archéologie.

Ainsi va la France de 2013. Pendant que notre classe politique s’adonne au jeu du chamboule-tout comme dans les baraques foraines, la dette file bon train, les impôts galopent, l’insécurité s’en donne à cœur joie, et le chômage, cerise sur le gâteau, met chaque jour un peu plus de Français dans la difficulté.

Alors, évidemment, le parti qui émerge et qui ne semble pas connaître les mêmes turpitudes c’est le Front National. Il s’attache à capter toutes les déceptions et les colères des différents électorats sensibles aux thèmes qu’il développe sur l’immigration, l’insécurité et la misère sociale, parce qu’ils y sont confrontés. Mais c’est un trompe l’œil. S’il semble un bloc, il n’en connait pas moins des contradictions internes. Simplement, quand elles gênent, elles y sont écrasées ou sommées de rentrer dans le rang. C’est toute la différence. Ce n’est pas par hasard si la présidence du parti est abonnée à la famille Le Pen. Là est le danger, qu’il soit perçu par un nombre croissant de Français comme un recours grâce à son apparente solidité perçue comme rassurante.

Cela devrait instruire et rendre raisonnable aussi bien à l’UMP qu’au PS.

 


QUELQUES REALITES ECONOMIQUES ET POLITIQUES QU’IL FAUT SAVOIR

 

Archibald en colère

Economie : des signaux inquiétants.

En France, les indices de reprise observés au début de l’été sont altérés par un net recul de l’activité industrielle en juillet. L’automne ne s’annonce pas particulièrement joyeux et il n’y a guère que le sombre Ayrault pour persister dans la vision d’une perspective favorable. Du volontarisme verbal. D’autant plus que le contexte européen et mondial reste contrasté : grande volatilité chez les émergents qui explique l’afflux des capitaux sur nos bourses, « stop and go » illisible de l’économie américaine et tout le monde sera pendu à l’annonce des intentions de la Fed en matière de rachats d’actifs pour les prochains mois qui aura lieu mercredi à 20H30. D’ailleurs, selon la CNUCED (Nations Unies), une reprise économique mondiale soutenue n’est pas en vue et elle publie des évaluations de croissance plutôt pessimistes pour 2013 : contraction du PIB de la zone euro de 0,7%,  la France créditée d’un -0,2%, l’Allemagne d’un +0,3%... ce dont le pouvoir ne se vante pas.

Montée de l’euroscepticisme.

Préoccupés par notre nombril, on n’explique pas suffisamment ce que nous devons à l’Europe, dans ces temps troublés. Du pain béni pour Le Pen et Mélenchon. En Allemagne le sentiment anti-européen dépasse les 60% dans la population et le populisme continue de progresser dans les pays du Nord. Le spectacle donné par l’Union au dernier G20 ne plaide pas en sa faveur et le dos-à-dos Merkel-Hollande contribue à aggraver la perception négative que nous pouvons en avoir. Et pourtant beaucoup est fait. Mais pour qu’elle sorte de son statut de « nain politique » l’Europe doit accélérer le processus d’intégration. Au moment où le chacun pour soi redevient à la mode, l’exercice risque d’être périlleux. Surtout si personne n’en démontre la nécessité ! Il y a pourtant une élection capitale dans neuf mois.

Vaine agitation autour du FN.

Le Pen, c’est toujours la double peine. Le parti d’extrême droite surfe sur la crise, mais cristallise toujours 2/3 des Français contre lui. En votant pour lui on fait perdre la droite et on fait passer le PS. C’est ce qui s’est passé pour Hollande. C’est d’ailleurs l’objectif poursuivi par ce dernier et ses amis qui utilisent les grandes orgues médiatiques tant qu’ils peuvent. La gauche est vraiment hémiplégique et n’entend que la moitié du message de Fillon.  Jamais il n’y aura d’alliance entre l’UMP et le FN et elle le sait bien. D'ailleurs le message a été parfaitement reçu par les électeurs de droite. Ce sont ses électeurs des couches populaires qui vont grossir les voix de Marine Le Pen mais c’est plus facile de le mettre sur le dos de la droite républicaine. La gauche ne veut pas admettre que c’est son sectarisme et son intolérance qui rendent impossible le « Front républicain ». 

Après le matraquage fiscal, le matraquage médiatique.

