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2013 : POURQUOI LE PIRE EST A CRAINDRE

Nuages noirs

Le label « 13 » portera-t-il chance à la France ?

Il le faudrait bien parce que tous les éléments sont réunis pour en faire une année noire. Le déclin redouté est devenu réalité. Les chiffres sont là et suffisamment explicites : 5% de croissance dans les années 60, 4% dans les années 70, 3% dans les années 80, 2% dans les années 90, 1% dans les années 2000 et maintenant 0% pour la décennie 2010 dans laquelle nous sommes entrés. Le keynésianisme étatico-libéral hérité des années d’après-guerre est devenu le venin de notre système économique. Nous nous retrouvons avec un passif énorme : 1800 milliards de dette et des dépenses sociales (600 milliards) qui représentent plus de la moitié des dépenses publiques pour l’alimenter sans cesse. Et la consommation de masse que nous avons voulue, moteur fictif de la croissance puisque plus de la moitié des biens est importée, aggrave les déficits, détruit les emplois et pousse à la déqualification. Face à cette situation, nous avons un gouvernement incapable idéologiquement de changer de modèle, le dos au mur, prisonnier des syndicats et des dogmes de gauche et dont les décisions ne peuvent qu’aggraver la situation.

Résultat : la production ­ne s’effondre pas mais elle est fragile. L’Etat serre la vis avec l’assommoir fiscal, les exportateurs patinent sur place, les consommateurs manquent d’argent et les entreprises de fonds pour investir. Et le pacte social se fissure.

Les salariés ne savent pas trop à quelle sauce ils vont être mangés. Beaucoup d’entre eux devront payer plus d’impôts avec des salaires qui ne vont guère bouger alors que les prix du gaz, de l’électricité, du gazole et d’autres produits encore vont augmenter.

Les entrepreneurs ont les yeux rivés sur des carnets de commandes qui se garnissent inégalement et de plus en plus tard et une trésorerie qui menace de plonger dans le rouge avec des banquiers qui ont visiblement du mal à répondre au téléphone.

Les gouvernants s’accrochent à leur idée d’une « prévision volontariste », anticipant une croissance de 0,8 % en 2013, tout en admettant aussitôt que ce sera très difficile. C’est le grand retour de la méthode Coué. Si en 2009 la production industrielle était en chute libre (pente annuelle de – 25 % d’octobre 2008 à avril 2009), cette fois-ci, ça résiste en pente douce (– 5% en rythme annuel sur les six derniers mois), mais avec l’impression tenace que l’effondrement menace à chaque pas.

L’Etat impuissant pour redresser a le pouvoir d’aggraver.

A la différence de 2009, l’Etat ne pourra rien faire pour éviter la descente aux enfers : les caisses sont plus vides que jamais. Le gouvernement a surtout donné au contraire le plus gros coup de frein budgétaire jamais vu en France : près de 2 % de PIB, dont les deux tiers sous forme de hausses d’impôts, alors qu’il aurait fallu faire porter l’effort sur les économies. Enserré dans des engagements européens, il n’avait guère de marge de manœuvre et son action pèsera fatalement sur la croissance. Inutile aussi d’espérer le salut de l’extérieur. La croissance mondiale ne devrait pas accélérer cette année. Enfin, les traditionnels points forts du commerce extérieur français sont les points faibles de la conjoncture mondiale. Au milieu des années 2000, la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie achetaient près du quart de nos produits vendus à l’étranger. Cette année, ces quatre pays seront encore en franche récession ; ils achèteront moins du sixième de nos exportations.

L’essentiel de la croissance en 2013 repose donc sur les deux autres moteurs que sont la consommation et l’investissement.

Avec les hausses d’impôts, le pouvoir d’achat sera nécessairement érodé. Pour maintenir leur consommation, les Français devront souvent puiser dans leur épargne. Les plus favorisés, qui seront aussi les plus touchés par le tour de vis fiscal, en ont heureusement encore les moyens. Mais globalement « les ménages » s’inquiètent. Les chiffres de l’emploi sont alarmants. Le chômage monte encore plus vite depuis le printemps. Il touche un actif sur dix, un jeune sur quatre. Peut-être pire encore, Pôle emploi compte près de 1,8 million d’inscrits depuis plus d’un an. Aucun indicateur ne permet d’espérer un renversement de tendance dans un proche avenir car beaucoup d’entreprises n’ont pas encore adapté leurs effectifs à une production amputée, d’autant plus qu’elles n’ont pas encore retrouvé leur compétitivité. Dans ces ­conditions, les augmentations de salaires seront très limitées.

C’est sans doute l’investissement qui fera face aux périls les plus dangereux pour la conjoncture en 2013, entre financement difficile, trésorerie tendue, demande incertaine. Avec en plus un gouvernement qui, face aux entreprises, danse d’un pied sur l’autre, tendant la main un jour, décochant un violent coup de pied le lendemain. Pour les entreprises, dont le taux de marge est le plus bas d’Europe, les hausses d’impôts en 2012 et 2013 n’arrangent rien, même si le crédit d’impôt compétitivité décidé en novembre changera un petit peu la donne. En attendant, la trésorerie devient tendue. Nombre d’entreprises moyennes, qui ont résisté jusqu’à présent, pourraient craquer dans les mois qui viennent. Les Urssaf, qui collectent les cotisations sociales, enregistrent une poussée des demandes de délais presque aussi forte qu’en 2009. Ce n’est pas mieux du côté des très petites entreprises (TPE) dont un tiers à peine ont une trésorerie excédentaire. Certes, les banquiers continuent de prêter à faible taux d’intérêt. Leur encours de crédit augmente encore un peu, alors qu’il diminue dans la zone euro. Mais ils vont avoir une année éprouvante, pour cause de nouvelles règles de prudence à respecter.

Les épargnants aussi sont dans la tourmente.

Enfin, l’année ne sera pas rose pour les épargnants non plus. Traditionnellement, la fiscalité française de l’épargne privilégie les placements les plus liquides et exempts de prise de risques, à l’image des livrets. Elle s’oppose à un financement sain de notre développement économique en pesant particulièrement sur les fonds propres des entreprises (avec la suppression de l’avoir fiscal, l’imposition des plusvalues de cession d’actions…). A cet égard, les dernières lois de Finances traduisent une nouvelle escalade. La suppression du prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) sur les revenus du capital, et surtout sur les plus-values, aboutit à une imposition supérieure au rendement réel du capital. Son assujettissement à l’ISF est, dès lors, constitutif d’une expropriation rampante, en l’absence de toute « juste et préalable indemnité ».

Les fissures d’un pacte social fondé sur la croissance vont encore s’élargir. Les Français ont historiquement le goût de la guerre civile. Et on voit bien que certains, à gauche, poussent en ce sens. La fragmentation religieuse, ethnique et culturelle de la société actuelle offre un terreau fertile à l’expression des fureurs populaires. Les diversions tentées par le pouvoir sur le terrain des réformes sociétales ne font qu’aggraver les clivages.

2013 : la pente fatale du scénario noir ?

 

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