HISTOIRE
EN SIGNE DE SOLIDARITE
DINER-DEBAT AVEC JEAN LEONETTI

REGARDS SUR L’ECONOMIE DU MONDE

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L’or considéré comme valeur refuge n’a jamais été autant prisé. La preuve en est que les banques centrales n’en ont jamais autant acheté : 440 tonnes en 2011. Un niveau record depuis 1964. Ce sont surtout les pays émergents à forts excédents commerciaux qui achètent, une manière de se prémunir contre l’instabilité financière, échaudées par la crise financière en Europe et aux Etats-Unis. C’est aussi que l’or est le seul actif entièrement souverain dont la valeur n’est pas soumise à des décisions d’autorités politiques. On trouve dans la liste, le Mexique, la Russie, la Thaïlande, la Corée du sud.

L’appétit des chinois pour les matières premières ne faiblit pas. La Chine dépasse l’Inde comme premier acheteur d’or au monde. Elle deviendra le premier marché pour le diamant en 2015, devant les Etats-Unis. C’est le goût du luxe qui tire les achats, avec plus d’un million de millionnaires et une classe moyenne qui ne cesse de s’enrichir. Mais elle achète aussi de l’or pour sécuriser ses investissements, alors que l’inflation atteint 4% et que le gouvernement restreint les achats immobiliers pour contrer la spéculation.

Les banques centrales occidentales préfèrent rester assises sur leur tas d’or. Une posture qui contraste avec les ventes massives dans les années 90.

Y a-t-il un lien de cause à effet ? Dans le même temps, à Bruxelles on craint l’explosion d’un secteur bancaire parallèle. Les discussions progressent vite sur la nouvelle directive destinée à renforcer les règles prudentielles des banques, mais il faut en même temps s’assurer que ces nouvelles obligations ne vont pas se traduire par un renforcement du « shadow banking ». L’inquiétude est d’autant plus légitime que selon le Conseil de Stabilité Financière, la taille du secteur bancaire informel est estimée aujourd’hui à 46 000 milliards d’euros contre 21 000 milliards en 2002. Il représenterait entre 25 et 30% du système financier global et près de la moitié des actifs bancaires. Aux Etats-Unis, 40% de l’activité financière se ferait hors des banques et c’est en Europe que la parts des actifs des intermédiaires financiers qui ne sont pas des banques progresse le plus. Michel Barnier, le commissaire européen y voit la source d’une future crise, alors que son intention est de parvenir à ce qu’aucun marché, aucun produit, aucune institution n’échappe à une supervision financière. La crise n’a donc pas suffi à purger les mauvaises habitudes et les mauvais penchants.

La BCE a réussi à évacuer le spectre d’une crise systémique en contournant allégrement les traités : elle a fait pleuvoir les euros sur des marchés au bord de la thrombose, en injectant plus de mille milliards d’euros dans le système bancaire européen. Les banques sont les premières bénéficiaires de ce pactole qui profite aussi aux entreprises et aux Etats. Les achats des banques ont permis la détente sur la dette italienne ou espagnole. Ils ont permis aussi le retour de la confiance et avec elle, celui des investisseurs qui s’étaient retirés des marchés européens. Rien n’est vraiment résolu, mais au moins la machine économique n’est pas enrayée.

Si Nicolas Sarkozy a pu troubler les esprits avec son discours sur l’Europe à Villepinte, la Chine vient, sans le vouloir apporter un éclairage singulier à ses préoccupations. Les derniers messages de Pékin sont d’une lisibilité limpide : si l’Europe impose une taxe carbone, les commandes d’Airbus sont gelées ; les terres rares, stratégiques pour les hautes technologies, dont elle détient le quasi-monopole sont rationnées ; sa croissance et son commerce extérieur faiblissent : le yuan, notoirement sous-évalué, ne bougera pas d’un iota … Lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts, la Chine ne rigole pas. Et l’on contesterait à l’Europe d’en faire autant ?

Il faudra bien s’interroger un jour sur le rôle et les missions de la BCE et si l’Europe peut rester longtemps la seule puissance économique mondiale sans instrument de pilotage de sa monnaie. Le jour où l’Europe acceptera de défendre ses intérêts, alors elle cessera d’être vécue comme une menace par nombre de nos concitoyens.

Le jour où l’Europe politique s’éveillera…

 

 

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