Il n’y en a que pour eux : les plateaux sont monopolisés par Désir, Sapin, Moscovici ; Ayrault multiplie les déclarations, Hollande s’active… tout est fait pour faire du tintamarre au moment où les feuilles d’impôts tombent avec la douloureuse. Tous les arguments sont avancés : les augmentations, c’est pas nous, c’est Fillon, c’est à cause de la situation qu’on a trouvée, c’est promis juré, on n’augmentera pas l’année prochaine. Et pendant ce temps-là ça phosphore dur du côté de la machine à taxer. L’imagination n’a pas de limites, on s’en rendra bientôt compte. En attendant voici quelques chiffres que nos ténors devraient rappeler plus souvent : dette publique de l’Etat mars 2012 = 1790 milliards d’€ ; septembre 2013 = 1936 milliards d’€, soit près de 150 milliards supplémentaires en 15 mois. On est sur la pente d’une augmentation de 700 milliards sur le quinquennat ! Et il n’y a pas l’excuse d’une quelconque crise comme celle des subprimes ou de l’Euro comme en a connu le gouvernement précédent.

 


CONTRIBUABLES, VOUS ALLEZ ENCORE PAYER !

 

Contribuable détroussé

Vous avez aimé 2013, vous adorerez 2014.

Le projet de budget 2014 présenté en avance et avec célérité pour tenter de faire accréditer l’idée d’une pause fiscale au moment où les lourdes feuilles d’automne tombent, n’annonce encore rien de bon. Avec les impôts et taxes déjà votés, telle l’augmentation de la TVA, la baisse du plafond du quotient familial, la hausse des cotisations retraite et ceux qui s’y rajoutent telle la suppression de l’aide à la scolarisation et la taxation des complémentaires santé, ce sont en tout près de 12 milliards supplémentaires qui seront payés par les ménages.

Le gouvernement n’a pas perdu le réflexe quasi-pavlovien d’augmenter la pression fiscale quand il cherche à se rapprocher de l’équilibre budgétaire. Il est dopé aux impôts, intoxiqué, et, tout en prenant des mesures pour ménager les foyers les plus pauvres, au nom de la « justice », il n’hésite pas à prendre d’autres mesures qui concernent absolument tous les foyers. Nous avons donc un budget schizophrène qui améliore d’un côté les dispositions fiscales relatives aux revenus les plus bas, mais n’épargnent pas les mêmes revenus, soumis à des taxes payées par l’ensemble de la population. Une usine à gaz. Ubu n’est pas loin !

Il a beau ne parler que de 3 milliards de plus et annoncer 15 milliards d’économies sur les dépenses, qui ne sont pas identifiés, la pause, si pause il y a, ne concernera que les entreprises, concrétisant un léger basculement vers une politique de l’offre. Là, il faut dire qu’il était grand temps parce que les taux de marges n’ont jamais été aussi bas et une nouvelle augmentation de la pression risquait de faire basculer nombre d’entre elles dans la faillite, diminuant d’autant les recettes escomptées.

Mais on est loin du compte.

Le budget 2014 aggrave encore le déficit qui sera de 4,1 % au lieu des 3,7 prévus, ce qui rendra encore plus difficile le désendettement. Après avoir bénéficié du sursis de deux ans que la Commission de Bruxelles lui a accordé, le gouvernement s’adjuge une nouvelle facilité, celle de se fixer un nouvel objectif qui a toutes les chances de ne pas être atteint. La France se décrédibilise constamment aux yeux de ses partenaires.

Trois causes vont s’additionner pour compliquer l’exécution de ce budget : d’abord la croissance estimée (0,9%) pour l’an prochain est trop optimiste et il y a toutes les chances que les recettes escomptées soient largement en-deçà de la prévision, ensuite il faut s’attendre à une montée (déjà observée) des taux d’intérêts de la dette qui vont renchérir celle-ci et continuer de creuser le trou, enfin les charges qui continueront de peser sur les ménages ne vont pas favoriser la consommation, annihilant les menus efforts consentis en faveur de l’offre par défaut de la demande. On ne voit pas en effet comment les carnets de commande des entreprises pourraient se remplir.

Nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises.

