HISTOIRE
ARCHIBALD EN RIT ENCORE
CETTE SUPER CRISE QUI NOUS PEND AU NEZ

LA MANIF’, SUITE … ET PAS FIN !

 

Manif 26 mai

C’était la dernière manif’… avant la prochaine. A voir le nombre des participants, on constate que malgré tous les pronostics qui l’envisageait comme inéluctable, il n’y a pas d’essoufflement du mouvement. Et pourtant, tout avait été fait, à travers les médias, tant par le gouvernement que par quelques voix éparses à droite, pour décourager les opposants à la loi Taubira.  Nous n’en avons donc pas fini avec ce mouvement.

Personne n'a vu venir la vague de protestation.

Les commentateurs et de nombreux politiques commettent plusieurs erreurs d’appréciation. Que le gouvernement prenne ses désirs pour des réalités et souhaite la fin d’un mouvement hostile qui le gène aux entournures, on peut le comprendre. Plus sérieusement, il existe plusieurs facteurs qui annoncent une suite à ce mouvement et indiquent qu’on n’en restera pas là. La page ne va pas se tourner facilement, et chaque jour qui passe va apporter à l’exécutif que sa victoire, qu’il exacerbe en mettant en scène le mariage à grand spectacle d’homosexuels, va apparaître comme une « victoire à la Pyrrhus »., qu’il va traîner jusqu’à la fin du quinquennat comme un boulet.

Le mouvement de la « manif’ pour tous » est diversifié. Il n’est pas un rassemblement de réactionnaires de droite et d’extrême-droite, comme on voudrait le caricaturer. Il n’est pas non plus réduit aux seuls catholiques pratiquants, voire intégristes. On y trouve des gens d’horizons différents : des catholiques de gauche, ceux qui tiennent les bénitiers des églises dans tout l’ouest, choqués par le contenu de la loi ; des gens de condition sociale assez variée ; des familles mais aussi beaucoup de jeunes. Le bourgeois du 16ème, certes présent, y côtoie le cadre modeste venu de province. C’est la France des classes moyennes qui est largement représentée. Ce qui est certain, c’est que ceux qui manifestent dans la rue ne sont que la partie visible d’un iceberg beaucoup plus profond. En ce sens, personne n’a pris la vraie mesure de l’ampleur de la contestation.


     26052013061             26052013059
 

Des motivations profondes.

La motivation ne se résume pas à l’opposition au mariage. C’est bien plus profond. Il suffit de s’immerger au milieu du cortège pour s’apercevoir que s’il ne s’agissait que de l’union des homosexuels, il n’y aurait pas eu de grandes manifestations d’opposition, tout simplement parce que le sujet fait consensus. Il y a par contre la perception que la loi Taubira bouleverse la société dans ses fondements. Ce qui fait problème, c’est la filiation et la théorie du genre. Ce ne sont pas des sujets anodins. De même on sent une forte résistance au projet du gouvernement de renforcer l’emprise éducative en déniant  aux parents le droit d’éduquer leurs enfants. La volonté de les soustraire à « tous les déterminismes » affichée par M. Peillon, trouve ici un écho mobilisateur. Liberté individuelle contre embrigadement collectif. Et puis, il y a aussi la manifestation d’un ras-le-bol général contre un gouvernement jugé incompétent qui maltraite les classes moyennes en les brimant sur les quelques avantages dont elles bénéficient, comme les allocations familiales ou les aides à la garde des enfants, et en les écrasant d’impôts. Sans parler du mépris qu’on leur oppose et la répression disproportionnée qu’on leur inflige.

Alors, forcément, une telle détermination aura des suites. Les actions prendront certainement des formes différentes. La gauche qui croyait avoir le monopole de l’imagination semble comme tétanisée par l’inventivité des « manif’ pour tous ». Que des olibrius marginaux du bloc identitaire aient été en mesure d’aller déployer une banderole sur le fronton du siège du PS est anecdotique, et sans l’approuver, on peut au moins se marrer d’y lire : « Hollande démission ! ». Sans cautionner ces extrémistes, on constate partout une multiplication des actions de guérilla. Elles vont continuer, à n’en pas douter. Le réseau internet  joue un grand rôle et les « flashes-mob » sont faciles à organiser.

Une volonté de continuer à peser.

Au-delà, il faut s’attendre à une traduction politique. Qu’on le souhaite ou non, la pression aura lieu, qu’elle prenne la forme de participation à des listes municipales de ceux qui se sont engagés, ou même qu’elle consiste à monter des listes entières. Quand on possède un fichier de 700 000 noms et adresses électroniques, ce que bien des partis politiques aimeraient posséder, beaucoup de choses sont possibles. Ceux qui dénigrent Jean-François Copé pour ses tentatives de récupération du mouvement feront peut-être une drôle de tête quand ils auront dans les pattes une liste estampillée « mairie pour tous » ! Cette capacité existe, que la diversité des personnes engagées permet. Du lobbying à la labellisation, de nombreuses possibilités existent pour continuer de se faire entendre.

Quant à la récupération, le devoir de l’UMP est à minima d’ouvrir ses portes et de tendre la main à ceux qui souhaiteraient donner une suite plus politiquement cadrée à leur engagement. Tout simplement parce que ce sont ses parlementaires qui ont mené le combat législatif et c’est le parti qui présente le corpus idéologique le plus proche de la majorité des manifestants, qui n’est pas aussi droitière que la caricature qu’on voudrait en faire, et donc est le plus apte à les accueillir. L’UMP est le parti le mieux placé pour canaliser ce mouvement, ce qui n’empêchera pas la volonté d’autonomie des organisateurs pour s’assurer que la pression continuera bien de s’exercer sur les institutions et faire réécrire un jour cette loi.

la question est de savoir si la loi pourra être défaite.

Le devenir de la loi Taubira : voilà encore une tarte à la crème que les exégètes tentent d’exploiter pour souligner les soi-disant divisions de l’opposition. De même que la gauche avait annoncé qu’elle reviendrait sur la réforme des retraites et qu’elle n’a pas tenu sa promesse (sauf sur un point marginal), alors même qu’elle est obligée maintenant de faire le contraire… de même il serait illusoire de faire croire qu’on peut abroger totalement une loi qui aura commencé de s’appliquer. Il est cependant normal que le débat ait lieu sur la teneur des modifications qu’il faudra apporter le moment venu. Chacun a le donc le droit d’exprimer son point de vue. D’ici 2017, l’UMP a le temps d’en débattre et d’arrêter son projet en la matière.

Le slogan « on ne lâche rien » marque une détermination. Ces manifestants et ceux qu’ils représentent ne s’en laisseront pas compter. Personne ne les avait vus venir. Notre responsabilité est de construire une offre politique qui, sur le terrain des valeurs, réponde à leurs attentes. Sinon, ce « peuple d’en bas » cher à Raffarin, s’organisera lui-même. Car ces dizaines de milliers de gens ne sont pas prêts à remiser leurs convictions dans un placard. Ils n’acceptent pas la débauche sociétale que le pouvoir actuel leur propose, au nom d’un égalitarisme outrancier et à certains égards pernicieux. Ne pas voir que derrière les slogans, il y a un idéal, des valeurs, la défense d’une civilisation, serait une faute d’appréciation monumentale. D’autant plus que ce mouvement est totalement gratuit, chacun n’exigeant rien comme avantage matériel pour lui-même, à la grande différence des défilés syndicaux.

De ce point de vue, on peut dire merci à M. Hollande : il a réveillé la France silencieuse, et contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, elle est majoritaire !

 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)