HISTOIRE
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LE « VIEUX » CONTINENT.

CHOMAGE / RETRAITES : LA MACHINE INFERNALE

 

Retraites 2

Les bonnes campagnes mettent à l’abri des retraites vous dira n’importe quel général de division. Ce n’est pas le cas des campagnes politiques, ou plutôt politiciennes. Une « bonne campagne » – celle qu’il faut faire pour être élu – peut bien ignorer le problème des retraites, mais n’en protège pas au moment de gouverner. C’est la dure leçon que doit affronter maintenant François Hollande.

On se souvient encore des critiques exacerbées dont la gauche et les syndicats ont accablé les réformes Fillon-Woerth. Marquées selon eux par « l’injustice sociale », elles remettaient en question les droits acquis, menaçaient le pouvoir d’achat et ne constituaient en tout cas qu’une solution provisoire, ne soulageant les régimes sociaux que jusqu’en… 2017. Sur ce dernier point, ils avaient raison, ce que reconnaissaient d’ailleurs leurs auteurs eux-mêmes, en regrettant que l’opposition leur ait interdit d’aller plus loin dans l’allongement de la durée du travail. On voit bien ce que nous crée comme complication le fait d’avoir décidé un jour de la retraite à 60 ans.

L’élection est passée mais les faits sont têtus, rappelés récemment par le Conseil d’orientation des retraites. On sait que face à l’allongement de la vie, il n’y a que trois manières de gérer le problème posé : allonger la durée des cotisations, augmenter celles-ci, diminuer les pensions. Le gouvernement a décidé d’appuyer sur la dernière mesure, par le biais fiscal. Il impose un peu plus les retraités « aisés », et se prépare à relever leur taux de CSG, actuellement inférieur de 0,9 point à celui des actifs. Ce faisant, il ne résout encore qu’une partie du problème, mais satisfait au moins un calcul électoral. En ne touchant pas aux actifs, il ménage les troupes syndicales ; et, en frappant les retraités, il rend la monnaie de leur pièce à des gens qui, en majorité, ne votent pas pour lui. Des stratèges ont sûrement calculé comment compenser, les voix perdues de cette clientèle, qu’il se sera un peu plus aliénée.

Le champ politicien ayant ainsi été ainsi traité tant bien que mal, le problème demeure du déséquilibre fondamental du régime.

Mais un paramètre est venu compliquer les choses. C’est le chômage. Plus le nombre des chômeurs augmente, plus le montant des retraites est voué à baisser. C’est cette mécanique infernale que viennent mettre en lumière les perspectives financières à moyen et long terme publiées par le Conseil d’orientation des retraites.

Illustrée par un déficit global désormais estimé à 20 milliards d’euros par an à la fin de ce quinquennat, la forte dégradation des comptes du système de retraite ne porte pas seulement la marque de réformes incomplètes quoique très ambitieuses au regard des freins déployés par la gauche et les corps intermédiaires. Elle traduit surtout la détérioration rapide, profonde, durable, de la situation de l’emploi dans une économie à l’arrêt.

C’est aussi une question prospective qui nous interpelle : dans une société où l’on travaille de moins en moins, dans la semaine et dans la vie, la population productive, alors même qu’elle se rétrécit, ne parvient plus à faire vivre trois, voire quatre générations à la fois. Et le recul de l'âge de départ en cours depuis 2010 ne parvient qu’à atténuer cet épineux problème que la gauche, cette fois, ne pourra plus glisser sous le tapis. Augmenter les prélèvements pour la retraite, lesquels transfèrent presque 15 points de richesse nationale annuelle, ne ferait qu’accélérer le cercle vicieux à l’œuvre depuis des décennies : plus de charges, moins de compétitivité, moins d’emplois, moins de recettes.

Par ailleurs, retarder encore l’âge du départ apporterait bien un début de solution, mais pour dans huit ans – encore huit ans de déficits qu’il faudra bien payer. Il est à craindre qu’il n’y ait d’autre choix rationnel mais douloureux que celui de bloquer toute évolution des pensions de retraite, comme les régimes complémentaires du privé commencent à le faire. Du moins aussi longtemps que l’exécutif paraîtra démuni face à l’arrivée de 40.000 nouveaux chômeurs chaque mois. Plus de chômage, c’est moins de retraite. Ce ne sont pas les faux-emplois d’avenir et les contrats de génération qui relèvent du traitement social du chômage qui pourront améliorer la donne. C’est le retour à une économie de production apte à faire front à la concurrence mondiale qui apportera la solution. La diminution du nombre des chômeurs est un paramètre incontournable si l’on veut éviter la faillite de notre système de retraites par répartition.

Comme quoi, le problème du changement de modèle de croissance nous concerne tous. Mais peut-être faudrait-il commencer par mettre ce gouvernement à la retraite !

Demain, la suite : le choc démographique européen.

 

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