A cela, il faudra ajouter le manque à gagner que l’on constatera à la fin de l’exercice 2013 dont les objectifs ne seront pas atteints. Il aurait fallu un ajustement budgétaire au milieu de l’année, ce que le gouvernement n’a pas eu l’honnêteté ni le courage de faire. Combien va-t-il manquer vraiment à la fin de l’année : 12 milliards ?

Il faut encore ajouter que le gouvernement continue à nous cacher des choses, par exemple des taxes nouvelles qui seraient destinées à réduire le déficit de l’assurance-maladie, ou des décisions qu’il n’a pas encore prises, comme il l’affirme à propos de la taxe diesel. 

Le souffle léger d’amélioration de la croissance qui nous fait tout juste sortir de la récession n’est pas le fait de l’économie hexagonale. Il est la conjonction mécanique de l’augmentation des dépenses publiques et de l’amélioration relative de la situation en Europe. Mais avec une consommation erratique et des investissements en berne, le pays est non seulement en remorque mais offre en plus une force d’inertie à la reprise.

Ce n’est pas tout.

Au chapitre des soi-disant « économies » sur les dépenses, c’est la stratégie du trompe l’œil qui triomphe. Il ne s’agit pas d’une vraie baisse, mais d’une … moindre hausse. Pas si mal diront les optimistes. Gravement insuffisant dans le contexte actuel affirmeront les « rabat-joie ». Ce n’est pas parce qu’on grossit moins vite qu’on ne devient pas obèse. En plus, il s’agit d’artifices comme le recul de six mois du réajustement des pensions (600 millions d’€)) qui ne marche qu’une fois, ou de la réduction des transferts aux collectivités (1,5 milliards d’€) qui évidemment compenseront en augmentant leurs impôts… Dans ces deux cas, c’est toujours le contribuable qui est pénalisé.

100 millions d’euros, c’est la vraie baisse en valeur des dépenses de l’Etat qui est programmée, charge de la dette et retraites comprises. Une goutte d’eau dans la mer qui peut être balayée par la moindre catastrophe naturelle. L’effort est louable, mais il est insignifiant.

2014 pourrait bien être une nouvelle « annus horribilis » pour les taxes et le chômage. On est très loin d’une vraie croissance tirée par les exportations et la création de richesse par les entreprises. Il faudrait un miracle pour qu’elle reparte dans un tel contexte. Mais pourquoi Dieu s’en mêlerait-il, je vous le demande !

 


TEMPETE DANS UN VERRE D’EAU

Francois-Fillon profil

La pseudo-querelle qui anime actuellement le microcosme au sujet de la position de François Fillon qui préconise de voter pour « le moins sectaire » en cas de choix entre un candidat FN et un candidat socialiste relève de l’art d’exploiter le réchauffé. Car cette position n’est pas nouvelle. Il l’avait déjà exprimée à « des Paroles et des Actes », lors de son dernier passage.

Il ne fait là qu’exprimer ce que nous sommes nombreux à ressentir. Foin de cette discipline soi-disant républicaine qui voudrait que l’on privilégie le vote pour un candidat « républicain » au deuxième tour. Encore faut-il mériter le label. Je comprends ce que François Fillon veut dire : les socialistes se sont-ils comportés pendant cinq ans comme des « républicains » ? La grand majorité d’entre eux a passé son temps à insulter, vilipender, salir, couvrir de propos haineux Nicolas Sarkozy, faisant preuve d’un sectarisme éhonté, d’une intolérance insupportable, de la mauvaise foi la plus vulgaire.

C’est pourquoi je suis dans le même état d’esprit que lui : comme de nombreux électeurs de droite, j’aurais du mal à voter aujourd’hui pour un candidat socialiste s’il était face à un FN. Cela ne veut pas dire que j’ai de la sympathie pour le parti d’extrême droite dont je récuse la plupart des analyses.

Mais ce débat est surréaliste. Il faut être de gauche pour poser une telle question. Il y a été répondu cent fois par les dirigeants de l’UMP et la position est invariable : on ne s’allie pas avec un parti qui veut votre mort. Si elle revient sans cesse, c’est qu’il y a une intention maligne derrière : l’espoir que le manque de clarté entretienne le doute et fasse monter le FN, la gauche pensant toujours en tirer les marrons du feu. Mauvais calcul : on constate déjà que ses électeurs populaires la fuient pour aller directement au FN. Et le cas de figure auquel il faut s’attendre, c’est que ce soit la gauche qui soit obligée de choisir entre l’UMP et le FN. Rigolo, non ? Enfin, il vaut mieux en rire qu’en pleurer.

