HISTOIRE
QUAND LA FRANCE S’EVEILLE…
IL N’Y A PAS DE MOTS….

LE MOT DU DIMANCHE SOIR

 

LE CHOIX DES MOTS

« Outrance, violence, droitisation, fascisme, homme dangereux, »… la campagne ne manque pas de nous abreuver en mots choisis et si les tribunes conduisent aux excès pour réussir des effets oratoires, c’est toujours devant des publics acquis prêts à les recevoir pour ce qu’ils sont. L’hyperbole fait partie de l’art du discours. Ces mots excessifs participent à l’escalade verbale du débat politique. Quand ils sont utilisés ailleurs que sur les estrades, ils traduisent une volonté de nuire qui peut conduire à l’insignifiance du propos, mais n’en constitue pas moins un affaiblissement de la démocratie.

Il y a des mots dont le sens est plus dévoyé que d’autres : le mot « violence » quand il qualifie une critique acerbe, l’adjectif « fascisant » dans la bouche de Corinne Lepage, pour ne prendre que ces deux exemples, font des auteurs qui les utilisent des apprentis sorciers du langage. Il faut dénoncer ces emplois abusifs , car, dans le débat démocratique, quand les mots sont détournés de leur signification, c’est la démocratie qui est sapée. Pourra-t-on continuer à contredire des opinions quand on ne pourra plus s’entendre sur les mots ? Nous sommes en train de supprimer le sens des nuances. Il suffit d’aller sur internet pour constater cet appauvrissement catastrophique du « logos », c’est-à-dire la capacité à argumenter. Tweeter qui a les faveurs de cette campagne –si tu ne twittes pas, t’es ringard- est ce qui se fait de plus  réducteur dans le genre.

Où sont les esprits nuancés aujourd’hui ?

La campagne, ce n’est pas la guerre. Nicolas Sarkozy n’est pas un fasciste, François Hollande n’est certainement pas un ennemi de la nation. Ce n’est pas une insulte que de cataloguer Jean-Luc Mélenchon de « marxiste » compte-tenu de ses prises de position, mais il n’en a pas moins sa place dans le débat et ses positions font partie du débat bien que son « verbe » imagé ne soit pas toujours respectable.

Attention à la vindicte abusive, aux mots excessifs, aux comparaisons déraisonnables.

Prenons l’exemple du discours de Villepinte : les journalistes ont parlé « d’ultimatums » envoyés à l’Europe. Le ton était vigoureux comme il sied dans un meeting de cette importance, le propos était volontairement simplifié pour aller droit au but, je n’y ai pas vu pour autant la formulation que les médias ont transcrite. Mais « ultimatum » fait vendre probablement plus, et surtout est susceptible de nuire davantage !

La « sphère bobo » est délicate et fragile.

J’ai remarqué que le PS avait tendance à transformer les critiques de Nicolas Sarkozy en « attaques insupportables ». On l’a bien vu dans le débat avec Laurent Fabius qui a commencé par accuser Nicolas Sarkozy d’avoir un discours « violent » parce qu’il avait conclu que le candidat du PS « n’avait jamais rien dirigé ». Celui-ci ne pouvait pas laisser passer le mot et l’a bloqué aussitôt, obligeant Fabius à modifier son propos en « virulence », ce qui n’était pas encore adapté. De même, François Hollande a qualifié « d’outrance » les propos de Nicolas Sarkozy vendredi soir à Lyon. Là encore, procès en diabolisation. Le choix du mot au journal de TF1 est volontaire. Il ne correspond pas à ce qui a été dit, c’est donc un mensonge, mais le téléspectateur n’a pas forcément toutes les billes pour juger et apprécier. Bien sûr, on n’est pas dans un concours de dentelle : le candidat socialiste a été accusé de pratiquer le double langage, de jouer l’esquive ou l’ambiguïté, de ne dire « non » à aucune demande, points sur lesquels les exemples abondent. Ce n’est pas non plus une outrance que de le rendre comptable des décisions de la gauche prises dans les vingt-cinq dernières années. En face, on en fait autant. Affirmer : « Si le PS gagnait les élections, comment cela se passerait-il ? Comme en 1981 ? Comme en 1988 ? Comme en 1997 ? Toutes les vannes sont ouvertes et après il faut des années d’effort pour reprendre le contrôle de la situation », ce n’est pas une outrance, c’est un regard que l’on peut porter sur des réalités telles qu’elles se sont produites. Mais le mot a été lâché.

Pourtant, faire passer Nicolas Sarkozy pour un excité ne marche plus. Pour gagner, il faudra plus que de l’antisarkozysme à proposer aux Français.

 

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