Alors chercher au scalpel la différence entre « ni-ni » et « moins sectaire », c’est comme vouloir différencier bonnet blanc et blanc bonnet. Mais ces gens de gauche comprendront-ils une fois pour toute que les gens de droite ne sont pas faits comme eux, qu’ils sont libres, capables d’appréciation personnelle et pragmatiques. Il en est des électeurs comme des dirigeants : chacun peut avoir son appréciation personnelle. D’ailleurs, c’est bien connu, la discipline républicaine, ça ne marche que pour la gauche. A droite on est bien plus retors aux mots d’ordre idéologiques.

Il ne suffit pas de crier « République » pour être républicain. Au-delà des mots, il y a la pratique. Si les socialistes était moins intolérants et moins sectaires, moins donneurs de leçons, moins menteurs aussi à force de ne voir le monde qu’à travers le kaléidoscope de leurs croyances au lieu de l’admettre tel qu’il est, le débat démocratique s’en trouverait facilité et plus serein. D’abord qu’ils s’affranchissent de l’alliance avec Mélenchon qui ne vaut pas mieux que Le Pen. Ensuite, qu’ils arrêtent de se défausser sur le « mandat précédent » pour expliquer leurs échecs, qu’ils commencent par admettre l’existence des crises successives auquel le gouvernement d’avant a dû faire face, qu’ils assument complètement leurs mauvais choix qui ont complètement bloqué l’économie depuis quinze mois. Neuf français sur dix qui ne devaient pas être touchés remercient le sombre Ayrault de la facture qu’ils paient aujourd’hui, les 300 000 chômeurs supplémentaires en premiers.

Si cet état d’esprit n’évolue pas d’ici les municipales, il se pourrait bien qu’ils prennent une raclée. Il n’est pas exclu que le FN prenne sa part du gâteau que la gauche lui aura mise sur un plateau.

 


PETIT TOUR D’ACTU

Longue vue de pirate

« Tu causes, tu causes … » On ne peut pas reprocher aux socialistes de manquer d’imagination en communication. Après avoir occupé le terrain médiatique tout l’été, les voilà partis pour nous vanter leur politique à coups de vérités … démenties par les faits.

« Le Président de l’emploi », c’est le nouveau costume du pingouin, alors que le chômage ne cesse d’augmenter et que les petites baisses observées ici ou là dans les catégories, le sont à coups d’emplois aidés financés sur fonds publics.

« La hausse du pouvoir d’achat », objectif visé par notre incomparable Garcimore de l’économie : ça tombe bien parce qu’il a baissé comme jamais sous les coups d’assommoir de la politique fiscale qu’il a mise en place. Et au moment où les feuilles tombent avec leur contenu amer pour le porte-monnaie, il se targue d’une pause fiscale en 2014. Retenez bien : on est au summum des prélèvements, et on ne va plus les augmenter ! Et bien ce n’est même pas vrai, puisque les ménages vont encore casquer 10 milliards de plus. Au bas mot ! Et comment croire aux économies dans les dépenses alors que les chiffres disent le contraire : le budget de l'Etat continue d'augmenter d'un an sur l'autre !

« Le ministre de notre sécurité » est celui qui a battu tous les records de présence sous les projecteurs. Il faut dire que la fréquence des crimes lui en offre l’occasion. La kalachnikov est devenue banale dans nos faits divers. Ces rodomontades n’empêchent pas une hausse vertigineuse de la délinquance, chiffres à l’appui. Mais pour Valls, ce sont les chiffres qui ont tort. Autrement dit, la réalité.

« Une justice plus efficace », clame notre icone des sceaux (sots ?). On en mesure les effets tous les jours. Voilà une ministre qui n’a pas son pareil en arrogance, en vindicte, en hargne, en haine, en certitudes sectaires : c’est le visage qu’elle a montré à « Des paroles et des Actes ». Que le résultat de sa politique soit un désastre ne la trouble guère, comme son compère de l’intérieur, elle est dans le déni de réalité.

En attendant, les recettes de TVA stagnent toujours, ce qui n’est pas bon signe. Les relèvements de prévisions de croissance pourraient nous faire croire que la situation évolue dans le bon sens. Cela risque d’être un espoir éphémère. La situation économique mondiale est volatile et le mieux relatif de l’Europe, le résultat de politiques drastiques dont nous sommes restés à l’écart.

Pendant ce temps-là, l’argent fuit l’hexagone, comme en témoignent les statistiques des douanes (hausse de 500%). La preuve que la France est bien un enfer fiscal. C’est le moteur essentiel de l’investissement qui en pâtit directement.

Au chapitre des anecdotes, on notera le retour de Bayrou à droite, ayant probablement constaté qu’il s’était fourvoyé dans une impasse. La gauche l’a ignoré  et on ne fait pas une « troisième voie » tout seul. Le problème de sa place au sein de l’auberge espagnole de l’UDI reste épineux.

« La charte des valeurs » voulue par notre pédant ministre de l’Educ’nat est plutôt une bonne nouvelle. Sera-t-elle appliquée, c’est une autre affaire. Elle a toutefois le mérite de rappeler les principes face à l’intégrisme de tout poil. Dommage que dans le même temps, le chef du PS fasse preuve d’intolérance sectaire en refusant de débattre avec Copé. De même que Julien Dray qui se permet d’émettre un jugement au-dessus de ses moyens selon lequel Fillon ne serait pas un homme d’Etat… Les petits bras à la manœuvre.

A retenir en cette rentrée : le sondage de Marseille qui met Gaudin largement devant et le FN qui précède le PS. On a la preuve maintenant que le FN, ce n’est pas le problème de l’UMP, comme on veut le faire croire, mais celui du PS ! Quant à l’UMP, on ne soulignera jamais assez le succès de la collecte des 11 millions d’euros  qui suppose la participation d’au moins 150 000 donateurs ! Preuve que le parti a une assise populaire militante et bien vivante. On va nous bassiner avec la querelle des prétendants : abondance de biens ne nuit pas. La décantation se fera naturellement, le moment venu.

 


BRASSENS N’A PLUS RAISON !

Verger

Dans la « mauvaise réputation », Brassens disait  « Quand j’croise un voleur malchanceux, Poursuivi par un cul-terreux, J’lance la patte et pourquoi le taire, Le cul-terreux s’retrouve par terre » … Aujourd’hui, on n’en est plus au voleur de pomme à l’étalage. Les vols qui frappent aujourd’hui le monde rural sont d’une ampleur telle que nos paysans ne savent plus comment se prémunir. Plus question de trouver des excuses aux voleurs.

Rien à voir avec le chapardage de quelques garnements qui chipaient quelques cerises sur l’arbre, quand ce sont quatre tonnes de pêches qui disparaissent nuitamment. Ce sont des réservoirs de carburant siphonnés, des vergers mis en coupe réglée, des champs de légumes vidés de leur contenu, des troupeaux mis à mal avec les bêtes découpées sur place : autant d’actions qui supposent une organisation et des réseaux ; des préjudices conséquents dont les paysans ne sont pas indemnisés car les assurances ne couvrent que ce qui est enfermé dans les hangars, volé par « effraction » ou par « franchissement de clôture ». Allez mettre les hectares d’exploitations agricoles derrière des barbelés !

Le matériel aussi n’est pas à l’abri de ces exactions. Malheur à celui qui laisse son tracteur sous un hangar ouvert, à la concession qui expose ses engins dans un parc, derrière un simple grillage. Si pour les récoltes on n’hésite pas à venir avec des camionnettes, pour le matériel, ce sont des camions attelés à des remorques « porte-tanks » qui peuvent charger plusieurs tracteurs et qui filent aussitôt vers un pays de l’Est. Quand l’enquête débute, ils sont déjà loin !

Dans le sud-ouest, où l’irrigation des maïs par arrosage est courante, ce sont les fils de cuivre des puissants arroseurs qui font l’objet de la convoitise des malfrats, provoquant des dégâts coûteux.

 Vols de fruitsLa gendarmerie n’a pas assez d’effectifs pour faire face à cette nouvelle délinquance. Ici ou là, les agriculteurs ont tenté de mettre en place des surveillances tournantes. C’est à la fois aléatoire et dangereux, surtout pour les intéressés qui risquent de subir des violences et éventuellement des ennuis avec la justice. Aussi les exploitants en sont-ils à interpeler le Ministre de l’Intérieur et la FNSEA de demander l’aide des pouvoirs publics pour lutter contre ce nouveau fléau.

Et tout cela se passe dans l’indifférence générale. Nous serons peut-être les premiers à acheter de ces fruits volés, vendus au bord de la route, sans nous poser de questions sur leur provenance. Qui plaindra nos paysans ?  Cette catégorie de français est en voie de disparition. Les citadins savent peu de choses sur eux et de moins en moins. Notre pays a perdu un quart de ses exploitations agricoles en dix ans : une toutes les deux heures !!! Voilà une corporation qui connait quatre cents suicides par an.  Pour beaucoup d’entre eux, la course à la production, les aléas du climat, les prix trop souvent peu rémunérateurs, étaient déjà à la limite du supportable. La concurrence avec des pays aux coûts de production inférieurs aux leurs les met constamment sur le fil du rasoir. Ce nouvel avatar de notre société moderne vient s’ajouter : il est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Il est grand temps que nous prenions conscience du rôle essentiel que les agriculteurs jouent dans l’économie et le façonnement des paysages qui font la douceur de notre pays. Au moment où la Chine et l’Arabie s’arrachent les terres arables en Afrique et ailleurs, nous, nous continuons de détruire 26 mètres carrés de terre fertile chaque seconde au profit de l’urbanisation. Notre richesse pour une planète à neuf milliards d’habitants !

Il est grand temps que nous nous préoccupions de la protection de nos populations rurales, des vraies, pas de ces « rurbains » qui s’installent à la campagne et que le chant du coq gène, en valorisant d’abord une économie de proximité, créatrice d’emplois et de liens sociaux. Pas seulement. Il faut aussi que la PAC permette à nos paysans de vivre correctement de leur métier, mais c’est un vaste programme ! C’est aussi à l’échelle de l’Europe que le destin de notre agriculture se joue. Ce n’est pas Bruno Lemaire qui me démentira.

 


SOURIEZ, C’EST ENCORE L’ETE !

Vacancier

« UNE VRAIE TUERIE ! »

Voilà une expression surprenante par l’emploi qui en est fait. Pour les gens de ma génération, son caractère sanglant évoque quelque carnage ayant défrayé l’actualité, soit de meurtres aux multiples victimes, soit de faits divers guerriers dont nos écrans de télé sont le reflet et malheureusement trop encombrés. En d’autres temps elle aurait fait penser à quelques épisodes de la guerre de 14.

En fait, nous étions bien loin de tout ça. Nous savourions les agapes d’un repas savamment mitonné par l’hôtesse de maison, et nous avions abordé le plat principal, une blanquette de veau, me semble-t-il, dont nous nous délections en savourant un Hermitage blanc fort épanoui. C’est alors qu’un des convives s’écria : « ce vin, c’est une vraie tuerie ! ». Hors du contexte, ce propos aurait jeté l’effroi. Tout le monde comprit qu’il s’agissait d’exprimer une extase provoquée par le contact de ce blanc généreux avec les papilles de l’intéressé.

Voilà bien une expression hyperbolique en accord avec notre époque qui n’hésite pas à se vautrer dans les exagérations les plus « décalées ». A l’hyperbole se mêle aussi une sorte d’antinomie ou d’antiphrase. La tuerie évoque l’hécatombe mythologique, le goût du sang et par tant de la terreur, alors qu’il s’agit ici de manifester un enthousiasme affirmé, une allégresse des sens à cent lieues du sens premier. L’effet n’en est que plus … saisissant.

Serait-ce une manière spécieuse de contourner le péché capital qui se cache derrière ce néologisme : la gourmandise. En évoquant une condamnation affreuse, on voudrait la conjurer par ce moyen. On le concède : on n’a pas su résister. Mais en même temps, n’est-ce pas une invite à l’hôte de remplir à nouveau le verre de ce convive qui apprécie si bien le breuvage qu’on lui a réservé ?

Un verdict pareil se passe de commentaires. Ce vin est excellent. Il accompagne à merveille ce plat délicieux. « C’est une tuerie ! » : tout est dit ; l’adjectif « vrai » n’est là que pour couper court, bref, ça ne se discute pas. Et de fait, tout le monde d’acquiescer !